Un duel sans merci entre une mère et sa fille a pour champ clos un domaine du Languedoc protestant, au pied des Cévennes. Ottilia, la mère, veut garder sa fille Lydie auprès d'elle. Lydie, qui est la narratrice, veut monter à Paris, pour deux raisons : achever ses études, et y retrouver Armelle, une amie d'enfance passionnément aimée. Autour de ces deux caractères de feu gravitent ceux qui se sont soumis à l'emprise d'Ottilia : Alphonse, le père, se prépare à mourir ; Rollo, le fils, va suivre le programme de vie tracé par sa mère ; Angéline, la servante, assiste la «patronne» dans son sournois, austère et violent exercice d'autorité. C'est le nouveau berger Tazile qui servira de détonateur au drame. S'il séduit d'abord Lydie, il conquiert aussi la mère. Lorsque la jeune fille découvre la liaison, une issue s'ouvre devant elle. Elle s'y engouffre sans tergiverser sur les moyens. Vaincue, Ottilia laissera partir Lydie pour la capitale. Est-ce une victoire sans partage ? La jeune fille a conquis sa liberté, mais elle emporte tout son passé en héritage, et Armelle est perdue pour elle. Avec une sorte de fureur glacée, Colette Audry a su mettre en scène, rigoureusement, les faiblesses de la chair, la passion de respectabilité, la volonté de possession, l'orgueil qui, confondus, scellent la séparation et la solitude.