Lettres à sa fille ; 1916-1953

À propos

«Vingt ans après la mort de ma tante, Colette de Jouvenel, unique enfant de Colette et de mon grand-père Henry de Jouvenel, l'heure me paraît venue de publier la correspondance qu'elle échangea avec sa mère. Elle me la laissa avec mission de le faire le plus tard possible. En quelque sorte elle s'en libérait. Il me fallut cependant une grande détermination. Les lettres ont pour moi un caractère si intime que j'en étais retenue. Colette elle-même ne s'écrie-t-elle pas à l'occasion de la vente d'une de ses lettres à Robert de Montesquiou-Fezensac:Une lettre est un objet sacré qu'aucune vente ne doit profaner:c'est un scandale intolérable que de disperser aux quatre vents des pensées, des impressions, connues seulement de deux personnes. Pendant longtemps aussi, j'ai reculé devant l'ardu travail de chronologie (Colette ne datait presque jamais ses lettres):j'ouvrais les classeurs et les refermais comme un chirurgien au-dessus d'un cas désespéré. Si je me suis laissé convaincre d'ordonner les quelques six cents cinquante pièces de ce puzzle, c'est pour montrer un aspect de Colette inconnu et faire revivre la Petite Colette qui repose à côté de sa mère, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris. À mon tour, je me délivrais du poids d'un héritage exceptionnel...Ce que je ne pouvais imaginer, c'est que les originaux allaient disparaître de chez moi, au moment même où le travail s'achevait et partait pour l'imprimerie. Un vol ciblé puisque seul le coffre qui les contenait a disparu. Cette correspondance, publiée dans son intégralité, forme le seul témoignage du lien unique entre Colette et sa fille, témoignage d'autant plus précieux aujourd'hui que les lettres sont à présent dans des mains indélicates. Puisse le cambrioleur se rappeler la phrase de Colette déjà citée plus haut...»Anne de Jouvenel.

Rayons : Littérature générale > Romans & Nouvelles

  • Auteur(s)

    Colette

  • Éditeur

    Folio

  • Distributeur

    Sodis

  • Date de parution

    19/01/2006

  • Collection

    Folio

  • EAN

    9782070320318

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    645 Pages

  • Longueur

    178 cm

  • Largeur

    108 cm

  • Épaisseur

    2.9 cm

  • Poids

    330 g

  • Support principal

    Poche

Infos supplémentaires : Broché  

Colette

Dernière enfant du couple formé par ces parents mythiques que sont devenus Sido (Sidonie Langlois) et le capitaine Colette, celle qui deviendra Colette a vécu une enfance heureuse dans un petit village de Bourgogne. Adorée par sa mère comme un « joyau tout en or » au sein d'une nature fraternelle, elle rencontre adolescente Henry Gauthier-Villars, surnommé 'Willy', avec qui elle se marie le 15 mai 1893 à Châtillon-Coligny. Willy, auteur de romans populaires, est un viveur parisien qui fait également travailler à son profit une équipe de collaborateurs. Il introduit Colette dans les cercles littéraires et musicaux de la capitale. Vite saisi par les dons d'écriture de sa jeune épouse, Willy l'engage à écrire ses souvenirs d'école, qu'il signe sans vergogne de son seul nom. Ce sera Claudine à l'école, bientôt suivi d'une série de Claudine (La maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, etc.), dont les romans seront publiés sous le nom du seul Willy. Willy fut, entre autres, l'amant de Marie Louise Servat (dite Germaine), femme d'Émile Courtet, à qui il donna un fils, Jacques Henry Gauthier-Villars. Jalouse, consternée de devoir être enfermée dans un rôle d'épouse bafouée, Colette se libère de plus en plus de cette tutelle, et, encouragée par Georges Wague, commence une carrière dans le music-hall (1906-1912), où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues suggestives, puis au théâtre Marigny, au Moulin-Rouge et à Bataclan. Ce sont des années de scandale et de libération morale: elle divorce d'avec Willy en 1906 et connaît plusieurs aventures féminines, notamment avec Mathilde de Morny (Missy), fille du duc de Morny et sa partenaire sur scène. Mais, durant toute cette période, Colette chemine aussi dans sa vocation d'écrivain. Elle publie des ouvrages évoquant ces années: La vagabonde, L'envers du music-hall, En tournée, etc. Une attention de plus en plus précise à la justesse des mots, notamment lorsqu'ils sont chargés d'exprimer l'effusion dans la nature, une sensualité librement épanouie pour revendiquer les droits de la chair sur l'esprit et ceux de la femme sur l'homme, voilà quelles sont les lignes de force de cette écriture qui reste encore à saluer, tant, ici encore, la critique littéraire a manifesté son machisme.
Après son divorce, Colette a une brève liaison avec Auguste-Olympe Hériot, rencontré à la fin de 1909. Elle rencontre ensuite Henry de Jouvenel, politicien et journaliste, qu'elle épouse en 1912 et qui l'engage à donner quelques billets et reportages au journal Le Matin, dont il est le rédacteur en chef. De lui, elle aura sa seule enfant, Colette Renée de Jouvenel, dite «Bell-Gazou» ["beau gazouillis" en provençal]. À quarante ans, elle joue aussi un rôle d'initiatrice auprès du fils d'Henry, Bertrand de Jouvenel, dix-sept ans, expérience qui nourrira les thèmes et les situations dans Le Blé en herbe. En ce qui concerne Chéri, il s'agit d'un fantasme qui est devenu réalité, puisqu'il est en 1920, mais dont l'idée datait de 1912, soit quelques années avant sa liaison avec Bertrand de Jouvenel. Le divorce sera prononcé en 1923. Mélomane avertie, Colette collabore avec Maurice Ravel entre 1919 et 1925 pour la fantaisie lyrique L'Enfant et les sortilèges. Elle a été l'amie de la reine Elisabeth de Belgique, Marguerite Moreno et Natalie Barney et a eu quelques brouilles avec la célèbre demi-mondaine de la Belle Époque, Liane de Pougy.
En 1945, Colette est élue à l'unanimité à l'Académie Goncourt, dont elle devient présidente en 1949. En 1953, elle est promue officier de la Légion d'honneur. L'écrivaine est au faîte de sa gloire et de son talent quand elle s'installe dans son appartement du Palais-Royal pour ne plus le quitter. Elle compte Jean Cocteau parmi ses voisins. Sur ses vieux jours, Maurice Goudeket, son dernier mari, l'aidera à supporter son arthrose. Elle meurt le 3 août 1954. Malgré sa réputation sulfureuse et le refus, par l'Église catholique, des obsèques religieuses, Colette est la seule femme à avoir eu droit à des funérailles nationales. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris. Sa fille repose à ses côtés.


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