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Éditeurs
Prix
Klincksieck
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Gestes critiques
Georges Didi-Huberman
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047521
La critique constitue sans doute l'activité primordiale de toute pensée émancipatrice. Or elle se doit d'être - philosophiquement - aussi délicate que radicale. Elle fera tout autre chose, par exemple, que seulement récriminer, dire du mal, chercher noise, vouer aux gémonies, exiger le dernier mot.
Ainsi nul ne saurait lui prescrire une forme unique. Comment pourrait-elle devenir conforme à un modèle unique, elle dont la tâche est justement de déconstruire tous les conformismes ? La critique sera donc plurielle, faite de différents gestes possibles. Il y a le geste socratique, que Platon nommait une « technique critique » ou discriminante. Il y a le geste de la lecture philologique, celle qui aura permis à Lorenzo Valla ou à Spinoza de mettre en question, de façon aussi incisive que minutieuse, l'autorité religieuse attachée à certains dogmes. Il y a l'invention de la critique sensuelle par Diderot et, naturellement, ce geste des Lumières effectuépar Kant qui, cependant, distinguait bien la critique de tout système. Il y a, chez les Romantiques allemands, cette façon de critiquer en poètes et, chez Marx, le grand combat critique destiné à transformer le monde. Il y a chez Walter Benjamin un geste critique destiné à nous faire saisir tout à la fois le « courage du poète » et, sur le plan politique, une certaine « organisation du pessimisme ». Il y a le geste d'inservitude selon Michel Foucault : le geste à faire pour n'être pas gouverné.
En reprenant il y a cinquante ans la formule de Marx - « critique de la politique » -, Miguel Abensour n'a-t-il pas créé une collection exemplaire de ces gestes critiques ? Or son pluralisme n'a rien d'éclectique : c'est bien plutôt un éventail ouvert sur l'extraordinaire fécondité de l'activité critique dans la longue durée de l'histoire. Toute une bibliothèque de la liberté, en somme. Une ouverture aux mille façons possibles de mettre en pièces les conformismes de la pensée, politique notamment. Ayant introduit en France les textes majeurs de la Théorie critique, cette collection a également réuni, sous sa fameuse couverture rouge, des lignes de pensées qui vont d'Étienne de La Boétie à Ernst Bloch, de Karl Marx et Pierre Leroux aux surréalistes, de Hegel à Simmel, Benjamin, Arendt ou Kracauer... Elle n'a pas craint non plus de toujours donner la parole à de patients et radicaux chercheurs contemporains.
Il fallait s'interroger, ce que tente ce livre, sur la cohérence et l'exigence propres à Miguel Abensour, tant dans sa politique éditoriale que dans son oeuvre personnelle, car les deux sont indissolublement liées. On découvre alors que ce défenseur des « guetteurs de rêves », qui a repensé la notion d'utopie - donc d'espérance politique -, n'a cheminé en tous sens que pour éprouver la fécondité de ce qu'on devra, en fin de compte, nommer une constellation de l'imagination critique. -
L'ornement de la masse : essais sur la modernité weimarienne
Siegfried Kracauer
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 10 Mai 2024
- 9782252047477
Figure importante mais inclassable de l'histoire intellectuelle du XXe siècle en Allemagne, Siegfried Kracauer (1889-1966) fut quelque peu occulté par les penseurs de sa génération avec lesquels il était en relation comme Ernst Bloch, Theodor W. Adorno ou Walter Benjamin. Pourtant, loin d'être un épigone de ce qu'on appellera plus tard l'« École de Francfort », Kracauer anticipe largement les analyses de Adorno et Horkheimer sur la « dialectique de la raison », c'est-à-dire le diagnostic d'un basculement de la rationalité dans la barbarie.
Dans ces brillants essais datant de la République de Weimar et, pour l'essentiel, parus dans le « feuilleton » de la Frankfurter Zeitung, Siegfried Kracauer explore les nouveaux phénomènes culturels : les spectacles de variétés, les revues de girls où les corps servent d'ornements mobiles, les « bestsellers », le roman policier, le cinéma... Il s'en saisit pour réfléchir sur les ambivalences de la modernité, porteuse d'une promesse d'émancipation, mais aussi lourde de menaces de régression, comme en témoignera l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933.
Méfiante envers les cadres théoriques trop rigides, qui barrent l'accès aux phénomènes, la pensée singulière de Kracauer se construit dans une confrontation directe et sensible avec la culture urbaine et ses formes culturelles : c'est en partant des « manifestations discrètes de surface » qu'il devient selon lui possible de déterminer le « lieu qu'une époque occupe dans le processus historique ».
Cet ouvrage constitue une des premières analyses lucides de la culture de masse. -
Cent et un pétales pour une rose
Séverina Lartigue
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 8 Septembre 2023
- 9782252047316
« À cheval entre le passé et l'avenir, je parcours la vie au galop en brandissant bien haut l'étendard : liberté, création, contemplation. Je suis convaincue que l'artisanat et ses valeurs peuvent être un remède à un monde qui s'emballe, se précipite sans savoir pour quoi ni dans quelle direction. Toucher la matière, connaître la chaîne des savoir-faire ouvre l'esprit, permet de reprendre contact avec la réalité. Ce sont des clefs pour être libre de choisir au lieu de subir. Je suis Maître d'art, gardienne d'un métier rare et poétique, celui de fabriquer des fleurs précieuses en soie pour la haute couture. Avec ce livre, j'ouvre grandes les portes de mon atelier confidentiel et de mon coeur. »
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Le vrai mystere des champignons - illustrations, noir et blanc
André D'Hôtel, Patrick Reumaux
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 9 Septembre 2022
- 9782252046814
Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
André Dhôtel -
Le parcours de la vie d'Artemisia Gentileschi, de par sa condition de femme évoluant dans des milieux professionnels exclusivement masculins, révèle une lutte constante pour son affirmation personnelle et artistique, marquée par plusieurs épisodes dramatiques, du viol subi dans sa jeunesse jusqu'aux dures rivalités auxquelles elle dut faire face, en particulier envers son propre père qui tolérait difficilement que celle qu'il avait formée depuis l'enfance finisse par le surclasser - sans compter les embarras d'argent quasi permanents, conséquences des aléas et de l'irrégularité des commandes.
Artemisia a laissé quelques lettres, publiées sporadiquement en Italie. Mais comme le cas socio-professionnel d'Artemisia est particulièrement digne d'attention, sont également publiées dans cet ouvrage une quinzaine de missives écrites et envoyées par des membres de son entourage : son père le peintre Orazio, son mari Paolo Antonio Stiattesi, le plus illustre de ses amants Francesco Maria Maringhi, et d'autres agents s'intéressant à la production picturale d'Artemisia.
Cette correspondance est lacunaire : n'ont survécu que des séries de missives, découvertes au fil du temps dans des archives et des éditions « princeps » partielles. Elles couvrent quatre périodes :
1611-1612, pour les documents concernant le viol ; 1615-1620, pour les lettres adressées à son amant Francesco Maria Maringhi ; 1630- 1639, pour la correspondance avec les ducs de Modène et de Toscane, Galilée et d'autres commanditaires ; enfin, une série de douze lettres à Don Antonio Ruffo, écrites entre 1649 et 1651.
S'il est limité, ce corpus est riche de contenus. Comme le Carteggio de Michel-Ange, il évoque bien d'autres problèmes que picturaux ;
Beaucoup de lettres touchent aux difficultés d'argent, aux dettes de l'artiste et de son mari, aux frictions avec certains membres de sa famille et avec l'opinion publique (surtout quand sa liaison avec Maringhi fut connue), ou aux difficultés de livraison des oeuvres. Il constitue donc un témoignage hors du commun de la vie de celle qui fut l'une des premières figures féminines majeures de l'histoire de la peinture occidentale -
À la recherche du temps perdu de Marcel Proust a rendu internationalement célèbre le nom de Ruskin. Mais l'image ainsi donnée de son oeuvre est biaisée, car John Ruskin (1819-1900) n'était pas qu'un spécialiste de Turner ou de l'architecture gothique.
Sa science s'étendait à la géologie, à l'histoire naturelle ou à l'économie politique. Le nombre de ses travaux, dans ces domaines également, est considérable.
Ces Écrits naturels réunissent, pour la première fois en français, quatre conférences d'histoire naturelle, dans lesquelles l'érudition prodigieuse de Ruskin s'allie à une verve humoristique déconcertante. Qu'il retrace le mythe d'Arachné, qu'il discoure sur le rouge-gorge, le crave à bec rouge ou sur les serpents, Ruskin se laisse entraîner par des réflexions beaucoup plus vastes, plus profondes, et toujours insolites. Un regard unique sur la nature, à découvrir de toute urgence. -
Chemins de traverse
Edith de La héronnière, Xavier Carteret
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 17 Septembre 2021
- 9782252045589
L'oeuvre d'Edith de la Héronnière est marquée par l'itinérance, le cheminement à petits pas en quête de pépites dérobées aux regards. L'auteur sait, par intuition, ce qui brillera ou non par le bain alchimique de la prose poétique.
Dans ces chemins nouveaux, l'ensemble des « traverses » dessine le sous-titre du livre : un « Grand Tour ». Et c'est la plume, l'acte même d'écrire qui fait surgir les souvenirs d'une vie en marche. La Dordogne et la Bourgogne, terres natales, ramènent à Vézelay, la terre d'adoption, dans un splendide « Voyage d'hiver » final.
Entre-temps, le lecteur suit la narratrice à travers les paysages ralentis d'Auvergne, les routes empierrées de la Sicile, l'ascension dantesque du Stromboli. La Sicile, coeur de l'oeuvre, coeur encore de cet ouvrage où plane le fantôme de Lampedusa dans les ruines de son palais perdu. Mais le tour se poursuit, nous mêle aux sables brûlants de la Vallée de la Mort. La nature, quand la chaleur devient fournaise, se fait pierreuse, minérale. Les gemmes abondent le long des chemins, mais dès que reviennent ombre et eau, ce sont les champignons et les plantes qui s'offrent à la contemplation.
Les chemins de traverse d'Edith de la Héronnière sont bien plus, et bien autre chose finalement, que de simples « choses vues ». La réflexion sur l'écriture (sa nature essentiellement sensuelle) se confond avec les chemins de la nature. L'ouvrage ouvre un champ peu exploré, véritablement envoûtant, sur le lien si étroit (et si mystérieux) unissant lignes tracées sur le papier et lignes sillonnant la terre.
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Le troisième animal : naissance de la bete noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 26 Mai 2021
- 9782252045282
Les animaux dits « nuisibles » ne cessent d'alimenter des polémiques sans fin. Chaque partie possède de bons arguments (du moins recevables) mais si l'impossible consensus échappe, c'est que les « bêtes noires », sujets des débats, échappent elles-mêmes...
Dans cet essai magistral, où l'auteure retrace l'histoire ancestrale du rapport si complexe entre l'homme et l'animal sauvage, on comprend la raison pour laquelle l'espoir d'une telle concorde juridique et sociétale est chimérique : c'est que le « troisième animal », selon l'heureuse expression de Pierre Michon, est par nature insaisissable.
La haine que l'homme voue depuis toujours aux carnassiers (fouines, putois, loups, renards, etc.), ces êtres que l'Histoire a peints en rouge et noir (le sang et le poison), exprime d'abord la terreur suscitée par « le Sauvage ». Derrière les combats bruyants relayés par la lumière des médias, il y a l'espace poreux de la « bête noire » où se déroule une vie honnie : activité secrète, silencieuse, nocturne, rapines, meurtres furtifs...
Julie Delfour nous fait comprendre, en fin de compte, que la meilleure connaissance du troisième animal se trouve dans certains polars. Ensuite seulement, on pourra se (re)mettre à discuter calmement. -
S'approcher d'une vache, c'est entrer dans un univers de cornes, de cloches, de lait, de bouse, et parfois aussi de craintes. Ce grand corps en impose.
Bien sûr vous l'aimez, mais pas de trop près. Pourtant la vache ne cherche noise à personne. Indifférente aux tumultes humains, elle va toujours de son pas tranquille brouter l'herbe fraiche, secret du lait onctueux qui donne des joues rondes aux petits enfants.
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Les pages recueillies par Patrick Reumaux se succèdent comme celles d'un herbier. Les courts épisodes décrits laissent libre cours au passage des saisons, au vol des cormorans et des albatros, aux rapines des renards et aux jeux carnivores des belettes et des hermines. Ils ont pour décor le Somerset, où Llewelyn Powys passa toute son enfance.
Chaque fleur est nommée par son nom et dépeinte avec une précision affectueuse. Le paysage prend, sous sa plume, une vivacité de couleurs et de formes. Llewelyn Powys invite à la contemplation de l'éphémère en s'arrêtant sur des détails, en nous contant ce que le crépuscule et l'aube cachent au regard. Il livre des impressions, comparables aux Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, qui laissent à la nature, dans toute sa dimension poétique et métaphysique, le soin de nous émerveiller.
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Issu d'une famille juive aisée, Karl Kraus (1874-1936), écrivain autrichien, a été hanté sa vie durant par la décadence de son temps et de l'humanité. Auteur de plusieurs essais il crée avec succès la revue Le Flambeau, laissant un nombre important d'aphorismes. Il prévient qu'un aphorisme n'a pas vocation à être vrai. Un aphorisme doit survoler la vérité et à la limite laisser planer le mystère. Rêvant d'être acteur, Karl Kraus fut apprécié pour ses célèbres lectures publiques.
Il avait l'art de donner un relief singulier à ses textes par ses inflexions typiquement viennoises afin de faire réagir le public. Parfois pour le faire rire. Aucune traduction n'étant parfaite, celle-ci n'a pas la prétention de l'être. Ayant plusieurs fois assisté, à des lectures relevant très exactement du contexte singulier où fut élaborée et transmise en premier lieu l'oeuvre de Kraus avant puis après la guerre, il me semble avoir conservé à l'oreille une manière de sous-entendu qu'un aphorisme doit porter en dépit de la banalité de son habillage.
Censeur impitoyable, caractère à la Paul Léautaud, aimant les jeux de mots et l'écriture dénuée de concessions, Karl Kraus avait horreur des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, des historiens et de l'art de son temps qu'il assimilait à un cosmétique. De son point de vue le libéralisme se confond avec l'hédonisme, les juges avec les bourreaux, la haute finance avec les maîtres de la boucherie, la psychanalyse représentant à ses yeux une vaste plaisanterie. Il détestait l'élite et ses plumitifs, se méfiant, en misanthrope, aussi bien des hommes que des femmes. Il prétendait que l'idée que l'on puisse améliorer le destin des peuples est une illusion. Il y a chez Karl Kraus une forme de jouissance à mettre en pièces tout ce que la société porte au pinacle. On s'en apercevra en dégustant ses aphorismes.
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Almanach du Blaue Reiter
Wassily Kandinsky, Franz Marc
- Klincksieck
- L'esprit Et Les Formes
- 6 Mai 2021
- 9782252044742
En juin 1911, Kandinsky écrivait à Franz Marc : « J'ai un nouveau projet. Une sorte d'almanach avec des reproductions et des articles...
Et une chronique. Un lien avec le passé ainsi qu'une lueur éclairant l'avenir doivent faire vivre ce miroir... Nous mettrons une oeuvre égyptienne à côté d'un petit Zeh (nom de deux enfants doués pour le dessin), une oeuvre chinoise à côté d'un Douanier Rousseau, un dessin populaire à côté d'un Picasso et ainsi de suite. Peu à peu nous attirerons des écrivains et des musiciens. »
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L'artiste en petites choses
Patrick Reumaux
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 10 Janvier 2020
- 9782252044766
Les objets sont les os du temps (...) écrire un roman, par conséquent, ce sera non seulement composer un ensemble d'actions humaines, mais aussi composer un ensemble d'objets tous liés nécessairement à des personnages, par proximité ou par éloignement. (Butor, 1995). De ces trois versions du même jeu de massacre, l'écriture, celle du pédagogue (Genette), celle du géomètre (Butor) et celle du tireur (le garde-chasse Chaigneau), je n'entends que la dernière, celle où les plombs cinglent au-dessus de mes oreilles, où je pique la tête et relève, d'un coup de panache, la queue, feignant de tomber mort sur le coup.
Il se produit (ou pas) entre un texte et son lecteur, un événement d'une intensité extraordinaire. Je ne lis plus le texte, je le bois, et m'y abreuvant, j'ai lieu. Moi aussi je suis Heathcliff.
Lisant Proust, je me fiche du temps que dure le dîner chez la duchesse de Guermantes, de l'intervalle de temps qui sépare les séquences, de la répartition des convives et de celle des objets.
Lisant Proust, je mesure le temps à mon asthme. Je tousse donc je suis. Je crache un sang moussu.
Moi aussi, mes poumons sont atteints. Le renard tiré vivant est non seulement le renard qui va mourir, mais le renard de la fable. Je ne lis pas le texte du garde-chasse, j'épaule et, quand je presse la gâchette, je me retranche à l'autre extrémité du doute, là où le renard syncope, va syncopant, va feintant, va fabulant.
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Servir, la vocation de l'acteur
Michel Bouquet, Gabriel Dufay
- Klincksieck
- Hourvari
- 16 Mars 2017
- 9782252040539
Michel Bouquet se manifeste, au long de ces entretiens, dans toutes ses contradictions. Il porte un regard lucide sur l'âme humaine et le déclin culturel et moral de notre monde.
Il s'approche de la mort, s'y préparant en toute quiétude et se rapprochant de plus en plus du passé, des auteurs, du théâtre qui demeure son seul refuge. Bouquet apparaît comme le narrateur de la Recherche du temps perdu de Proust, se rendant compte que les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus. Non qu'il soit passéiste, mais simplement porteur d'une splendeur passée, d'un idéal humaniste qu'il a pu voir de ses yeux, prenant conscience du siècle qu'il a traversé et du temps qu'il retrouve à la fin de son voyage, voyant briller l'étoile qu'il a suivie depuis le commencement.
Ce serait cela, la vocation, une étoile qui protègerait tous les rêveurs. Bouquet se distingue comme un homme d'un autre temps, un ascète rigoriste animé par une foi profane et existentielle, se plaçant en retrait des auteurs qu'il vénère comme des idoles. Le théâtre est sa seule et unique religion.
La question qu'il pose tout au long de ces entretiens, se résume en ces termes : comment vivre sans croire ? ou bien même, plus profondément : comment vivre sans croire au théâtre ?
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Feux croisés
Sylwia D. Chrostowska
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 11 Janvier 2019
- 9782252041765
Dans la production théorique et critique anglosaxonne contemporaine, Feux croisés fait figure d'ouvrage novateur par son mode de présentation fragmentaire, renouant avec la tradition moraliste française, et son ambition encyclopédique, qui tourne le dos à la spécialisation propre à la recherche universitaire. Son propos critique, étayé par une pensée rigoureuse et une érudition sans faille, servi par une langue subtile et nuancée, n'en garde pas moins une légèreté de ton qui le met à la portée d'un large public.
Ces raisons ont mené Miguel Abensour à faire entrer Feux croisés dans sa collection « Critique de la politique » aux côtés d'autres recueils de fragments auxquels il fait écho (Bloch, Horkheimer, Adorno).
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Viatique rigoureux et précis sur le travail de l'acteur, La Leçon de comédie est l'antidote parfait à tous les grands discours et les petites phrases sur le théâtre, à tous les préjugés et autres théories réductrices sur ce métier qui n'en est pas un.
Théories affirmant que pour jouer, il faut être naturel, " comme dans la vie que le comédien est la marionnette, l'instrument du metteur en scène roi, que le texte est un prétexte, et le théâtre un lieu de divertissement bien inoffensif et suranné. Non, tout le monde ne peut pas être comédien et oui, il y a un art de l'interprétation. Michel Bouquet, à travers ce livre, lui redonne toute sa valeur, toute sa signification.
Gabriel Dufay
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Voici, sous un modeste titre d'ouvrage pratique, un jalon de première grandeur dans l'histoire du livre, de la lecture et de la bibliothèque, qui forme relais entre la conception encyclopédique de l'Humanisme et l'esprit critique des Lumières.
Praticien en ces domaines, Gabriel Naudé (1600-1653) ne se contenta pourtant pas d'être le bibliothécaire du président de Mesmes, des cardinaux Bagni, Barberini et Mazarin, et de la reine Christine. Plus connu comme philosophe libertin et théoricien politique, mais aussi grand érudit frotté de médecine, il a profité de ce projet de " bibliothèque idéale " pour fonder une éthique du livre dans l'esprit d'ouverture et de culture qui animait cette grande communauté européenne du savoir qu'on nommait la " République des Lettres ".
A cette république, l'Avis pour dresser une bibliothèque (1627) aurait pu servir de constitution.
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Illustré de somptueuses images ad hoc , Faucon est davantage qu'un essai sur les faucons.
Comme elle l'écrit dans la préface, Helen Macdonald travaillait à sa thèse de doctorat à l'Université de Cambridge quand elle a commencé à écrire ce livre, qui s'adresse à un lectorat de non-spécialistes, et ce dernier a fini par remplacer sa thèse. Et d'ajouter que « toutes les anecdotes et les histoires que je me réjouissais d'insérer dans ce livre - l'épisode de la mafia qui menaçait de chasser un fauconnier hors de New York parce que son faucon mettait en péril le réseau criminel des pigeons voyageurs ; des histoires de danseuses à l'éventail, de pilotes de chasse et d'astronautes, outre les magouilles diplomatiques de la famille royale au début du XXe siècle -, bref, tout ce qui n'avait pas sa place dans ma thèse de doctorat allait en trouver une ici. Et ce fut un travail captivant et profondément absorbant que de relier des faits réels, des anecdotes et des images pour aborder certaines facettes du rôle que nous jouons sur la terre sous l'angle de notre rapport avec les faucons ».
Faucons
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Le dandysme ; obligation d'incertitude
Françoise Coblence
- Klincksieck
- Esthetique Klincksieck
- 17 Mai 2018
- 9782252041284
La fascination que le dandy exerce tient à son image habituelle : une élégance tant matérielle que spirituelle ; une singularité affirmée dans un monde de plus en plus marqué par l'uniformisation ; un être impassible, à l'abri de toute émotion et de toute souffrance.
Pourtant l'étude attentive de Brummell, premier et peut-être seul dandy, révèle une tout autre figure : un être à la frontière de la vacuité et de l'effacement, saisi et contraint par l'incertitude.
Après Brummell, les trajets du dandysme éclatent et se diversifient. Modèle de l'élégance dans les salons, le dandy devient aussi un personnage de roman. Dans les oeuvres de Baudelaire et de Barbey d'Aurevilly, il est un type théorique, un héros de la vie moderne pris entre deux aspirations politiques, la nostalgie aristocratique et la curiosité pour l'aventure démocratique. L'obligation d'incertitude demeure. En passant dans l'oeuvre, elle investit une écriture confrontée à la menace de son effacement.
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Cet ouvrage tente de mettre en lumière, en même temps que la poétique des Fables, l'imaginaire qui lui est sous-jacent, la représentation implicite que se fait La Fontaine de son travail : les structures mentales, intellectuelles, affectives, qui ont présidé à l'élaboration de son regard critique sur la manière, la matière et l'effet de son oeuvre.
En rétablissant la poétique imaginaire que le fabuliste n'a pas composée, on espère jeter un peu de jour sur l'imaginaire de sa poétique, l'en-deçà où elle s'est élaborée, à partir d'expériences esthétiques et littéraires variées, de lectures savantes et plus souvent dilettantes, de désirs, d'images et d'intentions influencés par son temps, son public et son goût propre.
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Le chiffre scenique dans la dramaturgie molièresque
Dominique Lafon
- Klincksieck
- 1 Août 1990
- 9782760302518
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Voix autres, voix hautes ; onze romans de femmes au XXe siècle
Pierre Brunel
- Klincksieck
- Bibliotheque Contemporaine
- 4 Octobre 2002
- 9782252033913
Ce livre, complément de Glissements du roman français au XXe siècle (Klincksieck), évoque un siècle de roman féminin, du Visage émerveillé de la Comtesse de Noailles en 1904 à Rosie Carpe qui valut le prix Fémina à Marie Ndiaye en 2001.
L'auteur procède par grands regroupements, mais pour mieux mettre en valeur des oeuvres représentatives. S'il met en doute que l'écriture féminine soit AUTRE, il est persuadé qu'elle mérite d'être dite à voix HAUTE et qu'il faut envisager avec sérénité l'avenir de la littérature française.
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L'Allemagne pouvait-elle à son tour posséder un Théâtre National? Repenser l'art du jeu? Créer un répertoire? Définir une esthétique qui lui soit propre? Lessing l'a cru, passionnément.
L'échec de l'" entreprise " installée dans la plus puissante des cités hanséatiques fut patent. Pourtant, la parution (1769) de la Dramaturgie de Hambourg représente une date majeure dans l'histoire des lettres allemandes. Ce texte devenu mythique, souvent vilipendé en France pour sa mise en cause virulente de la tragédie classique, il fallait le rendre accessible, intégralement, dans notre langue. Fondateur outre-Rhin de la critique théâtrale, Lessing était attaché à la dimension universaliste, humaine et civique du spectacle.
Sa réévaluation des poétiques ou des oeuvres d'Aristote, Corneille, Voltaire, Maffei, Shakespeare, Diderot et Hurd, installe de façon très moderne au coeur de sa réflexion la relation qui unit l'auteur, l'acteur et le public.