Paula Modersohn-Becker est une peintre allemande de la fin du XIX ème siècle, célèbre enAllemagne et dans beaucoup d'autres pays au monde, mais à peu près inconnue en France bienqu'elle y ait séjourné à plusieurs reprises et fréquenté l'avant-garde artistique et littéraire. Néeen 1876 et morte en 1907 des suites d'un accouchement, elle est considérée comme l'une desreprésentantes les plus précoces du mouvement expressionniste allemand. Elle n'aimait pastellement être mariée, elle voulait peut-être un enfant - sur ce point ses journaux et ses lettressont ambigus. La biographie que lui consacre Marie Darrieussecq reprend tous les élémentsqui marquent la courte vie de Paula Modersohn-Becker. Mais elle les éclaire d'un jour à la foisféminin et littéraire. Elle montre, avec vivacité et empathie, la lutte de cette femme parmi leshommes et les artistes de son temps, ses amitiés (notamment avec Rainer Maria Rilke) et sondésir d'expression et d'indépendance.
«Le contagieux, c'est celui qui sait voir et les horreurs du monde et ses merveilles, qui ne peut pas supporter les horreurs et qui cherche des solutions pour qu'il y en ait moins. Il nous faut des contagieux.»Comment Henri Grouès (1912-2007), enfant introverti élevé dans le confort d'une famille bourgeoise aimante, devient-il l'abbé Pierre, fervent défenseur des plus vulnérables ayant choisi de se dépouiller de tout pour consacrer sa vie aux autres?Nous connaissons tous cette icône populaire habituée des coups médiatiques, son «insurrection de la bonté» et son appel à la solidarité de chacun. Derrière cette figure emblématique se cache un homme d'action, parfois tempétueux mais toujours empli d'une humanité profonde, dont les agissements, grands et petits, découlent d'une seule et même ambition:réagir face à l'injustice et la précarité. Son parcours insuffle à ceux qui le découvrent l'envie de poursuivre son combat, toujours d'actualité.
«Il n'y a pas de différence entre moi et les personnages que j'incarne, si ce n'est le travail à faire et le trajet à accomplir pour rejoindre chacun d'eux.» Gérard Philipe (1922-1959), figure majeure du théâtre et du cinéma des années 1950, connaît tôt des succès fulgurants sur scène. À l'écran, son incarnation de Fanfan la Tulipe en héros populaire français lui vaut une gloire internationale. Du Festival d'Avignon où il rejoint Jean Vilar au Théâtre national populaire, il transmet sa vision d'un théâtre accessible à tous. Son interprétation inoubliable des grands rôles du répertoire, le Cid, le prince de Hombourg, reste figée dans nos mémoires.L'acteur, adulé par le public, facétieux sur les tournages et en tournées internationales, défend les intérêts de ses pairs, conquis par sa générosité et son travail. Foudroyé à trente-six ans par un cancer, le Cid a désormais rejoint son mythe.
Pourquoi une nouvelle biographie de Proust? Autant demander à un peintre pourquoi de nouveaux portraits. Un moment arrive où l'on croit pouvoir faire la synthèse des travaux existants, en rejetant ce qui paraît non vérifiable, en tenant compte des découvertes nouvelles, et surtout de ce que le travail d'éditeur permet seul de connaître, l'histoire des manuscrits, celle de l'oeuvre à mesure qu'elle s'écrit:la véritable biographie d'un écrivain, d'un artiste, est celle de son oeuvre.Il s'agit de montrer en quoi l'individu est d'abord un type:l'enfant d'une famille bourgeoise, l'élève de Condorcet, celui de Sciences-Po, l'asthmatique, le «jeune poète» qui envoie plus de lettres qu'il n'en reçoit, le curiste aux bains de mer. Qu'est-ce qu'être écrivain en 1890, ou homosexuel, ou malade, ou médecin?Puis vient le moment où le grand artiste cesse d'être un type et, irrémédiablement différent, échappe à l'histoire et aux structures.Il y a dans cet ouvrage tout ce qu'on peut savoir de Proust, tout ce qu'il est utile de savoir pour comprendre sa personne et son oeuvre, non les infinis détails de vingt et un volumes de lettres.La biographie d'un grand écrivain n'est pas celle d'un homme du monde, ou d'un pervers, ou d'un malade:c'est celle d'un homme qui tire sa grandeur de ce qu'il écrit, parce qu'il lui a tout sacrifié.
Pourquoi une nouvelle biographie de Proust? Autant demander à un peintre pourquoi de nouveaux portraits. Un moment arrive où l'on croit pouvoir faire la synthèse des travaux existants, en rejetant ce qui paraît non vérifiable, en tenant compte des découvertes nouvelles, et surtout de ce que le travail d'éditeur permet seul de connaître, l'histoire des manuscrits, celle de l'oeuvre à mesure qu'elle s'écrit:la véritable biographie d'un écrivain, d'un artiste, est celle de son oeuvre.Il s'agit de montrer en quoi l'individu est d'abord un type:l'enfant d'une famille bourgeoise, l'élève de Condorcet, celui de Sciences-Po, l'asthmatique, le «jeune poète» qui envoie plus de lettres qu'il n'en reçoit, le curiste aux bains de mer. Qu'est-ce qu'être écrivain en 1890, ou homosexuel, ou malade, ou médecin?Puis vient le moment où le grand artiste cesse d'être un type et, irrémédiablement différent, échappe à l'histoire et aux structures.Il y a dans cet ouvrage tout ce qu'on peut savoir de Proust, tout ce qu'il est utile de savoir pour comprendre sa personne et son oeuvre, non les infinis détails de vingt et un volumes de lettres.La biographie d'un grand écrivain n'est pas celle d'un homme du monde, ou d'un pervers, ou d'un malade:c'est celle d'un homme qui tire sa grandeur de ce qu'il écrit, parce qu'il lui a tout sacrifié.
«Je vais tenter de comprendre comment est né l'ogre Picasso. Ce Minotaure qui dévore ses proies, ses amours comme la peinture. Celui qui occupe tout le temps, partout, toute la place, toutes les places.»Universellement adulé, Picasso éblouit de son génie tant les artistes qu'il côtoie que ses proches, ses amis ou les femmes de sa vie. Mais cette emprise irrésistible est tout aussi dévastatrice. Du tremblement de terre de 1884 où le petit Pablo assiste pétrifié à la naissance de sa soeur jusqu'à ses dernières années où il fait figure de demi-dieu, Sophie Chauveau dresse un portrait stupéfiant des deux visages de Picasso. Un monstre consacré qui s'enfonce résolument dans un labyrinthe dont il a façonné les parois, créant sans répit une oeuvre titanesque qui semble ne jamais devoir s'achever.
«Ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour. Quelqu'un de normal peut se résigner - quel mot terrible - à la chasteté, aux occasions manquées:mais chez moi la difficulté d'aimer a rendu obsessionnel le besoin d'aimer:la fonction a hypertrophié l'organe, alors que, dans mon adolescence, l'amour me semblait être une chimère inaccessible.» La vie de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), cinéaste, romancier, théoricien de l'art et de la littérature, se déroula à la fois comme un destin tragique et comme le symbole de la plus noble des libertés. Ce courage, il le paya très cher:scandales, procès, assassinat mystérieux enfin dont il fut la victime, sur une plage d'Ostie, une nuit de novembre.
Comment faire entendre sa voix en ce XVIIIe siècle qui grouille de paroles alors que grandit le silence divin ? Quel langage trouver pour avoir le sentiment d'être soi ? Comment exister à ce moment où la politique devient un théâtre de l'idéal mais aussi de la cruauté ?
Comment, en somme, faire en sorte que « si la femme a le droit de montrer sur l'échafaud », elle puisse aussi avoir le droit de « monter à la tribune » ? Voici quelques-unes des questions auxquelles tentent de répondre cette biographie de Marie Gouze, dite Olympe de Gouges (1748-1793), auteur d'une oeuvre essentielle comprenant pièces de théâtre et écrits politiques dont la célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
" Comment un philosophe a-t-il pu surgir des buissons corréziens ? " Qu'importe si la maison ne ressemble plus du tout à celle qu'il a connue et aimée. Il a fait sienne la philosophie dépouillée d'Epicure : la voie du bonheur passe par la réalisation des désirs naturels et nécessaires, et le dédain des désirs vains. Alternant souvenirs d'enfance chronique du monde paysan au début du XXe siècle, évocations de ses amours et réflexions philosophiques, Marcel Conche nous offre ici une lumineuse leçon de vie et de sagesse.
« Je me suis trouvé un jour au théâtre, dans une salle, puis sur la scène : je m'en étonne encore moi-même. Cet étonnement ne me gêne pas, il me plaît et me satisfait. Le plus estimable, le plus heureux dans la vie est de s'étonner. » Louis Jouvet (1887-1951) se tourne vers le théâtre autour de ses vingt ans, jouant des mélodrames ou de petits rôles avant de rencontrer Jacques Copeau, qui en fait son plus proche collaborateur au Vieux-Colombier. Ensuite, à la Comédie des Champs-Élysées puis à l'Athénée, il montera Jules Romains, Marcel Achard, Jean Cocteau et surtout Jean Giraudoux, développant une remarquable science de la mise en scène, qu'il mettra aussi au service de Molière. Professeur au Conservatoire, il se passionnera pour l'enseignement et la réflexion sur son métier.
Enfin, au cinéma, il jouera dans une trentaine de films, dont plusieurs deviendront des classiques : Knock, La Kermesse héroïque, Drôle de drame, Hôtel du Nord, Entrée des artistes, Quai des Orfèvres.
C'est donc le récit d'une aventure artistique exceptionnelle que nous propose cette biographie.
Qui était Marguerite Duras ? Experte en autobiographie, professionnelle de la confession, elle a pris tant de masques et s'est tellement plu à brouiller les pistes que c'est presque une gageure de vouloir distinguer la vérité de la fiction. Ce qu'il y a dans les livres, disait-elle d'ailleurs, est plus véritable que ce que l'auteur a vécu.
Fruit des relations amicales que Laure Adler eut avec elle pendant une douzaine d'années, et de patientes recherches, cette biographie, sans avoir la prétention de dire la vérité du personnage, tente cependant de démêler les différentes versions que Marguerite Duras a données de sa vie. Elle essaie d'éclairer les zones d'ombre que l'écrivain a mises en scène avec tant de talent : la relation avec l'Amant à la fin de l'enfance, son attitude pendant la guerre et la Libération, ses passions amoureuses, littéraires et politiques. Car la vie de Marguerite Duras fut aussi celle d'une enfant du siècle, d'une femme profondément engagée dans les combats de son temps.
«Ettore Majorana m'est "tombé dessus" lorsque je commençais mes études de physique. Ce théoricien fulgurant a surgi dans l'Italie des années vingt, au moment où la physique venait d'accomplir sa révolution quantique et de découvrir l'atome. En 1937, il publia même un article prophétique dans lequel il envisage l'existence de particules d'un genre nouveau, qui pourraient résoudre la grande énigme de la matière noire.
Ce jeune homme maigre, aux yeux sombres et incandescents, était considéré comme un génie de la trempe de Galilée. Mais de tels dons ont leur contrepoids : Majorana ne savait pas vivre parmi les hommes, et c'est la pente pessimiste et tourmentée de son âme qui finit par l'emporter. À l'âge de trente et un ans, il décida de disparaître et le fit savoir. Une nuit de mars 1938, il embarqua sur un navire qui effectuait la liaison Naples-Palerme et se volatilisa.» Étienne Klein est parti sur les traces de cette comète, à Catane, Rome, Naples et Palerme. Il a rencontré des membres de la famille Majorana, fouillé les archives, analysé l'oeuvre, avec le secret espoir que ce scientifique romanesque cesserait enfin de se dérober.
« [...] l'âme humaine n'a pas encore montré tout ce qu'elle peut être ; toutes ses façons possibles de penser et de sentir ne sont pas épuisées. » Marivaux (1688-1763), auteur prolifique aux multiples facettes, occupe une place singulière dans l'histoire littéraire française. Très grand auteur de théâtre (mais aussi romancier et journaliste), il a réinventé la comédie avec des pièces qui, plus de trois siècles plus tard, nous séduisent encore par leur modernité. L'Île des esclaves et Le Jeu de l'amour et du hasard, composées pour la Comédie-Italienne, font partie des chefs-d'oeuvre qu'il nous a légués. Ses personnages, inoubliables, sont entrés dans l'imaginaire collectif. Surtout, personne n'a su analyser les rouages du sentiment amoureux mieux que lui. Mais malgré ses succès, Marivaux fut beaucoup moqué par ses pairs en raison de son style inhabituel, manquant de naturel - le fameux marivaudage. Cela ne l'empêcha pas d'être élu à l'Académie française... contre Voltaire !
Ce qui devait n'être qu'une préface à la traduction de Shakespeare par le fils, François-Victor Hugo, devient grâce au père un véritable traité sur le génie, paru en 1864. À partir d'une dynastie qui comprend Homère, Eschyle, Dante, Rabelais ou encore Cervantès, Hugo élabore une théorie et une nouvelle histoire, celle des génies, qui remplace celle des généraux et des tyrans. Il les présente dans un récit poétique d'idées, d'une forme si originale qu'on ne la retrouve que chez Nietzsche, Péguy, Valéry ou Malraux. C'est aussi l'occasion pour Hugo, en exil à Guernesey, de dresser un bilan du Romantisme - en faisant, à peine déguisée, son autobiographie intellectuelle - et d'annoncer la modernité littéraire.
Livre-monstre, d'une érudition folle, William Shakespeare est surtout l'hommage rendu par Hugo à l'éternité de l'art et à l'immortalité des créateurs.
Gertrude Stein, née le 3 février 1874 en Pennsylvanie, morte le 27 juillet 1946 à l'hôpital américain de Neuilly. Ces 2 dates, ces deux lieux, encadrent une vie passée de chaque côté de l'Atlantique, passée entre 2 siècles. D'où vient-elle ? La dernière d'une fratrie juive américaine dans une famille de commerçants aisés, d'origine allemande. Le passage d'un continent à l'autre est inscrit dans les gènes... et tout au long de sa vie, Gertrude ira de l'un à l'autre. Qui est-elle ? Tout d'abord, une insatiable curieuse qui aime s'instruire et se familiariser avec ce que la vie intellectuelle produit de nouveau : le « flux de conscience » qu'elle découvre à l'université auprès de son professeur William James, frère d'Henry, les travaux de Charcot sur l'hypnose et l'hystérie, les grands opéras de Wagner... Une admiratrice et un mentor, ce qui la conduira à être une collectionneuse fameuse, de Picasso tout au long de sa vie, mais aussi de Cézanne, de Renoir, de Picabia, de Juan Gris, de Matisse... tout ce qui a compté en peinture dans la première partie du XX e siècle s'est retrouvé sur les murs de Gertrude. Un écrivain, bien sûr, qui a trouvé de nouvelles formes, un rythme d'écriture singulier, des oeuvres souvent difficiles qui lui ont valu une reconnaissance tardive mais bien réelle, en Amérique où elle fait une tournée triomphale de conférences en 1935 et en France. Une amoureuse moderne, qui après avoir eu des difficultés à se définir comme homosexuelle, a ensuite pratiqué une forme de militantisme tranquille : elle a vécu une vie maritale avec Alice Toklas, rue de Fleurus à Paris comme dans le petit village de l'Ain où elles ont acheté une maison, sans rien cacher de leurs liens. Enfin, une européenne de coeur, elle qui a tant aimé Paris, bien sûr, la province française qu'elle a traversée au volant de ses différentes voitures (des Ford, exclusivement) qu'elle a aimé baptiser (Tatie, Govida...) et dans lesquelles un bagage signé Hermès accueillait les chiens qui ont les ont accompagnées, notamment le caniche Basket et le chihuahua Pépé... Elle a autant aimé l'Angleterre, l'Italie et l'Espagne, le pays de Pablo dont elle dit : « Il est naturel qu'un Espagnol ait exprimé en peinture l'âme du XX e siècle où rien ne s'accorde, ni la sphère avec le cube, ni le paysage avec les maisons, ni la grande quantité avec la petite. L'Amérique et l'Espagne ont cela en commun, c'est pourquoi l'Espagne a découvert l'Amérique et l'Amérique l'Espagne. » On pourra regretter, et le travail de Philippe Blanchon ne le passe pas sous silence, son manque de sens politique qui lui a fait notamment rapprocher Hitler et Roosevelt...
Marguerite Duras (1914-1996) a fasciné autant qu'elle a irrité. Auteur d'une oeuvre abondante qui s'exprima dans le roman, le théâtre, le cinéma, elle marqua de son empreinte la littérature mondiale du XX e siècle. De Moderato cantabile à L'Amant, en passant par Détruire dit-elle ou India Song, voire ses articles dans la presse, elle reste un écrivain profondément engagé dans son temps. De l'enfance rebelle en Indochine à l'isolement des dernières années dans sa maison de Neauphle-le-Château, ce livre retrace la vie de cet écrivain hors du commun qui n'hésitait pas à énoncer : « Si je l'ai écrit, c'est que ça a existé. ».
« Une si dévorante soif de voir, de connaître, d'apprendre.» Les soeurs Brontë... Ce pluriel, depuis un siècle et demi, fascine. Quand Emily écrit Les Hauts de Hurlevents, Anne publie La Recluse de Wildfell Hall, et Charlotte Jane Eyre. La première meurt à trente ans, en 1848 ;
La seconde à vingt-neuf, un an plus tard ; la troisième à trente-neuf, en 1855. Sans oublier Branwell, le frère écrivain maudit, qui disparaît lui aussi prématurément, miné par l'alcool et la tuberculose. Tous quatre étaient orphelins de mère. Quelle probabilité il y avait-il pour que tous ces talents aussi originaux poussent ainsi à l'ombre du presbytère de Haworth? Faute de pouvoir éclaircir totalement ce mystère, Jean- Pierre Ohl tente d'en dessiner les contours, et de comprendre ce qui, aujourd'hui encore, rend si proche de nous les enfants du pasteur Patrick Brontë.
« J'aime boire du champagne et devenir follement exaltée. J'aime partir en voiture vers Rodmell dans la chaleur d'un vendredi soir et manger du jambon, et être assise sur ma terrasse et fumer un cigare avec un hibou ou deux. » Virginia Woolf (1882-1941) fut une femme aux vies multiples : partagée entre Londres et sa retraite du Sussex, rompue aux mondanités comme à la solitude, attentive aux petits miracles quotidiens et bousculée par la folie.
« Cultiver les plaisirs de mes sens fut, dans toute ma vie, ma principale affaire ; je n'en ai jamais eu de plus importante ». Il n'a pas fallu longtemps, un siècle tout au plus, pour que GiacomoCasanova (1725-1798) prenne sa place au Panthéon des mythes. Fils d'une modeste famille de comédiens, il est devenu, à la faveur de ses Mémoires, Histoire de ma vie, une figure de référence dans l'art de la séduction. Mais qu'était-il vraiment ? Un agent secret, un aventurier cosmopolite, escroc à ses heures ? Pour aborder Casanova, il faut se garder d'appliquer à son histoire les catégories issues des deux siècles qui nous séparent de lui. Le dépouillant de ses attributs de surmâle, Maxime Rovere en fait un éternel amoureux joueur de cartes invétéré, mais aussi un voyageur insatiable, un homme de lettres éperdu de projets, un grand amateur de vins et un incomparable gastronome, en somme le chantre d'une liberté nouvelle, praticien volontaire d'unephilosophie joyeuse et hédoniste.
Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814) passa vingt-sept de sa vie en prison ou en asile d'aliénés. Ecrivain, romancier, philosophe, homme politique, on ne retint longtemps de lui qu'un cortège de rumeurs et une liste d'ouvrages clandestins pour la plupart introuvables. Entrée depuis 1990 dans la Pléiade, son oeuvre est aujourd'hui en livre de poche, et tout un chacun peut lire Les Cent Vingt journées de Sodome, La Philosophie dans le boudoir ou La Nouvelle Justine ou les malheurs de la vertu. Mais Sade n'en reste pas moins un objet constant d'études et de questionnements. En 1818, un chirurgien, nourri de phrénologie, avait examiné son crâne. Entre surprise et déception, il en avait conclu que ce dernier « était en tous points semblable à celui d'un père de l'Église ». Sade ne serait-il donc qu'un homme ? Telle est la question.
« Pourquoi Gallimard ? Parce qu'il fut unique et exceptionnel.
Certes, de grands éditeurs, il y en eut d'autres et non des moindres. Mais de tous ceux qui s'étaient lancés dans cette aventure au cours de la première décennie du siècle, il fut certainement le seul, au soir de sa vie, à pouvoir éventuellement se permettre de feuilleter l'épais catalogue de sa maison d'édition en se disant : la littérature française, c'est moi. » Pierre Assouline.
Aussi romanesque que ses oeuvres, la vie de Francis Scott Key Fitzgerald (1896-1940), enfant d'une famille modeste du Minnesota qui devint le chef de file de la Génération perdue, a des allures de tourbillon. C'est pour les yeux vifs et moqueurs de la jeune Zelda Sayre, au charme exubérant, qu'il écrit Loin du Paradis. Portrait de l'ère du jazz, le roman connaît un succès éblouissant qui porte aux nues le couple mythique.
Suivront quatre romans - dont le célèbre Gatsby le Magnifique - et une trentaine de nouvelles.
Il flotte dans l'existence des Fitzgerald un air de fête permanente, défrayant la chronique et fascinant le monde entier. Avec leur fille Scottie, ils semblent former le tableau idéal - ils ont tout : la gloire, l'amour, l'argent.
Mieux que personne, ils surent incarner une Amérique jeune, libérée et créatrice. Mais, entre les verres de gin, la folie de Zelda et le déclin littéraire, l'envers du décor - aussi somptueux soit-il - est amer.
"Les hommes sont des insectes se dvorant les uns les autres sur un petit atome de boue." Qui est exactement Voltaire (1694-1778) ? Est-il d'abord le dfenseur des Calas, Sirven, La Barre, c'est--dire l'aptre de la tolrance, celui dont le nom, encore aujourd'hui, mobilise les foules sur toute la plante ? Est-il surtout, avec son Sicle de Louis XIV et son Essai sur les moeurs et l'esprit des nations, le promoteur d'une nouvelle criture de l'Histoire ? Doit-on le considrer comme le plus grand tragdien de son sicle, l'gal, son poque, de Racine et de Corneille ? Peut-on oublier qu'il fut un financier hors pair, voire un vritable homme d'affaires ? N'a-t-il pas t consacr, sur la fin de sa vie, seigneur de village ? Et qui d'autre que lui est devenu, au sicle des Lumires, l'icne de tout un peuple ? C'est de cet homme, et de ce peuple, qu'il est ici question.
«Guide fidèle de ma vocation, dès le berceau je reçus la beauté, qui pour les deux arts m'est lampe et miroir. Penser autrement est fausse opinion. Elle seule élève l'oeil vers le sublime qu'or je m'arrête ici à peindre et à sculpter ».
Sculpteur, peintre, architecte, poète, le «Divin Michel-Ange» (1475-1564) incarne l'Homme universel de la Renaissance italienne. Élu à quinze ans par Laurent le Magnifique, il vécut entre Florence et Rome. Ses colères tinrent en respect sept papes pour lesquels il créa une oeuvre titanesque, en rédemption de son «péché d'imperfection».