Cinéma, littérature et poésie ... Sophie Marceau est publiée chez Seghers !
Les treize histoires et sept poèmes qui composent ce livre se répondent et se complètent : d'un décor à l'autre (plateaux de cinéma, jardins d'enfance, hôtels de luxe ou terrains vagues), les héroïnes (filles, jeunes femmes, amantes ou amoureuses, mères ou grands-mères) incarnent chacune à leur manière le sort d'être femme, qu'il s'exprime par un corps, un rôle, un héritage.
Au fil des récits, des fables, des fragments de vie, des poésies, il s'agit toujours de dévoiler un mystère, un secret, la part souterraine... Les mots s'insinuent comme il faut pour toucher ce qu'il y a à toucher, et dire ce qu'il y a à en dire. Avec finesse et intensité. Et c'est un plaisir de plonger dans ces textes - débordants d'imagination, de fantaisie, basculant souvent de l'observation la plus juste à une imprévisible drôlerie.
Le premier recueil de poésie d'Arthur Teboul, auteur et chanteur du groupe Feu! Chatterton.
Comme chanteur, Arthur Teboul incarne un esprit rock et romantique, entre popanglo-saxonne (Radiohead) et chanson française (Ferré, Gainsbourg, Bashung), entre ambiance feutrée d'un jazz club et néons perçants d'une scène underground ; poétique et inspiré, il est de ces nouvelles voix talentueuses qui parlent à la jeunesse et, brouillant les frontières habituelles entre les genres, redéfinissent de manière originale et séduisante la scène musicale en France.
Auteur des paroles du groupe (des paroles au caractère quasiment visionnaire, qui marquent par leur capacité à saisir l'air du temps), Arthur Teboul confesse qu'il est venu à la musique par la littérature. Il plaide pour une existence où la poésie aurait une plus grande part. On devine facilement qu'il porte en lui la dimension d'un écrivain.
De fait, entre les phases d'écriture des chansons de ses albums, il a pris l'habitude de composer ce qu'il appelle des poèmes minute, lors de séances de " déversement " ou d'écriture automatique. Entre le poème en prose et le récit onirique, ce sont de courts textes dont les idées et les émotions seraient les protagonistes, riches en inventions, pleins de mystère, de vivacité, de drôlerie, d'étrangeté et de beauté. Ils composent ce recueil, Le Déversoir.
Pour accompagner la sortie de son livre, Arthur Teboul poursuivra cette expérience lors d'un happening d'une semaine où chaque tête-à-tête donnera lieu à l'écriture d'un poème, face à un public, à Paris.
« Vous entendrez la femme royale, la fille de la rue espiègle ; vous entendrez le prix de la survie de la femme noire et vous entendrez sa générosité. » James Baldwin.
Longtemps, Maya Angelou a été méconnue du public français, avant d'être célébrée à sa juste mesure depuis 2008 pour ses romans autobiographiques, dont le célèbre Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage. Activiste et écrivaine, Angelou l'était bien sûr, mais elle se considérait aussi comme une poète. Au début de sa carrière, elle alternait la publication de chaque texte autobiographique avec un recueil. Et pourtant je m'élève, son troisième opus publié en 1978, demeure l'un de ses plus emblématiques. Composé de 32 poèmes, divisés en trois parties, il révèle une Maya Angelou dans sa pleine maturité poétique, tour à tour sentimentale ou engagée, évoquant aussi bien des motifs intimes (l'amour, la maternité, la famille), que les thèmes ouvertement politiques (les difficultés de la vie urbaine, la maltraitance, la drogue, le racisme du vieux Sud). Ce qui caractérise sa voix est une détermination sans faille à surmonter les épreuves, quelle qu'elles soient, et la confiance, la force, la fierté qu'elle puise dans son identité de femme noire. Si Maya Angelou réjouit le lecteur d'aujourd'hui, c'est parce que son sens de la provocation et de la formule ne se départit jamais d'humour et ne verse jamais ni dans le désespoir, ni le communautarisme ou la haine de l'autre. Elle est cette femme phénoménale dont le poème éponyme brosse le portrait, et nous enjoint de le devenir à notre tour :
Je dis, C'est le feu dans mes yeux, Et l'éclat de mes dents, Le swing de mes hanches, Et la gaieté dans mes pieds.
Je suis une femme, Phénoménalement, Femme phénoménale, C'est ce que je suis.
Le 20 février 1888, âgé de 35 ans, Vincent Van Gogh, l'homme du nord, s'installe à Arles. C'est l'hiver, mais il découvre la lumière provençale, éclatante de jour comme de nuit. Stupéfait par la limpidité du firmament, ce passionné d'astronomie se laisse gagner par un projet nouveau : peindre le ciel. Et Même s'il est intimidé par le sujet, il veut surtout peindre un ciel étoilé. Parce que « La nuit est encore plus richement colorée que le jour », écrit-il. Certains de ses plus grands chefs-d'oeuvre naîtront de ce projet : Terrasse de café le soir à Arles, La nuit étoilée sur le Rhône, La nuit étoilée de Saint Rémy de Provence...
Les étoiles sont-elles, dans ces toiles, disposées au hasard ou bien correspondent elles à une configuration réelle du ciel nocturne ? Cette question qui anime l'écrivain et astrophysicien passionné des arts qu'est Jean-Pierre Luminet n'est pas seulement une affaire de curiosité biographique, cela touche aussi à la vision fondamentale du peintre. Van Gogh a toujours mis en avant son désir de faire preuve d'un certain réalisme dans la transposition picturale « Cela m'amuse énormément de peindre la nuit sur place... de peindre la chose immédiatement », écrit-il dans une autre lettre. Ce débat (faut-il peindre d'après nature ou imagination) est si sérieux qu'il a provoqué la brouille entre Gauguin et Van Gogh (et la mutilation de l'oreille et crise de folie qui ont suivi chez ce dernier).
Entre biographie, histoire de l'art, science et poésie, se déplaçant sur les lieux précis où Van Gogh a peint, consultant les travaux de certains prédécesseurs (le plus souvent pour les contredire), et recourant à des logiciels de reconstitution astronomique, Jean-Pierre Luminet a mené l'enquête. A force de recoupements, il a pu établir que les portions de ciel représentées dans les tableaux correspondent toujours à une réalité. Mais il lui arrive aussi de rendre les choses plus complexes... pour des raisons purement artistiques. Ainsi Van Gogh, comme l'établit avec une fascinante sagacité Jean-Pierre Luminet, opère parfois des montages, ou mêle observation précise, imagination, mémoire... En cela aussi, il a bouleversé les canons et annoncé les évolutions futures de son art (vers le cubisme, le surréalisme, l'abstraction). Ce n'est pas le moindre mérite de ce passionnant petit livre que de démontrer cela.
La capitale de la douceur existe. C'est une petite île de la Méditerranée. À côté de ses voisines de Port-Cros et Porquerolles, l'île du Levant est un endroit où l'on peut vivre nu (grâce à un arrêté préfectoral). Mais seulement sur 5% du territoire, les 95% restants étant occupés par l'armée qui teste ici ses missiles...
La douceur a-t-elle encore sa place dans notre monde ? Peut-elle résister à la violence qui nous entoure ? Dans ce décor prédestiné, où le hasard l'a menée, l'héroïne de ce roman ôte bien plus que ses vêtements, elle se met véritablement à nu.
En sept jours, d'une rencontre à l'autre, elle va revivre les moments de son existence où s'est joué son rapport à la violence. Et comprendre que le pouvoir de la douceur est illimité.
Des poèmes inédits de Robert Desnos ont été retrouvés, Desnos, le poète de la liberté et de l'amour, le voyant inspiré, le surréaliste à la fibre populaire ayant joué un rôle si fondamental auprès d'André Breton, le résistant qui trouvera la mort dans le camp de Teresin en Tchécoslovaquie, en 1945.
Ces textes ont été composés en 1936-1937. A cette époque Desnos s'était fixé pour contrainte d'en écrire chaque soir vers minuit. Après avoir pratiqué le journalisme, il consacrait alors beaucoup de temps à la radio, media pour lequel il s'était pris de passion (composant des slogans publicitaires pour Radio-Luxembourg et le Poste-Parisien, écrivant une pièce radiophonique avec son comparse Antonin Artaud sur une musique de Kurt Weill). Mais il s'obligeait, pour rester en contact avec la poésie à écrire un poème « forcé » tous les soirs. Parfois « le poème s'imposait, il s'était construit de lui-même au cours de la journée. D'autres fois le cerveau vide, c'était un thème inattendu qui guidait la main plutôt que la pensée », écrit-il.
On y trouve des bandes de gamins parisiens, Napoléon 1er, le « maréchal Ducono », des « nymphes qui dansent dans des clairières », un drôle d'animal qui « tient de l'arbre et de l'éponge », des faisans et des coqs, l'éclat du soleil et des étoiles, les quais de seine, un brouillard matinal en automne, des souvenirs de la grande guerre alors qu'il était adolescent, l'amour et l'amitié, l'histoire d'un pirate affligé d'un chagrin d'amour, une ode à l'aube naissante (« La lumière qui grandit / n'est pas la même que celle qui meurt. »). Beaucoup d'humour aussi chez cet amateur de farce et de calembours, dans des quatrains rimés où il s'en prend aux gradés, aux prêtres et aux juges.
Certains de ces poèmes ont rejoint le recueil Fortunes, en 1942 d'autre Etat de veille en 1943. Ceux qui n'ont pas été publiés viennent donc d'être retrouvés dans quatre précieux cahiers reliés datant de 1940, à l'occasion d'une vente et de l'acquisition faite par le bibliophile et collectionneur Jacques Letertre. On y découvre l'écriture régulière de Desnos qui s'était appliqué en vue d'une prochaine parution à recopier, corriger quatre-vingt poèmes, complétés par des dessins de sa main. En 1940, Desnos revient à lui-même et se juge, accompagnant d'une ou deux croix les poèmes qu'il trouvait les meilleurs.
A l'époque où il recopie ces poèmes, Desnos rejoint le quotidien Aujourd'hui, qui va bientôt glisser dans la collaboration. De son poste d'observation, il collecte des renseignements pour le réseau de résistance « Agir ». Il mènera ce combat jusque 1944. Dénoncé, arrêté par la Gestapo, Desnos connaîtra la prison de Fresnes, le camp de Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, Floha et Teresin, où, survivant des « marches de la mort », il succombera au typhus. Il n'avait pas 45 ans.
Après les Jours de travail, le journal des Raisins de la colère, Seghers publie la correspondance de Steinbeck à son éditeur, lors de la rédaction d'A l'Est d'Eden...
Alors qu'il commence la rédaction d'À l'est d'Eden, son roman le plus ouvertement autobiographique et sans doute le plus ambitieux, John Steinbeck se lance dans une longue lettre qu'il écrit quotidiennement à son ami et éditeur, Pat Covici. Pour lui, cette lettre ininterrompue a une triple vocation : elle le prépare physiquement et psychiquement à la rédaction de ses feuillets du jour ; elle offre un laboratoire dans lequel il revient sur les ambitions du chapitre en cours ; elle lui permet de tenir la chronique de la création, réflexion sur le temps, la littérature, l'inspiration, l'oeuvre à l'oeuvre.
Chaque jour, du 29 janvier au 31 octobre 1951, Steinbeck documente ainsi son processus d'écriture, se confie sur des sujets intimes, offrant ainsi un angle fascinant sur l'expérience du Nobel, une vision de l'homme et de l'écrivain, mais aussi de la relation qui unit un auteur et son éditeur.
Publié aux États-Unis en 1968, l'année suivant la disparition de Steinbeck, Journal d'un roman, Lettres d'A l'Est d'Eden, se situe dans la lignée de Jours de travail, Les journaux des Raisins de la colère : traduit par Pierre Guglielmina et paru chez Seghers en 2019, celui-ci avait été salué d'une presse unanime. Avec ce deuxième opus, les Editions Seghers poursuivent leur exploration de la fabrique de la création des chefs-d'oeuvre de la littérature américaine du XXe siècle.
Le rôle de Francis Picabia (1879-1953) fut crucial dans l'histoire de la peinture, et au-delà. C'était un artiste protéiforme, inclassable, cherchant à fuir les positions arrêtées, les modèles établis, toute école, tout dogme. Il fut poète et écrivain comme il fut peintre, c'est-à-dire entièrement, librement, et éprouvant pour ses deux activités majeures la même attraction mêlée de rejet. Car Picabia abhorrait toute forme d'étiquette, de posture, de reconnaissance et ne voyait de meilleure définition de lui-même que son nom (« Je suis Picabia et c'est mon infirmité. »).
Cet héritier, fils de famille bourgeoise aisée et cosmopolite, était un excentrique et un révolté. Provocateur aux goûts de luxe, il fut, toute sa vie, secoué par les contradictions. Un génie charismatique à la puissance créative intarissable. Un inlassable amoureux de la vie, passionné de vitesse (collectionnant les automobiles), affamé de fête et de festins (usant d'alcool et de drogues), recherchant les complicités intellectuelles comme les réjouissances amicales. Mais aussi un dépressif à la vie psychique perturbée, traversant de longues périodes d'abattement, de fuites, de désertions.
Séducteur recherchant l'appui de femmes fortes, il eut une vie amoureuse agitée, et marquée par de grandes expériences. Aucune ne fut comparable à celle qu'il vécut avec sa première femme, Gabriële Buffet. Car ensemble ils bouleversèrent l'histoire de l'art.
Quand ils se rencontrent en 1908, Picabia a trente ans. Il éprouve un coup de foudre pour cette musicienne âgée de trois ans de moins que lui, cette jeune femme supérieurement intelligente (au « cerveau érotique » dit-il), issue d'une famille d'intellectuels. Elève de Vincent d'Indy, de Busoni, amie du jeune Varèse, Gabriële est une audacieuse, passionnée de théorie, tournée vers la modernité et l'esprit d'un temps marqué par les découvertes scientifiques, mais elle ne s'intéresse pas particulièrement à la peinture. C'est en elle pourtant que Picabia, aspirant au changement, mais encore peintre impressionniste (à succès), trouvera l'interlocutrice idéale, celle qui lui permettra de se libérer des conventions, d'opérer sa mue artistique et de devenir bientôt l'auteur de la première toile considérée comme abstraite (Caoutchouc, 1909). D'emblée, leur rencontre se place sous le signe de l'art. Picabia se cherche. Gabriële envisage le pictural sous l'angle musical, comme une pure création de l'esprit, éloignée de toute représentation figurative. « La peinture ne sera jamais plus ce qu'elle avait été », dira Gabriële. Notre « conversation, continue-t-elle, commencée dans un garage s'est poursuivie pendant des jours... des mois, je puis dire jusque sa mort, malgré les séparations, les ruptures de contact et d'idées ».
Picabia et Gabriële vivront ensemble près de quinze ans et ils auront quatre enfants avant de divorcer en 1931. Mais le lien ne s'interrompra jamais. Comme écrivain, Picabia est déjà l'auteur d'une oeuvre importante. Pourtant sa correspondance avec Gabriële, inédite et révélée aujourd'hui avec de nombreux poèmes également inédits, est peut-être le meilleur témoin des pensées et des états d'âme de l'homme, des convictions et des doutes de l'artiste. Au fil des lettres, étalées sur des dizaines d'années, Picabia, parle de son métier et de ses projets, de considérations esthétiques et de mouvements (au rang desquels DADA), des autres peintres (jeunes et moins jeunes, on y croise notamment Picasso, sévèrement étrillé). Mais c'est une manière de vivre plus qu'un programme artistique que Picabia semble vraiment chercher à définir. Dans ces pages, il évoque Dieu, l'amour, la guerre, le communisme, la politique coloniale. Sans jamais renoncer à la drôlerie ni à l'ironie, il se fait volontiers moraliste et multiplie les aphorismes, les traits saillants, dans l'esprit de son modèle en littérature et en philosophie, Nietzsche. Et partout, il laisse éclater son fulgurant talent de poète. Car ici, la plus étonnante poésie, amoureuse, métaphysique, sensorielle, onirique, n'est pas seulement présente dans les poèmes. Dans les lettres, Picabia passe régulièrement de considérations « ordinaires » (sur les déplacements, l'entourage, l'organisation, ou le temps qu'il fait) à la plus extrême profondeur, se rendant absolument transparent, lui et sa vision. Quoi de plus naturel que de se livrer ainsi, et de laisser voir tout « ce qu'il y a dans [son] cerveau » à celle qui fut son inspiratrice, et qui toujours le subjugua par son esprit.
Les plus beaux poèmes du plus grand poète de la Grèce moderne réédités chez Seghers pour la première fois en bilingue.
Mort en 1933 à Alexandrie, Constantin Cavafis entrait dans le domaine public il y a tout juste vingt ans. Aux côtés de Gallimard, de Fata Morgana et des Belles Lettres, Seghers a compté parmi les éditeurs historiques du poète grec en France, avec Poèmes anciens ou retrouvés. Publié une première fois en 1978 puis réédités en 1999, ce recueil se distingue par la qualité de sa traduction signée Gilles Ortlieb et Pierre Leyris, tous deux spécialistes de la littérature grecque, une référence au sein du domaine étranger de la maison, qu'il était essentiel d'ajouter à nos rééditions de poésie étrangère bilingue Poèmes anciens ou retrouvés propose une sélection des plus beaux textes de Cavafis (75). Ainsi s'éclaire au mieux le visage du plus grand poète de la Grèce moderne. On y reconnaîtra, mêlés au long des ans, les modes d'expressions complémentaires de Cavafy, l'un s'attachant à évoquer les perplexités de Julien l'Apostat ou le trouble passager d'un jeune littérateur mondain face au saint Stylite, l'autre ne cachant rien des passions d'un vieil homme qui évoque les jours anciens et les heures de sa jeunesse.
La Ménagerie de verre, Un tramway nommé Désir, La Chatte sur un toit brûlant, La Nuit de l'iguane... On connaît surtout l'oeuvre de dramaturge de Tennessee Williams, exaltée, lyrique, très largement adaptée au grand écran avec la postérité que l'on sait. Pourtant, en privé, l'homme se définissait comme un poète avant tout, un poète solitaire et torturé, inspiré de la lecture de Keats, Shakespeare, Rilke et Rimbaud. Il publia Dans l'hiver des villes en 1956, mais sa célébrité en tant qu'auteur dramatique était déjà telle à l'époque qu'elle ne pouvait qu'éclipser son oeuvre poétique. Aujourd'hui, quarante ans après sa mort, on comprend à la lecture de ce recueil combien ses vers et son sens poétique nourrissent tout son travail d'écriture, destiné ou non à être mis en scène. Aussi, ses poèmes sont-ils, à l'image de ses pièces, caractérisés par l'intensité de son expression, sa passion de la sincérité, son sentiment de solitude et sa compassion envers les marginaux. À une nuance près : ils apparaissent dans une certaine mesure comme une confession. Contrairement à son théâtre qui se voulait exempt de toute thématique ouvertement homosexuelle, il parvient ici, au moyen de conventions poétiques ou de formes libres, à rendre acceptable le récit de ses expériences avec les hommes, ou de son amour pour Frank Merlo - son compagnon de longue date. « Orphée sous les tropiques », Tennessee Williams écrivit ces poèmes dans le but d'exprimer sa sexualité propre, ce que le théâtre lui interdisait. « Quand les poètes deviennent délibérément des hommes de lettres, nous nous mettons à les lire avec davantage de respect que de plaisir », écrivait-il. La lecture de ce recueil, traduit avec talent par Jacques Demarcq, vient le contredire avec bonheur.
?En 1937, dans L'Évidence poétique, Eluard écrivait : « Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient. Ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n'ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l'amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de lui apprendre les leurs. » Ainsi, dans cette anthologie de citations qui date de 1942, il affirme une nouvelle fois cette conception d'une poésie qui accueille aussi bien la parole involontaire, souvent populaire, fruit du hasard dans lequel le dire dépasse le « vouloir dire », et la parole intentionnelle où affluent les images, les combinaisons nouvelles, les jeux de répétitions et échos sémantiques. Un dialogue est ainsi ouvert entre les tenants de ces deux paroles, abolissant toute conception bourgeoise de la poésie et confirmant l'optimisme Eluardien en une fraternité à laquelle il aspire.
La particularité de ce recueil tient également en son dispositif de lecture : selon un ordre chronologique, en page de gauche (paire) s'affiche la poésie involontaire, en page de droite (impaire), la poésie intentionnelle. Voisinent de la sorte - et parmi d'autres - le facteur Cheval et Léon-Paul Fargue, Jacques Rigaut et Blaise Cendrars, la Religieuse portugaise et Salvador Dalí. À noter : les écrivains les plus prestigieux sont parfois classés parmi les poètes involontaire, tels Honoré de Balzac ou Dickens qui rejoignent Dame Tartine et Nicolas Flamel. Une anthologie très personnelle donc, où humour et scandale font toujours bon ménage.
Publié en Suisse en 1942, puis diffusé sous le régime de Vichy grâce à la négligence d'un censeur, Les Yeux d'Elsa comporte d'innombrables allusions à l'Occupation. À travers l'évocation de la France médiévale, Aragon invite son lecteur à reconnaître les déchirures du présent et à s'engager dans la défense d'un pays dévasté.
Cette édition intègre la préface rédigée en février 1942, ainsi que trois textes en prose : « La leçon de Ribérac », « La rime en 1940 » et « Sur une définition de la poésie ».
« Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire, J'ai vu tous les soleils y venir se mirer, S'y jeter à mourir tous les désespérés, Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire. »
Les textes réunis dans cet ouvrage, publié pour la première fois en 1963 puis réédité en 2008 et aujourd'hui, complètent l'art poétique de Paul Eluard intitulé Donner à voir. Ils couvrent une période de trente ans, de 1920 à 1952, année de la mort du poète.
Le Poète et son ombre est composé de textes provenant de plaquettes à tirage limité, de catalogues rares, de revues aujourd'hui introuvables. Il s'agit essentiellement de notes sur la poésie, de prières d'insérer pour des livres d'amis, de préfaces à des expositions de peintres, de fragments de conférences. Ordonnés sur un mode chronologique, ces textes suivent l'itinéraire d'Eluard, de la Révolution surréaliste à son engagement pour la paix, la justice et la liberté.
Les critiques ont souvent parlé de la « magie poétique » d'Eluard, dont la puissance d'enchantement, l'étonnante pureté, la transparence leur paraissaient inexplicables. La même remarque pourrait être faite à propos des textes qui composent Le Poète et son ombre. Lorsqu'il parle de ses amis poètes ou des peintres qu'il aime, Eluard s'exprime avec naturel et sait donner le sentiment de l'évidence. « L'écoutant, on laisse tomber ses armes... », disait Francis Ponge. Le texte critique est l'ombre portée d'une lumière.
Trente ans après sa première parution, L'Envol d'Icare est réédité, de quoi redécouvrir l'oeuvre de Jacques Lacarrière.
Poète, essayiste et traducteur, très largement inspiré par sa passion pour la civilisation grecque, Jacques Lacarrière (1925-2005) s'est fait particulièrement remarquer pour deux ouvrages fameux, deux grands succès de librairie, avec L'Été grec en 1976 (Plon) et En cheminant avec Hérodote en 1981 (Seghers). Voyageur infatigable, il y invente un genre qui tient de l'essai, du carnet de route, du poème en prose improvisé et du récit libéré de tous les codes formels, et emmène ses lecteurs au coeur d'une Grèce tantôt antique, tantôt contemporaine.
À ces deux textes fondateurs, loin de représenter l'ensemble de l'oeuvre foisonnante de Lacarrière, vient s'ajouter une cinquantaine d'essais, romans et recueils de poésie. Parmi eux : L'Envol d'Icare, paru une première fois chez Seghers en 1993. Avec ce titre que l'on pourrait situer à mi-chemin entre essai et poésie, l'auteur propose une analyse du mythe d'Icare et de ses représentations, et met le doigt sur l'un des éléments centraux de notre civilisation. Celui qui chemine au creux de ce texte le comprend aussitôt : sans maîtrise de la technique, toute entreprise est inévitablement vouée à l'échec. Par le talent de Jacques Lacarrière et grâce aux multiples figures et clés d'interprétation proposées, L'Envol d'Icare sonne comme un prétexte à un envol aussi savant qu'imaginatif.
Plus de dix ans après sa mort, Alain Bashung s'est imposé comme une figure incontestée de la chanson française. Pourtant, enchaînant les collaborations avec différents paroliers (Boris Bergman, Serge Gainsbourg, Jean Fauque, Gérard Manset ou Gaëtan Roussel, entre autres), l'artiste a mis du temps à creuser son sillon et à affirmer sa voix si singulière, entre variété, rock, country et new wave, alliance presque contre nature de l'efficacité commerciale et de l'expérimentation surréaliste. De Roman-Photo (1977) à Bleu Pétrole (2009), en passant par les succès de « Gaby oh Gaby » (1980), « Vertige de l'amour » (1981), « S. O. S Amor » (1984), « Madame Rêve » (1991) ou « La Nuit je mens » (1998), Christophe Conte nous emmène à l'endroit même de la création, en studio où un Bashung intranquille réfléchit, cherche, confrontant les versions, alternant les moments de doute et les instants de grâce, et atteignant au sublime. Chaque chapitre raconte la parution d'un album, révèle les témoignages des plus proches collaborateurs et restitue, grâce à la timeline, le contexte et les événements qui ont nourri l'écriture de l'album suivant. Au-delà de tous les secrets de fabrication, le livre propose des photos et des documents inédits.
Un premier roman dont un poème est le héros Comment un simple poème, inspiré par l'amour de deux femmes, a-t-il pu circuler dans toute la France, au creux des Années noires ? Comment ce seul poème, par le pouvoir d'un mot, a-t-il rendu l'espoir à tout un peuple, alors à genoux ?
Depuis des années, Xavier Donzelli se passionne pour l'histoire du mythique " Liberté " de Paul Eluard. Grâce à des recherches poussées dans divers fonds d'archives, il a réussi à retracer l'itinéraire du poème, de sa création à sa publication en 1942 à Alger, dans la revue Fontaine, puis, à des milliers d'exemplaires, dans la plaquette Poésie et Vérité 1942 de La Main à plume, à Paris. Bientôt repris dans la revue La France Libre à Londres, parachuté en 1943 au-dessus de Nantes, Orléans, Le Mans, Argentan, Caen, Lille, Amiens, Paris par les avions de Royal Air Force, traduit et diffusé hors de France, enfin adapté en musique, le poème, échappant à son créateur, rencontrera un écho exceptionnel : il deviendra l'un des textes emblématiques de la Résistance.
On le sait : c'est toujours la petite histoire qui fait la grande histoire. En levant le voile de la légende, Xavier Donzelli a voulu raconter celle des hommes et des femmes qui ont porté ces mots si simples, si puissants et universels, qu'ils pouvaient parler à tous. Paul Eluard, Nusch, Cícero Dias, Max-Pol Fouchet, Raymond Aron, André Labarthe, Louis Parrot, Lee Miller et Roland Penrose, Francis Poulenc et tant d'autres, célèbres ou anonymes, sont les messagers de " Liberté ". Dans ce premier roman choral, le lecteur entre dans une ronde, où chacun des personnages - auteur, éditeurs, imprimeurs, animateurs de revues, traducteurs, libraires -, prend sa part dans la diffusion d'une parole libre, porteuse de sens et mobilisatrice. Comment ces hommes et ces femmes de bonne volonté ont-ils pu, ensemble, déjouer la censure ? contourner les autorités de Vichy par des réseaux secrets et grâce à des publications clandestines ? Quels périls ont-ils endurés et quels drames cachent ces vers ? Les différents chapitres, conçus comme autant de scènes, nous invitent à suivre cette épopée, poétique et haletante.
Maya Angelou (1928-2014) a été reconnu, de son vivant, comme l'une des grandes voix américaines du XXe siècle. Tour à tour chanteuse, danseuse, actrice, militante des droits civiques, poète, écrivaine, enseignante et réalisatrice, elle n'a cessé de se battre pour sa liberté de femme africaine-américaine, contre les stéréotypes de genre et les préjugés raciaux.
Femme phénoménale, son poème fétiche, est un manifeste pour une féminité décomplexée, une ode à la joie de vivre, la revanche souriante d'une petite-fille d'esclave. La grande Maya Angelou l'entonnait à chaque apparition publique, avec l'humour et la détermination qui la caractérisaient.
Première femme noire diplômée des beaux-arts aux États-Unis, en 1940, Elizabeth Catlett (1915-2012) était, elle aussi, une pionnière. Quand Maya Angelou fit sa connaissance à Mexico, elle la qualifia de « reine des arts » : toutes deux partageaient le même engagement envers leur communauté et souhaitaient lui offrir des modèles féminins empreints de force et de générosité.
Ce poème-objet bilingue, création de Vahram Muratyan, rassemble les oeuvres de Maya Angelou, Femme phénoménale (traduction de Santiago Artozqui), et d'Elizabeth Catlett, There Is a Woman in Every Color. Dans le climat que l'on observe aujourd'hui aux États-Unis, il résonne comme un mot d'ordre pour la défense des droits des femmes.
Après Liberté, j'écris ton nom de Paul Eluard et Fernand Léger, puis Dentelle d'éternité de Jean Cocteau, les Éditions Seghers perpétuent la tradition du poème-objet.
Dans L'Immaculée Conception, en 1930, Paul Eluard et André Breton offraient cinq variations autour des délires recensés par la psychiatrie pour démontrer qu'il n'y avait pas de frontière entre le langage des prétendus fous et celui des poètes, sauf aux yeux de la société. En novembre 1943, lorsque Eluard est accueilli à Saint-Alban par Lucien Bonnafé, épisode auquel fait allusion Xavier Donzelli dans Les Messagers également publié en janvier 2023 chez Seghers, les temps ont changé : l'euphorie et les provocations du surréalisme sont loin, la France est occupée, la poésie doit s'engager. Face aux fous de l'asile public départemental de Lozère, aux aliénés atteints cette fois réellement de débilité mentale, de manie aiguë, de paralysie générale, de délire d'interprétation ou de démence précoce, Eluard se fait confident, interlocuteur. Rappelons-nous que le poète du lyrisme amoureux est aussi le poète de l'indignation face aux injustices et de la compassion envers les malades des sanatoriums, les soldats du front, les femmes tondues de l'après-guerre et de toutes les misères du monde.
Dans ce long poème composé de sept parties et d'un épilogue, « Le Cimetière des fou », il dresse sept portraits de malades servis par les dessins poignants de Gérard Vulliamy, artiste peintre graveur proche du surréalisme et futur gendre du poète. Empreints d'une profonde empathie, ces textes font résonner des voix : celle du poète confronté au mystère impénétrable de l'esprit perdu, « chantant la mort sur les airs de la vie », ou celle des fous en proie aux hallucinations, à des absences ou à de rares éclairs de lucidité. « Le mannequin en croix est-il un homme ou moi ? » s'interroge une jeune femme triste ; « Peut-être aurais-je pu cacher cette innocence qui fait peur aux enfants ? » laisse entendre une vieille dame dont « un mur de regret cerne l'existence ».
Saint-Alban, berceau de la psychiatrie institutionnelle, fut le premier lieu en France à offrir une prise en charge thérapeutique aux fous devenus des patients - à une époque de restrictions qui allait voir mourir de faim la moitié de la population des asiles, soit quarante mille personnes. De la même façon, à travers ce texte, Eluard arrache ces individus à une solitude carcérale et les rend à leur humanité. À notre époque, à l'heure de l'inflation sécuritaire dans les hôpitaux psychiatriques, ses Souvenirs de la maison des fous nous rappellent plus que jamais à notre esprit et à notre humanisme.
Adressées entre 1912 et 1920 à ses parents et à son premier grand ami, le relieur et éditeur A.-J. Gonon, ces Lettres de jeunesse témoignent de la précoce vocation de poète de Paul Eluard. En 1912, il a seize ans quand il quitte l'école pour aller soigner sa tuberculose au sanatorium de Clavadel, en Suisse. C'est là, dans cette station cosmopolite des Alpes, qu'il rencontre une jeune fille russe du nom de Gala. Elle va faire basculer son existence.
Au fil des lettres se lisent l'épreuve de la maladie, et la terrible expérience de la guerre : en 1914, Paul est mobilisé, ainsi que son père. Il sera infirmier au front, puis, à sa demande, servira comme combattant avant d'être de nouveau hospitalisé. Il publie plusieurs recueils de poèmes. Sa révolte face à la misère, à la souffrance, au malheur s'accompagne de cette découverte de la solidarité dans le bonheur qui ne se démentira jamais.
« J'ai eu longtemps un visage inutile, Mais maintenant, J'ai un visage pour être aimé, J'ai un visage pour être heureux. » Extrait d'une lettre à A.-J. Gonon, le 13 novembre 1918.
Dans l'histoire du jazz, il a une place unique. C'est un génie, et un musicien inclassable qui dépasse le genre où il s'est illustré. C'est aussi un personnage énigmatique dont on n'a jamais fini de faire le tour...
Il y a quarante ans, le 17 février 1982, disparaissait l'une des figures essentielles du jazz : Thelonious Sphere Monk. Poète de l'essentiel, il a écrit quelques unes de plus belles pages du jazz moderne avec Charlie Parker, Miles Davis, Sonny Rollins et John Coltrane. Le pianiste est singulier, le compositeur, auteur du célèbre standard « Around Midnight », est l'un des plus prolifiques de l'histoire du jazz. L'homme est fantasque, mutique, mystérieux.
Dans Mystère Monk, Franck Médioni a rassemblé plus de cent-vingt contributions de par le monde. Ils sont musiciens (Sonny Rollins, Herbie Hancock, Chick Corea, Martial Solal, Archie Shepp, Bill Frisell, Joe Lovano, John McLaughlin, Laurent de Wilde, Yaron Herman, Henri Texier, Bernard Lubat, Jean-Claude Vannier, Alain Planès, Pascal Dusapin...), journalistes (Michel Contat, François-René Simon, Guy Darol, Edouard Launet...), musicologues (Leila Olivesi, Lewis Porter, Philippe Baudoin), écrivains (Jacques Réda, Yannick Haenel, Philippe Sollers, Jean Echenoz, Yves Buin, Zéno Bianu, Allen Ginsberg, Christian Bobin, Sylvie Kandé, Jack Kerouac, Thomas Vinau, Esther Tellermann, John Edgar Wideman, Julio Cortázar, Roberto Bolano, Nimrod, Eric Sarner, Marcuse Malte, Pacôme Thiellement...), photographes (Jean-Pierre Leloir, Guy Le Querrec, Bob Parent, Roberto Polillo, Marcel Fleiss, Christian Rose...), dessinateurs (Enki Bilal, José Muñoz, Cabu, Serguei, Willem, Blutch, Youssef Daoudi, Edmond Baudoin, Louis Joos, Jacques Loustal, Jacques Ferrandez, Serge Bloch, Jochen Gerner, Charles Berberian, Christophe Chapouté, Albin de la Simone...), peintres (Victor Brauner, Willem de Kooning, Miquel Barceló, Ben Vautier, Ernest Pignon-Ernest, Charlélie Couture...) ou réalisateurs (Bertrand Tavernier, Clint Eastwood).
Cet ouvrage collectif est kaléidoscopique. Il multiplie les angles (témoignages, analyses, récits, fictions, poésies, photographies, dessins, peintures). Un livre polyphonique qui est à la fois chronologique et thématique. Écritures variées, rythmes éclatés, images et couleurs démultipliées, un portrait saisissant de Monk s'esquisse.
Céleste Albaret a été la gouvernante de Marcel Proust de 1913 à sa mort, en 1922. Tout juste arrivée de sa Lozère natale pour retrouver à Paris son mari, le chauffeur de Proust, elle entra au service de l'écrivain pour de menues tâches, et finit par lui dédier son existence, épousant sa vie de reclus jusqu'à participer matériellement à l'élaboration d'À la recherche du temps perdu (prenant des notes sous la dictée, collant ses ajouts sur les fameux « béquets »). Celle qui inspira le personnage de Françoise dans La recherche veillera sur Proust jusqu'à la fin. Avec l'aide de Georges Belmont, qui recueillit et mit en forme ses souvenirs, elle publia Monsieur Proust en 1973, élevé depuis au rang de livre culte.
Ce témoignage émouvant est un document unique sur la vie quotidienne de Proust lors de ses dernières années et sur les conditions dans lesquelles il écrivit son oeuvre.
Au fil d'une adaptation qui offre la quintessence du texte de Céleste et par la grâce des dessins de Stéphane Manel, nous nous introduisons à la suite de la jeune femme dans l'intimité du boulevard Haussmann et de la rue Hamelin pour découvrir l'invraisemblable cérémonial des jours et des nuits de Proust. De la cuisine à la chambre de liège, nous sommes les témoins des routines (fumigations, préparation du café, etc.), mais aussi des visites, des sorties et du monumental chantier de l'écriture...Tout prend vie dans cet ouvrage qui livre les clés sensorielles de ce monde à l'envers dont Proust fit son royaume, un monde où les frontières entre réalité et fiction étaient délibérément brouillées.