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De Victor Hugo à Robert Badinter, retour sur un combat pour l'abolition de la peine de mort à travers leurs textes...
Il est dix heures.
Ô ma pauvre petite fille ! encore six heures, et je serai mort ! je serai quelque chose d'immonde qui traînera sur la table froide des amphithéâtres ; une tête qu'on moulera d'un côté, un tronc qu'on disséquera de l'autre ; puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.
Voilà ce qu'ils vont faire de ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et tous pourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en cérémonie, pour le bien de la chose ! Ah ! grand Dieu
S'il est un artisan historique de l'abolition, c'est bien notre Victor national. Ce grand bourgeois, sensible à la misère du temps, à la férocité du système pénal, fut pugnace et constant. Il fallut le mûrissement des années et le cheminement à bas bruit dans les têtes et les coeurs des arguments et des raisonnements où se mêlèrent également : compassion et croyance en l'homme. Et un siècle et demi les séparant, on pourra lire également deux discours, celui de Hugo en 1848, et celui, mémorable, de Robert Badinter, alors Garde des Sceaux en 1981.
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La voisine et ses filles comblent la libido insatiable de leur voisin, et réciproquement...
« C'EST EPATANT. C'est pornographique, mais de haut niveau ! » Sortant de la bouche pincée de notre précieux académicien feu Jean d'Ormesson, voilà une appréciation qui certainement aiguisera votre curiosité. Les Surréalistes en leur temps, qui ont mis au pinacle le divin marquis de Sade, ne pouvaient ignorer Pierre Louÿs, d'autant qu'ils louaient les Onze mille verges de Guillaume Apollinaire. Rappelons que parmi le groupe surréaliste : Georges Bataille publia Histoire de l'OEil, autre chef d'oeuvre du genre, tout comme Le Con d'Irène d'Aragon, entre autres. (Extrait de l'avant-propos d'André Lacaille)
Trois filles, leur mère, un homme. Les combinaisons perverses sont multiples jusqu'au dégout paroxystique. N'empêche, rien n'égale l'écriture élégante et surannée du maître pornographe. L'obscénité au degré ultime, un pavé de l'Enfer des Lettres. -
Dans l'histoire littéraire, voici le premier roman - dit policier... indispensable à votre culture livresque...
Ceux qui avaient parlé de crime ne s'étaient malheureusement pas trompés, le commissaire de police en fut convaincu dès le seuil. Tout, dans la première pièce, dénonçait avec une lugubre éloquence la présence des malfaiteurs. Les meubles, une commode et deux grands bahuts, étaient forcés et défoncés. Dans la seconde pièce, qui servait de chambre à coucher, le désordre était plus grand encore. C'était à croire qu'une main furieuse avait pris plaisir à tout bouleverser. » Emile Gaboriau est le premier à créer la figure romanesque du policier enquêteur qui aura, comme on le sait, une descendance féconde.
Il faut évoquer le plaisir qu'on a à relire ce classique du roman policier, au-delà de la résolution de l'affaire elle-même. L'Affaire Lerouge, et les autres livres de Gaboriau, héritiers des romans populaires, ce sont des digressions, des chemins de traverse, des péripéties compliquées, l'exploration du passé des protagonistes, l'explication des motifs du crime et du modus operandi. Cela possède un charme véritable, qui faisait les délices d'André Gide, grand amateur de polar, comme Cocteau ou Mac Orlan. » (extrait de la préface d'Hervé Delouche) -
Le monde étouffe les petits, les sans grades. Un monde dont certains essaieront de s'échapper en le combattant collectivement... [...] C'était un bureau. Voici : on s'asseyait, les chaises étaient de paille, contrairement à la théorie du rond de cuir. Ensuite on ne se contentait pas d'être assis, on approchait la chaise de la table, et celle-ci étant assez haute pour les jambes, l'homme, à l'aise, la poitrine appuyée à son pupitre, le dos non loin du dossier, avec assez d'intervalle cependant pour que pussent s'effectuer les mouvements de la respiration, l'homme était là, contenu dans sa masse, les coudes appuyés, mais les deux bras libres de chaque côté des épaules, car écrire est un travail des bras. [...] Souffrir de sa propre médiocrité, atteindre brutalement une certaine richesse et se demander qu'en faire ? Dans un style grand siècle, travaillé et raffiné, une réflexion d'une cruauté très moderne.
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Les portes claquent et les quiproquos s'enchainent dans ce bordel au nom évocateur... (Préface de Max Obione)
« RAPHAËLE (une prostituée) Faites-vous bien feuille de rose ?
MADAME BEAUFLANQUET (une bourgeoise innocente se méprenant sur la nature de l'établissement et de ses occupantes) Feuille de rose ! (à part) ah oui des confitures de Turquie (haut) je n'en ai jamais mangé. (Les femmes se mettent à rire) FATMA Elle ne connaît pas feuille de rose ! Qu'est-ce qu'elle fait alors ?
RAPHAËLE Et petit salé alors ?
MADAME BEAUFLANQUET Ah ! ça oui.
RAPHAËLE Vous connaissez la levrette ?
MADAME BEAUFLANQUET Oui.
RAPHAËLE Le postillon - le gamin - soixante-neuf - la paresseuse - la brouette ?
MADAME BEAUFLANQUET (étonné) Oui, je connais ces choses (à part) quelles drôles de question font les femmes de Turquie. On m'avait dit aussi que les odalisques étaient d'une ignorance. RAPHAËLE Elle me va cette petite femme là. Aimez-vous à bouffer le chat ?
MADAME BEAUFLANQUET Oh ! j'adore les chats.
RAPHAËLE Ah ! bien puisque nous avons les mêmes goûts, je vous offrirai le mien. »
Ska publie cette curiosité théâtrale signée Guy de Maupassant. « La pièce essayant de marier Eugène Labiche et la pornographie crasse penche du côté de la grosse farce aux ressorts graveleux. » selon Max Obione dans sa préface. Cette comédie qui se déroule dans un bordel sordide vaut par la personnalité de l'auteur de La Maison Tellier et celle des spectateurs prestigieux qui l'ont vue.
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Paul Feder soulève le couvercle sur des trafics en tout genre... il est temps de nettoyer la pourriture...
UNE FOIS L'ECHELLE convenablement posée, le vieux grimpa sur la cuve. Le banyuls avait débordé et coulé sur le dessus, ça n'aurait pas dû se produire, la fermentation était finie depuis longtemps. Il déverrouilla les fixations de la trappe et se pencha prudemment. Le vin affleurait le bord supérieur de la cuve, quelque chose de bizarre flottait sous la surface. Alfons tendit la main et tira l'objet à lui. C'était un tissu, genre veste. Le vieux mit quelques secondes à réaliser que dans la veste il y avait un corps, un corps sans tête.
Il se redressa et eut un début de vertige. La cuve avait été collée par le sang, le sang du cadavre... Il découvrit alors le visage de Romain, qui l'observait d'en bas avec curiosité.
- Tout va bien, pépé ? demanda le jeune qui avait remarqué le teint livide du vieux.
- Oui... euh, je viens de me souvenir d'un rendez-vous important à la Chambre d'Agriculture, à Perpignan. Tu peux rentrer chez-toi, va, annonça-t-il d'un ton incertain.
Avec Tsunamis on retrouve les ambiances rythmées de Gildas Girodeau, sombres mais pleines d'humanité. Ce polar marque le grand retour de Paul Feder et de tous les personnages de la saga initiée en 2005. -
Ce classique de la littérature licencieuse loue la liberté sexuelle, exaltant une sorte de
libertine attitude. Une modernité des moeurs très contemporaine... QQ
À Paris, une fille de treize à quatorze ans reçoit déjà quelques marques d'attention quand elle est jolie. À cet âge, si j'avais eu la clef des propos flatteurs qu'on commençait à me tenir, j'y aurais aisément reconnu l'hommage du désir. Mais, autant j'avais d'intelligence pour ce qu'il me fallait apprendre, autant j'étais bornée relativement à la galanterie. Me disait-on que l'on m'aimait, je répondais bonnement que j'aimais aussi ; mais sans me douter des plus intéressantes acceptions d'aimer, ce mot si commun ! Bref, je ne savais rien, rien du tout ; et sans des hasards heureux qui m'éclairèrent tout à coup, j'aurais peut-être croupi longtemps dans ma déplorable ignorance.
Au-delà de la libération des moeurs qui s'expose dans ce roman, il s'agit à cette époque (XVIIIe siècle) de l'inscrire dans un mouvement émancipateur faisant exploser les carcans moraux de la religiosité dominante. En d'autres termes, de mettre de la lumière dans ce siècle qu'on désignera, grâce aux porteurs de flambeaux comme Voltaire, Diderot ou Rousseau et aux écrivains sulfureux libertins, comme le siècle des Lumières. (extrait de la préface de Franq Dilo)
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La belle et sensuelle courtisane et le beau sculpteur vivent une passion tragique à Alexandrie, au temps des Ptolémée...
« Elle marcha très lentement par la chambre, les mains croisées autour de la nuque, toute à la volupté d'appliquer sur les dalles ses pieds nus où la sueur se glaçait. Puis elle entra dans son bain. Se regarder à travers l'eau était pour elle une jouissance. Elle se voyait comme une grande coquille de nacre ouverte sur un rocher. Sa peau devenait unie et parfaite ; les lignes de ses jambes s'allongeaient dans une lumière bleue ; toute sa taille était plus souple ; elle ne reconnaissait plus ses mains. L'aisance de son corps était telle qu'elle se soulevait sur deux doigts, se laissait flotter un peu et retomber mollement sur le marbre sous un remous léger qui heurtait son menton. L'eau pénétrait dans ses oreilles avec l'agacement d'un baiser. » « [...] revivre, par une illusion féconde, au temps où la nudité humaine, la forme la plus parfaite que nous puissions connaître et même concevoir puisque nous la croyons à l'image de Dieu, pouvait se dévoiler sous les traits d'une courtisane sacrée, devant les vingt mille pèlerins qui couvrirent les plages d'Éleusis... »
Telle est l'invitation de Pierre Louÿs, entre autres. Cette évocation invite le lecteur à découvrir « cet ouvrage signé d'un grand auteur trop méconnu en dépit du succès du roman, encensé par François Coppée au moment de sa sortie. » nous informe Max Obione dans son avant-propos et d'ajouter : « Sexe et tragédie, ces deux ingrédients romanesques indispensables de la littérature, celle qu'on aime. »
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Quand la poésie du pauvre Lelian transcende ses amours mâles...
[...] Mes amants n'appartiennent pas aux classes riches :
Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux,
Leurs quinze et leurs vingt ans sans apprêts sont mal chiches
De force assez brutale et de procédés gros.
Je les goûte en habits de travail, cotte et veste ;
Ils ne sentent pas l'ambre et fleurent de santé
Pure et simple ; leur marche un peu lourde, va preste
Pourtant, car jeune, et grave en l'élasticité ;
Leurs yeux francs et matois crépitent de malice
Cordiale et des mots naïvement rusés
Partent non sans un gai juron qui les épice
De leur bouche bien fraîche aux solides baisers ;
Leur pine vigoureuse et leurs fesses joyeuses
Réjouissent la nuit et ma queue et mon cu ;
Sous la lampe et le petit jour, leurs chairs joyeuses
Ressuscitent mon désir las, jamais vaincu.
...
Hombres de Paul Verlaine est un recueil de poèmes parus sous le manteau et faisant l'apologie des amours au masculin. Miss Ska se devait de faciliter l'accès à ces merveilles érotiques et fortes. Voilà qui est fait quand les mots du poète s'accordent à sa sexualité, comme un alcool puissant et que résonne sa musique du désir de foutre en cul. Un fleuron de la collection Perle Rose. (Avant-propos d'André Lacaille)
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La Castille profonde, ses élevages de taureaux de combat et son passé franquiste qui pèse lourd, un retour aux sources sous haute tension... LE RAGOUT commence à bouillir. Ana verse lentement le contenu de la casserole dans une soupière. Le manche est brûlant. Ses mains de servante ne sentent plus le chaud ni le froid. Elle empoigne les anses, se dirige vers la salle, ouvre la porte à double battant d'un coup de rein, à reculons, se présente à l'unique table occupée.
Sourires narquois. Regards fouineurs.
La crasse ordinaire.
Elle se tourne vers la fenêtre. La silhouette du patron qui l'a mariée se détache de dos, à contre-jour, dans l'encadrement. Les pales du ventilateur de plafond ondulent sa maigre chevelure. Il fume en lisant le journal et en hochant la tête.
- C'est pas trop tôt ! maugrée-t-il en écrasant son mégot avec le talon, sans se retourner. On ne peut pas éternellement faire vivre toute une population sous la menace et dans le silence : la vérité finit par sortir, et tant pis pour les dégâts... Une version papier est disponible chez The Book Edition -
Paul Feder, menant jusque-là une existence confortable, se transforme en marin marginal quand il se retrouve plongé dans une aventure tragique au rythme soutenu. Incapable de rester à quai lorsque rodent l'injustice et le danger, Feder, le catalan, s'entoure d'une bande chaleureuse et solide prête à tout risquer à ses côtés.
Il faisait un vrai temps d'hiver dans le midi. Le vent du nord soufflait en tempête dans un ciel cristallin où aucun nuage ne parvenait plus à s'accrocher. Le petit cimetière était noir de monde. Paul frissonna, il avait oublié les morsures du vent. Le cercueil descendait au bout de ses cordes. Les fossoyeurs avaient du mal car son ami était lourd, lourd comme cette peine qui l'écrasait. C'était cette nuit, dans l'appartement du XIVe arrondissement de Paris où Paul vivait depuis dix ans, un téléphone avait sonné. Au bout du fil il n'avait pas reconnu la voix, tant elle était cassée, rompue. Cette voix venait d'ailleurs, d'un monde de tristesse lointain et monotone qu'il ignorait.
- Paul ?
- Oui ... qui est-ce ?
- Paul, François est mort.
Paul Feder, vrai de vrai Catalan basé à Paris, aime les femmes, la cuisine et les bons vins. L'amitié et la fidélité sont sa religion. Clairement engagé du côté du coeur, cet humaniste ne supporte pas l'injustice. Sur mer comme sur terre, cette fiction réjouira les amateurs d'aventures. Gildas Girodeau sait écrire comme personne une palpitante fiction instructive, porteuse de valeurs qui au lieu d'alourdir le propos le dynamise avec bonheur. La suite des aventures de Feder viendra bientôt réjouir les lecteurs.
Noir Côte Vermeille rassemble les deux premières aventures de Paul Feder : Rouge Tragique à Collioure et Malaguanyat. La Suite catalane comprend également Nuclear parano et La Dans des Cafards parus chez Horsain. -
Les troubles d'un ex prof plongé dans une paranoïa éblouie sous le soleil d'Italie. Une villégiature riche et débilitante à la fois, un roman original arrosé au limoncello et baigné du bruit des cigales...
[...] Pensez, se souriait-il en haussant involontairement les épaules, il fallait, entre autre, qu'il la rencontre, elle, et dans la plus grande discrétion, cette magnifique pute de luxe, si redevable en haut lieu de tant d'intelligentes compassions.
Il ne put pas s'empêcher de produire un petit rire sarcastique à peine étouffé.
Eh oui cette bombe humaine était paradoxalement le catalyseur indispensable de l'histoire, une effigie vivante du raffinement libidinal.
En définitive, se marmonnait-il de plus en plus grassement, elle n'a pratiquement rien su cette diablesse. Elle avait le feu vert sommital c'est tout. Et comme lui, le compagnero, elle avait circonstanciellement carte blanche.
Elle serait la « chèvre-émissaire », ça l'avait fait sourire l'expression, le temps d'une séduction éclair.
Il fallait vite charmer, dévoiler...
Elle, elle avait dit avec un petit accent de l'Est qu'elle allait : « Dessiner avec son corps des courbes asymptotiques », c'était exactement ses termes. Asymptotiques, putain !
Maintenant qu'il y pensait, il lui apparut qu'elle était sans aucun doute possible du type péripatéticienne, mais très cultivée, en tout cas beaucoup plus que ce qu'il en avait pu imaginer au premier contact...
Elle avait même rajouté avec une moue enfantine : « Autour d'une érection concupiscente de macho gras »...
Dingue !
Un beau jour sur une petite île, un type est débarqué d'un hélico avec une oreille en moins, et un petit trou en plus dans la tempe. Sur le point de trépasser, on le ranime avec toutes sortes de petits cailloux blancs aiguisés comme les dents des requins du même métal. Doucement, avec plus ou moins de tact, on ressuscite sa surprenante réalité. Entre flashback émoussés et thérapies de pointe, notre homme, ex professeur de lettres, va revivre, dans tous les sens du terme, le parcours de son existence rocambolesque. Aussi le voyage autour du monde de ce drôle de zigoto est-il à cataloguer dans le registre : pertes et fracas...
Après Villa confusione, José Noce nous entraîne à nouveau dans son imaginaire frappadingue. Il a emprunté son titre à Nietzsche. À lire, à l'ombre des pins, un limoncello à portée de gosier... Que du bonheur ! -
Une enquête dans un hôpital parisien qui souligne le désastre annoncé des services de soins...
MARC PERRIN, UNE FOIS de plus relégué sur le mauvais matelas de la chambre d'ami, avait passé une nuit détestable.
Rasoir en main, il se jetait des regards furieux dans le miroir en se remémorant la péroraison de son beau-frère, installé au coin de sa cheminée cossue à l'issue du dîner de la veille.
Il avait contenu une sourde irritation, les dents cramponnées sur un cigare de fin de repas. L'affectation avec laquelle l'autre le lui avait offert avait eu le don d'achever de l'exaspérer.
En bruit de fond, il entendait la conversation de sa femme et de sa belle-soeur. Elles bavardaient à la cuisine après en avoir chassé les maris. Elles avaient sans doute besoin de se faire quelques confidences. Sylvianne, sa femme, riait !!
La soirée avait été parfaite. Il aurait pu en profiter sans le regard avide qui gelait le visage de Sylvianne.
Et le beau-frère qui en rajoutait avec ce monologue sur la sécurité, la permissivité des juges, les zones de non droit... Sans doute voulait-il se montrer aimable. Il n'était qu'exaspérant de condescendance avec ses âneries de magazine pour classe moyenne.
Une enquête qui ravive les braises d'une ancienne liaison, trop d'intérêts divergents et de rivalités, l'embarras du choix pour les suspects... Dans ce premier roman réédité, Jeanne Desaubry donne déjà la mesure de sa maitrise des intrigues et des qualités d'écriture de ses personnages.
Réédition numérique du roman publié antérieurement aux éditions Krakoen. -
Paul Féder, sa goélette, son équipage et ses amours : aventures au rendez-vous quand les nuisibles se pointent...
Le thonier fonçait à pleine vitesse dans la nuit noire, au moins dix-sept noeuds, la mer semblait calme. Pourtant, une imperceptible houle commençait à l'agiter, menaçante respiration de la tempête approchant par le nord. En cette fin mai la lune n'était qu'un mince croissant que l'on apercevait encore vers l'ouest, entre les nuages. Le jour ne tarderait plus maintenant. Dans la timonerie éclairée par la lueur orange des instruments de bord, José sentait une boule d'angoisse durcir peu à peu dans son ventre. Décidemment ce commandement ne lui plaisait pas. Il ne l'avait accepté que contraint par la misère où il se trouvait, la crise de la surpêche du thon l'ayant privé d'embarquement. Cette année-là, tous les navires sous pavillon français étaient restés à quai, ayant largement dépassé les quotas fixés par l'Europe. Enfin, c'est ce qu'ils avaient dit, car José n'y comprenait plus rien à ces histoires de quotas. Les espagnols, eux, pouvaient encore pêcher un peu et certains bateaux passés sous pavillon Libyen continuaient tranquillement à travailler sans limite. Ils faisaient fortune avec les navires usines japonais, pendant qu'eux cherchaient désespérément à s'embarquer, même sur une « estrasse » ! Réédité aux Editions du Horsain sous le titre La danse des Cafards ce roman appartient à la Suite Catalane. Un polar mais pas que. Une réflexion sur la fameuse Françafrique qu'à tort l'on croit morte. Ce roman a reçu le Prix Delta Noir 2015. (Edition papier chez Horsain, distribution Pollen) -
Comme Maëlys, les filles veulent s'affirment sur le terrain...
La fête bat son plein au centre sportif de Champfleury-sur-Seine. Les rires et les plaisanteries des spectateurs, les débuts de olas déclenchés par quelques supporters, les slogans scandés par d'autres, les taquineries d'avant-match et les cornes de brume qui brisent les tympans se mélangent en un joyeux mélange de bruits et de sons d'où s'échappent parfois le refrain d'un chant ou une phrase lancée plus fort que les autres. Les odeurs tiennent aussi leur joli rôle, celle de l'herbe fraîchement coupée pour assurer une pelouse digne de cette première dans l'histoire sportive de la ville, celle - âcre - des rares pétards autorisés, celle suave des gaufres toutes chaudes... Seul le ciel gris de cet étrange printemps menace. Comme s'il voulait, exprès, plomber la belle ambiance qui règne jusque-là.
Il n'en est pas de même dans la tête des jeunes joueuses et des jeunes joueurs. Ils ont entre 10 et 12 ans et ne sont pas encore tout à fait habitués à la pression des compétitions.
Affronter les préjugés, changer le monde : Maëlys et ses copains y croient dur comme fer, et malgré les obstacles, ne baissent pas les bras. Une belle leçon face à des adultes sans morale. Avec ce 6eme volume des aventures de Maëlys, les jeunes lectrices et les jeunes lecteurs s'ouvriront à la place des filles dans le foot, à l'égalité filles/garçons en général, au trafic d'enfants joueurs et au délirant projet Aspire du Qatar.
Version papier chez Horsain -
Qui n'a jamais rêvé d'une nouvelle virginité intellectuelle dans la fleur de l'âge ? Mais attention, recouvrer son identité n'est pas forcément un cadeau...
De minuscules vagues berçaient mon corps sur le rivage. Echoué dans la douceur de l'aube, je revenais à moi peu à peu. Les rayons obliques du soleil levant irradiaient tendrement à travers mes paupières closes. Cette sensation de voile laiteux, la tiédeur de l'eau, une brise caressante, la finesse du sable quartzique au creux duquel ma tête s'était moulée, le susurrement de la mer, tout concordait à mon maintien dans cet état second. J'aurais pu rester là des heures, semi conscient, dans l'ignorance totale de l'heure, du jour, du lieu, croyant ouvrir les yeux dans l'obscurité de ma chambre ou la promiscuité encensée d'un cours de yoga. Soudain une infime vibration vint troubler la quiétude de l'air. Insidieuse comme les prémices d'une rage de dents. Cette sensation désagréable se reproduisit à plusieurs reprises. Elle perdura. D'intermittente et lointaine, elle devint entêtante. Un bourdonnement saccadé, agressif, croissant. Le fracas d'un rotor, enfin identifié, vint définitivement briser cette fragile harmonie. J'ouvris les yeux sur un hélicoptère en stationnement à la verticale. Ses pales brassaient mon espace vital avec une énergie furieuse soulevant des paquets de sable. Mon rythme cardiaque s'emballa. À ce moment seulement je me rendis compte que j'étais nu. Nu comme un ver ! Quelle était donc cette mauvaise blague ?
Survivre au passage d'un tsunami et se réveiller totalement amnésique. C'est le point de départ d'une aventure aux multiples rebondissements. Car le retour de la mémoire peut rimer avec dangers. Un suspense millimétré de Franck Membribe en grande forme romanesque.
(Edition papier chez Horsain, distribution Pollen) -
Sauver la planète en dézinguant les affreux...
[...] La lettre I peinte en rouge sang sur le capot d'une Tesla Roadster blanche fait le tour du monde. Le groupuscule a encore frappé. Dans le comté de Tarant, état du Texas cette fois-ci. Sa nouvelle victime : Richard Wyatt JR, magnat du gaz de schiste sans scrupule. Une photo volée de la scène de crime circule sur les réseaux sociaux : l'homme ligoté et bâillonné sur son siège en cuir, les yeux révulsés par l'imminence de la mort. L'autopsie en révélera sans difficulté la cause insolite : une injection de Pentobarbital, solution à usage vétérinaire. De quoi abattre un boeuf musqué. [...]
De Marseille à la Russie, de la Palestine à l'Irlande, un roman picaresque où « l'écologie punitive » à la papa est déclassée au profit de l'éradication active des pollueurs. -
Le meurtre d'un ami lors des fêtes à la Havane va entrainer le héros dans une enquête pleine de risques... mais l'amour est en embuscade sous les Tropiques... DANS LE GRAND HALL de l'aéroport José Marti, les verrières centrales du plafond tubulaire diffusent une lumière blafarde. Vincent, trentenaire débraillé tire nonchalamment sa valise à roulettes jusqu'à une baie vitrée. La pluie diluvienne d'un orage tropical se déverse à jets continus comme d'épaisses cordes translucides. Un fracas métallique en provenance du toit, provoqué par l'averse, accompagne ce spectacle. Le jeune Français, mal réveillé après un vol transatlantique, semble fasciné. Les brochures touristiques lui avaient vendu un ciel bleu azur et la douceur hivernale des Caraïbes. La touffeur ambiante le pousse à retirer son blouson. La veille à Paris un épais brouillard maintenait la température proche de zéro. Un éclair aux ramifications multiples déchire l'horizon. Il est suivi de peu par un coup de tonnerre d'une rare violence qui fait trembler la structure entière de l'aérogare. Vincent se tourne vers Hervé son compagnon de voyage qui déjà se dirige vers les guichets des compagnies de loueurs de voitures. L'homme d'âge mûr ne se laisse pas distraire par la première anomalie météorologique venue. Cuba et ses caprices il a déjà connu en d'autres temps. Vincent le rejoint sans conviction. Le décalage horaire le rend d'humeur maussade. Les formalités pour prendre possession de la berline coréenne s'éternisent à cause des coupures de courant qui obligent à relancer le système informatique. L'employé au sourire imperturbable parait doté d'une patience à toute épreuve. La troisième tentative sera la bonne. Il leur tend enfin les clés et le carnet de bord tout en faisant une moue dubitative en direction du tarmac inondé. Il faudra attendre une accalmie avant de partir à l'assaut du long lézard vert... La Cuba d'aujourd'hui, entre pénuries de tous ordres et dictature persistante, sur fond de musique et d'orages tropicaux est restituée avec justesse et saveur par Franck Membribe, observateur avisé. Quand se déchaînent les passions, mort, amour et violence se conjuguent au son du reggae. Havanaise, Franck Membribe, roman, collection Noire Soeur, prix 5,99 EUR La version papier est parue aux éditions du Horsain EAN 9791023409031 Fiction, tropiques, Cuba, La Havane, meurtres, enquête, police politique, manipulation, violence, enquête, trafics, amour, tourisme
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Quand un cinglé assassine dans les règles de l'art architectural...
« LE PC SECURITE est en pleine effervescence. Une manade de touristes japonais vient d'envahir le hall d'entrée, conduite par un gardian bridé qui n'a jamais goûté au riz de Camargue. Le plan Vigipirate renforcé impose la fouille systématique de tous les sacs. Des kamikazes islamistes ont pris l'habitude de se faire sauter la panse, en public, dans des lieux symboles du monde occidental. Pourquoi pas la Cité Radieuse ? La maison du fada comme disent les Marseillais. Derrière la guérite vitrée, Marius Réjane, le factotum de service contrarié par cette interruption prolongée de sa lecture de l'Equipe, donne ses instructions au vacataire. « N'oublie pas les bananes ! Cinq cents grammes de plastique autour de la taille, et adieu le mondial de pétanque... On finira tous en osso buco à la pékinoise ! »
Un boulot d'été sympa : gardien dans un lieu emblématique de Marseille. Mais quand le gardiennage de la Cité Radieuse tourne à la gestion du carnage, l'étudiant prend tous les risques pour arrêter le massacre. -
« Galet froissé vaut queue de jade ». Proverbe chinois. Sur l'estran, il s'en passe de belle...
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Se venger d'un mari en usant de son cousin sexy... Ben, il n'y a pas de mal à se faire du bien, et d'une pierre, deux « bons » coups...
Je me suis réveillée tôt ce matin. Comme tous les matins, depuis un mois. Car cela ne passe pas. J'ai beau essayer, je n'arrive pas à le digérer. Parfois, mon esprit me laisse un peu de répit. Mais, au bout de quelques secondes, je revois la figure de cette trainée. Sa photo sur le site de rencontres pour escort girls. Cette pute ! Puis, l'image d'Édouard m'apparait. Ce n'était pourtant pas le genre à me tromper. Couille molle, va !
Les bords de l'Iton sont désolants en cette matinée de janvier. La brume le dispute aux arbres dénudés et aux berges glacées. Si je pouvais, je partirais tout de suite. Je le laisserais seul, sans donner de nouvelle. Il en crèverait, c'est sûr.
Tiens, je l'entends, ce con. Il doit être en train de me préparer le petit-déjeuner. Il est aux petits soins depuis que je l'ai percé à jour. Il pleurait devant moi comme une mauviette. Même pas capable d'assumer ses turpitudes. Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai épousé cette lavette. Heureusement qu'il a du fric. [...]
Camille Stuart continue à investiguer les turpitudes familiales. Et parfois, il y a de quoi faire ! Ici, il est démontré qu'avoir un cousin mauvais garçon ne présente pas que des inconvénients quand c'est une bête de sexe prête à payer de sa personne. -
Il y a des professions qui n'offrent pas de garantie en matière de retraite : tueur professionnel par exemple...
[...] - Tu peux tomber la veste, tu sais.
Marvin tombe la veste. Ici, il peut. Ce n'est pas Albert qui se formalisera de voir le Colt à canon long dans le holster qu'il porte sous l'aisselle droite, crosse en bas, revolver maintenu en place par une languette de cuir à velcro épousant le percuteur. Marvin est gaucher, déteste les automatiques et ne cherche plus à défourailler express depuis belle lurette - depuis qu'un plus rapide que lui a démoli sa rotule.
- Je me doutais que ce serait toi qui viendrais, Marv'.
- Mieux valait pour toi, non ? Un autre serait venu en bagnole, discrètement...
- J'aurais été averti quand même ! Depuis le temps, je me suis fait des amis dans la région. Les têtes inconnues sont vite repérées. Les gens d'ici ne sont pas méchants, seulement curieux... Tu as fait bon voyage ? [...]
Jean-Hugues Oppel continue à jouer avec les situations archétypales du polar : le tueur fatigué, le contrat de trop, et en quelques pages vous offrent un condensé d'humanité très noire... Pourquoi se pastiller 300 pages alors qu'un shoot de 20 pages d'Oppel vous offre un pied identique ?... -
Une fille ravissante, un jeu de séduction et un mystérieux secret à la révélation fatale qui tranche dans le vif du sujet...
Je suis mort ce matin. Tout doucement la vie m'a quitté, le sang s'est écoulé, mon coeur de battre s'est arrêté.
Je l'ai mérité.
Un an plus tôt.
Comme chaque matin, je descendais les deux étages de mon immeuble. Je partais pour une longue journée de labeur un sac poubelle à la main que j'abandonnais lâchement dans un container sur le trottoir. Des effluves nauséabonds me montèrent au nez, déchets des habitants de tout un bâtiment. Des jeunes, des vieux, des grands, des petits, des gros, des minces, des soignés et des crados. On se connaît un peu, on se fait signe parfois, un hochement de tête, un petit sourire à peine ébauché, rien de plus. Pas d'apéros entre voisins, rien. Triste constat. Je tournai au coin de la rue, le temps était plutôt agréable et la température clémente. Nous étions en avril, les arbres commençaient à fleurir. Cette perspective me mit en joie et c'est avec bonne humeur que je pénétrai dans l'estaminet où chaque matin Francis me servait un café. [...]
Quand des faits très anciens brûlent toujours la mémoire de celle qui les a subis alors que leur auteur a tout oublié, presque tout, la pulsion vengeresse vous étouffe, à moins qu'un simple ustensile vienne vous libérer... Odile Marteau-Guernion emprunte la voie noire avec conviction et talent... -
Big Data, réseaux sociaux, des dangers réglés à la manière N... N comme Nettoyage à sec... d'une impitoyable efficacité...
[...] Il s'assied, désactive le mode avion de son portable. Rapide check des nouvelles sur le fil d'actualité de Libé.fr. L'appli s'ouvre sur la photo d'un homme d'une cinquantaine d'années, type caucasien marqué, yeux en amande, teint blafard, barbe naissante poivre et sel. « Yaroslav G., directeur général de FaceApp, sauvagement assassiné devant son domicile parisien. »
Il clique, parcourt l'article en diagonale. 3h du matin. Seizième arrondissement. Pied à terre parisien. Le russe brûlé vif. Garde du corps abattu (sniper ?). Acte signé d'un grand N tagué à la peinture jaune sur le trottoir. Vidéo agression postée sur Snapchat. Virale...
Dans la collection «Il est N », Nils Barrellon signe le #4. Où N affronte les voyous du net. À sa manière décapante. S'il est possible de l'approcher, le pister n'est pas sans danger.