Cicéron Angledroit est détective privé en banlieue parisienne. Quand il ne croule pas sous les affaires, ce qui est régulièrement le cas, il partage son temps entre sa fille et ses maîtresses. Mais voilà, tout à coup il se retrouve avec deux dossiers sur le dos. D´un côté, une sombre histoire de policiers pas très honnêtes, de l´autre, un mystère autour d´une naissance... Avec son flegme et son humour légendaires, Cicéron mène l´enquête.
« Quant à Françoise, celle-ci écoute aussi avec une grande attention ces propos fort politiques et s'efforce de comprendre, comme elle en a pris l'habitude, à la fois le sens de ces échanges et le monde particulier qui en est le lieu, celui du pouvoir, de la loi, des institutions du royaume. Sa vive intelligence et sa curiosité naturelle se conjuguent heureusement depuis le temps de son arrivée chez les Duchesne de Denant pour lui avoir permis d'acquérir très naturellement beaucoup plus qu'un "vernis" de connaissances dans les domaines qui sont quotidiennement abordés dans ce milieu de la grande bourgeoisie provinciale à Fontenay-le-Comte. » Orpheline vendéenne issue d'un milieu modeste, la jeune Françoise Gandriau devient à dix ans la servante de la plus jeune fille du baron Duchesne du Mesnil de Denant. Adolescente, elle aura la chance de pouvoir aller à l'école de l'Union chrétienne et de découvrir la douceur et la délicatesse des manières de la bourgeoisie. Alors qu'elle rêve de devenir enseignante, elle sera rattrapée par la tourmente de l'Histoire... S'étalant de 1782 jusqu'à la veille des États Généraux de 1789, ce premier volet retrace les espoirs de celle qu'on appellera « la petite Émigrée », avant que la guerre de Vendée ne la rattrape. À travers cette fresque ambitieuse, au plus près de la réalité historique, l'auteur entremêle le destin authentique d'une jeune fille de Fontenay-le-Comte à la chronique d'une époque en plein bouleversement. Dépeignant avec soin les prémices de la Révolution, porté par une recherche documentaire minutieuse, l'ouvrage de Claude Olivier Beaurain s'impose sans mal comme un livre de référence.
Les malédictions s'ancrent souvent dans les amours contrariées. Celle qui devait frapper Armand de Milly, destiné à prendre la tête du navire fantôme. Le Brézé, n'échappe pas à la règle. Son pacte avec le Diable s'enracine ainsi dans son impossible mariage avec Senta, fille de l'armateur Erik Laksen, promise dont il est séparé après sa chute au sein d'un traquenard. En raison d'une accusation de meurtre et de viles tractations qui le propulsent du statut de capitaine à celui, nettement moins noble, de galérien. Un contrat qu'il passe avec Satan, in extremis, après son échappée et sa montée sur Le Brézé pris en pleine tempête, afin de sauver sa vie et celle de son équipage. Un contrat qui se moquera du temps et des générations qui passent, et que son lointain descendant, Marc, se verra contraint de lever ou relever.
« Je veux juste que tu me retrouves la famille Elédan. Que tu me les situes. Je veux juste les empêcher de continuer leurs trafics. J'ai pas envie de m'en prendre à eux, ça me retomberait sur le nez, mais je veux juste leur pourrir leur bisness. Je ne tolère pas qu'ils s'en sortent et continuent de prospérer dans la région. Maria m'a souvent fait ton éloge. Elle m'a dit aussi que tu étais pote, c'est pas le terme qu'elle employait, avec le commissaire. Je voudrais que tu agisses de deux manières différentes et complémentaires. Un, que tu trouves où se planque Vaclav pour qu'on le gêne dans ses combines et, deux, que tu informes et influences les flics pour que de leur côté aussi ils le tannent. Tu vois, rien de bien illégal ni de très compliqué pour un détective comme toi. »
- Quel moyen avons-nous pour lutter contre ces abus, dans nos quartiers ? Qu'en est-il de ce que l'on appelle le "social" ? Passé à la trappe par l'argent ? David a toujours apporté aux autres son savoir pédagogique, construit avec Célestin Freinet. De retour à Paris après avoir enseigné à La Réunion et Madagascar, il crée un centre de formation d'animateurs pour permettre aux jeunes en décrochage scolaire d'acquérir une formation et un travail. Bien que cela ne soit pas son milieu de prédilection, il s'est laissé emporter par le défi : aller à la rencontre de ces jeunes des banlieues, dont on a souvent des images très négatives et violentes. Il réussit ensuite à travailler avec les porteurs d'innovations et de nouvelles approches dans leur domaine : tels que Lainé, les frères Oury, Deligny, Augusto Boal, Jacquard, Debord et Vainegem... et d'autres encore, tous des personnalités qui ont apporté une respiration dans ce siècle, déjà perverti par l'argent. Et maintenant, pourquoi ne les connait-on pas ? Du moins, pourquoi leurs propositions sont-elles enfouies dans l'histoire ? Qui connaît ces personnages, dans le public et même dans des formations professionnelles ? Le travail, le soin, les handicaps, l'éducation populaire... n'ont pas résisté à la fougue capitaliste et à l'abandon de l'histoire ! De belles rencontres, le quatrième volume de la saga de David, évoque avec justesse les différentes méthodes de pédagogie pour les enfants en difficulté. Alain Gaba nous offre ici un témoignage essentiel de son temps, tout en nous transmettant son savoir et en luttant contre des idées reçues.
« Un silence de quelques secondes suit l'intervention de Françoise ; tous semblent méditer ce que la jeune fille vient de dire. C'est le baron Dominique qui rompt ce silence inhabituel tandis que la jeune Françoise baisse la tête, pleine de confusion, attendant un verdict réprobateur en réponse à sa hardiesse peut-être trop aventureuse dans le propos ! » La suite attendue d'Une jeune fille de Fontenay-le-Comte dans la Tourmente révolutionnaire de Claude Olivier Beaurain débute un certain 5 mai 1789. Nos héros, illustres ou inconnus, tels que Louis XVI, Marie-Antoinette ou encore François Bouron et le baron Duchesne de Denant, se retrouvent à l'occasion de l'ouverture des états généraux de Versailles. Le second volume de cette épopée nous fait revivre le destin chaotique de la France, en passant par la prise de la Bastille ou La Terreur. Notre Petite Émigrée de Lassay se retrouvera une nouvelle au coeur de ses événements. Connaîtra-t-elle enfin la paix ? Toujours aussi complet et minutieux, le roman de Claude Olivier Beaurain est une lecture essentielle pour tous les amoureux d'Histoire et d'aventures.
« Cet examen sent la fin de notre formation, nous sommes fins prêts, du moins en principe. Adieu Siroco, bonjour la DBFM (demi-brigade de fusiliers marins). Nous sommes mûrs pour le combat, pour faire la guerre... pardon, pour maintenir l'ordre ! subtile nuance, lourde de conséquences s'il vous arrive malheur car ce n'est pas une guerre, c'est un maintien de l'ordre : la mort n'est pas la même aux yeux des extraterrestres que sont souvent nos dirigeants ! Contrairement à ce que je pensais, nous ne partons pas tous pour la DBFM, une moitié seulement, les plus vaillants dont je fais partie ! » L'Algérie s'est déjà soulevée quand J. Richard est appelé à effectuer son service militaire. Une obligation à laquelle il ne se dérobe pas et qui le conduit notamment au plus près de la mort, de la terreur et de l'horreur, sur les pitons algériens. Une expérience traumatisante, souvent insoutenable, sur laquelle il met enfin des mots, donnant ainsi naissance à un témoignage fort et engagé, nourri de documents éloquents, qui rend compte d'une tragédie humaine et générationnelle trop vite passée sous silence. Une occultation, voire un refoulement, contre lequel se dresse aujourd'hui ce récit qui dénonce et le gâchis des vies humaines et l'incurie des dirigeants de l'époque.
« C'est la première fois de ma carrière, pourtant déjà longue et entièrement déroulée dans des quartiers guère privilégiés côté sécurité, que je suis confronté à une telle violence que je ne comprends pas. Je n'arrive qu'à articuler un "pourquoi ?". - Les deux vieux ont vu des choses qu'ils n'auraient pas dû voir. - Quelles choses ? m'étonné-je. - Le paquet de fric, le lieu où il a été découvert et la tête de ceux qui sont venus le récupérer. » Lorsqu'un couple de quidams se retrouve en possession du butin de trafiquants de drogue, ce n'est pas vers la police qu'il se tourne, mais vers un détective bien moins regardant : l'inénarrable Cicéron Angledroit. Et cette fois-ci, le privé, loin de se douter où il met les pieds en acceptant l'affaire, en perdrait presque son flegme légendaire. Cavale, faux semblants, meurtres... Le puzzle est tordu et riche en surprises, tour à tour grave et décalé : irrésistible, à l'image de notre héros.
Mais qu'est-ce qu'il lui prend, à la mère Costa, de me demander d'enquêter sur la mort de son mari enterré depuis dix ans ? Si j'accepte, c'est bien parce que j'ai besoin de sous. Et puis il y a cette histoire de truands de banlieue qui explosent à chaque coin de rue. Et ces SDF qui n'en sont pas. Ajoutez une ou deux femmes mariées, un Yorkshire. Mélangez le tout et dégustez ! Mais c'est qui qui tue ? Pour le savoir il va falloir me suivre, moi Cicéron Angledroit, jusqu'au bout de cette histoire. Sacrément séducteur, non moins nonchalant et caustique, Cicéron Angledroit est un détective comme on les aime : irrévérencieux, un peu voyou, travaillant dans les marges. Un personnage qui s'inscrit dans la lignée des San Antonio et Burma, qui, à travers son regard décalé et impertinent, nous entraîne dans les noires arcanes d'une famille en apparence bien sous tout rapport. et qui livrera ses secrets d'une manière pour le moins déconcertante.
"Ainsi donc ses mains élégantes, ses mains sans histoire, délicates et fidèles, qu'elle avait si souvent gantées, pommadées, vernies au bout, avec des ongles qui faisaient sa fierté; ses mains d'espièglerie et de caresse, mains-farfadets, agiles, mobiles... ses mains-marionnettes... papillonnantes et rieuses, fuselées, aériennes... n'étaient plus que ces palettes pataudes?".
Et voilà comme des riens du quotidien nous déstabilisent, au gré d'une plume légère, pleine de fantaisie et d'empathie.
L'étrangeté, le voyage, des rencontres curieuses... On se promène dans les décors et les âges: un bord de mer, un chalet dans la neige, Vérone, Palerme ou Séville, la lune dans tous ses états qui rôde ou s'esquive. On côtoie une famille turbulente, un doux rêveur qui se fait assassin, un petit chien qui devient un héros, Belle traversant les siècles. Les personnages, parfois, d'un texte à l'autre se répondent. D. Giroud leur donne vie, explorant des situations, l'incertitude des sentiments, le poids de la laideur, la guerre; çà et là, la genèse de l'écriture, en flirtant avec le fantasque, l'étonnant et même le fantastique.
Et le lecteur de se laisser porter et emporter par des histoires où le réalisme se fait tangent, où l'onirisme partout affleure, où les mots ensorcellent.
Voici un village presque imaginaire. Un endroit inconnu que tout le monde connaît. Où les grands-mères ont l'oreille absolue, où les coqs sont ténors, les instituteurs communistes, les cyclomotoristes dégingandés. Où les fous sont au volant, où les agriculteurs se croisent, où les chiens sont de faïence, les curés toujours prêts, et le cimetière, sous la pluie. Les nuages de ce petit recoin du nord sont à la démesure des accords de Richard Strauss ou de Gustav Mahler. Être chef d´orchestre, c'est organiser les sonorités. Celles d´autrefois, celles d´Outrebois, semblent avoir suscité cette musique...
Vienne, un soir d'avril 1938. Alors que les Nazis viennent d'envahir la ville et d'imposer un sévère couvre-feu, Elsa Fridenberg, la célèbre Directrice de l'Académie des beaux-arts, attend en secret une vieille amie qui doit échapper aux rafles. Piégée par la Gestapo, Fridenberg semble perdue... jusqu'au moment où un mystérieux balayeur veut lui venir en aide. "Un texte fort (...) Une montée en tension admirable" (toutelaculture.com)
« Charlotte arriva dans la résidence 15 minutes après le départ des techniciens. En pénétrant dans le hall de l'immeuble elle y décela une infime odeur de parfum qui flottait dans l'air, une odeur agréable, florale, légère et sucrée, mais dont l'origine restait encore floue. Ayant suffisamment marché pour la journée, elle offrit à ses jambes un voyage en ascenseur jusqu'au 2e étage. Dans la cabine l'odeur du mystérieux parfum s'amplifia, Charlotte en inspira une longue bouffée par les narines, ferma les yeux, puis tenta d'éveiller sa mémoire. Mais l'énigme demeura sans réponses. » Mathieu, technicien, voit sa vie bousculée par la rencontre d'une femme, Charlotte. En découvrant l'agenda de cette dernière sous l'ascenseur, il était loin d'imaginer rencontrer l'amour. La routine laisse place à un jeu de hasard où les deux protagonistes se croisent et usent de moyens détournés pour en apprendre davantage sur l'autre. Avec humour et légèreté, l'auteur donne à son récit tous les ingrédients pour le rendre irrésistible. Un coup de foudre original plein de fraîcheur !
Ils sont fuyants, pluriels, chimères, évanescents, jamais tout à fait transparents. Ils - et elles -, ce sont ces êtres que tentent de circonscrire les nouvelles de D. Giroud. Ils s'appellent ainsi Hélène et Gino, Augustin et Anne, JFN ou Jessica. Des êtres qu'effleure une écriture qui se prête au jeu du mystère, qui évolue et danse autour d'eux, mais en se démultipliant, en empruntant les voies de la variation et de la rêverie, du pastiche ou de la mise en abyme. Fait de déviations et de bifurcations, parcouru de touches quasi impressionnistes et d'étranges miroitements, "Et dans les arbres passe le vent" se déploie tout autant dans la précision et le flou que permettent les styles mosaïque. S'il est question de la quête de personnages et de leur essence dans les nouvelles de D. Giroud, cette recherche ne prend jamais les formes de l'effraction et de l'inquisition. Il y a plutôt de la douceur et de la gaieté dans cette tentative de dire ces êtres insaisissables et parfois fantomatiques. Ira-t-on jusqu'à affirmer que l'auteur, plus que de les percer, finit par se laisser totalement imprégner par eux ? Ira-t-on jusqu'à dire que D. Giroud se fait protectrice de leur identité en biaisant ses approches ? Certainement si l'on en juge le caractère parfois autobiographique de ces textes.
Une même histoire pour deux traitements différents. Neuf films et huit romans qui les ont inspirés sont analysés et comparés dans ce livre : "L'Ange Bleu" (H. Mann - Sternberg), "Dr Jekyll et Mr Hyde" (Stevenson - Mamoulian et Fleming), "Pépé le Moko" (Ashelbé - Duvivier), "Panique" (Simenon - Duvivier), "Les Forbans de la nuit" (Kersh - Dassin), "L'Inconnu du Nord-Express" (Highsmith - Hitchcock), "Touchez pas au grisbi" (Simonin - Becker), "À l'est d'Éden" (Steinbeck - Kazan). Des oeuvres qui, selon la formule de Malraux, "rusent avec le mythe". Difficile, souvent dépréciée, parfois acclamée, l'adaptation cinématographique reste fascinante. En étudiant les rapports et les divergences qui se créent entre la littérature et son passage à l'écran, André Nolat se livre à une analyse aussi passionnée que passionnante de la démarche créatrice et narrative. D'un art à l'autre, d'un conteur à l'autre, il nous embarque pour un voyage à travers des classiques de l'âge d'or qui ravira à la fois lecteurs et spectateurs.
« Par la richesse de la réflexion et la pertinence des témoignages recueillis, cet ouvrage peut contribuer à susciter la prise de conscience du traitement tout à fait inapproprié que le Noir inflige à une partie de son corps. Au fond, il constitue une remise en question des rapports entre dominants et dominés, entre Blancs et Noirs sans verser dans le manichéisme. Les éléments de solution que ce livre propose traduisent la nécessité pour ces derniers d'établir leurs propres échelles de valeurs, leurs modèles, leurs canons de beauté. » Dans "Du cheveu défrisé au cheveu crépu", Juliette Sméralda propose une étude complète et documentée sur les phénomènes sociologiques, historiques et esthétiques liés à l'adoption des standards culturels européens par les populations noires après la colonisation. Se basant sur des témoignages vibrants et parfois pleins d'humour, elle construit une véritable thèse qu'elle parvient par la suite à appuyer et à consolider en invoquant Bourdieu. Un travail passionnant et considérable, qui nous en apprend beaucoup sur les rapports entre Noirs et Blancs.
Désormais incontournables quand il s'agit de préparer les concours, les annales corrigées de D.-J. Mercier et J.-E. Rombaldi se démarquent évidemment par leur caractère pointu et méthodique et, en cela, ce nouveau volume axé sur les épreuves de CAPLP, de CAPES interne et externe, et d'agrégation interne et externe, ne déroge pas à la règle qui a fait le succès de leurs ouvrages. Mais si l'on précise encore que ces deux professeurs fournissent, au gré de la résolution des problèmes posés, de précieux conseils au candidat sur la manière d'aborder les sujets, de déjouer les pièges des jurys, nous sommes là en présence d'un texte qui fonctionne aussi comme un stimulant coaching.
Un concours, ça se prépare bien sûr en possédant sa matière sur le bout des doigts. Il y a encore d'autres ingrédients nécessaires en cette période: l'auto-émulation, la volonté de se lancer des défis et le plaisir de venir à bout des problèmes les plus épineux... Et ce sont ces petits plus qui traversent ces annales corrigées qui donnent au candidat le goût du travail bien fait et accompli dans une sereine détermination.
« Le dernier livre de Robert Colonna d'Istria n'est pas un essai, pas un roman, pas une pièce de théâtre. Il n'a rien à voir avec de la poésie, n'est pas un dictionnaire, pas une encyclopédie. Il ne s'apparente à aucun genre connu. Critique littéraire dans un hebdomadaire, l'auteur a réuni ses articles d'une année, comptes rendus de cinquante-deux ouvrages. [...] La grande curiosité des livres chroniqués par Robert Colonna d'Istria - et l'intérêt supérieur de son travail - est qu'il s'agit de livres imaginaires : l'auteur les a inventés en même temps qu'il les présente. Cela veut-il dire qu'ils n'existent pas ? Un livre n'est-il pas par nature imaginaire ? » Concept hors-norme, « objet littéraire non identifié » autoproclamé et vérifié, ce « Testament du bonheur » n'usurpe pas son titre. Le lecteur ne s'y trompera pas : l'enthousiasme de l'auteur et sa passion des lettres sont palpables et communicatifs. Exercice de style délectable, porté par une plume élégante, traversé d'un humour discret mais omniprésent - ce jeu autour de l'énigmatique personnage de Bessaguet -, le recueil se penche autant sur la thématique de la création qu'il joue avec le registre de la satire. Après une mise en bouche qui assure de son sens de la dérision, le lecteur plonge à la découverte de cinquante et une chroniques fictives permettant d'aborder, autour de la littérature, de nombreux genres et sujets qui n'ont de limite que l'imagination débordante de Robert Colonna d'Istria, bien réel, celui-ci ! Son tour de force ? Parvenir à nous faire regretter que les livres n'existent pas.
Un panorama de l'histoire (passée et contemporaine) spirituelle de l'humanité : tel est l'objet de l'essai de J.-P. Bilski. Décrivant les religions de par le monde et au fil des siècles, les croyances et dogmes sur lesquels elles s'appuient, les phases glorieuses ou ténébreuses qu'elles ont connues, les tiraillements idéologiques qui les caractérisent, l'auteur met en évidence, parallèlement aux espérances portées par toute foi, les risques que cette dernière recèle quand elle prend de l'ampleur et s'institutionnalise. Car, s'il ne saurait être question de remettre en cause la liberté de croire pour l'essayiste, il faut toujours défendre la liberté en son sens le plus large, le plus absolu, le plus raisonné partout où se trouve un homme ou une femme, c'est-à-dire un citoyen ou une citoyenne. Se démarquant des charges virulentes et caricaturales contre la religion, refusant de dénigrer les croyants ou de les aborder avec condescendance, J.-P. Bilski choisit de penser les faits religieux et leurs dangers avec pondération, mesure, intelligence, relativisme, calme, tolérance mais non moins intransigeance, guidé qu'il est par un esprit laïc. Ces intentions et la tonalité de cet ouvrage permettent ainsi de dépassionner un débat qui doit être soulevé sereinement car, que nous soyons fidèle ou athée, il nous concerne tous.
La campagne présidentielle de 2007 a marqué un tournant, une « rupture », dans la logique de communication intrinsèque à la politique. Certes, Nicolas Sarkozy n'est pas l'instigateur de l'étroitesse des relations entre politique et médias. Tous deux ont toujours entretenu des relations passionnelles, tantôt assujetti l'un par l'autre, tantôt instrument de détestation ou encore générateur de fascination. Perversion, abus de pouvoir, diffamation, connivence, autant de termes capables de rendre compte de l'opacité dans la politique de communication et dans l'information politique. Ce qui marque ce renversement, cette modification structurelle, est la stratégie communicationnelle elle-même du nouveau Président. Nous avons tous constaté, spectateurs, beaucoup ont dénoncé, journalistes, l'omniprésence médiatique du chef de l'Etat. Pour autant tous ont relayé et suivi. Vacances en famille, jogging, .. Tout ce que le Président a bien voulu donné, jusque dans les moments les plus intimes de sa vie, a accaparé la presse française. Communication brillante, justement dosée, le chef de l'Etat a su se positionner en tête d'affiche, au point de rendre les médias avides des moindres faits de sa quotidienneté. Une stratégie : occuper le vide du quotidien et l'espace médiatique. Mais alors, quel regard porté sur cette relation entre un Président dirigiste et une presse complaisante ? Et ainsi, quelles conséquences tirées quant à l'analyse de l'information véhiculée par cette dernière ? La presse serait-elle instrumentalisée, asservie au chef de l'Etat lui-même ? Peut-on encore parler de médias dans ces conditions ? Et enfin, Nicolas Sarkozy ne serait-il, au fond, qu'un admirable sophiste, au verbe malicieux et séducteur, maniant l'art de discourir à des fins prosélytes ? Dans une démocratie comme la nôtre, régie par des principes tels que la séparation des pouvoirs et la liberté de la presse, comment analyser la connivence actuelle entre un chef de l'Etat omniprésent et des médias complaisants ? C'est à cette question que l'auteur, avec son oeil avisé, se propose de répondre. Une analyse fine et bien conduite qui décrypte les logiques de communication politiques de Nicolas Sarkozy. L'auteur parvient à nous éclairer sur des enjeux qui, de loin, nous dépassent, sans tomber dans la facilité d'une caricature hyperbolique et mystifiée d'un chef de l'Etat trop souvent dépeint comme une incarnation maléfique. Cet ouvrage nous permet également, au regard du sacerdoce originel de la presse, de mieux comprendre quelle est sa mission, et aujourd'hui quelles sont ses erreurs.
Découvrez Géopolitique et migrations en Haïti - Essai sur les causes de l'émigration haïtienne et sur l'utilisation des migrants, le livre de Romain Cruse. À quelle cause lier la massive émigration haïtienne ? Faut-il la circonscrire à des facteurs économiques (l?on est pauvre, donc on part vivre ailleurs) ? Ou faut-il en chercher aussi les racines dans une histoire marquée, depuis l?indépendance, par le chaos politique, la spoliation des grandes puissances, le quasi-racket, la violence, et un abysse entre l?État et le peuple ? Très certainement faut-il toujours croiser ces deux perspectives pour comprendre les motifs qui ont poussé et poussent des milliers d?hommes et de femmes à s?expatrier, avec les risques que cela comporte, avec les conditions de vie souvent dramatiques qui les attendent à l?étranger. Ce que propose Romain Cruse au cours de cet essai qui va au-delà des discours lisses en soulevant les questions de la représentation de son pays par le migrant haïtien, de la condition, souvent intolérable, des membres de la « nasyon mawon », des responsabilités des politiques nationaux et étrangers, trop souvent hypocrites et manipulateurs, pour expliquer l?importance d?une diaspora qui parvient, tout de même et à distance, à maintenir Haïti et ceux restés au pays à fleur d?eau. Au cours de cette étude choc sur l?émigration haïtienne, sur ses sources et sur l?existence réservée aux migrants, Romain Cruse souligne avec force le sort réservé à des Haïtiens toujours soumis aux conflits, aux enjeux géopolitiques, à une mainmise à peine voilée de la part des grandes puissances, mais encore aux paradoxes de pays d?accueil qui acceptent de les recevoir en raison de la main-d??uvre peu onéreuse qu?ils constituent, tout en les stigmatisant et en les désignant comme parfait boucs émissaires. Une analyse nécessairement dérangeante, qui renverse toutes les illusions de l?Occident européen et américain et qui a valeur de plaidoyer !