28 août Le sentier longeait la falaise. Il était bordé de calamines en fleur et de brouillouses un peu passées dont les pétales noircis jonchaient le sol. Des insectes pointus avaient creusé le sol de mille petits trous ; sous les pieds, c'était comme de l'éponge morte de froid.
Jacquemort avançait sans se presser et regardait les calamines dont le coeur rouge sombre battait au soleil. A chaque pulsation, un nuage de pollen s'élevait, puis retombait sur les feuilles agitées d'un lent tremblement. Distraites, des abeilles vaquaient.
"L'Histoire de l'oeil" sans doute le premier livre de Georges Bataille, a été publié en 1928 sous le nom de Lord Auch. Le "Plan d'une suite de l'histoire de l'oeil" a paru pour la première fois dans l'édition de 1967.
Paru pour la première fois en 1948, Et on tuera tous les affreux est le troisième ouvrage de Boris Vian écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan.Sexe, sang, anticipation scientifique, suspense, espionnage et froide rigolade y sont superbement dosés.
PREFACE DE PATTI SMITH"Le ciel s´est éloigné d´au moins dix mètres." Ainsi débute ce livre culte, récit de la cavale d´une jeune fille de dix-neuf ans évadée de la prison où un vol l´a conduite et qui, dans sa fuite, s´est brisé un os du pied nommé astragale. La route d´Anne croise celle de Julien, qui deviendra l´amour de sa vie. Il parle comme elle le langage des prisons et va l´aider à échapper aux autorités qui la traquent. De planque en planque, de rencontre en rencontre, la mineure en cavale lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté. Quoi qu´il en coûte, chaque rayon de soleil est à prendre.Anne, c´est Albertine Sarrazin (1937-1967), qui, avec ce livre paru en 1965, a fait découvrir à des milliers de lecteurs son style mêlant verdeur de l´argot, trouvailles poétiques et humour. Le destin scandaleux d´Albertine est devenu cette oeuvre romanesque dont la vitalité littéraire défie le temps. Au point que quarante-six ans plus tard, fin 2011, alors qu´elle vient elle-même de publier un livre, Patti Smith parvienne à convaincre son éditeur, New Directions, d´en rééditer la version anglaise devenue introuvable, et se propose de rédiger une préface à ce roman qu´elle désigne comme son préféré. Cette publication prévue en 2013 devrait être accompagnée de nombreuses autres dans différentes langues. Vitalité cinématographique, aussi, puisque longtemps après une première adaptation en 1969, Brigitte Sy en acquiert les droit en 2009, avec Leila Bekthi et Reda Kateb au casting.
Par quoi sommes-nous hantés ? Qu'est-ce qui nous défi nit mieux que ce qu'on désire, ce qu'on a perdu, ce vers quoi on tend sans jamais pouvoir l'atteindre - vies alternatives, relations brisées, morts, paysages habités par l'amour et la violence ?
Après avoir consacré un ouvrage à l'étude de l'empathie, Examens d'empathie, et un essai aux liens entre écriture et toxicomanie, Récits de la soif, Leslie Jamison explore dans La Baleine solitaire les questions du manque et de l'obsession. Parmi les quatorze textes qui composent ce recueil, elle s'intéresse notamment à 52 Blue, un cétacé considéré comme la baleine la plus seule du monde, objet de curiosité et de fascination aux quatre coins du globe ; aux « citoyens » de Second Life, un univers entièrement virtuel ; ou encore à un musée croate unique en son genre, dont la collection est constituée de reliquats de relations brisées.Leslie Jamison examine ces sujets hétéroclites au miroir de sa propre existence - ce qui la conduit à évoquer son mariage à Las Vegas, sa découverte du rôle de belle-mère, personnage si redouté des contes de fées, ou encore la naissance de son premier enfant. Poursuivant l'ambition de l'ensemble de son oeuvre, consistant à explorer les relations humaines en mêlant érudition, esprit critique et empathie, le tout sublimé par une écriture incisive riche de fulgurances, Leslie Jamison livre un recueil de textes kaléidoscopique aussi singulier que fascinant.
Guillaume Apollinaire a écrit deux romans érotiques. Les Onze mille Verges sont infiniment plus célèbres que Les Exploits d'un jeune Don Juan, dont les éditions sont aussi beaucoup plus rares. C'est peut-être parce que les thèmes et la manière dont ils sont traités sont tellement différents dans les deux livres, que l'on a longtemps hésité à les croire du même auteur. La truculence, l'énormité et parfois la violence du premier, font place ici à la fraîcheur et à la naïveté de l'érotisme adolescent.
Dans sa préface, le professeur Michel Décaudin restitue définitivement et magistralement Les Exploits d'un jeune Don Juan à Guillaume Apollinaire.
Les onze récits de ce recueil ont été rassemblés par Boris Vian lui-même; leurs nombreuses rééditions ont apporté la preuve de l'importance de cet ouvrage dans son oeuvre.Onze récits où se conjuguent l'émotion, la verve, la fantaisie, la tendresse et la saine insolence de Vian.
>Boris Vian Elles se rendent pas compte Que Gaya s'apprête à en épouser un autre, Francis, son ami d'enfance et amoureux d'occasion, aurait peut-être pu l'admettre à la rigueur. Mais que le fiancé lui fournisse de la drogue, non !
Surtout qu'il appartient à une drôle de bande, ce fiancé. Et qu'en plus il n'aime pas les filles. Et là, ça devient carrément louche. Parce qu'elle est d'une famille très riche, la petite Gaya.
Alors il fonce, Francis. Beaucoup de bagarres, pas mal de sexe, quelques morts.
Il faut ce qu'il faut : sans ça, elles se rendent pas compte !
Un «Vernon Sullivan» percutant, qui classe sans conteste Boris Vian parmi les classiques du polar noir.
Il n'est pas dans mon intention, en présentant aujourd'hui cette variation sur Saint-Germain-des-Prés, d'épuiser la somme des commentaires que l'on pourrait faire sur ce quartier de Paris devenu brusquement vers 1947 un des pôles d'attraction du monde intellectuel (sic) ou plus simplement du public. Ce n'est pas que le recul manque, car on prend le recul qu'on veut; c'est plutôt qu'il faudrait alors faire oeuvre d'historien véritable, et que je ne m'en reconnais ni les capacités ni la patience. En 1950, Boris Vian remanie son texte, destiné à l'origine à la collection des Guides Verts publiés par les éditions Toutain, et en fait un ouvrage retraçant avec brio et légèreté le quartier de Saint-Germain-des-Prés des années d'après-guerre.Le Manuel présente Saint-Germain-des-Prés qui vit fleurir les nouveaux courants de la littérature moderne, du théâtre, de la chanson, du cinéma, des arts plastiques, de la danse, de la philosophie, de la photographie, de la musique contemporaine.Tous les amoureux du jazz se rencontraient dans les caves; tous ceux qui avaient en commun une furieuse envie de vivre se rencontraient à Saint-Germain-des-Prés.
Clandestins pendant un demi siècle, puis authentifiés mais écartés des publications officielles par ses héritiers eux-mêmes, les deux romans " libres " d'Apollinaire, Les onze mille verges et Les exploits d'un jeune Don Juan, n'en comptent pas moins parmi ses meilleurs textes, particulièrement Les onze mille verges, que Picasso tenait pour le meilleur livre qu'il ait jamais lu.
Voici que s'y ajoutent, réunies pour la première fois et pour la première fois sorties de la clandestinité, les Poésies libres, qui ne procureront pas moins de plaisir aux fidèles d'Apollinaire et aux amateurs de poésie et d'humour.
Michel Décaudin a préfacé et annoté cette édition.
" Une énorme et suberbe obscénité " André Pieyre de Mandiargues " Les onze mille verges, le texte pornographique bien connu d'Apollinaire, est un roman où la drôlerie le dispute à l'obscénité. Ce qui fait son originalité et sa supériorité par rapport aux autres livres de ce genre, c'est la constante invention verbale dont fait preuve Apollinaire ".
Times Literary Supplement LES EXPLOITS D'UN JEUNE DON JUAN " Les Exploits d'un jeune Don Juan... se caractérisent cette fois par une naïveté et une fraîcheur adolescente, s'opposant à l'hénaurme et au grotesque truculent du premier (Les Onze Mille Verges).
Les Nouvelles Littéraires " Jean Jacques Pauvert se flatte, avec raison d'ailleurs, de rééditer Les Exploits d'un jeune Don Juan de Guillaume Apollinaire que je préfère, personnellement, aux Onze Mille Verges, sans doute parce que je le trouve beaucoup plus troublant, même s'il est moins délirant ".
Jacques Sternberg, Le Magazine Littéraire " Un roman d'initiation amoureuse aussi mêlé que les origines d'Apollinaire, écrit à l'époque où il éditait des érotiques du XVIIIe et XIXe. Et ce n'est pas tant le découvreur de la modernité que l'on reconnait ici, que le classique précieux, fin de siècle qui s'abstrayait dans son obsession de l'ordre ".
Lire (Belgique)
Boris vian n'aura jamais fini de nous étonner, (ce qui est une raison supplémentaire de ne jamais désespérer). et de même que ses romans sont d'une actualité de plus en plus troublante, de même ses chroniques _ où le jazz est souvent prétexte aux luttes passionnées d'un homme libre _ par leur vivacité, leur ironie et leur amour, ont une jeunesse miraculeusement préservée. réunies en volume, elles ont même un " punch " supplémentaire: c'est qu'on ne lutte jamais assez contre la bêtise, l'ignorance, la méchanceté, et que le bon vian est un pourfendeur infatigable, un polémiste irrésistible, un attaquant sagace et généreux.
Qu'il parle de l'american way of life, du jazz vivant, " d'un certain " hugues panassié, ou de la presse en folie, c'est toujours avec une fougue, en même temps qu'une paisible fidélité à lui-même et à ses principes, un sens inné du trait qui porte, de l'exemple qui fait mouche.
Ceux qui connaissent ces chroniques ne manqueront pas d'être attendris, mais toujours étonnés; quant aux autres, ils trouveront là un vin généreux d'une force inaltérée. et quel plaisir rare que celui de la découverte!
Trouble dans les Andains a été écrit pendant l'hiver 1942-43. Il devait être édité par les éditions TOUTAIN qui cessèrent leurs activités avant sa publication. Bien qu'y apparaissent les personnages d'Antioche Tambrétambre (Boris Vian) et du Major (Jacques Loustalot) qui figurent dans Vercoquin et le Plancton, il s'agit d'un roman qui n'en est ni un brouillon ni une suite, et qui est resté, jusqu'à ce jour, entièrement inédit.
En 1948, boris vian est choisi par une radio de new york pour présenter aux auditeurs " amerlauds " le jazz tel qu'il se crée à paris depuis les années trente. pendant près de deux ans, il prend plaisir à enchaîner les disques des jazzmen français ou des groupes franco-américains enregistrés en france. il le fait dans un anglais bien à lui, avec son élan habituel _ variations comiques et stylistiques, jeux de mots bilingues, fantaisie et humour _, mais aussi avec le sérieux du connaisseur pédagogue.
Voici donc en édition bilingue un (ultime?) complément indispensable aux quelque 1 200 pages de chroniques de jazz déjà publiées du vice-président du hot club de paris. il se révèle toujours, même dans des textes d'une forme convenue, un instructeur aimable et un écrivain brillamment original que chaque titre de jazz peut faire glisser vers les régions fécondes de l'imaginaire.
Gilbert pestureau
Comment éprouve-t-on la souffrance de l'autre ? Qu'est-ce que ressentir la douleur d'autrui, sachant que cette douleur peut être acceptée, déformée ou contrefaite ? En se confrontant à la douleur - la sienne et celle des autres, simulée ou réelle -, Leslie Jamison découvre la nécessité pressante, personnelle et culturelle de ressentir. À partir d'expériences vécues, elle explore la question en étendant son champ de curiosité bien au-delà de son cas particulier : de sa pratique d'actrice médicale - payée pour feindre des symptômes que les étudiants en médecine doivent diagnostiquer - à son agression au Nicaragua, d'une réunion de personnes pensant être atteintes d'une même maladie imaginaire au Los Angeles des gangs, de la téléréalité à l'expérience de la prison.
Dans ce recueil de textes virtuoses et audacieux qui tiennent à la fois de l'essai, des Mémoires, de la critique littéraire et du journalisme d'investigation, Leslie Jamison interroge avec grâce et humilité une dimension essentielle de notre rapport à l'autre.
À la croisée de l'essai et des mémoires, Récits de la soif est un témoignage fascinant sur l'alcoolisme, le chemin vers la sobriété et leurs représentations. Prodigieuse érudition et plume acérée dignes d'une Susan Sontag ou d'une Joan Didion sont les ingrédients de cette cure salutaire.
Quel point commun entre Billie Holiday et Stephen King ? Entre Amy Winehouse, Marguerite Duras et l'auteure de ce livre ? L'art - l'art et l'addiction.
Après ses Examens d'empathie, Leslie Jamison se penche sur les liens entre écriture et toxicomanie, en commençant par sa propre expérience. De sa première gorgée de champagne au délitement de sa vie de jeune adulte, Leslie Jamison livre un témoignage sincère sur l'emprise de l'alcool et son chemin vers la sobriété. Elle met en regard sa propre trajectoire éthylique avec celles de femmes et d'hommes de lettres tels que Raymond Carver, William Burroughs, Jean Rhys et David Foster Wallace, déboulonnant page à page le mythe de l'ivresse inspirée. Ce choeur de voix dessine les contours d'un récit commun qui en dit autant sur les toxicomanes que sur la société qui, selon la couleur de leur peau, leur origine sociale ou leur genre, réécrit leurs histoires.
À la croisée de l'enquête socio-littéraire et des mémoires, le nouveau livre de l'héritière de Susan Sontag et de Joan Didion est un témoignage fascinant ainsi qu'une somme d'une prodigieuse érudition sur l'addiction, et, plus encore, une cure collective salutaire.
Etre au monde, c'est à la fois voir le monde et le penser. ainsi, devant l'un des plus beaux spectacles naturels _ celui de la côte de la gaspésie, au canada _, breton n'en commence la description que pour s'abandonner bientôt au va-et-vient entre le paysage physique et son paysage mental. la beauté est là, toute visible, mais, à l'intérieur, la réflexion de cette beauté se double de celle de la femme aimée, et la beauté + l'amour entraînent nécessairement breton vers ce qui en est inséparable: la poésie et la liberté. entre ces quatre pôles, tout le présent, alors, est mis en jeu dans la montée d'une question qui, en partant de la catastrophe de la guerre mondiale, pose le problème du destin de l'homme.
A un moment tout le paysage bruisse du mouvement de milliers d'ailes, et de même ce livre où le lent tourbillon de la pensée et des images nous élève souverainement vers l'etoile (l'arcane 17) pour découvrir que: " c'est la révolte même la révolte seule qui est créatrice de lumière. et cette lumière ne peut se connaître que trois voies: la poésie, la liberté et l'amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point moins découvert et le plus illuminable du coeur humain ".
Après avoir commis "la seule faute impardonnable du début du XXIe siècle" - exprimer publiquement une opinion impopulaire -, Adeline, célèbre illustratrice de bande dessinée, devient la cible d'attaques haineuses sur les réseaux sociaux. Ellen, une jeune femme de vingt-deux ans sans histoires, subit le même sort lorsque des photos de ses ébats sexuels avec son petit ami du lycée se propagent de manière virale sur la toile.
Dans le San Francisco de 2013, elles ont fait l'erreur d'être des femmes au sein d'une société qui déteste les femmes. Dans Je hais Internet, Jarett Kobek pose un regard satirique sur une société hyper-connectée, tout acquise au virtuel, intrusive. Il s'en prend à l'idéal libertaire aux origines d'Internet, et se demande comment les géants du net ont réussi à générer des milliards de dollarsen exploitant la créativité d'internautes impuissants, sans rencontrer d'opposition.
A l'ère du sacre des réseaux sociaux, un récit jubilatoire et salutaire.
Conte de fées à l'usage des moyennes personnes, écrit en 1941, échappe simplement à la définition. C'est déjà du Boris Vian, bien avant L'Ecume des Jours, L'Arrache-Coeur ou L'Herbe Rouge. Il était une fois un prince beau comme le jour. Il vivait entre son chien et son cheval, à l'orée d'un bois, dans un château aux murs gris et au toit mauve....
Boris vian naît le 10 mars 1920 à villed'avray. - elevé dans le plus parfait mépris de la trinité sociale : armée, eglise, argent" (noël arnaud), il passe son baccalauréat latin-grec à quinze ans. il apprend la trompette. 1939 : le 6 novembre, il est admis, avec un rang moyen, à centrale. 1943 . ingénieur à l'association française de normalisation, vian s'y distingue en établissant une "norme des injures", il écrit "troubles dans les andains" (qui ne paraîtront qu'en 1966) et "vercoquin et le plancton", texte que jean rostand fait lire à queneau. sartre, camus, prévert sont de ses amis. 1946: vian entre à l'office professionnel du papier et du carton, et c'est la qu'il termine "l'ecume des jours", puis "l'automne à pékin", il publie, sous le pseudonyme de vernon sullivan, "j'irai cracher sur vos tombes". gros succès (un demi-million d'exemplaires vendus), et scandale (le livre est interdit). 1947:boris vian renonce à son poste à l'office. il fait désormais figure de "roi" de saint-germain-des-prés. il joue au tabou, puis publie "l'ecume" et "l'automne". c'est le temps des caves. mais vian se détachera bient6t d'un quartier qui lui doit sa légende. 1950 : représentation de "l'equarrissage pour tous". echec. 1950/1951 : vian écrit l'arrache coeur, que gallimard refusera. "découragé, harcelé ", écrit noël arnaud, vian met un terme à sa carrière de romancier. il abandonne la trompette. 1953 : vian publie "l'arrache coeur", avec un avant-propos de queneau. 1955: entre ses diverses activités (trompette, littérature, bricolage d'envergure, économie, sciences, journalisme), boris compose des chansons (plus de 400), parmi lesquelles le déserteur. 1959 : boris vian donne des signes d'extrême fatigue. il meurt le 23 juin, à 39 ans, pendant la projection privée du film tiré de "j'irai cracher sur vos tombes".
...fête à laquelle je m'iinvite seul, où je casse à n'en plus pouvir le lien qui me lie aux autres. Je ne tolère aucune infidélité à ce lien....
Patrick Besnier est l'auteur d'un Alfred Jarry: (Plon, 1990). Il a édité Lautréamont, Darien et Jarry.