Oqo
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- Que se passerait-il si j'étais un chat ?
- Si j'étais un chat...
La réponse à la question qui commence le récit ouvre un éventail de possibilités qui donnent origine à ce drôle d'album et à son titre.
Dans beaucoup de contes, les héros sont des animaux anthropomorphes qui ont un comportement humain. Mais dans ce conte-ci la situation s'inverse en plaçant une personne de l'autre côté du miroir.
Si j'étais un chat est une proposition ludique qui permet de prendre conscience de la réalité de l'autre avec le but ultime de mieux le comprendre et qui avertit que nous ne pouvons pas partir du principe inexact que ce qui est bien (ou pas) pour nous, l'est indiscutablement pour les autres.
Ainsi, connaître et accepter les différences de l'autre nous rend plus tolérant envers des comportements qui s'éloignent du nôtre. Et la différence a aussi des avantages comme nous fait voir l'auteur : un chat qui n'a pas peur de la nuit pourrait chasser tous nos fantômes...Les illustrations montrent des personnages tendres qui renforcent le caractère amusant du récit.
Certains, comme le souriceau malin, n'apparaissent pas dans le texte mais sont dessinés au fil des pages. La technique du collage avec des papiers et des cartons peints préalablement à l'acrylique donne du volume qui, combiné au dessin plat, souligne la partie rustique du matériel.
Un fond de scène simple, qui laisse la place au lecteur pour qu'il complète l'histoire avec son imagination, se combine à des collages volumétriques qui montrent les détails et la texture du matériel employé à la base : coupes de cartons, boîtes de céréales...
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Il y a des liens qu'il faut rompre pour que d'autres, noués par l'affection, ne se rompent jamais. Cette histoire explore la douleur causée par le départ des personnes qu'on aime.
Partir et laisser partir ne veut pas dire cesser d'aimer.
L'auteur offre une vision égalitaire d'une situation qui touche doublement : la tristesse que provoque l'aliénation de Zimbo et la peine que ressent le marionnettiste à cause de son départ. Il réussit à nous faire partager aussi bien le chagrin de ce dernier que les souhaits et le courage de Zimbo de mener une vie qui le comble. Les créatures en bois du marionnettiste sont comme ses propres fils.
Il aimerait qu'elles restent toujours avec lui au risque de les surprotéger ou de les rendre malheureuses. Capable pourtant de se mettre à la place des autres, il favorise leurs désirs comme le font les personnes qui aiment les siens.
Sa générosité fait qu'il accepte l'indépendance de Zimbo et se prête à collaborer.
« Si j'étais une marionnette, je me couperais les fils », s'inspirant de cette phrase, l'auteur aboutit à la métaphore de la souffrance du père qui accepte et participe au processus d'indépendance de ses enfants.
La tendresse du texte est renforcée par la délicatesse des personnages de Joanna Concejo. Des illustrations poétiques, évocatrices accompagnent la prose lyrique.
L'illustratrice dessine au crayon, une préférence qu'elle attribue au fait que malgré l'impression de pauvreté, le résultat est plus fort et les images ont une plus grande intensité dramatique. Une technique simple, naturelle, qu'elle aime bien. Elle réserve la couleur pour les moments heureux du livre, quand Zimbo se sent libre, se produit alors « l'éclosion de couleurs », moment culminant du récit.
Après, quelques touches de couleur souligneront encore la présence du héros : « ses idées demeurent pour donner de l'espoir à ceux qui restent », et à ceux qui liront ce conte.
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Maman Pimpante veut donner à manger à ses petits pimpants, mais pour rien au monde elle n'utiliserait des délicieux...
Dans cette histoire amusante et originale sur l'absurdité de certaines interdictions, Mar Pavón compose une galerie de personnages surréalistes qui nous intriguent dès le premier instant.
De son côté, l'illustrateur portugais João Vaz de Carvalho relève brillamment le défit de mettre en image de curieux protagonistes, utilisant une perspective pleine d'imagination. La proposition de ces deux auteurs provoque le sourire à tout moment. L'artiste portugais montre une généreuse palette chromatique de couleurs chaudes où les blancs et les rouges donnent le ton dans des illustrations clairement narratives, qui complètent le texte tout en conservant un équilibre structurel dans l'apport d'information de chacune des doubles pages qui composent l'histoire. La typographie est la clef qui aide à souligner certains moments narratifs qui nourrissent l'histoire tout en permettant une lecture aisée ; son rôle dans cet album est capital, surtout vers la fin du livre, où le dénouement intervient avec l'apport du narrateur, qui propose une solution au problème posé et ferme une oeuvre pleine d'humour du début jusqu'à la fin.
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Jack rencontre la Mort et, comme il présume qu'elle vient chercher sa mère malade, il élabore un plan pour se débarrasser d'elle. Usant de sa ruse il parvient à attraper le sinistre personnage dans un flacon ; mais les conséquences de ce confinement sont déconcertantes : rien ne peut mourir. Ce qui au début était une cause de joie - la mère se rétablit subitement de sa maladie grave - devient finalement un chaos.
Jack et la Mort est une version du conte traditionnel anglais La mort attrapée dans une noix, créée par le prestigieux narrateur Tim Bowley.
Jack, est un trickster, il désobéit aux règles établies et déclenche le désordre, une situation bizarre qui nous aide à mieux comprendre la nature et le comportement humain. Ici la mort apparaît sereine, tranquille et inhérente à l'existence.
L'auteur insiste sur l'idée de présenter la mort non pas comme une ennemie de la vie, mais comme l'autre face de la même monnaie : l'une n'existe pas sans l'autre. L'illustratrice crée de belles métaphores visuelles, dramatiques, poétiques. Au fil des pages, une corde rouge se tend, se noue, s'embrouille comme la nature changeante de la vie : parfois simple, parfois compliquée.
La mort tient un bout de la corde et tire lentement. Des fleurs qui poussent, qui se fanent et meurent, des graines dispersées dans l'air qui volent vigoureusement et laissent une trace de la vie qui s'éteint... La mort a un grand pouvoir, elle prend tout ce qu'elle veut, sans demander la permission, ses grandes mains détachées de son corps sont le symbole de ce vol. Elle possède, de plus, une collection de masques pour mettre sur les visages des personnes quand elles meurent.
Le masque choisi pour la mère de Jack montre un sourire, elle meurt en paix. L'illustratrice rajoute un personnage qui n'apparaît pas dans la narration pour atténuer la solitude de Jack : un chien fidèle qui l'accompagnera tout au long de l'histoire et au moment le plus dramatique. C'est un album qui imite la nature de la vie et cache des subtilités qui exigent un examen minutieux pour être découvertes.
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Mon premier voyage
Paloma Sanchez Ibarzabal, Massimiliano Di Lauro
- Oqo
- O+
- 20 Février 2013
- 9788498714081
Je voyage heureux dans ce vaisseau.
TOUM-TOUM... TOUM...TOUM.
C'est le bruit des moteurs.
Je n'ai pas de boussole ni de carte pour me guider.
Un jour j'ai ouvert les yeux et je me suis retrouvé ici, en train de voyager quelque part.
Comment suis-je arrivé dans cette capsule ? Je ne me souviens pas...
Où vais-je ? Je ne sais pas...
Cette histoire expose le début de la vie humaine à la première personne. Un bébé dans le ventre maternel parcourt un univers inconnu dans une capsule. Les battements du coeur de sa mère sont pour lui des bruits de moteurs qui le rassurent. Le lecteur accompagne ce voyageur en quête d'identité, interprétant avec lui un monde qu'il ne voit pas, qui ne lui arrive qu'à travers un fleuve qui le baigne dans ses histoires.Surgissent alors les grandes questions : Où allons-nous ? D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Que veut dire naître ? Naître, est-ce comme mourir ? Au fil des pages nous devinons un monde où il y a du bonheur et de la tristesse. De son point de vue, le héros comprend que les larmes sont la langue que l'on parle quand on ne comprend pas le monde. Il perçoit des sensations comme la peur, le doute, la curiosité et aussi l'espoir.
Mais un jour le vaisseau s'abîme et il en sort expulsé. Il a peur. D'une certaine façon, la naissance est vécue comme une expérience de mort dans ce qui fut son seul paradis connu : le ventre maternel. Mais, le voyage continue dans un nouvel univers où il n'est plus seul, car des mains l'attendent à la fin de sa chute.
L'illustrateur conçoit le ventre maternel comme un vaisseau spatial et le héros comme un astronaute qui débute à la fois un voyage vers lui-même et vers le monde extérieur. D'où l'idée de représenter un monde flottant, surréaliste, intemporel qui peu à peu se matérialise. Il imagine l'extérieur à travers les yeux du héros et représente une réalité délibérément confuse, innocente et, parfois, avec des clins d'oeil humoristiques provoqués par le désarroi du bébé- astronaute qui essaye de construire un monde qu'il ne connaît pas encore. Pour ce faire, il combine des dessins au crayon avec des collages de photos, qui construisent un monde intérieur et extérieur qui va de la rêverie à la réalité.
Dans ce voyage sensoriel, l'illustration, poétique et subtile, façonne les voix et les sons imprécis que le bébé perçoit, ainsi que les couleurs qu'il commence à deviner comme par exemple les rayons du soleil qui se faufilent dans son vaisseau. Du point de vue chromatique, les ocres dominent et alternent avec le rouge de la vie. Le bleu représente le ciel et le milieu aqueux où le héros voyage et imagine le monde.
L'illustrateur nous offre dans les pages de garde un amusement sous forme de voyage maritime et aérien de l'Espagne à l'Italie. Mon premier voyage est sa première oeuvre.
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La maison où tu n'arrives jamais
Paloma Sanchez Ibarzabal, Joanna Concejo
- Oqo
- 16 Mars 2011
- 9788498712636
Parfois tu te perds dans la nuit et tu ne retrouves pas ta maison.
Dans une forêt inconnue tu marches sans but.
Dans cet album, l'auteur se tourne vers l'essence même de la thématique des contes traditionnels, mais sans renoncer à un point de vue moderne et transgresseur.
Le début de l'histoire est un classique de la littérature jeunesse de tous les temps : quelqu'un se perd, la nuit, dans la forêt.
Mais, l'histoire s'éloigne vite des conventions du genre.
Bien que l'habitude veuille que l'on utilise plutôt la première ou la troisième personne l'auteur choisit ici le « tu » et maintient l'ambiguïté par rapport au héros : nous ne savons pas si c'est une fille ou un garçon. Ce « tu » fait peut-être référence à un autre protagoniste, le lecteur. Paloma Sanchez, peu amie des scènes réalistes, situe le voyage du retour au foyer dans des endroits étranges et oniriques. Dans son parcours, le héros n'est pas seul. Les voix des étoiles, de l'écho de la Fin du Monde, des joncs dans les pierres l'encouragent à continuer.
Mais une voix le conduit à une autre, et ainsi de suite jusqu'à l'infini. Le chemin devient un labyrinthe ou une spirale chaque fois plus fantastique dont on ne peut réchapper.
Et y a-t-il quelqu'un de plus indiqué que Joanna Concejo (Fumée, Mention White Raven) pour illustrer les territoires de la fantaisie. Les paysages de cette histoire semblent faire partie du monde des songes. Les images défilent, comme dans un rêve, mais nous ne savons pas ce qui nous attend après avoir tourné la page. Pour obtenir cet effet d'irréalité qui s'adapte si bien à l'histoire, elle utilise des crayons de couleur et des collages. Des illustrations poétiques, belles et étranges à la fois, difficiles à interpréter, accompagnent la prose rythmique de l'auteur. La même sensation d'étrangeté ressent le héros qui, déboussolé, cherche sa maison. Pendant qu'il traverse ces parages surréalistes, il entend des voix qui crient Continue !
Soudain, une voix murmure Réveille-toi, la nuit est terminée.
C'est la voix qui te ramène toujours chez toi.
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Titiritesse habite dans le royaume d'Avant-hier. Sa mère Mandoline rêve de voir sa fille bien mariée et essaye de lui donner une éducation digne d'une princesse de son rang ; mais sa fille refuse la vie conventionnelle qui lui est imposée et ne partage pas les aspirations de sa mère. Face à l'arrivée imminente d'une institutrice, Titiritesse décide de fuir du palais pour vivre des aventures fantastiques et amusantes : visiter un inventeur de mots, affronter un monstre terrible, connaître une autre princesse aux lèvres sucrées...
Un conte osé qui aborde l'homosexualité féminine avec humour, naturalité et fraîcheur et célèbre l'amour sans préjugés, mais avec la sensibilité nécessaire pour un jeune lecteur au moment de son éducation affective. Avec un style tout personnel, Maurizio Quarello dévoile peu à peu la personnalité des personnages au rythme du texte, et transmet de manière efficace un message de normalité et de vraisemblance, tout en évoquant avec maîtrise les sentiments qui envahissent une personne lorsqu'elle grandit et vit son premier amour.
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Un homme et sa femme vivaient dans l'amertume, car ils n'avaient pas d'enfants. Finalement, le couple vit son voeu accompli : ils attendaient un bébé ! Un jour où la femme se sentait très faible, elle demanda à son mari de lui cueillir des raiponces, le meilleur remède contre les malaises des femmes enceintes, dans le jardin voisin où vivait une magicienne dotée d'un grand pouvoir et que tout le monde craignait dans la vallée.
- Comment oses-tu voler mes raiponces ? Cela te coûtera cher ! Vous devrez me donner l'enfant que ta femme va mettre au monde...
Affligés, les parents donnèrent leur petite fille nommée Raiponce. Quand elle eut douze ans, la magicienne l'enferma dans une haute tour, de peur qu'elle ne parte.
Elle y passa ses journées à défaire ses tresses par la fenêtre pour laisser grimper la magicienne. Un jour un prince vit Raiponce et en resta envoûté... Dans la plupart des versions de ce conte classique des frères Grimm, la femme enceinte apparaît comme un être capricieux et égoïste qui a envie de fruits : pêches, pommes... en fonction des adaptations. Mais cet album casse cette tendance et présente la future mère comme une femme intelligente, préoccupée par sa santé, qui connaît les propriétés thérapeutiques des plantes, qui demande des raiponces pour soulager son malaise pendant la grossesse. Ainsi, face aux versions qui reprennent le mythe biblique du châtiment après le vol du fruit interdit, cette proposition revendique la connexion féminine avec la nature dans un double sens : la plante qui favorise une bonne grossesse et qui par ailleurs a des propriétés cicatrisantes, c'est pour cela que les larmes de l'héroïne guérissent la cécité du prince. L'auteur présente des personnages éloignés des stéréotypes des contes de fées. Dans cet album la propriétaire du jardin de raiponces n'est pas présentée, ni dans le texte ni dans l'illustration, comme une sorcière mais comme une magicienne dotée d'un grand pouvoir et comme une « mère surprotectrice ». Le lecteur est témoin du changement et de la croissance de Raiponce, ainsi que de sa capacité à vaincre ses peurs pour pouvoir continuer son chemin. Les illustrations sont nettes et claires, réalisées avec des crayons et des gouaches, « une technique avec laquelle je me sens très à l'aise et qui m'a aidée à travailler avec des images aux ambiances simples, vides et atmosphériques où les personnages et les situations attirent toute l'attention ».
L'action se déroule dans des scènes atemporelles pour évoquer la sensation d'universalité. Les pages de garde nous présentent la fleur bleue de la raiponce à peine présente dans les versions précédentes, comme un dernier clin d'oeil à l'amour de l'héroïne et du prince.
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La mère du héros
Roberto Malo, Francisco Javier Mateos, Marjorie Pourchet
- Oqo
- O+
- 19 Avril 2012
- 9788498713497
Un jeune roi hérite d'un royaume immense, mais il hérite aussi d'une dette envers un malveillant cavalier Noir. Son père, l'ancien roi, avait été un peu prodigue et un dévergondé. Le cavalier, noir de colère, lui demande l'argent en le menaçant de recevoir son compte s'il ne paie pas sa dette.
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Ce conte a connu un large éventail de versions au-delà de Perrault ou des frères Grimm. Roald Dahl ou Gianni Rodari l'ont revisité avec humour pour habiller en jaune le Petit Chaperon rouge ou le munir d'une arme pour obtenir un manteau bien chaud en peau de loup. Dans cette réinterprétation du classique, l'auteur et l'illustrateur jouent avec la double complicité du lecteur et de l'héroïne du conte. On présuppose que les deux connaissent le développement de la version populaire plus répandue.
L'histoire ne se déroule pas comme d'habitude, ce qui déroute le lecteur et l'héroïne. L'auteur la situe à côté du lecteur qui se pose les mêmes questions qu'elle face aux évènements et au comportement inusité des personnages.
L'originalité de cette version est renforcée par le travail de Mikel Mardones. D'abord, l'illustrateur brise l'archétype physique qui fait partie de l'imaginaire collectif d'une fille aux tresses blondes et au visage doux en incorporant des personnages amusants et extravagants : un hibou et un cochon. Avec ces deux compagnons de voyage du Petit Chaperon rouge, l'illustrateur enrichit la galerie de personnages (limités au loup, au bûcheron et à la grandmère) et offre une histoire parallèle, qui nous invite à faire des relectures. Il dit qu'ils sont « des observateurs curieux » qui ne dérangent pas la randonnée de la petite jusqu'à la maison de sa grand-mère. « Le parcours que fait Petit Chaperon rouge est un soliloque presque ininterrompu jusqu'à la fin. C'est pour cela que, les endroits par où elle passe devaient jouer un rôle principal et avoir une certaine personnalité ».
Mardones crée une atmosphère onirique par le biais de la pigmentation fluide qui étaye la forme et le volume. Il exécute ses illustrations tout d'abord au fusain. À la fin, il applique des couches épaisses de peinture en essayant d'éviter les retouches, « même si elles sont toujours nécessaires », comme les contes classiques.
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Les contes nous renvoient à un monde fantastique et, pour y entrer, quoi de mieux qu'une chaise spéciale, dans un coin confortable destiné à la lecture ? La brebis Catherine se régalait avec son livre quand. elle tomba par terre et du coup elle n'avait plus de chaise pour continuer sa lecture !
C'est là que commence le troc : chaise contre tabouret, tabouret contre canapé, canapé contre fauteuil à bascule.
Et Catherine est toujours disposée à échanger ou à essayer de nouveaux sièges pour pouvoir finir son histoire. Entre troc et troc, Catherine nous raconte au fil des pages qu'elle lit une histoire très connue : le loup frappe à la porte, démolit la maison de paille, souffle sur la porte de la maison en bois. Le loup, mangera-t-il les trois petits cochons ?
Un conte qui en cache un autre et où l'auteur développe une trame circulaire simple, dynamique et très efficace qui favorise l'expérience de la lecture.
L'illustratrice fait passer d'un conte à l'autre les personnages qui interagissent dans deux mondes fantastiques parallèles jusqu'au dénouement heureux pour les héros des deux mondes.
La technique est celle de la gouache sur papier aux couleurs qui s'alternent en fonction des espaces pour transmettre les émotions des différentes scènes. Les compositions attirent le regard curieux du spectateur qui devra mettre en jeu sa capacité de fabulation pour découvrir « les autres petits héros » dans les scènes du plan réel. L'univers de Catherine présente des personnages anthropomorphes qui ont des caractéristiques propres aux objets qu'ils transmettent, ainsi nous trouvons Ouragan, un cheval romantique et fascinant avec sa crinière au vent ; Récarédo, un coq exubérant avec une crête énorme et de belles plumes ;
Narcisse, le cochon pomponné comme un dandy élégant et Catherine elle-même, avec son épais et chaud manteau blanc en laine. Tous ces personnages fournissent des modèles pour aider les lecteurs de différents âges à trouver leur propre chemin.
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This book takes us through the paintings of the last century, revisited with humour and irony from a peculiar perspective, in dialogue with literary fiction. We are surprised on discovering Klimt's animals such as tigers lyrically couples, Marilyn (Warhol) multiplying herself as a narcissistic chameleon, or the tormented and non-conformist monkey, Chita, retired from the limelight, playing the lead in The Shout (Munch). With a red scarf and a black overcoat, we find Aristide Bruant, a famous Lapland notary, singing in the Ambassadeurs in Paris to his idolatrous partner, perhaps under the watchful eye of the master Toulouse-Lautrec and of the parrots, habitual cabaret goers. The maja (dressed or nude), reincarnated as a sheep, will tell us, boastingly, the latest in the gossip columns...
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Monsieur Ver de terre veut parcourir les cinq mètres qui séparent l'oranger du citronnier. Sur le chemin, il rencontre une puce, une fourmi, une coccinelle, un perce-oreille et un grillon qui décident de l'accompagner. Une fois arrivé à destination, Monsieur Ver de terre décide de continuer tout seul. Apparaît alors une terrible guêpe...
Avec des ressources propres de la tradition orale, comme une structure cumulative qui facilite la mémorisation du texte, Paula Carbonell crée un conte simple en apparence qui cache une seconde lecture. Le parcours du ver de terre de l'oranger au citronnier est en fin de compte une métaphore de la vie : le changement d'un état à un autre, l'apparition d'amis, d'ennemis, de conflits qui ne peuvent être résolus qu'à travers la solidarité et finalement l'amour. Chené Gómez accompagne le texte d'illustrations fraîches, aux traits simples et pleines de rythme, mais aussi d'une grande richesse expressive grâce à une brillante combinaison de techniques et à l'utilisation de couleurs naturelles, peu courantes. L'illustrateur réussit à s'éloigner du cliché que l'imaginaire collectif a construit autour de la représentation des insectes. Pour son second album, il consolide son style, très particulier, et construit ses mises en scène avec un minimum d'éléments.
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Le soir, nous revenons à la maison. Maman doit être en train de préparer le dîner. Nous marchons à pas de loup pour ne pas faire de bruit.
- HAAA ! Pourquoi me faites-vous peur comme ça ?
Vous êtes des monstres !
- Maman ! Les monstres nous devons faire peur ! Tout le monde le sait !
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André le distrait s'obstine à trouver un travail sur mesure et essaye différents métiers : lundi chez un tailleur, mardi chez des paysans, mercredi dans un bistrot...
Malgré quelques contretemps et des échecs dans le travail (plus personne ne lui fait confiance), son engagement et son optimisme seront récompensés par un fossoyeur du village voisin.Version libre d'un conte traditionnel popularisé par l'écrivain Isaac Bashevis Singer dans les contes du village de Chelm. Cette histoire a des parallélismes intéressants avec d'autres de traditions lointaines : « Lazy Jack », en Angleterre et « Pedro Malassartes » au Portugal, « Maung Htin Aung » en Birmanie..., aux coïncidences notables. Toutes ces variantes ont en commun le fait de suivre les instructions au pied de la lettre dans des situations diverses : la mère explique au petit garçon ce qu'il doit dire ou faire à chaque fois et lui obéit sans mot dire et sans analyser par luimême la situation, ce qui entraîne des conduites incohérentes et absurdes. « André le distrait » recueille certains aspects de ces variantes, en respectant le fil et les motifs traditionnels de l'histoire ; et apporte un rythme agile et original marqué par les sept jours de la semaine comme indicateurs du temps et du cycle qui se complète avec son indépendance. Du point de vue de l'image, Evelyn Daviddi met en scène une histoire très actuelle, avec des personnages expressifs et amusants, un trait frais, un grand sens de la composition et des espaces bien définis qui favorisent la compréhension et la satisfaction lorsqu'il s'agit des plus jeunes lecteurs.
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Félix n'était pas un enfant comme les autres : Félix était l'enfant le plus peureux du monde !
Une histoire qui favorise l'expression des sentiments en tirant profit de ce qui, au début semblerait une contrainte ou une limitation pour la vie quotidienne. La célèbre auteur galicienne nous invite à rire de nous-mêmes et, l'illustratrice portugaise Teresa Lima, accepte l'invitation et lui montre sa complicité avec les images élégantes aux tons chauds de l'album. L'artiste portugaise résout la partie visuelle avec sa connue et déjà reconnue, après avoir reçu plusieurs prix, ligne plastique qui se base sur une technique mixte où elle combine des tons pastels, des crayons de couleurs et le collage pour certains éléments. Il s'agit d'une proposition plastique où prédominent les images conçues à partir d'une palette chromatique douce qui joue constamment avec une lumière très personnelle. Des images avec lesquelles l'illustratrice nous introduit dans le particulier monde de Félix.
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