Elle était américaine, juive, homosexuelle et poète en devenir ; lui était espagnol, peintre immensément doué mais désargenté. Malgré leurs différences, Gertrude Stein (1874-1946) et Pablo Picasso (1881-1973) avaient une profonde estime pour leur travail respectif. L'écrivaine n'aura de cesse de défendre, promouvoir et collectionner l'oeuvre du cubiste, tout en construisant son écriture poétique selon des approches formelles voisines. Les éléments constitutifs de leur pratique littéraire et picturale - décomposition du langage et de la représentation, sérialité, répétition, épures - constituent autant de caractéristiques formelles fondatrices des avant-gardes artistiques du XXe siècle.
Examiner leur complicité, leur inventivité permet d'esquisser une traversée des approches conceptuelles et performatives de l'art, de la poésie, de la musique, de la danse et du théâtre à travers de grandes figures de la scène a méricaine, notamment celles de Robert Rauschenberg et d'Andy Warhol, de Lucinda Childs et de Bruce Nauman.
Derrière la colonnade du Palais-Bourbon se cache l'étonnant destin de ce lieu et de son voisin, l'hôtel de Lassay, résidences aristocratiques devenues, après la Révolution, le coeur battant de la vie démocratique française. Habités par l'Histoire, ces deux palais forment un ensemble architectural riche et complexe dans lequel, depuis 1798, les députés de la Nation débattent et légifèrent. Au-delà de la salle des Séances et des salons, cet ouvrage nous invite à découvrir l'histoire et le travail parlementaires ainsi qu'un patrimoine d'exception, des manuscrits rares conservés à la bibliothèque jusqu'aux oeuvres les plus contemporaines, en passant par les peintures de Delacroix. Autant de clés pour comprendre cette «maison du peuple», qui est celle de tous les Français.
Découvertes Gallimard / RMN - Grand Palais
Découvertes Gallimard / Rmn - Grand Palais
«Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine [...]. Nous verrons ce que les six mois qui suivent apporteront, et j'ai confiance [...]» Nicolas de Staël a vingt-deux ans lorsqu'il écrit ces lignes depuis le Maroc, où il séjourne en 1935-1936. Il sait qu'il va vouer sa vie à la peinture, exclusivement. Ce corps à corps passionné avec la matière, avec la couleur et la lumière, il le mènera jusqu'au vertige, jusqu'aux limites de la vie. Une vie jalonnée de belles amitiés, celles des peintres André Lanskoy et Georges Braque, celles des marchands Jeanne Bucher et Jacques Dubourg, celle du poète René Char. Une vie faite d'arrachement, d'orgueil, d'impatience et de ferveur émerveillée, menée dans «la conscience du possible, l'inconscience de l'impossible et le rythme libre». Des Compositions des années 1940 au Parc des Princes, des grands Nus à la magistrale série des paysages de Sicile, des premières expositions parisiennes à la gloire outre Atlantique, Marie du Bouchet retrace la vie de cette personnalité hors du commun, dont l'oeuvre s'inscrit comme un événement unique dans la peinture du XX? siècle.
Marie-Antoinette, ce nom symbolise, à lui seul, les fastes de Versailles, les grâces de Trianon, et l'incroyable destin d'une jeune femme précipitée des marches du trône sur celles de l'échafaud. Fille de l'impératrice d'Autriche, elle épouse à quatorze ans l'héritier du trône de France qui devient roi en 1774 sous le nom de Louis XVI. Reine à vingt ans, elle adopte l'attitude d'une enfant gâtée. Sa légèreté, son mépris de l'opinion, la pression exercée par sa famille autrichienne la désignent très tôt à l'opprobre public. Épouse longtemps négligée par un mari «empêché», mère affectueuse, elle joue un rôle politique important dès le début de la Révolution. Incarcérée au Temple avec sa famille après l'effondrement du régime, puis enfermée à la Conciergerie après l'exécution de Louis XVI, elle est guillotinée le 16 octobre 1793 à l'issue d'un simulacre de procès.De la frivolité à la tragédie, de la réalité au mythe, Évelyne Lever retrace l'histoire de la dernière reine de France.
«Je voudrais être illustre et inconnu», disait Edgar Degas. Illustre, il l'est, par ses danseuses, ses jockeys, ses femmes au bain. Inconnu, également, tant ces thèmes occultent le reste de l'oeuvre, peintures d'histoire, portraits, paysages, tant l'oeuvre a dévoré la vie privée. Sur une carrière de soixante ans dont Henri Loyrette restitue la richesse et la cohérence, on découvre alors l'insatiable curiosité technique, la constante recherche d'expressions nouvelles, l'évidente continuité de la ligne mélodique.
Nouvelle édition en 2007
«Il est rare d'assister à la naissance d'un genre littéraire. Plus rare encore de pouvoir la rattacher au nom d'un écrivain particulier.Cette conjonction s'est pourtant opérée dans le cas d'Aloysius Bertrand, inventeur incontestable du poème en prose français. Il y a fallu des circonstances très particulières : une marginalité provinciale redoublée d'une marginalité sociale et économique ; l'éveil à la vie littéraire à une époque où le bric-à-brac médiéval, italien et espagnol du premier romantisme revêtait encore une certaine fraîcheur, à une époque aussi où la relève n'était pas encore achevée des formes périmées du XVIII? siècle à la poésie de l'avenir ; un intérêt exceptionnel pour les arts graphiques et l'ambition de leur emprunter quelques-unes de leurs ressources ; un esprit inquiet, ombrageux, douloureusement perfectionniste ; la connaissance intime d'une ville dans laquelle les rêves et les mythes prenaient corps.»Max Milner.
À l'occasion des 60 ans de la création de la maison de couture, « Yves Saint Laurent aux musées » propose un parcours dans les collections permanentes de six musées parisiens - Centre Pompidou, Musée d'Art Moderne de Paris, musée du Louvre, musée d'Orsay, Musée national Picasso-Paris et musée Yves Saint Laurent Paris - afin de mettre en lumière le long dialogue que le couturier a entretenu avec l'art. À travers les hommages directs aux grands maîtres, les emprunts à toutes les formes d'expression artistique et la recherche permanente d'un langage esthétique nouveau, cet ouvrage nous invite à traverser l'histoire de l'art avec Yves Saint Laurent pour guide.
La légende du peintre voyou et maudit qui s'attache au Caravage trouve ses origines dans la vie tumultueuse de cet homme, prompt à dégainer l'épée, jusqu'à l'assassinat qui fera de lui un fugitif. Mais il est également habile courtisan dans la Rome des années 1600, très vite peintre adulé des prélats et des princes. Il est enfin, en contraste avec la Renaissance, finissante et maniériste, le précurseur du réalisme en peinture, premier d'une famille d'artistes qui, même si elle n'a pas été une école, a pris le nom de caravagisme. C'est ce Caravage-là, peintre avant tout, que José Frèches suit dans les ruelles obscures de Rome, de Naples, de Malte ou de Syracuse...
Après quatre décennies d'expérimentation qui ont ouvert le nouvel art de la photographie à tous les registres de la représentation, survient en 1880 une révolution technique : le gélatino-bromure d'argent permet de passer de la photographie posée à la photographie instantanée. Des balbutiements des premiers appareils portables dans les années 1880 à la mythification de « l'instant décisif » de Cartier-Bresson dans les années 1950, Quentin Bajac en explore les grandes tendances. La période voit également les débuts timides de la couleur, l'émergence de la figure de l'amateur et le triomphe du photoreporter. Art de masse par excellence, objet de fascination pour les avant-gardes artistiques et langage universel incontournable, la photographie devient, à l'instar du cinéma, un des principaux emblèmes de la modernité.
Lorsqu'en 1839 est annoncée, à Paris, l'existence d'un procédé qui permet de fixer les images de manière chimique, la nouvelle fait sensation : le daguerréotype, ce «miroir qui garde toutes les empreintes», est perçu comme un prodige ; Daguerre, son inventeur, est l'objet de toutes les sollicitations. Bientôt, d'autres procédés sont mis au point : d'abord le calotype puis le collodion, qui va s'imposer pour plus de trente ans. L'invention du format dit «carte de visite» et la standardisation des pratiques ouvrent alors la voie à d'importants ateliers, spécialisés dans le portrait. Appréciée pour son caractère «objectif», la photographie est utilisée à des fins documentaires : se succèdent missions d'inventaire, relevés topographiques, clichés d'identité, enquêtes scientifiques et premiers reportages. Diffusée par le livre et les premières revues illustrées d'épreuves, elle accompagne l'essor industriel de la seconde moitié du XIX? siècle. C'est à cette aventure de «l'image révélée» qu'invite Quentin Bajac qui, en explorant les limites et les avancées des cinquante premières années de la photographie, montre aussi comment certains des plus grands photographes de l'époque entendent la faire reconnaître comme un art.
Découvertes Gallimard / Rmn - Grand Palais
Gallimard / Musée de l'Image
Coeur battant de la Maison Chaumet depuis 1907, le 12 Vendôme résume à lui seul la quintessence du célèbre joaillier. Du magasin aux ateliers de Haute Joaillerie, en passant par les salons classés, ce lieu unique raconte 240 ans d'Histoire et d'histoires, depuis les origines de la Maison fondée par Marie-Étienne Nitot et son fils François-Regnault. Fournisseurs attitrés de Napoléon Ier et de Joséphine, véritable icône et inspiratrice de Chaumet, ils s'installent sur la mythique place Vendôme dès 1812, et ornent les têtes couronnées de leurs plus beaux diadèmes et parures. La récente restauration de l'hôtel Baudard de Sainte-James invite le lecteur, à travers une plongée unique dans les coulisses du merveilleux, à découvrir les secrets et l'âme d'une Maison qui ne cesse de se renouveler par ses créations virtuoses.
Premier analyste de son oeuvre, Matisse s'est tu, obstinément, sur lui- même. Ses souvenirs, dit-il, ne le représentent pas moralement. Sa biographie s'arrête à la porte de l'atelier, où le temps s'efface au cadran de la création et cède la place aux murs empourprés, à la clarté phos- phorescente des tableaux. Mais qu'on y prenne garde, les grands aplats des rouges et des bleus, les mouvements d'une ligne désancrée et la lumière éblouissante d'une image dessinée à même la couleur, toutes ces inventions, si semblables au bonheur, ne forment pas des lieux idéaux ou sacrés mais les espaces d'un travail ininterrompu à travers lequel Matisse cherchera toute sa vie l'allégement dans la somptuosité.
Xavier Girard nous entraîne dans cet univers dense et clair.
Cette ville, capitale trimillénaire, dont la vie à la vitalité inusable jusqu'à la désespérance semble tenir du miracle d'endurance, d'expansion dans l'adversité même, n'est-elle qu'une ville ? Les Napolitains les plus avisés ne parlent-ils pas de «Nation napolitaine» ? Mais pourquoi séduit-elle aveuglément, inquiète-t-elle, fait-elle encore peur, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en chante les amours et les jouissances, comme notre dernière chimère ?...Naples apparaît telle que Jean-Noël Schifano nous la montre, avec science et passion, dans sa splendeur, identique en ses pérennes métamorphoses : elle est non seulement une ville unique au coeur de l'Occident, mais, aujourd'hui encore et plus que jamais, une véritable civilisation qui, contrairement aux autres, nous le savons désormais, n'est pas mortelle.
Avec l'arrivée de l'Instamatic Kodak et du Polaroïd dans les années 1960, la photographie passe aux mains des amateurs. Dans le même temps, la photographie de presse, face au règne croissant de la télévision et aux contraintes du droit à l'image, redéfinit ses règles de diffusion : de nouvelles agences sont créées, un nouveau type de reportage d'«auteur» apparaît. Les artistes, eux, s'emparent de la photographie pour en faire une pratique «anti-artistique» majeure, qui se voit conférer une valeur marchande sans précédent. Avec la création de musées et de grandes biennales dédiés à la photographie, celle-ci s'inscrit définitivement dans l'histoire de l'art. En analysant les enjeux esthétiques et sociaux de la photographie, Quentin Bajac retrace avec brio 50 ans de pratiques, jusqu'à la révolution numérique. En ce XX? siècle saturé d'images, il pose la question de l'autorité du médium : la photographie dit-elle encore le réel ?
« Ma peinture porte en elle le message de la douleur. » Frida Kahlo - née en 1907 près de Mexico - a fait très tôt l'apprentissage de la souffrance : poliomyélite à 6 ans ; terrible accident d'autobus à 18 ans qui lui brise la colonne vertébrale... La jeune et indomptable Frida rencontre Diego Rivera, le grand muraliste, dans un Mexique en pleine effervescence politique et culturelle. Ils formeront un couple légendaire, profondément attaché aux cultures populaires indiennes, soudé jusqu'au bout dans la lutte communiste et dans une ambition artistique qui survivra à toutes les épreuves conjugales. Amie de Léon Trotski, admirée des surréalistes, photographiée par les plus grands, Frida a peint essentiellement des autoportraits, dont Les Deux Frida, La Colonne brisée, et aussi de singulières natures mortes. Christina Burrus retrace le destin exceptionnel de cette artiste dont l'oeuvre, mélange de cruauté et d'humour, de candeur et d'insolence, est à l'image de la femme libre, belle et courageuse qui masquait sa souffrance derrière de grands éclats de rire communicatifs.
Niché au coeur du Quartier latin, le musée de Minéralogie de l'École nationale supérieure des mines de Paris compte près de 100000 minéraux, roches, météorites et gemmes, qui constituent l'une des plus importantes collections patrimoniales de minéralogie du monde. Cet «inventaire de la Terre», réalisé depuis 1794 à des fins scientifiques, pédagogiques et industrielles, se découvre aux yeux des visiteurs dans un magnifique décor de vitrines en bois, inchangées depuis le XIXe siècle. Riches de remarquables échantillons dont la beauté fascine, les diverses collections du musée sont une invitation au voyage à travers les temps géologiques, mais aussi dans l'histoire de l'humanité et des rapports complexes qu'elle entretient avec les trésors inestimables que la nature lui offre.
Comment ne pas être fasciné par la vie et l'oeuvre d'Albert Kahn (1860-1940), qui, au tournant du XX? siècle, voua sa fortune à un projet humaniste fait de paix et d'entente entre les peuples¿ ? Amoureux de la diversité des cultures comme de la nature, il se saisit des inventions techniques du moment - le cinématographe, la photographie en relief et le procédé autochrome - pour dresser un inventaire en images d'un monde alors en pleine transformation : les Archives de la Planète. Ces images remarquables, conservées au musée départemental Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt, forment une collection unique au monde. Le passé rejaillit sous nos yeux dans les couleurs lumineuses des autochromes et le mouvement des films, tandis que le jardin aux multiples espèces offre un écrin végétal exceptionnel pour partager ce rêve d'harmonie.
En 1859, dans L'Origine des espèces, le naturaliste anglais Charles Darwin expose publiquement sa théorie de la descendance modifiée des êtres vivants par le moyen de la sélection naturelle : les espèces ne sont pas fixes, mais varient et se transforment suivant la loi du triomphe des formes les plus adaptées. C'est une révolution : l'idée du Créateur s'effondre, et avec elle tout plan « providentiel » de la nature. L'Angleterre victorienne s'enflamme, pour ou contre. En 1871, avec La Filiation de l'Homme, Darwin inscrit l'Homme dans la série animale. Ce dernier venu possède un ancêtre commun avec les Singes de l'Ancien Monde, dont il a perfectionné les instincts sociaux et les facultés rationnelles en tirant un avantage social de comportements antisélectifs : l'éducation, le droit, les conduites solidaires et altruistes, la protection des faibles et des déshérités. Philosophe et épistémologue, Patrick Tort éclaire la vie et l'oeuvre du principal fondateur de la science de l'évolution, qui fut aussi un penseur de la paix, et un éminent généalogiste de la morale.
Homo habilis avait inventé l'outil, homo erectus le feu, homo sapiens conquiert le monde.
En quelques millénaires, il impose définitivement en europe son savoir, son style de vie, ses " cultures régionales ". propulseur et harpon modifient radicalement les comportements des chasseurs paléolithiques, dont l'art pariétal exprime dans le même temps l'extraordinaire modernité conceptuelle. le renouvellement continuel des techniques, la bousculade des inventions font de cette période un des moments les plus riches de l'histoire de l'humanité.
Une nouvelle société est en train de naître, dont denis vialou s'attache à nous montrer toutes les facettes, celles qui font de l'homme paléolithique le premier des modernes.
De la vénus de lespugue à l'homme de brno, de la dordogne à avdeevo, des fresques de lascaux aux peintures d'altamira, des majestueux défilés de bisons aux visages monstrueux gravés dans la pierre, tout l'art des chasseurs du paléolithique en plus de 200 documents.