«Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français...»
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Vie littéraire : Histoire d'enfant de pays - L'écrivain à sa table de travail : S'inventer : le roman de soi - Groupement de textes thématique : La mère, un personnage d'exception - Groupement de textes stylistique : Autoportraits d'écrivains - Chronologie : Romain Gary et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de collège.
« C'est moi qui remplace la peste », s'écriait Caligula, l'empereur dément. Bientôt, la « peste brune » déferlait sur l'Europe dans un grand bruit de bottes. France déchirée aux coutures de Somme et de Loire, troupeaux de prisonniers, esclaves voués par millions aux barbelés et aux crématoires, La Peste éternise ces jours de ténèbres, cette « passion collective » d'une Europe en folie, détournée comme Oran de la mer et de sa mesure.
Sans doute la guerre accentue-t-elle la séparation, la maladie, l'insécurité. Mais ne sommes-nous pas toujours plus ou moins séparés, menacés, exilés, rongés comme le fruit par le ver ? Face aux souffrances comme à la mort, à l'ennui des recommencenments, La Peste recense les conduites ; elle nous impose la vision d'un univers sans avenir ni finalité, un monde de la répétition et de l'étouffante monotonie, où le drame même cesse de paraître dramatique et s'imprègne d'humour macabre, où les hommes se définissent moins par leur démarche, leur langage et leur poids de chair que par leurs silences, leurs secrètes blessures, leurs ombres portées et leurs réactions aux défis de l'existence.
La Peste sera donc, au gré des interprétations, la « chronique de la résistance » ou un roman de la permanence, le prolongement de L'Étranger ou « un progrès » sur L'Étranger, le livre des « damnés » et des solitaires ou le manuel du relatif et de la solidarité - en tout cas, une oeuvre pudique et calculée qu'Albert Camus douta parfois de mener à bien, au cours de sept années de gestation, de maturation et de rédaction difficiles...
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Courant littéraire : Céline dans le paysage littéraire de l'entre-deux-guerres - Genre et registre : Apprentissage et autobiographie - L'écrivain à sa table de travail : Du théâtre au roman - Groupement de textes : La nuit - Chronologie : Céline et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de lycée.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : Vie littéraire : Un roman symbolique de jeunesse ;L'écrivain à sa table de travail : La réécriture du mythe de Robinson Crusoé ;Groupement de textes thématique : La rencontre de l'homme civilisé avec l'homme sauvage ;Groupement de textes stylistique : La description de l'îleChronologie : Michel Tournier et son temps ;Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture.
« Les deux hommes levèrent les yeux car le rectangle de soleil de la porte s'était masqué. Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d'autruche rouges. »
Un jour de juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Boule-de-Neige et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement:«Tout ce qui marche sur deux pieds est un ennemi. Tout ce qui marche sur quatre pattes, ou possède des ailes, est un ami. Nul animal ne portera de vêtements. Nul animal ne dormira dans un lit. Nul animal ne boira d'alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux.» Le temps passe. La pluie efface les commandements. L'âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer:«Tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont plus égaux que d'autres.»
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points :
- Vie littéraire : Agitateurs d'idées, agitateurs sociaux.
- L'écrivain à sa table de travail : Prêter l'oreille, prêter sa voix.
- Groupement de textes thématique : Des lendemains qui chantent?
- Groupement de textes stylistique : Poèmes à dire et à chanter.
- Chronologie : Prévert et son temps.
- Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture.
Recommandé pour les classes de collège.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Mouvement littéraire : Le Nouveau Roman - Genre et registre : L'autobiographie - L'écrivain à sa table de travail : À la recherche de l'écriture - Groupement de textes : La transgression - Chronologie : Nathalie Sarraute et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de lycée.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Mouvement littéraire : L'aprèsguerre : engagement et liberté - Genre et registre : Le roman : réalité, mythe et symbole - L'écrivain à sa table de travail : Écriture et réécritures du matériau autobiographique - Groupement de textes : Famille, je vous aime - Chronologie : Marguerite Duras et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de lycée.
« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? » Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, coeur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même (« l'innocence m'aime ») et pourtant... pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - VIE LITTÉRAIRE : La matière du réel - GENRE ET REGISTRE : Corps, gestes et voix : une écriture du mouvement - L'ÉCRIVAIN À SA TABLE DE TRAVAIL : Le paysage de la fiction - GROUPEMENT DE TEXTES : Éclats de la jeunesse - CHRONOLOGIE : Maylis de Kerangal et son temps - FICHE : Des pistes pour rendre compte de sa lecture. Recommandé pour les classes de lycée.
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure », le célèbre incipit est énoncé par un narrateur « je », insomniaque qui se remémore les différentes chambres à coucher de son existence. Il évoque ainsi les souvenirs de Combray, lieu de villégiature de son enfance...
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Vie littéraire : Une histoire dans l'Histoire - L'écrivain à sa table de travail : Écrire pour vivre, écrire pour revivre - Groupement de textes thématique : Variations sur l'amitié - Groupement de textes stylistique : La théorie du faucon ou l'effet de chute - Chronologie : Fred Uhlman et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de collège.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Mouvement littéraire : Le renouveau théâtral, entre questionnement et polémique - Genre et registre : Le langage théâtral : l'instabilité du signe ou la représentation de la menace - L'écrivain à sa table de travail : De la nouvelle à la pièce : le rôle de l'histoire dans l'écriture dramaturgique - Groupement de textes : Le personnage au seuil de la monstruosité - Chronologie : Eugène Ionesco et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de lycée.
Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - VIE LITTÉRAIRE : Romancier et reporter - L'ÉCRIVAIN À SA TABLE DE TRAVAIL : L'aventure comme motif d'écriture - GROUPEMENT DE TEXTES THÉMATIQUE : La chasse à l'animal sauvage - GROUPEMENT DE TEXTES STYLISTIQUE : La rencontre de l'autre : éloge de la différence - CHRONOLOGIE : Joseph Kessel et son temps - FICHE : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de collège.
« Il aurait pu lutter encore, tenter sa chance : il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minute où l'on se découvre vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un vertige.
Et c'est à cette minute que luirent sur sa tête, dans une déchirure de la tempête, comme un appât mortel au fond d'une nasse, quelques étoiles.
Il jugea bien que c'était un piège : on voit trois étoiles dans un trou, on monte vers elles, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre les étoiles...
Mais sa faim de lumière était telle qu'il monta. »
« Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet, et qui semblait regarder le fleuve. De plus près, je distinguai une mince jeune femme, habillée de noir. Entre les cheveux sombres et le col du manteau, on voyait seulement une nuque, fraîche et mouillée, à laquelle je fus sensible. Mais je poursuivis ma route, après une hésitation. [...] J'avais déjà parcouru une cinquantaine de mètres à peu près, lorsque j'entendis le bruit, qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d'un corps qui s'abat sur l'eau. Je m'arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt, j'entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s'éteignit brusquement. »
Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable, en cet instant, que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'ou sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme.
« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.
Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura :
- Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »
Tanka
L'autobus arrive
Un zazou à chapeau monte
Un heurt il y a
Plus tard devant Saint-Lazare
Il est question d'un bouton
Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes. Mise en images, portée sur la scène des cabarets, elle a connu une fortune extraordinaire.
Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois « quotidienne » et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils.
Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs.
« Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis. »
C'est un texte composite, dont le noyau est « La douleur », les cahiers que Duras écrivit pendant qu'elle attendait, espérait le retour de Robert Antelme, déporté.
Autour de ce texte à tonalité très autobiographique, il y a cinq autres qui prennent plus ou moins de distance avec le biographique (« L'ortie brisée » est introduite par « C'est inventé. C'est de la littérature. » Ce même « C'est inventé » introduit également « Aurelia Paris », une des variations sur le personnage d'Aurélia.)
« Tous ceux qui m'ont connu, tous sans exception me croient mort. Ma propre conviction que j'existe a contre elle l'unanimité. Quoi que je fasse, je n'empêcherai pas que dans l'esprit de la totalité des hommes, il y a l'image du cadavre de Robinson. Cela suffit - non certes à me tuer - mais à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans les limbes, en somme...
Plus près de la mort qu'aucun autre homme, je suis du même coup plus près des sources mêmes de la sexualité. »