Sur la pointe de la Hague, un homme, Lambert, revient quarante ans après sur le lieu du naufrage de ses parents et de son petit frère. La narratrice, une étrangère au pays, va peu à peu découvrir le mystère et les secrets de cette noyade, et mettre à jour les liens complexes unissant certains habitants du bourg.
1965. Un couple d'instituteurs, Marielle et Silvère Tardieu, prend son nouveau poste à Aiguevives, un village du Rouergue. Dans cette campagne très marquée par les querelles scolaires entre école laïque républicaine et école privée catholique, ils ne tardent pas à être catalogués comme gauchistes, eux qui n'assistent pas à la messe. Mais leur engagement auprès de leurs jeunes élèves, leur volonté de développer l'accès à la culture pour tous vont peu à peu fédérer les bonnes volontés. Alors que l'époque est au changement et se prépare à l'insu de tous au grand bouleversement de 1968, l'éducation nationale est confrontée à la désertification des campagnes et à la fermeture des classes, tandis que les enseignants aspirent à des pratiques pédagogiques plus modernes. L'Église elle-même est transformée par le concile Vatican II au moment où la société s'émancipe de la férule des prêtres.
En historien, Daniel Crozes retrace une période charnière au sein du monde rural, marquée en Aveyron par le combat des paysans du Larzac, mais aussi plus généralement par l'antagonisme des tenants de l'école privée contre l'école publique, l'exode vers les villes, la fin d'une agriculture familiale ; en romancier, il nous plonge dans le destin de Marielle, meurtrie par de cruelles dissensions familiales mais qui a trouvé en Silvère le solide compagnon avec lequel surmonter les épreuves et construire son avenir. Elle incarne le puissant mouvement de libération des femmes du vingtième siècle.
Il y a longtemps de cela, bien avant d'être la femme libre qu'elle est devenue, Tanah se souvient avoir été l'enfant d'un roi, la fille du souverain déchu et exilé d'un éblouissant archipel, Loin-Confins, dans les immensités bleues de l'océan Frénétique. Et comme tous ceux qui ont une île en eux, elle est capable de refaire le voyage vers l'année de ses neuf ans, lorsque tout bascula, et d'y retrouver son père. Il lui a transmis les semences du rêve mais c'est auprès de lui qu'elle a aussi appris la force destructrice des songes.
En juillet 1964, Francis Bacon, alors âgé de cinquante-quatre ans, est au sommet de son art. Pierre Koralnik tourne, presque par hasard, un bref documentaire sur l'artiste pour la Radio Télévision Suisse. Vingt et une minutes d'une vérité énigmatique, au cours desquelles on suit le peintre, le verre à la main, entouré d'une petite cour amicale et amoureuse. De ces images visionnées encore et encore, Gilles Sebhan décante les forces en présence dans l'atelier de Reece Mews, ces Parques qui poursuivent Bacon, l'amant malheureux qui se donnera la mort, l'ami ténébreux qui tente d'empêcher le tournage. Bacon, qui répond en français aux questions du journaliste Émile de Harven, laisse échapper dans la béance de la langue de fulgurantes mèches de lucidité qui donnent à percevoir, selon un mot de Chaplin, « un homme si profondément pessimiste qu'il pouvait se permettre d'être magnifiquement frivole ».
À la Colonie, en lisière de la forêt, il y a des enfants malades, des orphelins et des estropiés, des rescapés. Ils ont des noms à rallonge, La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule, Destiny-Bienaimée, Mohamed-Ali, Tout-Le-Fait-Rire. Ils sont divisés en deux groupes, strongues et bitches, et les strongues tabassent, et les bitches ne se laissent pas faire. Ils sont plus habitués à la violence qu'à la tendresse, ça n'empêche pas les amitiés, les amours. Ils ont peur de la forêt, mais elle les attire, ces gamins. Pas loin, un village, enserré dans des montagnes. Comme partout, la lutte des classes règne, entre bergers, paysans, et maîtres des forges. On trouve des christian, des muslim, des supermuslim. Les vrais supermuslim menacent, ils veulent prendre le village pour leur califat. Il y a des Grands-Incendies et des Grandes-Vagues, des pluies corrosives ou du soleil qui tape dur.
Dans Forêt-Furieuse, Sylvain Pattieu fait s'entrechoquer la vitalité enfantine, l'imaginaire destructeur du djihadisme, la violence des guerres contemporaines, sur fond de contes et légendes d'Ariège, de paysages des Pyrénées et de Seine-Saint-Denis. Et puis il y a son écriture, scandée par le rap et nourrie de la langue populaire d'aujourd'hui.
L'île est au milieu du lac. Le lac au milieu des montagnes. Sur l'île il y a une maison, comme une île dans l'île. Un homme vit là. Le temps en ces lieux pourrait être celui de l'éternité. La vie parfaite, achevée, pourrait tenir tout entière dans une pierre de rêve. C'est le récit qu'en fait Arnaud Rykner, avant de faire celui de la fin d'un monde. Poème narratif sur le temps, un hommage à la culture japonaise qui sonne avec la beauté des haïkus.
Entre France et Portugal, de 1955 à 1995, les destins croisés de trois générations d'hommes, coupés les uns des autres bien que reliés par le fil du sang. Entre Vasco, le grand-père, fuyant en France avec femme et enfants les conséquences d'un acte que ses descendants ne connaîtront que bien des années plus tard, et Arthur le petit-fils qui ne parle pas un mot de portugais, il y a la formidable personnalité de Fernando, le maçon, l'entrepreneur, l'homme qui veut repousser l'horizon. Lui choisit d'épouser une Française et vit dans sa chair le déchirement entre deux communautés. Étranger à son père comme à son propre fils, il hante ce magnifique roman d'un désespoir intime aussi secret que destructeur.
Damien Ribeiro joue en virtuose de ces trois personnages qui traversent, l'un le Portugal de Salazar et l'Espagne de Franco, le deuxième le mirage des Trente Glorieuses, le plus jeune le vertige de la déception paternelle. Il raconte aussi l'histoire d'une diaspora silencieuse.
Abandonnée à l'âge de 3 ans, Jeanne vit depuis lors à l'orphelinat Notre-Dame, à Rodez. Jeune fille jolie et intelligente qui rêve d'être brodeuse, elle est placée en 1905 en apprentissage à Millau, se fait renvoyer par sa patronne et se retrouve bonne sur un domaine isolé du Lévezou. La voilà fille-mère à 18 ans. Va-t-elle reproduire son propre destin et devoir abandonner elle-aussi sa fille ?
Fleur et Harmonie : les prénoms des deux héroïnes du roman de Marie-Sabine Roger sont, disons... un peu trompeurs. Car Fleur, âgée de 76 ans, est une dame obèse et phobique sociale. Et Harmonie, 26 ans, est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. En clair, son langage est ordurier et elle ne peut retenir des gestes amples et violents. Bientôt rejointes par une bande de « bras cassés » émouvants et drôles, elles vont nous entraîner dans une série d'aventures. Ce roman profondément humaniste donne une vision positive de la différence, refusant le regard excluant et prônant la chaleur du collectif. Un « feel good book » réjouissant.
Une enquête sur l'aliment le plus emblématique de l'histoire humaine depuis le Néolithique, des origines de la panification, en passant par l'avènement du pain « moderne » dangereux pour la santé, jusqu'aux alternatives réjouissantes portées par une nouvelle génération de boulangers passionnés et engagés dont Adriano Farano fait incontestablement partie.
Quelle est la nature du sentiment qui lia toute sa vie Helen à Frank ? Il faut leurs retrouvailles, par hasard à Londres, pour qu'elle revisite le cours de leur double existence. Elle n'espérait plus le revoir - tous deux ont atteint les 80 ans - et l'on comprend qu'un événement tragique a mis fin à leur relation. Dans un retour sur soi, la vieille dame met à plat ces années passées avec, ou loin, de Frank, qu'elle aida à devenir un peintre célèbre. Une vie de femme dessinée dans toutes ses subtilités et ses contradictions. Dans ce quatrième roman, Julia Kerninon, qui a obtenu de nombreux prix pour ses précédents livres, déploie plus encore ses longues phrases fluides et imagées, d'une impeccable rythmique.
Dans son troisième roman, réédité sous un nouveau format et une nouvelle couverture, Claudie Gallay nous emmène à Venise, en hiver, sur les pas d'une femme à la recherche d'un nouveau souffle de vie. Une très belle réflexion sur l'amour, mais aussi sur l'Histoire et la création artistique.
« C'est chaque fois pareil, quand apparaît cette photo de moi à quinze ans avec ces cheveux bruns, la seule qui existe encore de cette époque, comme une pièce à conviction que j'aurais omis de détruire, je me fais l'effet d'une fugitive qu'on démasque. »
Une femme remonte le cours de sa vie, à la manière d'un détective qui enquêterait sur son propre crime, à la recherche d'un secret inconnu et inavouable, à propos d'une soeur morte ou peut-être d'un fils. Des maisons, des mariages, des décès, des baptêmes, des bombardements, les lunettes d'écaille d'un officier allemand, des voisins juifs qu'on veut croire enfuis à Copacabana : en trente- six brefs chapitres se trame le double panorama d'une existence dont les zones d'ombre s'épaississent à mesure que s'en approche l'origine et du destin d'une génération qui a cru toucher au bonheur.
Dans une écriture vertigineusement subtile, Yves Revert esquisse le portrait inépuisable d'un personnage au féminin dans une époque qui s'est voulue échappée de l'Histoire. Et sans doute chacun d'entre nous reconnaîtra une part de soi-même dans cette femme qui s'interdit les faux pas mais qui est toujours au bord d'une faille. Qui a rêvé de se faire une belle vie mais qui en éprouve à chaque instant la féroce irréalité. Et qui se raconte devant nous une histoire dont elle ne sait si elle a vraiment existé.
De l'Ancien au Nouveau Monde, le destin de trois bateaux et de leurs équipages, un négrier, un vaisseau pirate et un navire marchand. Avec ces péripéties nombreuses et ses personnages fascinants (depuis l'esclave africain jusqu'à l'armateur hollandais), cet hommage aux romans d'aventures se saisit du genre pour le renouveler d'une façon très inventive. Un roman contemporain, donc, au grand souffle romanesque, porté par une réflexion politique sur ce que fut cette première mondialisation.
Germain est l'idiot du quartier, il passe son temps à prendre du bon temps, avec sa copine et ses copains de bistro. Jusqu'à ce qu'il rencontre au jardin public une vieille dame très cultivée qui le fait entrer dans le monde des livres et des mots. Son rapport aux autres et à lui-même en est bouleversé. Mais il n'en perd pas pour autant sa verve et sa lucidité décapantes...
Un vrai plaisir de lecture et un roman émouvant. Un hommage aux livres, à Camus, Gary et Sepulveda.
Attila Kiss, cinquantenaire hongrois en bout de course, tombe amoureux d'une jeune Viennoise riche et cultivée. Tout les sépare : la classe sociale, l'Histoire de l'Empire austro-hongrois, l'ancien mur entre l'Est et l'Ouest.
Dans son deuxième roman, Julia Kerninon illustre magistralement l'idée que l'amour est un art de la guerre, avec ses victoires, ses défaites, ses frontières, et sa conquête de l'altérité. Par l'auteur de Buvard, premier roman aux nombreux prix, dont le prix Françoise Sagan.
Un jeune homme réussit à forcer la porte d'une romancière célèbre, Caroline N. Spacek, réfugiée en solitaire dans la campagne anglaise depuis plusieurs années. Très jeune, elle a connu une gloire littéraire rapide et scandaleuse, après une enfance marquée par la violence et la marge. Il finit par s'installer chez elle et recueillir le récit de sa vie. Premier roman d'une auteure âgée de 25 ans.
Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes... Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.
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Un pari lors d'une soirée trop alcoolisée amène Enzo MacLeod, ancien légiste de la police écossaise établi en France, à entreprendre une enquête autour de la mystérieuse disparition de Jacques Gaillard, ancien conseiller du Premier ministre devenu star de la télévision et dont on n'a plus aucune trace depuis le mois d'août 1996. Cette affaire énigmatique va le conduire de surprise en coup de théâtre d'un bout à l'autre de la France, dans un macabre jeu de piste imaginé par des esprits aussi brillants que machiavéliques.
A Guernica, en avril 1937, le jeune Basilio passe son temps dans les marais à peindre des hérons cendrés, alors que la population fuit dans la crainte de l'arrivée des Nationalistes. Le jour même du bombardement, le 26 avril, il cherche à rendre le frémissement invisible de la vie, dans les plumes d'un oiseau. Mais une fois la ville en feu, il ne peut se retenir d'aller voir, de ses propres yeux le massacre. Comment rendre compte de la réalité,
que ce soit celle d'un héron ou d'une guerre terrible ? Basilio se rendra jusqu'à Paris, au début de l'été, pour découvrir le « Guernica » de Picasso, cette peinture magistrale, témoignage imparable de la tragédie, bien que le peintre célèbre n'en ait pas été le témoin. Avec son économie de style, Antoine Choplin nous interroge sur la nécessité de l'art pour rendre compte de notre condition humaine, même la plus extrême.
Gil Petty était un critique redoutable dans le monde des vins, de ceux qui font et défont les rois. Il s'intéressait au vignoble de Gaillac lorsqu'il a disparu. Un an après, son cadavre réapparaît, dressé comme un épouvantail dans les vignes et dans un sale état. Il semble avoir séjourné un moment dans une barrique de rouge... Précédé de sa flatteuse réputation d'enquêteur hors pair, Enzo Macleod décide de reprendre une enquête restée au point mort. Sauf qu'entre les dégustations de grands crus et l'offensive de charme de la fille du défunt, c'est bel et bien sa peau qu'il met en jeu. Car le tueur n'est pas à un meurtre près. Bouteilles, cadavres et compagnie, on déguste avec Peter May !
Mortimer s'est préparé à mourir le jour de ses 36 ans, comme cela a été le cas pour tous ses ascendants mâles. Il a quitté son travail, rendu son appartement et vendu sa voiture... mais la malédiction ne s'abat pas sur lui. Que reste-t-il à faire, lorsque la mort attendue ne vient pas ? Il faut apprendre à vivre vraiment ! Après ses précédents succès, notamment La tête en friche et Bon rétablissement, tous deux adaptés au cinéma par Jean Becker, Marie-Sabine Roger revient avec un roman plein d'humanité, aux personnages émouvants, croqués avec humour et justesse. Une belle réflexion sur le sens de la vie !
Merlin, auteur d'une série BD à succès, perd son vieux copain Laurent, qui lui a inspiré son héros, Jim Oregon. Comment continuer à le faire vivre dans ses dessins, d'autant que dans son « testament », Laurent lui impose deux contraintes pour l'album à venir.... Marie-Sabine Roger s'amuse allègrement à jongler entre deux mondes, celui de la réalité et de la BD, et donne naissance comme toujours à une tribu de personnages tout en couleurs. Par l'auteur notamment de La Tête en friche, Bon rétablissement et Trente-six chandelles.
Le 14 juin 1944, Marielle Lavabre réussit brillamment son certificat d'études. D'une modeste famille d'agriculteurs, cette jeune fille studieuse rêve de devenir institutrice. Inscrite dans une école catholique, le pensionnat Sainte-Anne, elle en découvre la discipline glaciale. Lorsque son frère Sylvain, destiné à reprendre la ferme familiale, annonce son prochain mariage avec leur cousine germaine, Marielle est loin de se douter des conséquences dramatiques que cette union va avoir sur sa propre existence. Dans ce roman qui lui a été inspiré par le rêve perdu de sa propre mère, Daniel Crozes campe l'émouvant portrait d'une jeune femme à qui sa famille demande de sacrifier ce qui lui est le plus cher, à une époque où l'on favorise unanimement les hommes.