raphaël confiant
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« Quand quelqu'un annonçait que tel soir, il irait «au 33», chacun savait de quoi il retournait. Le 33 de la rue Blomet était devenu une réplique en miniature des Antilles, le seul endroit où l'on pouvait se permettre de n'être plus sur ses gardes. »
Au sortir de la Grande Guerre, le Tout-Paris se presse la nuit venue au bal de la rue Blomet, au coeur de Montparnasse. Dans ce joyeux chahut où l'on vibre et s'enivre au rythme du jazz, de la valse ou de la biguine - une musique nouvelle venue des Antilles -, les frontières sociales et ethniques s'estompent. Parmi les habitués des lieux, Élise, Anthénor et Frédéric, trois exilés martiniquais épris de reconnaissance et de liberté, tenteront d'échapper à leur condition et à leur destin. -
Marie-Héloïse, fille du Roy
Raphaël Confiant
- Mercure de France
- Litterature Generale
- 5 Septembre 2024
- 9782715262973
Marie-Héloïse vit à Paris dans un orphelinat jusqu'au jour où, à quinze ans, on l'envoie en Nouvelle-France (Québec). En ce XVII? siècle, le royaume de France est en pleine expansion : par-delà les mers, des terres nouvelles sont investies. Mais ce «Nouveau Monde» manque de femmes. Des milliers de «filles du Roy» - orphelines ou prostituées - sont ainsi expédiées de force dans ces contrées lointaines pour épouser des colons et fonder des familles. Pour Marie-Héloïse, c'est le début d'un long périple plein de rebondissements. Après la traversée de l'Atlantique, elle épouse en Nouvelle-France un bûcheron canadien. Bientôt, menacés par les Anglais de Nouvelle-Angleterre, ils fuient vers Saint-Domingue (Haïti) avec leur fils, où ils acquièrent une plantation de canne à sucre. À la suite d'une révolte d'esclaves, ils doivent s'exiler à nouveau. Veuve, Marie-Héloïse échoue finalement à la Martinique, après avoir été retenue captive des Indiens caraïbes... Raphaël Confiant nous conte le destin incroyable de Marie-Héloïse, aventurière malgré elle, ballottée par les vents mauvais de l'histoire, une orpheline parisienne devenue une Blanche créole respectée.
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«Charles s'amusait de la voir si secrète et cousue sur sa vie d'avant qu'elle décrivait sous des dehors contradictoires allant de l'enfer des plantations de canne à sucre au paradis des rivières enchantées et des plages de sable blanc. Elle s'était refusée à lui expliquer pourquoi et comment elle avait débarqué en France. - Ce n'est pas ton affaire ! Contente-toi de savoir que je suis à toi et à toi seul.» Pour la postérité, le nom de Jeanne Duval reste lié à celui de Charles Baudelaire. Apprentie comédienne ou fille de joie, muse ou diablesse, qui était vraiment celle qui traversa la brève existence de l'auteur des Fleurs du mal, enchanta sa plume et le plongea dans les tourments de l'amour et de la passion ? C'est cette histoire torride, délétère et sublime entre la «Vénus noire» et le poète que Raphaël Confiant nous raconte dans un roman foisonnant émaillé de vers célèbres.
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«De quelque côté que l'on se tournât, on ne voyait qu'une étendue bleu nuit, irisée d'écume, qui semblait s'ingénier à repousser l'horizon. Ce voyage n'aurait jamais de fin. Ou plutôt il conduirait le navire aux Enfers.» À la Martinique, au début du XVIII? siècle, le jeune et riche noble Gabriel-Mathieu d'Erchigny rêve de parcourir le monde. Lorsqu'il découvre l'existence du café, il décide d'implanter ce breuvage à la mode chez lui, aux Antilles. Or, le Jardin royal des Plantes à Paris conserve quelques caféiers, sous étroite surveillance. Comment faire pour les dérober ? Si le hasard des rencontres jouera en la faveur de l'ambitieux aventurier, son odyssée ne fait que commencer...
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«Dès le premier jour sur cette terre d'Amérique, je me jurai que personne ne me marcherait plus sur les pieds ni ne me traiterait en petite Négresse. Personne!».
New York, années 1920-1940. Venue de sa Martinique natale, Stéphanie St-Clair devient reine de la loterie clandestine. Surnommée «Queenie» par le milieu, elle affronte la pègre noire et la mafia blanche. Traversant avec panache toutes les époques - de la Première Guerre mondiale au début du Mouvement des droits civiques -, elle devient une icône à Harlem, mais aussi dans nombre de ghettos noirs du nord des États-Unis.
Ce roman rend justice à celle qui fut, outre une femme-gangster impitoyable et cruelle, un précurseur de l'affirmation féministe afro-américaine.
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"Dorsival réalisait quun des trois grains avait été escamoté. Il lui fallait trouver le dé lesté de plomb et léchanger. Vite! Mais tous, maintenant, surveillaient ses manches, ses bras, ses mains. Car tous savaient que les commandeurs des dés étaient de prodigieux tricheurs. Il ny avait dans leurs yeux aucune once damicalité. Ceux-là mêmes qui à linstant raillaient Rosalien se rappelaient, maintenant que le vent avait tourné, que Chérubin nétait pas un nègre dici. À force de palper les dés du bout des doigts, il découvrit le grain pesant.
Tonnerre de sort! pensa-t-il." Dans la Martinique des années cinquante, Rosalien est un "major", respecté de tous. Il a bâti sa fortune dans les tripots et en pariant sur les combats de coqs. Mais rien nest immuable et Rosalien l'apprend à ses dépens. Raphaël Confiant nous offre la chronique picaresque dune société que vient ébranler la modernité.
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Le 8 mai 1902, une gigantesque éruption volcanique détruisait Saint-Pierre, capitale de la Martinique. 30 000 personnes perdirent instantanément la vie, sauf un condamné à mort, Syparis, emprisonné dans un cul-de-basse-fosse. Tout un monde créole riche et coloré, fait d'affrontements sévères entre Grands Blancs, mulâtres et Noirs, d'amours violentes et d'amitiés tourmentées, de dur labeur et de festivités carnavalesques, disparaissait à jamais.Raphaël Confiant tente de le ressusciter au travers d'une fresque brûlante où l'on croisera des personnages aussi hauts en couleur que le négociant Dupin de Maucourt, le professeur de philosophie mulâtre Pierre-Marie Danglemont et sa bande de noceurs, Syparis, maître ès larcins, et l'énigmatique Lafrique-Guinée. D'étonnantes figures féminines se dégagent:des femmes-matador telles que Thérésine, Hermancia ou Mathilde, des femmes-debout comme la lessivière Marie-Égyptienne ou Rose-Joséphine et la mystérieuse quarteronne Edmée Lemonière, à qui Danglemont voue une passion qui n'est point payée de retour.
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1939- 1945. Cernée de sous-marin allemands, convoitée par les Alliés, la Martinique reste française. Sous la houlette de l'amiral Robert, envoyé plénipotentiaire de Pétain, la voilà soumise aux lois et aux rites de Vichy.C'est cette rencontre tragique et dérisoire entre tropiques et "Révolution nationale" que l'on revivra ici, autour de personnages inoubliables : Rigobert et Phimomène, les "nègres" du bidonville, Alcide, l'instituteur Vidrassamy, l'Indien d'autres encore. Un petit monde avec ses clans, ses rêves, ses souffrances, sa gaieté ses mots savoureux. Une histoire oubliée que restitue un romancier confirmé depuis Eau de Café.Une divine surprise... Ce livre a tout pour plaire , séduire et bousculer. Alain Bosquet, Le Magazine littéraireOn le sent: la vraie Martinique est là, palpitante, hilare, tragique. Comme je voudrais vous convaincre de découvrir ce livre et de l'aimer ! François Nourissier, Le Figaro Magazine
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À l'heure des grandes famines en Inde, Adhiyamân Dorassamy s'embarque pour une redoutable traversée, celle des deux océans, pour ne pas finir comme ses parents dans la panse des chacals. Fuir la misère et échouer aux Antilles, les «Indes occidentales», pour remplacer les esclaves désormais affranchis dans les plantations de cannes à sucre, fut le lot de milliers de «Coulis». Aveuglément soumis aux planteurs, ostracisés par les Nègres et les Mulâtres, diabolisés par le catholicisme omnipotent qui fait la guerre aux dieux païens, ces Indiens inventent un art de la survie et s'insèrent dans le monde créole auquel ils apportent leur douceur et leurs multiples divinités.À travers deux générations de Dorassamy, Raphaël Confiant éclaire une face méconnue de l'identité antillaise en révélant la part indienne de la créolité : un univers baroque servi par une langue métisse nourrie de la poésie du créole et des sonorités mystérieuses du tamoul.
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L'insurrection de l'âme ; Frantz Fanon, vie et mort du guerrier-silex
Raphaël Confiant
- Caraibeditions
- 20 Avril 2017
- 9782373110111
Engagé volontaire dans les Forces Françaises Libres pendant la Seconde guerre mondiale, psychiatre, militant pour l'indépendance algérienne, rédacteur à El Moudjahid, représentant du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne en Afrique noire, auteur d'ouvrages au succès retentissant tels que "Peaux noires, masque blanc" et "Les Damnés de la terre", décédé tragiquement de la leucémie dans un hôpital du Maryland à seulement 36 ans, Frantz Fanon, est avec Aimé Césaire et Edouard Glissant, un Martiniquais mondialement connu et reconnu. Raphaël Confiant tente de pénétrer dans l'intériorité d'un homme fort secret sur sa vie personnelle et presque entièrement voué aux grandes causes qu'il défendait. Derrière le combattant révolutionnaire, il y avait un être humain avec ses doutes, ses espoirs, ses souffrances et ses joies. "L'INSURRECTION DE L'ÂME" fait le pari de les donner à voir et à lire.
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Éloge de la créolité / in praise of creoleness
Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant
- Gallimard
- Hors Serie Litterature
- 13 Mai 1993
- 9782070733231
«Ni Européens, ni Africains, ni Asiatiques, nous nous proclamons Créoles. Cela sera pour nous une attitude intérieure, mieux : une vigilance, ou mieux encore, une sorte d'enveloppe mentale au mitan de laquelle se bâtira notre monde en pleine conscience du monde.» Publié en 1989, cet éloge de l'identité créole, cette quête lyrique «d'une pensée plus fertile, d'une expression plus juste, d'une esthétique plus vraie», fonde un art poétique qui devait très vite, dans une illustration magnifique, donner des oeuvres importantes : Raphaël Confiant a reçu le prix Novembre pour Eau de Café (1991), Patrick Chamoiseau le prix Goncourt pour Texaco (1992). Neither Europeans, nor Africans, nor Asians, we proclaim ourselves to be Creoles. For us this will be a state of mind, or, rather, a state of vigilance, or, better still, a sort of mental envelope within which we will build our world, in full awareness of the world. Published in 1989, this hymn to the Creole identity, this lyrical quest for a more fertile way of thinking, for a more accurate means of expression, and for a more genuine aesthetics, laid the foundations of a poetic art that was very quickly, and brilliantly, to produce major works : Raphaël Confiant was awarded the prix Novembre for Eau de Café (1991), and Patrick Chamoiseau received the prix Goncourt for Tewaco (1992).
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1935. La Martinique s'apprête à vivre un grand événement : la célébration du tricentenaire du rattachement des Antilles à la France.Amédée Mauville, partagé entre son amour pour Ida, négresse mystérieuse, et son désir d'écrire, découvre l'histoire occultée de son peuple au travers d'un tableau d'officier napoléonien rapporté de Paris. L'officier n'est autre que Louis Delgrès, combattant émérite et fidèle au drapeau tricolore, qui en viendra à s'opposer par les armes au rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe au début du XIX? siècle.Dans une langue poétique et charnelle, Raphaël Confiant nous donne à lire un roman foisonnant dans lequel alternent deux périodes : celle, terrible, au cours de laquelle des millions de Noirs furent arrachés à l'Afrique pour travailler dans les plantations des Antilles ; cette autre, pathétique mais pleine d'humour créole, qui vit le renforcement du processus assimilateur mis en oeuvre par la France...
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Les Terres-Sainville, un quartier populaire de Fort-de-France, à la fin 1959. L'émeute surgit, sans que personne l'ait prévue. Les forces de l'ordre tirent sur ce peuple qui attendait tout de celui qu'il appelait « Papa de Gaulle »... Autour de ce drame, Raphaël Confiant déploie mille aventures, celles de personnages hauts en couleur. De madame Villormin, tenancière de boxon clandestin, à Ancinelle Bertrand, au déhanchement prometteur, en passant par le distingué monsieur Jean, émule de Saint-John Perse et coureur de jupons, tous sont les représentants de ce peuple unique, qui puise dans quatre continents, trois religions et une foultitude de langues.
Par la grâce de cette langue tout à la fois pulpeuse et drue qu'est le français des Antilles, Raphaël Confiant mêle le tragique au comique pour restituer une tranche de vie de l'histoire de son peuple.
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Man Hortense a perdu son fils Théodore, coupeur de canne émérite, à la bataille de la Marne, pendant la guerre de 14-18. Il faisait partie du «Bataillon créole» dans lequel des milliers de jeunes soldats s'enrôlèrent pour aller combattre dans la Somme, la Marne, à Verdun et sur le front d'Orient.
C'est du point de vue martiniquais que Raphaël Confiant a choisi de nous faire vivre cette guerre. Il y a donc Man Hortense ; mais aussi Lucianise, qui tente d'imaginer son frère jumeau Lucien à Verdun ; Euphrasie, la couturière, qui attend les lettres de son mari, Rémilien, prisonnier dans un camp allemand. Et, à leurs côtés, ceux qui sont revenus du front : rescapés, mutilés et gueules cassées créoles...
Éloge de la mémoire brisée et sans cesse recousue, Le Bataillon créole donne la parole à ces hommes et à ces femmes qui, à mille lieues des véritables enjeux de la Grande Guerre, y ont vu un moyen d'affirmer leur attachement indéfectible à ce qu'ils nommaient la «mère patrie».
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En janvier 1948, à la Martinique, une statue de la Vierge surgit après avoir traversé l'Atlantique sur une simple barque. Promenée de paroisse en paroisse, cette Madone du Grand Retour, nommée ainsi par l'évêché, déchaîne les passions, suscite des miracles et des conversions. Noirs, mulâtres, Indiens, Chinois, tous rêvent de s'affranchir de la tutelle de ces pharaons modernes que sont les grands Blancs. Dans une atmosphère d'hystérie collective, Philomène, la péripatéticienne féérique, Adelise sa nièce, enceinte de onze mois, Rigobert le fier-à-bras, Fils-du-Diable-en-Personne, Bec-en-Or, Dictionneur, qui a appris le Littré par coeur, et bien d'autres embarquent avec la Vierge pour un pèlerinage où chacun aura formulé un voeu dans le secret de son coeur... Ainsi Raphaël Confiant nous fait vivre toute la «diversalité» de la Martinique dans ce roman épique, drôle et inspiré, servi par un style truculent et une langue réinventée.
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À la fin des années cinquante, en Martinique, le petit peuple de Grand-Anse, un gros village situé face à l'océan démonté, découvre que la jeune Lysiane, une belle négresse bleue, est devenue écrivaine. Elle va détrôner sa rivale, la mûlatresse Amélie qui, jusqu'à présent, avait, seule, le titre de princesse de Grand-Anse. Nombreux sont les enjôleurs qui vont lui conter fleurette devant ses fenêtres. Mais Lysiane se retranche derrière son amour immodéré de l'écriture et la folie de ses rêves et nul ne saura pourquoi deux de ses prétendants sont retrouvés morts, tués sauvagement.
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Autobiographie imaginée d'un Martiniquais dont l'oeuvre et la trajectoire marquèrent l'histoire non seulement de l'Algérie et du Tiers-monde, mais aussi du monde entier : Frantz Fanon, le "guerrier-silex" comme le définissait son compatriote Aimé Césaire. Vie brève, assemblée à la manière d'un puzzle dont les pièces s'ajustent et se disjoignent, se recomposent pour mieux s'éloigner, entre l'ile natale perdue-retrouvée, la France découverte dans sa vérité vraie, l'Algérie, sa patrie d'adoption, passionnément aimée et l'Afrique noire, terre longtemps rêvée.
Derrière le militant révolutionnaire, il y avait une personnalité hors du commun qui n'aimait pas se livrer, dévouée qu'elle était à la lutte contre l'oppression coloniale. Raphaël Confiant tente le pari un peu fou de se mouler dans la vie de Fanon pour le donner à voir (et à lire) sous une facette moins hagiographique que celle que l'on présente généralement.
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Dictionnaire créole martiniquais français
Raphaël Confiant
- Orphie
- Dictionnaire
- 23 Août 2022
- 9791029805103
Plus de 15 000 entrées, des milliers d'exemples extraits d'oeuvres littéraires créoles anciennes et modernes, des centaines d'expressions idiomatiques, de proverbes et de titim (devinettes), accompagnés de leur traduction en français, tel se présente le tout premier dictionnaire du créole martiniquais. De tous les créoles, il était, en effet, le seul à ce jour à ne pas disposer de cet outil indispensable à une connaissance sérieuse de la langue. Fruit d'une quinzaine d'années de travail, ce dictionnaire se veut tout à la fois un manuel au service des élèves, étudiants et professeurs ainsi qu'un ouvrage pratique pour le grand public.
Comme tout dictionnaire, le présent ouvrage reflète une tranche de vie de la langue, celle que parle son auteur, mais il ne néglige pas pour autant les mots tombés dans l'oubli, ces fameux archaïsmes qui font, en créole plus que dans toute autre langue, la richesse de cette dernière, pas plus qu'il n'ignore les mots nouveaux, les néologismes, qui, eux, témoignent de la vitalité de celle-ci. Les textes publiés en créole dès le XVIIIe siècle permettent de recenser les premiers, les enquêtes de terrain la collecte des seconds. Cet ouvrage ne fait pas fi non plus de l'interpénétration des différents créoles caribéens et guyanais, par le biais de la musique, des médias et surtout de l'immigration et du fait que le créole martiniquais adopte sans arrêt des mots venus de la Guadeloupe, de la Guyane, de Sainte-Lucie, de la Dominique et d'Haïti.
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Les ravines du devant-jour sont les paysages de l'enfance, l'avant-dire de la vie. Le petit chabin, «nègre et pas nègre, blanc et pas blanc à la fois», vit sur la propriété de son grand-père, Papa Loulou : plus de trente hectares de mornes bossus, de champs de canne à sucre, de jardins d'ignames et de choux de Chine, bien loin du bourg de Grand-Anse du Lorrain et encore plus de Fort-de-France. Enfance libre comme l'air diaphane des ravines où le petit chabin et sa «bande de négrillons» cueillent l'herbe-cabouillat, traquent le lézard-anoli, guettent l'oiseau-Gangan faiseur de pluie, l'oiseau-Cohé qui annonce la mort. Douce errance créole entre les «grands-mères, la marraine, et leurs amis, toutes personnes de grand maintien et d'ardente amour», parmi ces êtres non pareils au commun des mortels : djobeurs, crieurs, accoreurs, quimboiseurs, conteurs, passeurs des mots qui vont faire de l'enfant un relayeur de parole. Parole de poésie, parlure de nègre, de créole et de français «enliannés», qui seule peut faire resurgir l'exacte lumière des ravines de l'enfance.
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«Seuls les rares étrangers, qu'on dérisionnait sous le vocable d'emmenés-par-le-vent à s'aventurer dans cette partie du quartier des Terres-Sainville, parfois cognaient, en vain, sur la porte d'entrée en quête d'une chambre. Inévitablement, ces pauvres bougres étaient accueillis par les braillements d'une plantureuse négresse, qui bordillait la cinquantaine, Man Florine, celle-ci trouvant là l'occasion d'étaler sa défiance envers la gent masculine et de l'univers entier tout à la fois : On veut quoi ? Y a pas de chambres pour baiser ! Ce sont des gens de bien qui habitent ici ! Si vous chercher une catin, allez donc à la Cour Fruit-à-Pain !» L'Hôtel du Bon Plaisir a connu bien des histoires depuis sa construction. Ses pittoresques habitants représentent la société créole dans toute sa truculence.
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Enquête sur une disparition Fort-de-France, jour du Mardi-gras. Un universitaire très connu disparaît. Il a été vu pour la dernière fois aux abords du cimetière des riches, boulevard Général-de-Gaulle, déguisé, comme les membres du défilé carnavalesque auquel il appartient, en maharadjah indien.
Alertée, la police soupçonne un enlèvement par un groupe mafieux qui a mis le grappin sur les finances de l'Université depuis une vingtaine d'années, et dont les turpitudes ont récemment été révélées. Or l'universitaire a été de ceux qui ont le plus vivement dénoncé leurs malversations.
En plein carnaval, l'enquête s'annonce difficile pour Casimir Beaumanoir, le plus fin limier du commissariat de Fort-de-France, personnage singulier aux méthodes peu orthodoxes, athée revendiqué, musicophobe, partisan de la légalisation de la marijuana thérapeutique, rentier inconséquent, grand lecteur de Sénèque et gribouilleur de poèmes à ses heures.
Convaincu de pouvoir retrouver l'universitaire le lendemain même, soit le mercredi des Cendres, dernier jour du carnaval, Beaumanoir remonte la piste de groupes carnavalesques dans les quartiers populaires... S'agit-il d'un crime passionnel ou d'une disparition volontaire, comme le suppose la presse ? Ou bien l'enjeu est-il plus grave encore, comme le laisse croire la présence de Heinrich Kriegel, inspecteur de l'OLAF (le FBI européen), qui doit assister Beaumanoir contre son gré ?
Le nouveau livre de Raphaël Confiant, figure de proue des lettres créoles, mélange roman à clé, polar débridé et campus novel à l'américaine, avec la liberté de plume qu'on lui connaît.
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Adèle, fille cadette de Victor Hugo, s'est enfuie en Amérique à la recherche de son amant, l'officier anglais Albert Pinson. D'Halifax au Canada, à la Barbade, dans l'archipel des Antilles, Adèle poursuit un homme qui n'existe peut-être pas... Son esprit est dérangé et elle erre sur les quais de Bridgetown, capitale de la Barbade, lorsqu'elle est recueillie par Céline Alvarez Bàà, sauvée in extremis d'une déchéance absolue. Céline, solide Négresse, est une pacotilleuse qui parcourt les îles et la terre ferme, de Saint-Domingue à Carthagène des Indes, de Cayenne à La Havane, munie de lourds paniers caraïbes. Se prenant d'affection pour Adèle, elle décide de l'emmener à Saint-Pierre de la Martinique, le «petit Paris du Nouveau Monde», puis de la raccompagner en France chez son illustre père... Raphaël Confiant dresse deux beaux portraits de femmes et nous révèle, dans une langue riche des sonorités de toutes les langues parlées aux Antilles, une des facettes, insoupçonnée, du choc entre l'Ancien et le Nouveau Monde...
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« À nous nommer et nous surnommer tous "Chine", ils croient nous plonger dans l'indistinct. Ils ne se rendent pas compte que, le temps ayant fabriqué du temps, nous avons fini par devenir eux. Non pas le "Eux" qu'ils étaient avant notre débarquée dans ce pays-là, mais un nouveau "Nous".
Notre sang s'est mêlé au leur, à leur corps tantôt défendant tantôt désirant, nos voix se sont confondues peu à peu avec leurs chants, avec leurs rires. » Pour les immigrants chinois du XIXe siècle, l'arrivée en Martinique constitua un choc culturel. Raphaël Confiant retrace, à travers l'histoire de trois familles de l'empire du Milieu, l'épopée oubliée de ces milliers d'hommes et de femmes forcés d'abandonner leur pays et sommés de s'adapter à une culture et une langue nouvelles.
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Aux Antilles, au temps de l'esclavage, les riches planteurs békés craignant des révoltes enterraient leur fortune dans des jarres en un lieu tenu secret. Dans les années cinquante, le bruit courut qu'une de ces jarres contenait aussi des livres aux pouvoirs mystérieux. Ces livres semblent à portée de main d'Augustin Valbon. À moins qu'il ne s'agisse d'un mirage, ou d'une diablerie... Si elle est bien réelle, cette découverte pourrait changer le destin du jeune homme ! Car pour l'instant en rupture de ban avec sa famille bourgeoise, Augustin vivote dans le quartier mal famé des Terres-Sainville... Quête initiatique et formidable roman d'aventures, La jarre d'or est aussi une réflexion sur le mystère de l'écriture et la condition de l'écrivain dans une culture dominée par l'oralité.