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«- Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai. - Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con. - Qu'est-ce qui t'intéresse alors ? Zazie ne répond pas. - Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu'est-ce qui t'intéresse ? - Le métro.»
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Le narrateur rencontre, dans un autobus, un jeune homme au cou long, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse au lieu de ruban. Le jeune voyageur échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus. Cette brève histoire est racontée quatre-vingt-dix-neuf fois, de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes. Mise en images, portée sur la scène des cabarets, elle a connu une fortune extraordinaire. Exercices de style est un des livres les plus populaires de Queneau.
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On connaît le célèbre apologue chinois : Tchouang-tseu rêve qu'il est papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ? De même dans ce roman, est-ce le duc d'Auge qui rêve qu'il est Cidrolin ou Cidrolin qui rêve qu'il est le duc d'Auge ?
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On est en 1916, et au Havre : camps anglais, travailleurs chinois et kabyles, premiers Charlot. Depuis treize ans, toutes les saisons ont été rudes au coeur de Bernard Lehameau, encerclé par un malheur qu'il n'a pu dépasser. La guerre offre de nouveaux thèmes à sa haine, dirigée contre tout ce qui l'entoure...
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Engagé volontaire pour cinq ans, Valentin Brû, au bout de ce temps, n'est encore que soldat de deuxième classe. Il se laisse alors épouser par une mercière de Bordeaux, demoiselle d'âge mûr. Vers 1936, un héritage les amène à Paris; Valentin vend des cadres pour photographies, tandis que sa femme se met à exploiter secrètement des dons, plus ou moins authentiques, de seconde vue sous le nom de Mme Saphir. Mais Valentin n'est-il pas lui-même un peu prophète? Il attend la guerre pour le lendemain, et la guerre finit par arriver; elle le surprend dans des circonstances bizarres et c'est dans des circonstances non moins singulières qu'il retrouve son épouse après l'exode. C'est à propos de la peinture hollandaise et de ses scènes de «naïve gaieté et de joie spontanée» que Hegel parle de «dimanche de la vie», et il ajoute:«Des hommes doués d'une aussi bonne humeur ne peuvent être foncièrement mauvais ou vils.»
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«Depuis qu'elle avait vu un homme écrasé, vers les cinq heures de l'après-midi, devant la gare du Nord, Mme Cloche était enchantée. Naturellement elle disait qu'elle n'avait jamais vu une chose plus horrible que ça ; et il devait en être ainsi, car le pauvre Potice avait été soigneusement laminé par un autobus. Par une série de hasards soigneusement préparés, elle se trouva assise, vers la même heure, en face du même endroit, à la terrasse d'un café qu'une bienheureuse coïncidence avait justement placé là. Elle commanda-t-une camomille, et patiemment, attendit que la chose se renouvelât.»
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À Paris, vers 1895, quelques romanciers sont en quête de leurs personnages. En effet, il advient parfois à ceux-ci de sortir du manuscrit qui les élaborait et d'aller se promener dans le vaste monde où il leur arrive d'autres aventures. D'autres ? ou les mêmes ? Quand Icare, par exemple, s'intéresse à l'avenir des moyens de transport, aura-t-il le destin que son nom peut suggérer ? Quelle fin lui prépare son auteur ? Et de quel auteur s'agit-il ?
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«Ce silence, cette nuit, ces rues étroites, tout disposait Pierrot à ne penser à rien de précis. Il regardait à droite, à gauche, comme pour accrocher quelque part ses petites curiosités, mais ne trouvait rien - tout au plus les enseignes, et qui ne valaient pas les billes de l'avenue de Chaillot. Il songea un instant à visiter le bobinard de cette sous-préfecture, mais il ne rencontrait personne pour le renseigner. Finalement il se perdit. Il traversait maintenant une petite banlieue ouvrière, avec des manufactures ici et là. Plus loin, Pierrot atteignit une route assez large, avec un double liséré d'arbres, peut-être nationale ? peut-être départementale ? Il marcha encore quelques instants. Il entendit tout près de lui un grand cri, un cri de femme, un cri de peur.»
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On est toujours trop bon avec les femmes
Raymond Queneau
- Folio
- Folio
- 15 Septembre 1981
- 9782070373123
Le lundi de Pâques 1916, à Dublin, une insurrection nationaliste irlandaise éclate. Sept rebelles prennent possession du bureau de poste qui fait le coin de Sackville Street et d'Eden Quay, le vident de ses occupants légaux et soutiennent un siège farouche contre les loyaux soldats de Sa Majesté britannique. Mais une jeune fille, Gertie Girdle, est restée, qui va poser de nombreux problèmes aux assiégés - et notamment celui-ci : parviendront-ils à se conduire correctement avec elle, en vrais gentlemen ? Ce n'est qu'à ce prix qu'ils pourront, après leur mort, être considérés comme des héros véritables.
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On est toujours trop bon avec les femmes paraissait en 1947 sous la signature de Sally Mara. Ce récit burlesque et un peu salace d'une insurrection irlandaise fut suivi d'un second ouvrage, en 1950, le Journal intime de Sally Mara. Mais les mystifications littéraires n'ayant qu'un temps, on publia, en 1962, les Oeuvres complètes de Sally Mara sous la signature de Raymond Queneau.
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Roland Travy, qui se croit doué pour les mathématiques, fréquente à la fois une bande de truands (dans l'entourage de laquelle il rencontre Odile) et un groupement littéraire sur lequel règne Anglarès. Il perd tour à tour ses illusions sur sa vocation de mathématicien, sa foi dans les méthodes d'Anglarès - et Odile. «Ce n'est que beaucoup plus tard, et en dehors de tout, que se dévoilera le véritable amour... Odile est une pure histoire d'amour.» R. Q.
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«Soleils ambulants, Chambernac et Purpulan se promenaient dans la campagne, l'un lent et lourd, l'autre sifflant l'air d'une baguette et décapitant les fleurs. Le sentier filait le long d'une pente, entre champs, jusqu'à la route nationale. Là le proviseur s'assit dans un petit abri érigé par les soins de la compagnie des Autocars de la Région Mourméchienne. Purpulan mit son pied sur une borne, s'accouda sur son genou et regarda les autos qui gazaient sur la belle ligne droite qui leur était offerte. - Le soleil, dit Chambernac, le soleil ce sera le point central. C'est le centre du système. Excrémentiel, satanique - qui donc a jamais pu concevoir cela ? Qu'en pensez-vous, Purpulan ? Purpulan ne daigna répondre. - Enfin, dit Chambernac, vous devez bien en savoir quelque chose. Purpulan mima l'ignorance, comme décidé à laisser l'autre monologuer. - Comment, reprit Chambernac soudain résigné à l'ignorance sur ce chapitre peut-être prétendu de la démonologie, cette opinion a-t-elle pu naître ? Purpulan témoigna par un geste qu'il s'en foutait royalement.»
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Les derniers jours, dont la mort constitue le thème dominant, peut se lire comme le roman de la désillusion : les étudiants y vivent presque inconsciemment les derniers jours de leur jeunesse, les vieillards les derniers jours d'une existence marquée par l'échec et, comme le remarque en philosophe averti Alfred, le garçon de café adonné à l'astrologie, seul personnage clairvoyant autour duquel gravite tout ce monde dérisoire qu'il observe à distance, le temps n'est pas loin où la planète cessera elle-même d'exister.Oeuvre à la fois parodique et philosophique, écrite sur un ton caustique, où abondent les situations cocasses, Les derniers jours est un livre lucide et franchement hilarant.
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Saint glinglin ; gueule de pierre
Raymond Queneau
- Gallimard
- L'imaginaire
- 14 Avril 1981
- 9782070291519
Après des années de beau temps ininterrompu, il se met à pleuvoir des années et des années. Les habitants de la Ville Natale finissent par s'agacer et acceptent une curieuse méthode pour faire revenir le beau temps, méthode conseillée par Jean, un de leurs compatriotes, retour de l'étranger, accompagné de sa soeur, Hélène, ancienne séquestrée et peut-être simple d'esprit.
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"C'est en juillet 1942 que j'ai commencé d'écrire ce que je voulais intituler, en m'inspirant de Desargues : Brouillon projet d'une atteinte à une science absolue de l'histoire. Si je publie aujourd'hui ce texte bien qu'inachevé (et dont je n'ai changé que le titre), c'est, d'une part, parce qu'il me semble fournir un supplément d'information aux personnes qui ont bien voulu s'intéresser aux Fleurs bleues ; de l'autre, parce que, même si l'on estime nulle sa contribution à l'histoire quantitative, on pourra toujours le considérer, au moins, comme un journal intime". Cet essai de Raymond Queneau, écrit sous l'Occupation, est une méditation d'allure mathématique sur l'Histoire. L'auteur livre ici une réflexion sur les malheurs de ce temps, donnant ainsi une résonance toute particulière à cette première phrase : "L'Histoire est la science du malheur des hommes".
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Un chien qui engage la conversation avec un client dans un bistrot de province ? Un cheval, de surcroît troyen, qui prend un drink au comptoir d'un bar de luxe ? Rien d'étonnant à cela : dans les textes ici rassemblés, tous marqués d'une touche d'absurdité, le fantastique est comme naturel. Jeux de mots, spéculations ironiques, faux rêves, délires logiques, usage subversif de la rhétorique, tout concourt au divertissement du lecteur, à son ravissement, mais aussi, en filigrane, à cette entreprise de démystification de la littérature chère à Raymond Queneau.
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Raymond Queneau : Zazie in the metro
Raymond Queneau
- PENGUIN UK
- Penguin Modern Classics
- 10 Mai 2023
- 9780241618875
Impish, foul-mouthed Zazie arrives in Paris from the country to stay with her uncle Gabriel. All she really wants to do is ride the metro, but finding it shut because of a strike, Zazie looks for other means of amusement and is soon caught up in a comic adventure that becomes wilder and more manic by the minute. In 1960 Queneau''s cult classic was made into a hugely successful film by Louis Malle. Packed full of word play and phonetic games, Zazie in the Metro remains as stylish and witty as ever.>
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Aux amateurs curieux d'explorer plus avant d'autres aspects de la personnalité de Raymond Queneau, et de son oeuvre, nous présentons avec ce court texte inédit et inachevé une facette peu connue (oubliée ?) et pourtant récurrente et non négligeable de sa production littéraire, ancrée dans un " art de l'illusion " dérivé, semble-t-il, de la pratique du surréalisme et de Fantômas.
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Loin de Rueil est le roman de la «rêverie éveillée». Jacques l'Aumône, qui en est le héros, rêvasse, tout en vivant sa vie, cent vies possibles. Quelques lignes lues au hasard, une rencontre, un propos saisi au vol, suffisent à provoquer le démarrage grâce auquel il se quitte lui-même, et devient boxeur, général, évêque ou grand seigneur. Il vit à côté de sa vie avec application et constance ; et le passage du réel au rêve est si naturel chez lui que, sans doute, il ne sait plus exactement qui il est. Il deviendra, enfin, acteur à Hollywood, et point de départ lui-même d'infinies rêveries. Ce Jacques l'Aumône a - comme les personnages qui l'entourent - cette sorte de consistance à la fois obsédante et fluide qu'ont les personnages de nos rêves. La rêverie, ici, se matérialise par le détour de l'humour, un humour tantôt léger tantôt cruel, et aussi par une technique d'écriture qui se rapproche de celle du cinéma.
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Ce recueil réunit des articles parus entre 1930 et 1940 dans des revues dont quelques-unes sont oubliées ou introuvables. Il s'organise autour d'un voyage fait en Grèce en 1932. L'accent n'est pas ici porté sur le langage comme dans Bâtons, chiffres et lettres, mais sur l'existence même de la littérature. En appendice, Errata revient sur la première de ces questions.
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Au cours de l'été 1937, Raymond Queneau entreprend la rédaction du Traité des Vertus Démocratiques, texte jusqu'alors inédit qui nous permet de porter un nouveau regard sur son oeuvre. À la même époque, il publie un «roman en vers» sur sa psychanalyse (Chêne et chien) et continue ses recherches sur les fous littéraires (Les enfants du limon) ; parallèlement, il fonde en théorie (dans la revue Volontés) et dans l'écriture romanesque (Odile) les bases d'une esthétique, d'une «po-éthique», qui s'oppose aux théories et pratiques surréalistes. Le Traité des Vertus Démocratiques apporte un élément capital à la compréhension de cette époque ; il éclaire sous un angle politique, philosophique et métaphysique la démarche et les pratiques d'écriture de Queneau. Expression d'un traumatisme historique et personnel, il propose un dépassement dialectique de la quête révolutionnaire et de la quête métaphysique ; par là même, il complète l'image de l'auteur et de son oeuvre au cours d'une période particulièrement troublée.
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" je hais, lit-on dans ce texte, l'imaginaire qui n'a pas son équivalence dans la vie réelle.
" aussi, ce livre est-il avant tout une méditation construite sur l'expérience de toute une vie.
Les fables qui le composent ont pour thème : la mort, la peur, la justice, l'amour, la souffrance et le mal.
Le " fantastique " - mot ici approximatif -, quand il se rencontre, n'est que le moyen d'aborder d'une façon aussi neuve et directe que possible les problèmes de chacun de nous.
Le style de l'iguane est simple et solide comme un minéral.
On pense à un livre luciférien qui répondrait aux livres des sages, des rois ou des prophètes.
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Journal 1939-1940 : philosophes et voyous
Raymond Queneau
- Gallimard
- Blanche
- 13 Mai 1986
- 9782070706624
La partie du journal intime de Raymond Queneau qui est aujourd'hui présentée au public ne constitue un tout que par la contrainte des événements extérieurs : ce que Roland Dorgelès appela «drôle de guerre», c'est-à-dire la période 1939-1940.
À l'origine elle fut écrite sans idée de publication. Il s'agit d'un mémorial personnel vécu au jour le jour. Presque toute sa vie Queneau a consigné ses réactions quotidiennes. La sincérité et le primesaut font la valeur de ces pages, très étonnantes pour les lecteurs des poèmes et des romans, où Queneau - homme très secret - ne se livrait pas.
Nous avons ajouté à ce journal un texte, Philosophes et voyous, qui se rapporte à la même époque et qui avait été publié dans Les Temps Modernes.
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Les poèmes composant la première partie de ce recueil représentent une forme régulière d'un genre nouveau. À la dernière partie s'applique particulièrement le titre ; «élémentaire» doit être compris naturellement comme concernant les éléments, c'est-à-dire la terre, l'eau, l'air, le feu et l'éther.