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«J'ai écouté quelques unes de ces musiques de percussion ou de guitare, produites souvent aussi par n'importe quoi, le raclement d'un couteau, le grincement d'une fiole de verre, le bruit d'une poignée de porte battant contre un mur, l'effet rythmique étourdissant d'un rasoir contre une courroie de cuir : tout est bon pour faire sortir des choses la musique qui est en elles. J'ai eu le privilège de prendre part à la composition d'un disque de Marion Williams, chanteuse dont la voix à elle seule emplit une cathédrale, et d'inscrire au revers des textes ou des témoignages recueillis par Jerry Wilson et traduits et dits par moi. On trouvera ici ces mêmes textes et ces mêmes témoignages, accompagnés de quelques autres, et illustrés d'images, pour la plupart, elle aussi, dues à Jerry Wilson, happant les paysages, les visages, les bouches d'où sortent ces paroles et ces chants. Ferveur religieuse mais aussi sensualité, mélancolie mais aussi gaieté, révolte mais aussi sentiment d'une liberté et d'un bonheur de vivre qu'on n'enlève jamais tout à fait à ceux qui aiment la vie. Tout un monde enfin, nullement naïf, mais ingénu, et qui ne s'ouvre que quand on a appris à s'en approcher avec affection et respect.» Marguerite Yourcenar.
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Comme tous les héros de Marguerite Yourcenar, Alexis s'interroge pour mieux comprendre le monde et mieux se comprendre lui-même. Il cherche à sortir d'une situation fausse qui est l'échec de son mariage. Une longue lettre forme tout le récit où il prend sa femme à témoin du vain combat qu'il a mené contre son penchant naturel et sa vocation véritable. Didier Sandre met son intériorité, sa gravité, son timbre profond, sa présence dans un personnage qui ne peut que toucher les cordes les plus sensibles de l'être humain.
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Fleuve profond, sombre rivière : Les «Negro Spirituals»
Marguerite Yourcenar
- GALLIMARD
- 25 Avril 1974
- 9782070321285
«Le concert et le film ont familiarisé le public européen avec la musique des Negro Spirituals ; leurs paroles au contraire restent moins accessibles à l'auditeur de langue française, dépaysé, même s'il sait l'anglais, par ces formes dialectales propres aux nègres de États du Sud, ces mots anglo-saxons transformés et comme fondus par la voix chaude des hommes de couleur. Et cependant, ces textes, et pas seulement la musique qui les accompagne, sont souvent d'authentiques chefs-d'oeuvre. Dans ce patois si particulier, en dépit ou peut-être à cause des obstacles d'une langue étrangère, reçue de ses maîtres avec les premiers rudiments de l'esclavage, souvent nouvelle pour lui et imparfaitement apprise à l'époque où certains des grands Spirituals furent chantés pour la première fois, le poète aframéricain a réussi à exprimer, avec une intensité et une simplicité admirables, ses rêves et ceux de sa race, sa résignation, et plus secrètement sa révolte, ses profondes douleurs et ses simples joies, son obsession de la mort et son sens de Dieu.» Marguerite Yourcenar.