Quand un anthropologue turc s'interroge sur les Français et écrit son brevet d'Occident...
2020. Nedjla, 20 ans, étudiante, musulmane émancipée, vit à Istanbul avec sa mère. Son père vient de mourir. Elle décide de se plonger dans son dernier livre. 1964. Oktay, chercheur en anthropologie, a quitté Istanbul pour s'établir dans l'est de la France. Pris dans le flux de la vie locale, il choisit de se concentrer sur ce qui l'intrigue le plus chez les Français : la façon dont ce peuple avancé et développé, selon les critères anthropologiques, vit la période des vacances.
Avec La Fille de l'ethnographe, Timour Muhidine nous livre un roman social décalé sur les Français. Deux générations, deux manières de penser et de regarder l'autre. Le quotidien, le politique, la sexualité, le corps ou l'amour : tout est passé au crible de l'humour noir.
Timour Muhidine est né en 1959 à Koweït City, d'un père syrien issu d'une famille turque et d'une mère française. Il vit en France depuis 1962. Écrivain et traducteur, il enseigne la littérature turque contemporaine à l'Inalco (Paris) et dirige la collection «Lettres turques» chez Actes Sud.
De l'autre côté de la Corne d'Or, face à Sainte-Sophie et au palais du Sultan, s'étend un quartier d'Istanbul un peu singulier, Beyoglu. Dans notre imaginaire contemporain, celui qu'on nommait autrefois Pera ou « la ville franque » reste un mythe. Des générations d'écrivains et d'artistes, aussi bien turcs qu'étrangers, s'y sont précipitées et perdues au XIXe siècle, en quête de modernité, d'altérité et d'avant-garde. Là, dans ce miroir de Paris, a bouillonné toute la vie intellectuelle et éditoriale turque, rythmée par les battements et métamorphoses du quartier depuis les années 1870. Avec le siècle et à mesure que son paysage architectural se dégrade, ses ruines sont devenues la scène d'une bohème sans cesse renouvelée et le terreau d'une production nationale.
De nombreux artistes turcs y puisent l'inspiration auprès de leurs frères d'écriture, les Loti et autres Aragon. Ils y respirent l'air fascinant et subversif des capitales culturelles d'alors, Paris ou New York, prêts à partir sur les traces de leurs maîtres à penser, les Sartre ou les Beauvoir. Là s'écrivent les textes qui confèrent leurs lettres de noblesse à la littérature turque d'aujourd'hui (Attilâ Ilhan, Ferit Edgü, Demir Özlü ou Nedim Gürsel).
Timour Muhidine nous conduit dans ce Quartier latin d'Orient et, pour mieux comprendre ce siècle de la bohème turque, nous entraîne entre la place de Tünel et Taksim, au hasard des ruelles et des lieux de sociabilité où s'est élaboré un art moderne.
Très différent de ce qu'un flâneur pourrait écrire sur ce pays, ce récit, à travers une approche empathique et fouillée, révèle les très nombreux détails de la vie quotidienne iranienne (en particulier celle des écrivains, mais pas seulement) et s'efforce d'éclairer les points obscurs de la religion et de la mentalité.
Cet ouvrage collectif consacré au poète Nâz?m Hikmet (1902-1963) reprend une partie des actes du colloque tenu à Paris en 2002 pour célébrer le centenaire de la naissance de l'artiste, augmenté de plusieurs contributions inédites, concernant en particulier sa réception en Italie, Espagne, Pologne, etc. et de documents iconographiques rares.
Cet ouvrage synthétique présente le bilan des recherches le concernant - l'oeuvre du romancier et du dramaturge est aussi abordée - au niveau turc et européen. Une bibliographie très complète accompagne l'ouvrage.
Du Nord cru est un ensemble de neuf pièces littéraires tirées d'une enfance et d'une jeunesse dans le Nord de la France et d'une trentaine de photographies originales de Philippe Dupuich (couleurs et noir et blanc). Pour le narrateur qui s'interroge sur son appartenance, son statut d' étranger échoué en Artois, il s'agit de replacer sa sensibilité sur un plan géographique en prenant conscience du monde qui l'entoure : septentrional, marqué par les deux guerres mondiales et encore dominé par une certaine culture ouvrière. La ville d'Arras se veut ainsi le cadre d'un roman de formation où la monotonie rassurante des jours laisse affleurer des motifs orientaux : le Golfe persique, le désert et l'image des autres, Arabes ou Turcs. Ou comment une rue puis une ville aussi endormie qu'un château de la Belle au bois dormant livrent leurs secrets à travers le prisme du souvenir.
Hayri Irdal, le personnage principal de ce livre, est l'un des premiers antihéros de la littérature turque. Embauché par un drôle de bonhomme ayant fondé un institut de réglage des montres et des pendules, Hayri traverse la fin de l'Empire ottoman et les premières années de la république en dénonçant, à sa manière, l'absurdité de la bureaucratie qui finit par paralyser le pays, les idées et la pensée. Mais est-il bien raisonnable, alors que l'époque ne fait pas encore la part belle à la science, de se fier à ces inventions censées mesurer l'avancement du temps et celui de l'instant, telles les métaphores d'une modernité espérée ? Est-il sérieux d'écouter les propos d'un individu dont la condition mentale est aussi relative que le bon fonctionnement d'une horloge. Dans cette histoire située entre 1830 et 1950, Ahmet Hamdi Tanpinar évoque le passage de l'ancien au nouveau avec une ironie souveraine et l'oeil d'un horloger connaissant les rouages d'une société bouleversée qui tremble sur ses bases mais ne s'effondre jamais.
En janvier 1906, deux soeurs, Zennour et Nouryé Noury Bey, filles d'un des ministres du sultan, quittent secrètement Constantinople par le train. Elles fuient le harem.
Le drame familial devient vite affaire d'État. Leur histoire haute en couleurs fait écho à ce qui est alors une grande question de société et qui le demeure pour le féminisme : la condition des musulmanes.
Un journaliste français les interpelle : « Savez-vous que votre aventure est une date de l'histoire moderne ? Vous venez de briser de vos poings mignons une muraille de barbarie. Plus d'une de vos soeurs en servitude passera désormais par la brèche. Vous êtes de grandes révolutionnaires. » Ce récit rigoureusement historique ne manque ni de secrets ni de rebondissements, et vire parfois au roman d'espionnage.
Au coeur de cette histoire : Pierre Loti (1850-1923) dont on redécouvre aujourd'hui avec succès les romans, les récits de voyage, le journal intime, les dessins étonnants.
Ce récit révèle les secrets de son best-seller, Les Désenchantées.
Romancier ami de la Turquie, il a fait au printemps 1904, sur les rives du Bosphore, la connaissance de trois femmes voilées (parmi elles, les soeurs Noury Bey). C'est leur témoignage sur la difficile condition de vie des femmes d'Orient qui lui inspira son roman.
Désenchantées ou révolutionnaires ? En tout cas, ce sont deux figures attachantes aux destins très différents qui croisent d'autres femmes marquantes : Marie Lera, journaliste française qui signe Marc Hélys ; Grace Ellison, britannique et féministe ; la poétesse Renée Vivien ; leur complice d'évasion, Mirième. Et des hommes célèbres : Rodin, Maurice Barrès, Claude Farrère.
Une certaine idée de l'Europe : les fugitives sillonnent l'Europe, Belgrade, Nice, Paris, Venise, Londres, la Suisse, la Russie, et font la ''une'' de la presse internationale ; regards d'Orientales sur l'Occident.