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Sophie Avon
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«Nous admirions l'ordre des pins entre lesquels des chevreuils apparaissaient parfois, nous étions prêts à nous rompre le cou pour suivre le passage des grues, mais ce qui nous ravissait venait d'un même ressort primitif lié au cycle de la vie. Être ici nous donnait l'illusion de préserver le monde, de lui offrir une chance tous les matins. Ce n'était pas un refuge mais un sanctuaire.» Paul vient d'acheter une maison de vacances dans les Landes. Sa soeur, Lili, trouve chez lui un havre de paix où elle passe des séjours avec Jo, son compagnon. Dans ce décor sauvage, l'heure est à la contemplation. Mais les incendies de l'été 2022 font vaciller leur idée du bonheur. Les pins partent en fumée, les habitants fuient, et Lili, hantée par la malédiction du départ, laisse remonter ses idées noires. Après la tragédie, pourtant, la forêt reprend ses droits, l'espoir renaît... Soumis aux variations des saisons et des événements, le roman de Sophie Avon met la nature en majesté, qui, même menacée, demeure un lieu d'ancrage pour des personnages en quête de consolation.
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Ma grand-mère a beau se transformer en personnage de roman, elle a néanmoins traversé les aventures que je lui prête. Les faits sont là. Le reste est en mon pouvoir, je me glisse dans le coeur de Mime qui se soigne avec les mots. Les femmes de ma famille sont infirmières ou institutrices, elles ont foi en l'utilité de leur métier. Éducation et santé : les deux ressources d'un pays qui va de Dunkerque à Tamanrasset.
1925. Dans l'écho joyeux des Années folles, Mime et Marius sont jeunes et amoureux. Ils ont tout pour être heureux. Très vite, Henri vient au monde, puis Simone. Lorsque la petite fille meurt brutalement, le couple est terrassé. La douleur hantera Mime toute son existence. Mais en dépit du chagrin, elle avancera coûte que coûte, traversant les années quarante, les aléas de son mariage, les rêves entrevus, et cette guerre mondiale qui jusqu'en Algérie saccage, épuise, affame.
Fresque des années trente aux années cinquante, le roman de Sophie Avon raconte une Algérie lumineuse et l'itinéraire d'une femme forte, figure émouvante d'une mythologie familiale.
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Sonia tomba amoureuse violemment et sut qu'elle n'avait jamais aimé comme ça, avec cette inquiétude et cette joie. Mais elle sut très vite que ce garçon-là, elle devrait le conquérir. Et c'était la première fois qu'elle se donnait tant de mal pour un individu disposé tout à la fois à la combler et à la décevoir.
Début des années 80. Sonia, à peine dix-huit ans, a quitté sa ville de Bordeaux pour monter à Paris suivre des cours de théâtre. C'est sur scène qu'elle veut s'épanouir. Lorsqu'elle rencontre Alexandre, elle prend immédiatement conscience de la fulgurance du sentiment qui l'assaille. Avec la fougue de la jeunesse, elle se jette à corps perdu dans cette relation... Mais Alexandre et Sonia ne sont pas égaux devant l'amour : Alexandre est aussi attiré par les garçons.
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Quand elle est sur scène, quand elle joue, Sonia sent monter en elle cette jubilation qui un jour a décidé de sa vocation. Elle n'est pas toujours à sa place, il lui arrive d'être mauvaise, mais elle ne connaît rien de plus beau que ce dédoublement magique. Une fois, elle a perçu que son interprétation était juste au point de capter l'attention de tous, et elle demeurait si concentrée, dans un tel état de grâce et de solidité mêlées, que le regard des autres la grandissait sans lui faire lâcher prise.
Sonia est apprentie comédienne. Comme Grégoire, Adèle, Lili, Viviane, Laurent, Pauline, Virginie, Perrine, Marc et d'autres encore, qui fréquentent tous le même cours de théâtre. Les uns se croisent dans l'indifférence, d'autres tentent des rapprochements amoureux.
Enthousiastes ou angoissés, déterminés ou désabusés, cabotins ou introvertis, issus de milieux favorisés ou modestes, ils sont très différents les uns des autres. Mais à eux tous ils incarnent les diverses facettes d'une même génération : la jeunesse des années 80.
Roman d'apprentissage en forme de ronde, Les belles années est aussi le portrait d'une époque.
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Elle était ma mère, une mère que j'avais protégée et qui, en échange, m'assurait de ma propre survie. Une mère qui parfois n'était pas très adulte, mais avec laquelle il n'était pas question que j'infléchisse mon comportement ou modifie ma façon de parler. Sauf que quand elle est morte, je ne pensais pas qu'elle pouvait mourir. Sophie Avon dessine le portrait de sa mère disparue et de leurs relations.
À travers de courts chapitres, elle évoque les épisodes de la vie de cette femme mélancolique que le destin n'a pas épargnée. De la jeunesse insouciante en Algérie à la vieillesse difficile en passant par la solitude et les liens délicats de la filiation, les années défilent, les époques se succèdent. Mais quel que soit le temps, l'amour est là, exigeant, inépuisable qui, peu à peu, modifie les rôles.
Ce texte est une ultime déclaration. L'adieu d'une fille à sa mère.
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Camille et Ron vivent à Amsterdam. Camille est française. Elle vient d'accoucher d'un petit Sacha. Enceinte, elle se sentait emplie d'une paix intérieure, mais depuis la naissance de l'enfant, elle est épuisée. Dépression post- natale ? Les relations avec Ron s'en ressentent. C'est le moment que choisit Camille pour renouer avec Nina, une amie d'enfance qu'elle n'a pas vue depuis sept ans. Nina vient rendre visite à la petite famille. Les deux jeunes femmes retrouvent leur complicité d'antan. Le courant passe bien avec Sacha. À l'invitation du couple, Nina s'installe même chez eux. Très vite, elle prend discrètement les choses en main, fait les courses, remet en ordre l'appartement négligé, s'occupe de Sacha. Nina se sent vraiment chez elle...
Par petites touches, Sophie Avon ausculte cette famille apparemment normale. Peu à peu, elle distille les indices d'un malaise croissant, qui laisse planer l'imminence d'un danger.
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Lili a 20 ans, au début des années 80, quand elle embarque avec son frère Paul, sur un voilier, le Horus. Elle laisse derrière elle son fiancé, Vincent, qui l'attendra à Bordeaux. Paul est très expérimenté, c'est un marin passionné. Mais traverser l'Atlantique à la voile n'est pas une mince affaire ! De port en port, augré des escales, Paul et Lili rencontrentdes vieux amis, ou des inconnus avec qui ils tissent des liens. Les étapes sont parfois longues et difficiles, la météo pas toujours clémente... Les Açores, l'Afrique de l'Ouest, Dakar, puis c'est enfin la grande traversée de l'Atlantique, l'arrivée au Brésil, où ils se laisseront envahir par un sentiment de bien-être et de plénitude, et jouiront de l'existence...
Pour Lili, ce voyage était une nécessité. Fuir là-bas, fuir... Partir et voguer vers des mondes nouveaux et inconnus, c'était se soustraire aux attaches, familiales, amoureuses, à celles du quotidien, se sentir libre. Mais il faudra bien se résoudre à rentrer. Faire le chemin du retour, même en avion, ne sera pas si facile. Comment conserver le goût d'un paradis fugitivement aperçu et retrouver une vie "normale" ?
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À l'âge de sept ans, Anna écrit des poèmes. Elle écrit sans relâche jusqu'à la mort de son père. Elle a douze ans. Ses dons s'éteignent.Avec Willy, elle s'adonnera au plaisir de manger. Avec Paul, elle fera l'apprentissage de la sensualité. Avec Balthazar et Antoine, viendra le temps des amours.Mais personne ne saura lui révéler pourquoi, avec la dépouille de son passé, l'a escortée cette enfant poète, rescapée des hauts-fonds de sa mémoire.
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Marianne Chevigny est une femme sans histoire. Ou plutôt a-t-elle rompu avec son histoire, un passé dramatique dont elle a choisi de se défaire pour devenir cette personne solitaire qui se présente au poste de bibliothécaire à l'université de la ville de province où elle habite. Une nouvelle vie commence pour elle. Une vie où elle maîtrise tout, à commencer par l'image qu'elle s'est construite, faite de volonté et de contrôle de soi, d'ascétisme et de silence. Elle qui court pendant des heures, soumettant son corps à l'épreuve de ses limites, se retrouve tous les soirs dans le silence monacal de son appartement.
Mais sous l'apparente monotonie des choses, se cache un combat que l'on devine vite. Combat contre le souvenir, contre une fragilité constante et sans cesse repoussée, une dissonance qui installe bientôt une étrangeté qui ne disparaîtra plus. Il suffit d'un incident banal avec un professeur habitué de la bibliothèque pour que se profile un dérèglement qui va entraîner le couple dans une lutte sans merci. Peu à peu, entre Marianne Chevigny et David Martial, le ressentissement s'installe. Rien ne peut arrêter l'emballement des sentiments, et une haine féroce, inexorable, transforme bientôt leur quotidien en enfer.
Se joue alors une partition à deux, où chacun imagine la perte de l'autre. L'homme et la femme aiguisent leurs armes, mettant au point des tortures subtiles, qui, loin de les affaiblirent, les confortent dans leur dépendance. Étrange ballet amoureux, où le désir et le besoin de l'autre jouent à part égale avec l'envie de le blesser à mort.
C'est avec une précision d'entomologiste que Sophie Avon décortique cette montée de la violence et de la soumission entre deux êtres qui finiront par se reconnaître, mais pas sur le terrain de la douceur et de la paix retrouvée.
Rien, dans ce texte étonnant, ne permet d'anticiper la fin stupéfiante, et c'est cela qui donne toute sa force au récit.
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Lili a six ans lorsqu'elle arrive, avec ses parents et son frère, dans une petite ville du Sud-Ouest, au bord de l'estuaire de la Gironde. La nouvelle maison, grand corps de bâtiment inclus dans une école désaffectée, devient vite un royaume où les jeux succèdent aux bêtises, sous l'oeil bienveillant du père et la surveillance maternelle. Nous sommes en 1962. Que comprend une enfant du déracinement forcé qui a conduit sa famille dans cet endroit de fortune, où tout est provisoire et où les hivers paraissent ne jamais devoir finir. Se souvient-elle encore de la lumière de l'Algérie, qui semble tant manquer à sa mère, de cette vie d'avant dont l'écho lui parvient, parfois, au détour d'une phrase glanée au cours de conversations à demi chuchotées, lorsque " les grands " se mettent à parler de cet avant, de ces choses laissées derrière soi - une terrasse au bord de la mer, l'odeur des orangers, le tracé définitif d'une tombe... Tout se mélange alors, et Lili ne sait plus. Qu'est-ce que c'est, les pieds-noirs ? Dis maman ! Où c'est l'Algérie ? Peu à peu, la vie qui se pose enfin et, dans les silences et les phrases en suspens, les regards soudain perdus de sa mère et les prévenances appuyées de son père, Lili comprendra. Elle comprendra, comme seuls les enfants peuvent le faire, avec cette clairvoyance étonnante et instinctive, ce qu'ils ont vraiment laissé sur cette terre d'Algérie. Dans ce roman, profondément personnel, Sophie Avon parle avec pudeur de l'exil, de la perte et du deuil, mais aussi de la magnifique revanche de la vie et de la tendresse familiale sur une réalité historique douloureuse qui fut celle des rapatriés d'Algérie.