1846, Manchester. Charlotte veille son père, le révérend Brontë, opéré des yeux. Elle n'a pas encore publié le chef-d'oeuvre qui l'a sacrée romancière. Elle se raconte - un amour malheureux, le succès d'Anne et Emily, sa condition de gouvernante, le génie tourmenté de son frère, cette mère disparue trop tôt. Dans la ronde des souvenirs, elle cherche la lumière. Et écrira Jane Eyre.
Portrait gracile d'une femme, d'une fratrie et d'une oeuvre, ce roman-document original happé par une écriture cristalline interroge le mystère impérieux de la création littéraire. Sublime.
R ien ne ressemble plus à une riche Blanche oisive qu'une autre riche Blanche oisive. Sous le vernis de la très haute société sud-africaine de la fin des années 1950, pourtant, certaines dissimulent d'inavouables secrets.
Parmi elles, Bill, femme mûre et mûrie par la vie, ancien garçon manqué d'une famille d'artisans, hissée à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays après son mariage avec un homme tyrannique. À la mort de celui-ci, le notaire presse Bill de choisir ses héritiers. À qui doit-elle léguer son patrimoine ? À ses deux fils si sérieux ? À ses frères et soeurs avides et jaloux de son bien ? Au vieux cuisinier zoulou qui a vu grandir ses enfants ? À la fidèle gouvernante qui connaît tout de son secret ? Au fil de ces interrogations, Bill déroule l'histoire de sa vie, depuis la fatale année 1926 où son père lui interdit d'aimer celui qui restera l'homme de sa vie, ce jeune Juif aux boucles rousses, jusqu'au sulfureux triangle amoureux qui la mena à un mariage opulent. Avec, au milieu, un souvenir obsédant : l'enfer d'une jeune fille enfermée neuf mois durant pour protéger toute une famille de l'infamie. De la barbarie du puritanisme chrétien aux dérives de l'aristocratie blanche dans un pays à l'aube de l'apartheid, L'Enfant de l'Amour raconte comment une femme peut être victime de son temps.
Dans un pensionnat pour jeunes filles blanches, perdu dans dans le veld brûlant de l'Afrique du Sud des années cinquante, treize élèves rêvent de briller aux yeux de leur professeur de natation, Mlle G., dont la beauté sombre, la liberté de conduite et de propos les fascinent. Elles n'ont de cesse de s'en faire aimer, mais Mlle G. s'attache à une nouvelle élève, la blonde Fiamma, une étrangère au rayonnement insolent. Celle-ci mourra dans des conditions atroces, lors d'un sacrifice rituel, quasi tribal, et sa disparition marquera à jamais la vie de ses condisciples. Quarante ans plus tard, celles qui en portent le secret terrible se retrouvent et se souviennent. Sous une apparente légèreté, l'écriture et la composition jouent des ellipses pour décrire avec justesse un univers confiné, une éducation stricte, propices au surgissement des passions, des jalousies, des frustrations chez ces adolescentes travaillées par la puberté et leur sexualité naissante.
Imaginez quelqu'un qui se raconte à vous. Une femme d'un certain rang, financièrement à l'aise, voyageant sans cesse, en quête du lieu de séjour convenant le mieux à sa constitution fragile.Cette narratrice anonyme, plus sensible aux jeux de la lumière qu'à la mort d'un être humain, ne vous dira rien dont elle ne puisse aussitôt se dédire. Ce récit méthodique a une rigueur affichée qui masque une désinvolte perversité.Imaginez quelqu'un qui se raconte et dont la parole fait de vous, lecteur anonyme, le témoin captif d'un meurtre ancien.Imaginez cette femme et vous rencontrerez le personnage central, irritant et lancinant, de cette chronique à l'écriture glacée, coupante et cruelle, dont la construction en trompe l'oeil, superbement aboutie, dérange autant qu'elle intrigue.