Dans nos sociétés de contrôle, l'information est le moyen privilégié de surveiller, de normaliser et de donner des ordres. Les informations, molécules de la vie sociale, deviennent les sujets de l'existence, les véritables cibles des pouvoirs politiques et économiques. Avec le langage numérique, les subjectivités se trouvent enserrées dans un filet de normes de plus en plus denses et contraignantes. Les idéologies scientifiques viennent souvent légitimer ce « naturalisme économique » transformant le citoyen en sujet neuro-économique et son éducation en fuselage de ses compétences en vue des compétitions à venir.
Les croyances, les catégories de jugement et les manières de penser le monde et l'humain qui ont fondé et inspiré les sociétés therm o-industrielles se sont effondrées. Comme en attestent nos malheurs actuels, - pandémie, crise climatique, crises sociale et psychique -, symptôme de notre impréparation culturelle, sociale et civilisationnelle. Notre sol s'est dérobé, nos fondations s'effondrent, comment alors penser l'avenir ?
Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique de l'imposture, soeur siamoise du conformisme. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir.
Un livre remarquable et essentiel pour comprendre pourquoi, depuis plus d'un siècle, le monde occidental fondé sur les valeurs du libéralisme - compétition et individualisme - va de crise en crise.
Dans le clair-obscur des crises politiques naissent les monstres. Les meurtres de masse naissent du vide culturel d'un monde politique sans esprit, d'un monde où les techniques sont devenues folles, d'un monde qui se nourrit des surenchères de la haine et du désespoir. Pourtant, jamais autant qu'aujourd'hui les peuples ne se sont montrés affamés de nouvelles forces symboliques, pour vivre, désirer et rêver ensemble, dans l'attente d'un nouveau pacte d'humanité qui ouvre sur une cohérence politique et poétique.
En dénonçant une conception du bonheur qui se limite trop souvent à la simple recherche d'une sécurité matérielle et individuelle, Roland Gori continue de mettre en garde sur les dangers de la pensée utilitaire et la confiance aveugle placée dans l'automatisme des procédures, qui nous soumet à une forme dangereuse - parce que souvent non consciente - de servitude volontaire. Et livre une réflexion passionnante sur la nécessaire culpabilité qui va de pair avec l'exercice d'une liberté authentique.
En relations sociales comme en économie, jamais nous ne nous sommes autant affranchis de l'humain pour nous en remettre aux statistiques, à la norme, à la performance. Un essai remarquable qui proclame l'urgence de retrouver le sens du récit, c'est-à-dire notre capacité à penser et imaginer, hors de la soumission à l'ordre dominant de la technique et de la marchandise.
Y a-t-il une logique de la passion amoureuse ? Comment rendre intelligibles les états passionnels a priori irrationnels ? Comment expliquer leur genèse alors qu'ils ne témoignent que d'une seule chose : l'aveu d'une souffrance ? Riche de scènes et de cas cliniques, ce livre doit son inspiration à l'observation du quotidien autant qu'à la pratique de la psychanalyse. Se plaçant au coeur du phénomène passionnel, Roland Gori nous entraîne dans une réflexion inédite, décrivant la passion comme un état produit par la poétique du langage, par une sorte de maladie de la langue qui s'impose à la faveur d'une implacable séduction entre deux êtres. Qui a vécu l'état passionnel retrouvera ici ses trois figures originaires : l'amour, la haine, l'ignorance. L'étude de l'état passionnel par la psychanalyse permet de saisir l'essence de l'amour fou ou le sens des déchirures que s'infligent les amants, ou encore la détresse de l'homme éconduit. Dans le sillage des travaux de Clérambault, elle éclaire aussi le fétichisme particulier lié à la relation passionnelle.
Nous vivons un moment politique complètement inédit dont l'élection de Macron est à la fois le symbole et l'accélérateur. Une verticalité renforcée du pouvoir qui défie tous les corps intermédiaires ou les institutions et une horizontalité accrue de la société par les forces conjuguées du libéralisme économique, fondées exclusivement sur l'efficacité et la rentabilité, et du numérique. Cette disjonction est-elle tenable ?... Voici une remarquable analyse du temps présent de Roland Gori qui en démontre toutes les contradictions et les périls.
L'ouvrage est la réédition revue et augmentée d'un livre paru en 1996 chez Dunod. Il montre que la validité de la pratique et de la théorie psychanalytiques provient de la spécificité de la situation psychanalytique conçue comme une séance particulière d'interlocution. Dans sa présentation actuelle, l'ouvrage permet de mieux comprendre les malentendus qui génèrent et alimentent la guerre des psys. Pour l'auteur, seule une épistémologie de la psychanalyse reconnaissant ce que sa méthode doit à la parole et à son pouvoir peut préserver la psychanalyse des dérives idéologiques et des tentatives de biologisation de la psyché. Les moyens dont la méthode psychanalytique se dote sont garantis par ceux dont elle se prive.
Doit-on dépister les schizophrènes dangereux comme on dépiste le diabète ? Doit-on soigner sans consentement les malades mentaux soupçonnés de présenter un danger pour eux-mêmes ou autrui ? L'imagerie médicale du cerveau dit-elle la vérité ? Devrait-on y soumettre les prévenus, les conjoints adultères et les employés soupçonnés d'indélicatesse ? Autant de questions que nos sociétés abordent par le fait divers et les émotions collectives pour ne pas avoir à y réfléchir. Face à une logique de l'audimat qui ne cesse de gagner du terrain, face à une régression sécuritaire qui atteint la vie politique, mais aussi la justice, l'école et la santé, la psychanalyse apparaît comme un antidote. Elle résiste aux nouvelles idéologies de la résignation en reconnaissant à l'humain sa dimension tragique, conflictuelle, singulière autant qu'imprévisible. Confrontés aux nouveaux cyniques qui veulent en finir avec elle et avec la culture qui en est issue, il nous importe plus que jamais de savoir de quoi la psychanalyse est le nom.
La liberté du patient semble aujourd'hui une priorité pour les médecins et les psychiatres. Et pourtant, au nom de l'expertise scientifique et de la gestion rationnelle de la vie quotidienne, jamais on n'a soumis l'individu à autant de contrôles, jamais on n'a gardé autant de traces et d'archives des comportements privés, jamais les pratiques médicales n'ont à un tel point perdu le souci du malade. Marie-José Del Volgo & Roland Gori se proposent ici d'éclairer de nombreux dossiers troublants de la médecine contemporaine.
Le désir de retour à l'oeuvre sonne à toutes les portes de la vie : la vie de l'humain qu'on soigne, qu'on éduque, à qui on rend justice, qui s'informe, qui se cultive, qui joue, qui s'associe, qui se bat, fort de la solidarité qui s'offre à qui sait la chercher. Ce manifeste revendique la place de l'homme au centre des activités de production et création, pour lutter contre la normalisation technocratique et financière.
Médecins et chercheurs en psychopathologie, les auteurs entendent déconstruire l'idéologie médicale qui prescrit des conduites rationelles et standardisées au nom d'une description scientifique. Ils montrent comment ces processus de normalisation opèrent. A partir de leurs expériences cliniques, ils plaident pour le retour du "souci de soi" dans la médecine moderne.
Sois sage et tais-toi !
Ou comment notre société drogue ses enfants .
Vous connaissez sûrement le nouveau pacemaker des parents, cette molécule qui les fait courir chez le psy pour leur progéniture : la Ritaline. Prescrit contre l'hyperactivité - la maladie du siècle -, ce psychostimulant dérivé des amphétamines est le superpouvoir qui régule et transforme leur enfant en premier de la classe dès l'âge de six ans.
De plus en plus, les consultations médicales débordent, les prescriptions explosent : 25 % de nos jeunes ont déjà goûté aux psychotropes à 17 ans. Un chiffre colossal. Soumis aux diktats de la performance et à l'empire scientiste qui nous gouverne, nous fabriquons de petits robots boostés à la pharmacologie, ceux qui feront les adultes de demain.
C'est ce qu'Homo Drogus, un manifeste destiné aux parents en particulier et à la société en général, entend dénoncer avec force. La manière dont une société prend en charge les sujets les plus vulnérables, tels les enfants, révèle sa substance éthique. Il est plus que temps de s'en alarmer.
Les auteurs :
Professeur émérite de psychopathologie clinique à l'université d'Aix-Marseille, psychanalyste, Roland Gori a publié de nombreux ouvrages sur les passions, le terrorisme, les imposteurs. Son dernier texte décortique l'arrivée au pouvoir et la présidence d'Emmanuel Macron.
Auteure, réalisatrice de documentaires pour la télévision et reporter au magazine Psychologies, Hélène Fresnel s'est formée à la psychanalyse après des études de lettres et de journalisme. Elle a notamment écrit avec Véronique Vasseur, ancien médecin-chef à la prison de la Santé, une enquête sur les travailleurs pauvres.
À l'heure où l'idéologie de la transparence et son injonction normative du " tout dire " semble régir notre société, cet ouvrage vient rappeler les vertus du secret.
Petits et grands secrets, singulier ou pluriel, vrai et faux secret, Secret story ou Secret service ? Secret de polichinelle ? Qu'est-ce donc que ce secret qui se conjugue à toutes les modes, à toutes les sauces ? Dit-il le silence, l'intime, la réserve, la discrétion et sous l'apparat du rassurant manteau de la vertu, tranquillise-t-il ? Ou tout au contraire, inquiète-t-il en désignant ce qui est opaque, caché, clandestin, ténébreux, le mensonge sous toutes ses formes, l'usurpation, la dissimulation, le complot ? Ne serait-ce pas un mot très équivoque, désignant en réalité? de nombreux secrets qui n'ont rien en commun, ne se supportent guère et ne peuvent cohabiter ? Philosophes, psychanalystes, médecins, psychiatres, magistrats abordent ici leurs secrets dans une langue qui n'a rien d'opaque.
L'espoir viendra du Sud est une illustration parfaite de ce genre nouveau pour temps de Covid : une méditation épistolaire où deux voix s'entrecroisent. Deux amis, deux psychanalystes, deux hommes donc «au rêve habitués», ainsi qu'à l'écoute, s'emploient à déchiffrer dans un échange de lettres-emails ce que la pandémie nous révèle de notre monde, de la crise qui y sévissait déjà avant que le virus du corona ne vienne en faire le tour... Ce monde néolibéral et néocolonisé est celui de profondes inégalités sur lesquelles la crise du Covid a projeté la lumière la plus crue », écrit le philosophe Souleymane Bachir Diagne dans sa préface.
En croisant les apports de la psychanalyse à la philosophie, la littérature, la sociologie et la politique, les auteurs abordent des questions actuelles liées à l'expansion numérique, au néolibéralisme, à l'économie de la santé, aux migrations, à la place du religieux, aux revendications identitaires. Ils ouvrent une réfl exion riche, susceptible d'inventer de nouvelles catégories de pensée et d'action en interrogeant notre rapport au temps, à l'oubli, aux croyances, en insistant sur la valeur de la parole au sein d'un monde globalisé. Tous deux regardent vers le Sud, sa spiritualité, ses manières de composer avec le sacré face aux exigences de la modernité, la tradition et le devenir, l'un et le multiple. Un Sud hybride bâti autour des détroits et des carrefours par où transitent les civilisations, un Sud qui pourrait répondre au défi de la mondialité dès lors qu'il renoncerait au mirage des identités essentialisées.
L'adolescent est à l'image de notre société.
Il agit avec violence ce que les parents n'osent pas dire, car il traduit en actes à la fois nos idéaux, nos refoulements comme aussi bien notre déni de certaines réalités. ainsi, hélas, la guerre civile, au liban et ailleurs, nous a montré que les adolescents étaient à la fois les victimes et les instruments de notre idéologie.
Placé en cette position, au carrefour de l'engagement de l'être dans la société, l'adolescent pose les questions fondamentales pour la constitution du lien socio-familial.
Faute d'un autre pour répondre à ses questions, il n'a d'autres alternatives que la violence et l'addiction. nous constaterons que ces manifestations violentes convergent vers la défaillance symbolique de la fonction paternelle dans notre société. cette défaillance n'a rien de commun avec quelques nostalgies d'un père idéal.
Demain, lorsque la normalisation des conduites et des métiers régnera définitivement, il sera trop tard. Soin, éducation, recherche, justice seront formatés par la politique du chiffre et la concurrence de tous contre tous. Il ne restera plus à l'information, à l'art et à la culture qu'à se faire les accessoires d'une fabrique de l'opinion pour un citoyen consommateur. Face à de prétendues réformes aux conséquences désastreuses, les contributeurs, psychanalystes, enseignants, médecins, psychologues, chercheurs, artistes, journalistes, magistrats, dressent l'état des lieux depuis leur coeur de métier et combattent la course à la performance qui exige leur soumission et augure d'une forme nouvelle de barbarie. L'Appel des appels prône le rassemblement des forces sociales et culturelles. Il invite à parler d'une seule voix pour s'opposer à la transformation de l'Etat en entreprise, au saccage des services publics et à la destruction des valeurs de solidarité humaine, de liberté intellectuelle et de justice sociale. Il témoigne qu'un futur est possible pour " l'humanité dans l'homme ". Il est encore temps d'agir. L'insurrection des consciences est là, partout, diffuse, grosse de colère et de chagrin. La résistance de ces milliers de professionnels et de citoyens qui ont répondu à L'Appel des appels touche nos sociétés normalisées en un point stratégique. En refusant de devenir les agents du contrôle social des individus et des populations, en refusant de se transformer en gentils accompagnateurs de ce nouveau capitalisme, nous appelons à reconquérir l'espace démocratique de la parole et de la responsabilité.
La recherche clinique atteste que toute recherche authentiquement psychopathologique provient de la clinique et ne saurait se réduire à des recherches sur la clinique. Cette recherche doit relever aujourd'hui deux défis : le premier concerne la nécessité devant laquelle elle se trouve de devoir réviser les conditions d'un travail psychanalytique en réponse à de nouvelles demandes sociales ou à des situations extrêmes éloignées du cadre traditionnel du dispositif de la cure ; et le deuxième défi concerne plus particulièrement la place de la psychanalyse et des psychanalystes à l'Université et dans la communauté scientifique.