L'Aubrac, cette terre accrochée au ciel vers le sud du Massif central, étale ses paysages d'une force à couper le souffle. Les saisons y sont très marquées avec des hivers longs et rudes. Le plateau situé à plus de mille mètres d'altitude est offert à tous les vents. Les forêts profondes recèlent des trésors de botanique et les animaux sauvages y trouvent encore une relative quiétude.
C'est au coeur de ce monde secret du plateau et des futaies que Renaud Dengreville nous invite au fil des saisons sur les traces animales et celles du renard en particulier. Défenseur passionné de cet indispensable patrimoine commun, il nous emmène avec patience et amour vers la beauté de notre terre mère et ceux qui y vivent en toute liberté.
Après tant d'années, le «?guetteur de vie?» n'a cessé d'observer pour mieux comprendre et savourer les rencontres sauvages. Chacune de celles-ci raconte une histoire, exprime une émotion et une leçon de vie. Chaque jour passé dehors est un hymne à notre royaume commun, la terre.
L'auteur nous raconte ici en toute simplicité et nous donne à voir ce qui respire et s'épanouit à notre porte.
«Au plus loin que mes souvenirs le permettent , lors de ma tendre enfance, les yeux rivés aux vitres de la cuisine familiale, une fascination m'envahissait dés la chute des premiers flocons de neige. Déjà, derrière ces carreaux en partie gelés avant que mon père n'allume le poêle à bois, je révais devant ces extraordinaires dessins en forme de plume aux espaces infinis transfigurés par cette cape blanche et grise. Ce n'était pas seulement une saison qui effrayait les adultes mais devenait dans mes rêves de gosse, un autre pays, une autre planète. Mes parents racontaient que marchant encore à quatre pattes, le contact réel de ce monde étonnant m'étant encore interdit, je me traînais jusqu'au plus prés des fenêtres afin de tenter de déchiffrer le mystère de ces morceaux de blancheur aérienne surgissant de nulle-part . Avant ma première année, ayant maîtrisé la station verticale et pourvu d'une irrépressible attirance pour tout ce qui se déroule à l'extérieur de la maison, j'ai enfin connu cette fabuleuse et étonnante rencontre avec ces duvets glacés qui se laissent tomber mollement du firmament, recouvrent toutes formes avec une délicatesse de velours et parait-il ma joie était égale à celle de notre chien. Au fil des années, j'attendais la première neige avec fébrilité pour aller lire les traces laissées par toute la vie sauvage de notre environnement. Je ne pouvais en parler à mon entourage familial car l'hiver et son cortège de désagréments ne risquait pas d'ouvrir un semblant de dialogue. Alors, par timidité, peut-être par égocentrisme, par peur d'être incompris, c'est dans la solitude humaine que j'ai découvert la nature en général et l'hiver en particulier. Seule la période de mon enfance que j'ai passé chez mes grand-parents m'a offert une extraordinaire opportunité. Mon grand-père, paysan taciturne et pourvu d'un rare bon-sens m'a guidé, souvent sans parole, vers les lignes les plus importantes de la vie et fait connaître une des nombreuses façons d'ouvrir le grand livre de la nature .» C'est sur ces quelques mots que Renaud Dengreville vous invite à découvrir un Aubrac, qui petit à petit se couvre de son manteau de neige et où, sa faune et sa flore, se couvrent, se protègent, s'engourdissent et reviennent à la vie au grès des saisons... Préface : Jacques PERRIN - Producteur
Christian Avesque, 71 ans, est le dernier berger du causse Méjean.
De ce royaume de beauté émaciée, il possède tout ce qui n'a pas de prix: des paysages de sauvagerie et de douceur, un ciel somptueux, la mémoire des lieux, la connaissance des animaux, des plantes. Il a le regard qui pétille, une barbe de patriarche et la robustesse de ces arbres irréductibles qui s'arriment à la terre maigre du plateau, résistant à la sécheresse, à la neige, au vent. Il est berger, le dernier berger salarié du Causse, le seul qui, comme dans les chansons et les contes; parce qu'il n'aime ni les clôtures ni les animaux parqués, mène encore chaque jour son troupeau là où il trouvera la meilleure provende.
Il ne possède rien. Pas même les quelque trois cents brebis dont il est responsable. S'il ne quitte guère son territoire, il fait sur les ailes des oiseaux migrateurs de magnifiques voyages. Et s'il n'a nul besoin d'un agenda pour scander ses travaux et ses jours, c'est que, justement, ces oiseaux en sont les repères. Les chants de l'alouette Lulu, du rossignol ou de la grive, les voltiges des aiglons, des milans ou des vautours, sont pour lui l'an-nonce des tâches à accomplir, les infaillibles marqueurs des saisons de la nature, et le rappel des saisons de sa propre vie.
Son temps à vol d'oiseau.
L'Aubrac, au sud du Massif central, est l'un de ces précieux et rares territoires de France où les peuples de l'herbe, des forêts, des eaux douces, des rocs et du ciel vivent et prolifèrent sans que les outrances de l'urbanisation réduisent leurs territoires. Nulle autoroute n'y mène, seulement de tortueux rubans d'asphalte par lesquels il faut grimper à petite vitesse, qui hissent au coeur d'un horizon ouvert, moutonnement de monts, de plateaux, d'alpages, de pentes tantôt raides tantôt douces, où sol et ciel se déroulent ensemble à l'infini. Comme le faisaient les Romains, des géographes et des poètes nomment parfois « finis terrae » ces lieux étranges de bouts du monde où il semble que la terre rejoignant l'océan touche à son extrémité. Ce livre réunit quelques-unes des plus belles photographies de Renaud Dengreville pour nous faire vivre une année dans un espace qui, bien qu'au coeur de la France, offre de vertigineux dépaysements. On s'imagine en Irlande, en Islande, en Sibérie, en Patagonie ou même dans la Pampa argentine tandis que surgissent les bêtes sauvages et les fleurs précieuses qui peuplent en cachette notre pays dont nous connaissons si peu.
Notre planète est bleue. Le poète Paul Eluard l'avait pressenti quand il écrivait «La terre est bleue comme une orange.» Et les premiers cosmonautes en furent stupéfaits lorsque pour la première fois ils la virent avec le regard des dieux. Ces 80 % d'eau qui constituent la terre y ont fait naître et y nourrissent toute vie. Aussi l'eau se trouve-t-elle au coeur des récits et des mythes de tous les peuples du monde. Qu'une source surgisse dans le secret d'une forêt, et nos aïeux imaginaient le prodige d'une fée. Sur le chemin des rivières on déposait des offrandes et remonter à la source des fleuves fut le rêve de bien des explorateurs. D'où vient l'eau, où va-t-elle, dans quel cycle perpétuel qui, à chaque instant, la fait aussi neuve que l'aube du monde, aussi vieille que l'universoe Ce livre répond à nos plus enfantines interrogations et nous donne à la contempler, libre, vivante, sauvage, magique, créatrice inlassable de contes, de mystères et de beautés. La suivant en images dans son infini voyage, son environnement végétal ou animal, et découvrant la permanence de ses rythmes, nous la retrouvons comme un objet de perpétuel émerveillement.
Ce livre est une balade au long du cycle de l'eau libre. Elle le suit dans son déroulement, de la goutte à la source, de la source au cours d'eau puis à la mer, de l'eau liquide à la neige et à la glace, pour finir par l'évaporation, qui fait les nuages, les nuages qui font la pluie, la pluie qui nourrit les nappes phréatiques, de telle sorte que tout recommence. Elle décrit les phénomènes physiques, géologiques, géographiques, mais évoque aussi les mythes, les légendes et la culture qui, sous tous les cieux, s'attachent à l'eau sous toutes ses formes.