LES GRANDS TEXTES DU XVIIIe SIÈCLE.
Le charme de Marivaux réside dans une alliance unique de cruauté et de grâce, de tristesse et de gaieté. Mais le marivaudage, qui évoque le badinage, le duel amoureux pour rire, le ballet sentimental, n'existe dans aucune de ses pièces. Rien de plus précis, réaliste, que son regard sur les intermittences du coeur humain et de l'amour, dont il connaît tous les sentiers, toutes les méprises, toutes les ruses.
À vrai dire, le hasard tient peu de place dans cette comédie où Silvia, pour éprouver la sincérité de son fiancé Dorante, se fait passer pour sa servante Lisette, tandis que Dorante fait de même avec son valet Arlequin. Et voilà l'amour à l'épreuve de la méfiance, du préjugé social, de la timidité, de l'hésitation, du sourire et des larmes.
@ Disponible chez 12-21.
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE.
Édition présentée et commentée par Annie Collognat-Barès, professeur de lettres supérieures au lycée Victor-Hugo (Paris).
Jetés sur un rivage grec à la suite d'un naufrage, deux couples, maîtres et serviteurs, ont tout à craindre de cette « Île des esclaves » où survit une tradition séculaire. Dans cette étrange république, on leur ordonne d'échanger leurs noms, leurs vêtements et leur condition. Les valets ont trois ans pour transformer leurs patrons, et faire de ces orgueilleux injustes et brutaux des êtres humains raisonnables et généreux.
Alchimiste des intrigues amoureuses, Marivaux excellait aussi dans la comédie sociale et la fable utopique, qui ne finissent jamais comme prévu.
Lire avec le texte intégral et la préface.
Comprendre avec Les clés de l'oeuvre.
47 pages pour aller à l'essentiel.
112 pages pour approfondir.
Le prince d'un royaume imaginaire fait enlever une de ses sujettes, Silvia, pour l'épouser, alors qu'elle est éprise d'un jeune homme de son village, Arlequin, lui-même retenu au palais. Dans le monde confiné de la cour, l'amour vrai des deux héros resistera-t-il à l'artifice et au mensonge ? Une comédie qui mêle farce et satire sociale.
Marivaux n'est pas seulement le magicien des ravissements, des confusions et des conspirations amoureuses. Notre siècle, qui a le goût des paraboles sociales, redécouvre ses pièces en un acte, comme cette Colonie subversive où les femmes ont l'idée de prendre le pouvoir.
L'Île des esclaves est aussi une utopie, entre la fable philosophique et la comédie à l'italienne. Sur l'île de « nulle part », deux couples de maîtres et d'esclaves échangent leur condition le temps d'un « cours d'humanité ». Le serviteur se donne trois ans pour corriger le seigneur de sa barbarie et de sa superbe, trois ans pour le rendre humain, sensible et généreux.
Venu d'une époque qui ne connaissait pas la lutte des classes, ce conte étonne par son amertume et sa souriante cruauté.