Fadettes, métadonnées, algorithme, boîte noire, imsi-catchers, signal faible. Ces nouvelles expressions racontent davantage qu'une révolution technologique : un projet politique assumé par le gouvernement, la mise sous surveillance, ou un monitoring généralisé, de la population française. La loi sur le renseignement, récemment adoptée contre l'avis de toutes les autorités administratives indépendantes et toutes les associations de défense des droits et libertés, est le dernier étage d'un édifice radicalement nouveau. Il organise le possible contrôle de chacun de nos courriels, de chacune de nos communications téléphoniques, de la plupart de nos conversations privées. Comme le Patriot Act américain, loi d'exception adoptée après les attentats du 11 Septembre, ce dispositif accorde des pouvoirs sans précédents aux services de police et aux services secrets.
C'est au nom de la lutte contre le terrorisme que nos libertés individuelles peuvent être désormais foulées au pied, notre vie privée fouillée à tout moment. Les lanceurs d'alerte Julian Assange et Edward Snowden ont révélé les méfaits de la NSA, cette agence américaine qui ne fait pas qu'écouter les chefs d'État et de gouvernements étrangers mais capte chaque jour des milliards de données.
En s'engageant sur une voie similaire, le pouvoir français place chacun de nous en liberté conditionnelle.
Fabrice Arfi, ancien reporter à Lyon Figaro (1999-2004), à 20 Minutes (2004-2005), cofondateur de l'hebdomadaire Tribune de Lyon (2005-2007), a également collaboré à l'AFP, au Monde, à Libération, au Parisien/Aujourd'hui en France. avant de rejoindre Mediapart, dès sa création en décembre 2007.
- Il y a eu l'élection de Nicolas Sarkozy, puis l'entrée au gouvernement de personnalités de gauche ; l'instauration d'un bouclier fiscal et la défiscalisation des heures supplémentaires ; la fin de la publicité à la télévision publique et la nomination par l'Élysée des présidents de l'audiovisuel public ; une réforme de la Constitution ; une révolution de la justice ; la suppression de 30 000 postes dans l'éducation ; la création de nouvelles franchises médicales ; l'augmentation de 172 % de l'indemnité du président de la République ; l'idée de soumettre aux tests ADN certains candidats à l'immigration ; la réintégration de la France dans l'Otan ; une vraie-fausse rupture avec la Françafrique, le discours de Dakar, etc.Il y a eu un divorce et un mariage à l'Élysée ; des vacances sur le yacht de Vincent Bolloré ; une justice qui s'est effacée pour permettre l'indemnisation de Bernard Tapie ; un " casse toi pauv' con " et une Princesse de Clèves ; l'injonction de lire la lettre de Guy Môquet dans toutes les classes ; le retrait du fichier Edvige ; la plus longue grève des universités et les plus grandes manifestations de salariés depuis des décennies, etc.La présidence de Nicolas Sarkozy n'est pas qu'une avalanche de décisions, d'annonces désordonnées et de nominations de complaisance. Déjà, elle a remodelé en profondeur la société française et l'appareil d'État, fracturant le paysage social, hystérisant le débat public, organisant collusions et conflits d'intérêt entre grands groupes économiques et responsables politiques.De la nuit du Fouquet's au grand emprunt national, le livre recense les changements intervenus. Dans la manière d'exercer le pouvoir. Dans l'évaluation des politiques appliquées à certains secteurs, l'emploi, la laïcité, la justice, la constitution, l'environnement, la politique étrangère, la politique en matière d'immigration, la réponse à la crise financière...Plus d'une vingtaine de longs articles thématiques sont accompagnés d'une chronologie détaillée de quelque 300 dates. Pour ne pas oublier. Et pour réfléchir.
Avec le Programme du Conseil national de la Résistance, rédigé en 1944, ou le Programme commun de la gauche, élaboré au début des années 1970, les « 110 propositions » préparées par le PS pour la présidentielle de 1981 constituent une étape majeure dans l'histoire de la gauche et dans les projets de transformation sociale qu'elle a proposés au pays.
Ces propositions, qui tendaient à engager un vaste plan de relance ou à nationaliser une partie des grands moyens de production, de la banque jusque dans l'industrie, les voilà, avec trente ans de recul, qui font office de miroir. Il suffit de les prendre une à une pour s'en convaincre. Quelles que soient les maladresses, les hypocrisies ou les habiletés qui ont présidé à leur élaboration, elles portaient une part du rêve.
Comme Les Jours heureux, titre sous lequel a été publié le Programme du CNR, a fait rêver la France résistante. Dans ces « 110 propositions », il faut donc, aujourd'hui, se replonger. A leur lecture, en effet, on mesure à quel point, en trois petites décennies, le monde a radicalement changé. Adieu les politiques de relance, la défense des services publics, le relèvement des minima sociaux, du salaire minimum. Article par article, on voit à quel point l'Etat a reculé face aux marchés.
A quel point aussi les politiques publiques ont été appauvries et le modèle social démantelé. Pour quiconque fait le va-et-vient entre hier et aujourd'hui, elles permettent de mesurer l'ascendant que le capital a pris sur le travail, les formidables flexibilités et précarité que le monde du travail a subies. Du même coup, l'effet de miroir est encore plus important. Alors que la gauche avance vers la présidentielle de 2012 dans une situation inquiétante de division, alors que les socialistes sont minés par des sensibilités innombrables et tout autant d'ambitions individuelles, la plate-forme socialiste a cette autre utilité.
Même si certaines ont vieilli quand elles ne sont pas devenues obsolètes, les « 110 propositions » permettent aussi d'apprécier ce que sont devenus les socialistes. Les rêves que quelques-uns continuent de porter, défendant encore certaines de ces « 110 propositions », même amendées. Ou les renoncements auxquels d'autres ont au contraire cédé. Car si les socialistes espéraient jadis « changer la vie », c'est la vie qui, trop souvent, les a changés.
L'affaire Bettencourt n'est pas qu'un conflit familial opposant la femme la plus riche de France à sa fille. Depuis les premières révélations de Mediapart, l'affaire Bettencourt est devenue l'affaire Woerth, recelant possiblement une affaire Sarkozy. Autrement dit, une affaire d'État.
Ce livre démêle une affaire tentaculaire qui devrait prendre un nouveau tournant judiciaire.
L'enquête en cours a déjà révélé :
- Une fraude fiscale massive organisée par le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, laquelle a bénéficié d'un remboursement de 30 millions d'euros au titre du bouclier fiscal.
- Le financement par la milliardaire de personnalités politiques comme Valérie Pécresse, Éric Woerth - et peut-être N. Sarkozy.
- L'existence d'un système des micros partis permettant de contourner la loi sur le financement des campagnes et partis politiques, et aussi le fonctionnement du « Premier Cercle », structure de l'UMP où se retrouvent les plus grandes fortunes de France.
- Un conflit d'intérêts majeur concernant le ministre du Budget, puis du Travail, M. Woerth, par ailleurs trésorier de l'UMP, dont la femme travaillait chez Liliane Bettencourt.
- Une obstruction de la justice : en l'absence de la nomination d'un juge d'instruction, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, s'arroge toutes les prérogatives de l'enquêteur alors qu'il est l'un des protagonistes des enregistrements clandestins. Ce même procureur, comme on l'entend dans les enregistrements clandestins faits par le majordome de Mme Bettencourt, a fait cause commune avec la présidence de la République pour soutenir Mme Bettencourt contre sa fille, dans le différend qui les oppose.
Les divers protagonistes mis en cause ont tenté de museler Mediapart en intentant une action en justice. En vain. La cour d'appel a reconnu le droit au journal de publier ces enregistrements en raison de leur utilité publique.