«Vive sans être bruyante, et naturellement recueillie, je ne demandais qu'à m'occuper, et je saisissais avec promptitude les idées qui m'étaient présentées. Cette disposition fut tellement mise à profit, que je ne me suis jamais souvenue d'avoir appris à lire ; j'ai ouï dire que c'était chose faite à quatre ans, et que la peine de m'enseigner s'était pour ainsi dire terminée à cette époque.»Madame Roland, née Manon Phlipon (1754-1793), fut arrêtée comme Girondine le 1?? juin 1793, condamnée à mort et guillotinée le 8 novembre. Elle passa ses mois de captivité à rédiger d'admirables Mémoires dont on trouvera ici les premiers chapitres. L'époque romantique devait voir en elle l'une des grandes figures féminines de la Révolution.
Madame Roland naît en 1754, fait des études brillantes, épouse un financier du roi:ces prémices aboutissent en général à un salon bourgeois. Elle eut un salon. Elle y rencontra l'Histoire, et l'Histoire ne la lâcha plus. Roland de la Platière, son mari, devint ministre de l'Intérieur, alors elle put penser qu'elle triomphait, et avec elle l'idéal révolutionnaire:Plutarque, les stoïciens, la justice, l'égalité, la vertu. Mais le vent tourna. Les Girondins avaient tous fréquenté chez elle:elle fut suspecte comme eux, et comme eux condamnée. Toute la Révolution défile dans ces Mémoires avec ses frémissements et ses violences.
Premier livre des éditions Dagorno, en 1992. Manon Phlipon, plus connue sous le nom de Madame Roland, est morte sous la guillotine le 8 novembre 1793.Parmi les plus éminentes victimes de la Terreur, cette femme n'était pas une aristocrate ou une catin mais une des têtes pensantes de la Révolution.