Les relations entretenues entre le duc Plantagenêt et les nobles normands sont la clé pour comprendre les choix de ces derniers au moment de la conquête du duché en 1204. Sous le règne de Philippe Auguste c'est encore cette même problématique de la soumission et de la fidélité qui se pose. La dialectique aristocratie/pouvoir, placée au coeur de l'étude de Maïté Billoré, apporte un éclairage particulier sur la féodalité normande et permet d'appréhender le processus, étonnamment précoce ici, de socio-genèse d'un groupe social.
Avec le soutien de l'université de Poitiers et de l'UMR 5648, CIHAM Lyon 3-université Jean-Moulin Lyon 3.
Le crime médiéval se présente sous de multiples facettes depuis le délit mineur jusqu'au cas « énorme ». Ce sont les affaires les plus horribles qui retiendront ici notre attention. Parce qu'elles offensent l'opinion publique, qu'elles suscitent la répugnance, la peur mais aussi la curiosité.
Ces crimes « horribles » représentent pour les historiens, une porte d'entrée précieuse pour appréhender les mentalités médiévales. Les peines prononcées envisagent des questions telles que la préméditation ou l'intention et au final un panel fort large de sanctions est utilisé, lesquelles font la part belle aux rituels infamants et aux peines corporelles. Les « cas énormes » (lèse-majesté, meurtres, rapt, sorcellerie, hérésie...) font souvent l'objet d'une procédure extraordinaire qui se justifie, en partie, par l'émoi suscité ; elle relève de la responsabilité du juge qui assume la lourde responsabilité de délivrer la société d'un ferment d'infection et de désordre.
Au cours du Moyen Age, les logiques martyriales sortent du champ proprement religieux. Les autorités mais aussi les sujets et les fidèles participent de la fabrique d'icônes d'un genre nouveau: des martyrs hors la foi, témoins d'un engagement politique et public.
Le martyr politique ne répond pas à un profil unique. On le pense dissident, engagé au service d'une cause qui l'oppose aux puissants, souffrant dans un contexte de tensions politiques avérées, mis à mort dans des conditions anormales et érigé en figure héroïque et vénérable par ses partisans au point de faire l'objet d'un culte populaire à la postérité plus ou moins importante ou d'être au c½ur de récits identitaires, voire légendaires. Mais ce schéma, pour être classique, n'épuise pas la gamme des possibles.
Le martyr politique est une affaire de représentation -l'idée qu'une communauté se fait de la mort d'un des siens- et son potentiel d'identification peut être valorisé immédiatement par ses partisans. Il peut aussi faire l'objet de manipulations et servir en définitive une cause distincte du combat mené. Le martyr politique est ainsi, il ne faut pas l'oublier, l'objet d'un discours construit pour contester le pouvoir ou, au contraire, le soutenir et le légitimer. Mais ce discours ne trouve pas toujours son public et il subsiste des martyrs incomplets ou incertains.
Cet ouvrage explore les archives sur l'ensemble du territoire de France et en extrait des documents inédits sur les thèmes de la justice, des sociétés urbaines et de l'histoire culturelle au Moyen Âge. Associant sources et commentaires, ces études sont appelées à servir de références méthodologiques et scientifiques.
Avec le soutien de l'université Jean-Moulin-Lyon 3 et de l'université de Poitiers.
Fausses nouvelles de la mort du roi, rvlations de complots contre la chrtient, dnonciations des moeurs lgres des reines et princesses, accusations de crimes sexuels contre des ecclsiastiques, multiplications de miracles autour de tombes, portraits flatteurs ou infamants de grands et de petits que rien ne vrifie en dehors d'affirmations transmises l'oral comme l'crit, entre voisins, amis, courtisans, guerriers et hommes d'glise : la rumeur est omniprsente au Moyen ge. Elle n'pargne aucun pan de la socit, aucun groupe humain et elle est de tous les temps entre le Ve et le XVe sicle. Elle s'inscrit dans les sources textuelles de toute sorte, qui lui rpondent, la confortent, la relaient ou simplement la disent avec des mots bien spcifiques. Pourtant, les mdivistes ont souvent considr qu'ils ne pouvaient saisir dans la documentation plus que le souvenir de la rumeur. Sujet la mode, la rumeur mdivale a principalement t tudie, jusqu'ici, dans le cadre des rapports entretenus entre le peuple et les autorits la fin du Moyen ge. Envisage sur le fond des grandes crises (guerres, rvoltes), associe au dfaut d'information et la sdition, juge caractristique et rvlatrice de l'opinion des gens de peu en rupture momentane avec les gouvernants, la rumeur a rarement t aborde comme un phnomne de communication entre gaux (chez les lites comme chez les humbles), dans des usages socialement constructifs et rvlateurs de craintes, mais aussi de revendications, d'espoirs, d'imaginaires et de croyances. C'est pour tenter de renouveler et de complter cette approche historique, que les auteurs du prsent ouvrage ont crois les rsultats de recherches menes sur le statut, la construction, les usages et la porte d'une rumeur qui n'est, au Moyen ge, caractristique d'aucun groupe social, conomique, politique ou d'opinion spcifique. Le mpris affich par les lites son gard, lorsqu'elle mane des petits et de leurs ennemis, ne suffit pas faire oublier que la rumeur est avant tout un moyen de fdrer.
La trahison est une préoccupation constante de la société médiévale, difficile à appréhender à des siècles de distance car ses acceptions sont fluctuantes et ses visages multiples.
Réunis en congrès à Lyon au mois de juin 2008, plusieurs chercheurs - historiens des textes et des images, littéraires, juristes, épigraphistes - travaillant sur l'ensemble des Ve-XVe siècles, ont croisé leurs approches pour parvenir à cerner ce que les hommes du Moyen Age considéraient comme trahison et quel était le contenu de leur discours sur le sujet. La présente synthèse regroupe leurs contributions et fait état de leurs réflexions et de leurs conclusions.
Dans une société très normalisée comme l'est la société médiévale, la trahison apparaît toujours sous les traits de la monstruosité. Furtive, elle s'ourdit à l'abri des regards, brouille les repères, subvertit l'ordre social. Elle transgresse les liens familiaux, amicaux, sociaux ou politique sur lesquels repose l'équilibre du monde et met clairement en péril le salut de l'humanité. Elle hante les relations entre les hommes en tant que réalité objective ou fantasme.
Les réactions qu'elle suscite sont multiples : répulsion, haine, peur, désir de vengeance... Il faut punir le traître afin de purifier la société de la souillure, donner un caractère exemplaire à son châtiment afin de dissuader mais peut-être aussi envisager sa réhabilitation et son pardon. La trahison approchée dans sa diversité et sa multiplicité apporte, ici, un éclairage singulier sur les relations sociales au sein de la société médiévale.
Justice ordinaire, vengeance privée, ordalie..., peine de mort, bannissement, châtiments corporels... , le fonctionnement de la justice médiévale est complexe.
Exercée par une multitude de juges, laïcs ou ecclésiastiques, professionnels du droit ou pas, c'est un enjeu de pouvoir considérable. Cette synthèse présente, au-delà des aspects techniques, institutionnels et procéduriers attendus, une approche sociale et politique du monde judiciaire du Ve au XVe siècle, en insistant sur les complémentarités et les concurrences qui s'y jouent.
Le crime médiéval se présente sous de multiples facettes depuis le délit mineur jusqu'au cas « esnorme ». Mais ce sont les affaires les plus horribles qui retiendront ici notre attention. Parce qu'elles offensent l'opinion publique, qu'elles suscitent la répugnance, la peur mais aussi la curiosité. Ces crimes «horribles » représentent pour les historiens, une porte d'entrée précieuse pour ap-préhender les mentalités médiévales. Les peines prononcées envisagent des questions telles que la préméditation ou l'intention et au final un panel fort large de sanctions est utilisé, lesquelles font la part belles aux rituels infamants et aux peines corporelles. Les « cas énormes » (lèse-majesté, meurtres, rapt, sorcellerie, hérésie...) font souvent l'objet d'une procédure extraordinaire qui se justifie, en partie, par l'émoi suscité ; elle relève de la responsabilité du juge qui assume la lourde responsabilité de délivrer la société d'un ferment d'infection et de désordre.