Entre les XVe et XVIIIe siècles, la chasse aux sorciers et sorcières a fait des dizaines de milliers de morts en Europe. Accusées de pacte avec le diable, de crimes abominables et de maléfices, les victimes, essentiellement des femmes, ont dû endosser la responsabilité des malheurs de toute sorte frappant individus et communautés.
Expié sur les bûchers, ce crime imaginaire a été largement théorisé par les juristes et les théologiens, souvent tenaillés par l'obsession diabolique et animés par une volonté d'uniformité sociale. Mais il a d'abord été nourri des peurs et croyances collectives, des failles béantes de la nature humaine et des machineries des administrations alors en construction.
Si les pouvoirs civils, prenant le relais de l'Église, ont très vite traqué les adeptes de Satan, « déviants » devenus criminels absolus, ce sont également eux qui ont progressivement éteint les feux d'une répression devenue destructrice de l'ordre social.
À partir des années 1430 et pendant près de trois siècles, l'Europe a connue une grande « chasse aux sorcières » alors même que s'épanouissait la Renaissance. Pour comprendre comment s'est construit le stéréotype de la sorcière, il convient d'abord d'étudier les chasseurs, leurs motivations et d'interroger les liens entre pouvoirs civils et autorités ecclésiastiques. Le crime de sorcellerie - presque exclusivement féminin - se révèlé le reflet de psychoses collectives et d'angoisses individuelles et servira les ambitions des puissants.
Le Moyen Âge latin fut-il "christomoniste" ? Volontairement provocatrice, cette question fut suggérée à Yves-Marie Congar par les critiques qui reprochaient à la tradition latine d'escamoter la dimension pneumatologique du christianisme, à force de se concentrer exclusivement sur le Christ. Le Saint-Esprit est-il donc le parent pauvre de la spiritualité occidentale ? Le volume entend revenir sur ce débat en réunissant des médiévistes autour d'un objet empirique, la fête de la Pentecôte. Apparue à la fin du IVe siècle, celle-ci s'est progressivement imposée comme la troisième en importance, après Noël et Pâques. Preuve de son efficacité sociale et anthropologique, elle est devenue un moment privilégié de l'action charitable et une référence obligée pour de nombreuses formes de vie communautaire et de "réveil" religieux. Au croisement de l'histoire du Moyen Âge et des interrogations contemporaines, c'est à une réflexion sur la dialectique entre les moyens institués et l'actualité de la grâce que convie ce livre.
Comment les ordres mendiants ont-ils réussi à s'épanouir du XIIIe au milieu du XVIe siècle dans l'environnement socio-économique de l'Europe centrale, à dominante rurale, donc peu compatible à première vue avec un mode de vie caractérisé par la dépendance à l'égard des donateurs ? N'ont-ils pas été contraints de fonder d'emblée leur subsistance sur des biens et revenus fonciers, au risque de perdre leur "identité" mendiante ? Tel est le point de départ de l'enquête collective - animée par une trentaine de chercheurs (historiens, historiens d'art, archéologues) provenant de dix pays différents - dont ce volume rassemble les premiers résultats. Ils n'informent pas seulement l'histoire des ordines mendicantes et de l'économie du don, mais interrogent la mise en pratique de la sotériologie chrétienne aux marges de l'Occident.