Lise Deharme, l'enchanteresse, prodigue avec bonheur des romans qui sont des contes de fées pour adultes, où l'érotisme, l'ésotérisme et la poésie forment un mélange capiteux.
Adam - l'Enchanteur - est un personnage du Paradis Terrestre. Les choses n'ont de réalité pour lui qu'à travers ses rêves éveillés. " À la fois amoureux de nature et de merveilleux ", il oublie tout, se prend, se déprend, se perd, se retrouve. Des femmes passent... Pour lui, rien ne rend plus heureux que le libre exercice de la sexualité. Donner du plaisir à l'adversaire, en éprouver à se casser les dents : voilà l'homme fidèle. L'autre maugrée, hurle, insulte, fait des heures de travail en trop, souffre de jalousie, crie " c'est l'amour fou ! ", et trompe, et ment, et fait souffrir.
Autour de lui : Aube, la multiforme, dont il croit connaître trois incarnations qui se confondent peut-être, à moins qu'il n'y ait pas d'Aube. Elle personnifie le soleil, le jour, la vie. Sa nièce est sur le même versant : " Je suis le jour qui naît, dit Aube, le soleil qui br-le. Biscotte est ma fille ". Sur le versant de la nuit, on trouvera Maria et sa petite fille Josepha, enfantine Orphée, qui vivent dans une forêt en la compagnie des b-cherons, des bêtes sauvages et des oiseaux nocturnes. Josepha a l'intuition illimitée du présent et voit l'avenir... D'autres personnages en toile de fond et la petite ville de Nemours.
L'ouvrage est dédié À la solitude. C'est le mot-clé pour y entrer, ou plutôt pour le laisser entrer en nous. Et n'importe si la forêt de symboles, qui est au récit ce que les tracés régulateurs sont au peintre, ne nous apparaît pas toujours, puisque l'histoire non seulement nous retient - mais nous enchante.
Qui se doutait que lise deharme était membre du m.l.f. depuis toujours ? mais pour elle cela signifie mouvement de libération des fées, et ses romans en sont pleins, sous les aspects les plus inattendus. ainsi en va-t-il de cette lise, ravissante enfant qui porte bien son prénom, sans savoir qui le lui a donné, car elle ne se connaît ni père ni mère. et ce n'est pas alouette, sa fidèle suivante-complice, qui pourrait le lui dire, ni le richissime richard coeurdelion, amant fougueux aux inépuisables cadeaux. mais qui donc, au juste, est la belle marie-ange, marquise d'enfer ? dans un tourbillon de fêtes, d'amours, de soupers et d'extravagances, où valsent le valet charmant, m. de rubempré, né balzac, un archiviste et un jardinier sans âge, l'étrange marquise laissera deviner, bribe après bribe, les capricieuses fantaisies de la vérité. dessinée avec une plume aussi légère, aussi inventive que celle de léonor fini, cette oeuvre de poète - qui s'amuse à parodier les situations classiques du mélodrame - est une farandole d'images et de songes, avec des arrêts soudains, des aveux, des angoisses ; aussitôt effacés par l'élégance d'une écriture au vif-argent.
Lise Deharme est l'écrivain du Merveilleux. Son livre est une sorte de conte alchimique. Le Soleil, sous toutes ses formes l'illumine : il est Gaston Phoebus, Louis XIV, et cet astre qui bronze sur le sable chaud tant de beaux corps allongés. Il s'endort, et ses rayons dorent encore l'île de Cythère, qui se trouve non loin d'un palace, situé où il vous plaira. Mirage d'Antoine Watteau surgi dans le plus merveilleux des jardins modernes.
Ce roman, conçu à Versailles, dans l'humide et le chaud, situé entre le rêve et la réalité magique, " conte de fée érotique " ? Au lecteur, au critique de juger.
L'eau trouble et le végétal y prennent une importance encore plus grande que dans les autres romans de Lise Deharme.
L'Amant blessé est le nom d'une rose blanche à peine tachée d'une goutte de sang. Sans doute - mais des hommes s'avancent vers nous, imaginaires ou vrais, fascinants, sous leurs multiples visages.
Les femmes croient toujours n'avoir aimé qu'un seul homme.
" Je n'ai jamais cessé de rêver ", dit Lise Deharme. Comme elle déteste les références, nous ne citerons que pour mémoire les écrivains les plus dignes de ce nom : Eluard, Aragon, Boris Vian, Jean Tardieu, Julien Gracq, Desnos, Antonin Artaud, Reverdy, André Pieyre de Mandiargues et André Breton, qui ont rendu hommage à cette curieuse personne.
La rêveuse éveillée se prénomme Lulle.
Le personnage principal est un Chat.
Dans le Midi, on appelle "farouche" un trèfle incarnat. Breton, Deharme, Gracq et Tardieu en font surgir un, magnifique, à travers la feuille que chacun a composée. Le farouche est le réceptacle du rêve éveillé du poète, un rien le trouble, le dissipe, le rejette au néant. Plus la conscience règne et plus notre âme s'étiole.