Juillet 1942.
Au camp de transit de Beaune-la-Rolande où il a été transféré avec toute sa famille après une sinistre étape au Vél'd'Hiv, Joseph Weismann a déjà perdu l'insouciance de ses onze ans. Quand arrive le jour de la déportation, les forces de l'ordre s'emparent brutalement des adultes, laissant des centaines d'enfants déchirés de douleur. Les soeurs de Joseph ont également été emmenées. A bout de larmes, le jeune garçon décide de s'enfuir avec un copain.
Ils mettront cinq heures à traverser les barbelés qui cernent le camp... Jusqu'à la Libération, ce gamin chétif va se cacher. Dénonciation ignoble, protection inattendue de deux gendarmes, maltraitance de certaines familles d'"accueil" et enfin un couple merveilleux qui va en faire un homme. Désormais, il a pour devise : "Le bonheur droit devant". Il veut tout gommer, la souffrance a presque engendré le déni.
Et ses cauchemars, la nuit, il n'en parle à personne. Ce n'est qu'en se rendant à Auschwitz, où les siens ont disparu avec tant d'autres, qu'il accepte de regarder l'horreur en face. Et c'est Simone Veil, un jour, qui l'incite à témoigner. Pour que les jeunes générations sachent. Pour qu'elles veillent à ce que l'Histoire ne se renouvelle pas.
Joseph est un gamin de Montmartre qui fait les 400 coups avec ses copains dans la capitale occupée. Juif, il porte l'étoile jaune.
Au matin du 16 juillet 1942, des gendarmes français l'arrêtent avec sa famille. C'est la rafle du Vél' d'Hiv.
Jo est arraché à ses parents et à ses deux soeurs qui partent pour le camp d'Auschwitz.
Une autre guerre commence alors: celle d'un enfant de 11 ans, seul, perdu dans un camp d'orphelins. Joseph est jeune, mais il sent et comprend tout. Avec un autre enfant, Jo Kogan, il monte un plan d'évasion. Ils se glissent sous quinze mètres de barbelés qu'ils « détricotent » à mains nues durant six heures d'affilée :
Ils réussissent à s'enfuir, tandis que leurs compagnons seront envoyés à la mort.
Joseph s'est longtemps refusé à raconter son histoire. C'est Simone Veil qui l'a convaincu du devoir de mémoire. Depuis, il parcourt inlassablement les lycées. Il participe à des conférences, des débats. Il a contribué au film La Rafle et à des documentaires. Il a publié le récit de sa vie. Sa guerre ne s'est jamais vraiment achevée.