«Les deux hommes levèrent les yeux car le rectangle de soleil de la porte s'était masqué. Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d'autruche rouges.»
«Le soleil se leva derrière eux, et alors... brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée. Al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route. - Nom de Dieu ! Regardez ! s'écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : - Dieu tout-puissant !... J'aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.»
«Dans la ville, on raconte l'histoire d'une grosse perle - comment elle fut trouvée, puis perdue à nouveau ; l'histoire de Kino, le pêcheur, de sa femme Juana et de leur bébé Coyotito. Et comme l'histoire a été si souvent racontée, elle est enracinée dans la mémoire de tous. Mais, tels les vieux contes qui demeurent dans le coeur des hommes, on n'y trouve plus que le bon et le mauvais, le noir et le blanc, la grâce et le maléfice - sans aucune nuance intermédiaire.»
Après les Jours de travail, le journal des Raisins de la colère, Seghers publie la correspondance de Steinbeck à son éditeur, lors de la rédaction d'A l'Est d'Eden...
Alors qu'il commence la rédaction d'À l'est d'Eden, son roman le plus ouvertement autobiographique et sans doute le plus ambitieux, John Steinbeck se lance dans une longue lettre qu'il écrit quotidiennement à son ami et éditeur, Pat Covici. Pour lui, cette lettre ininterrompue a une triple vocation : elle le prépare physiquement et psychiquement à la rédaction de ses feuillets du jour ; elle offre un laboratoire dans lequel il revient sur les ambitions du chapitre en cours ; elle lui permet de tenir la chronique de la création, réflexion sur le temps, la littérature, l'inspiration, l'oeuvre à l'oeuvre.
Chaque jour, du 29 janvier au 31 octobre 1951, Steinbeck documente ainsi son processus d'écriture, se confie sur des sujets intimes, offrant ainsi un angle fascinant sur l'expérience du Nobel, une vision de l'homme et de l'écrivain, mais aussi de la relation qui unit un auteur et son éditeur.
Publié aux États-Unis en 1968, l'année suivant la disparition de Steinbeck, Journal d'un roman, Lettres d'A l'Est d'Eden, se situe dans la lignée de Jours de travail, Les journaux des Raisins de la colère : traduit par Pierre Guglielmina et paru chez Seghers en 2019, celui-ci avait été salué d'une presse unanime. Avec ce deuxième opus, les Editions Seghers poursuivent leur exploration de la fabrique de la création des chefs-d'oeuvre de la littérature américaine du XXe siècle.
«- Je vais tout te raconter. J'ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J'avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux. - Oh ! la détrousseuse de l'honnête homme !»
La Rue de la Sardine, à Monterey en Californie, c'est un poème; c'est du vacarme, de la puanteur, de la routine, c'est une certaine irisation de la lumière, une vibration particulière, c'est de la nostalgie, c'est du rêve. La Rue de la Sardine, c'est le chaos. Chaos de fer, d'étain, de rouille, de bouts de bois, de morceaux de pavés, de ronces, d'herbes folles, de boîtes au rebut, de restaurants, de mauvais lieux, d'épiceries bondées et de laboratoires. Ses habitants, a dit quelqu'un:«ce sont des filles, des souteneurs, des joueurs de cartes et des enfants de putains»; ce quelqu'un eût-il regardé par l'autre bout de la lorgnette, il eût pu dire:«ce sont des saints, des anges et des martyrs», et ce serait revenu au même.
N Californie, dans les années 1930, deux amis travaillent rudement de ranch en ranch pour gagner modestement leur vie en dépit de la crise économique qui sévit dans tout le pays. George est un homme petit à l'esprit vif qui s'est promis de veiller sur Lennie, un grand gaillard simple d'esprit ayant la fâcheuse manie de se fourrer dans le pétrin.
Ces deux amis, que tout oppose en apparence, partagent le même rêve :
économiser suffisamment pour posséder une petite ferme et y vivre comme des rentiers.
Des souris et des hommes conte l'histoire d' une amitié touchante devenue mythique.
Si le journal des Raisins de la colère est un document remarquable, c'est parce qu'il est le pouls violent et quotidien d'une lutte au corps à corps de l'écrivain avec son livre, ses doutes, son entourage, ses obligations. À chaque page, on a le nez dans la vie, l'effort, la crise.
Philippe Lançon, Libération John Steinbeck a écrit Les Raisins de la colère entre juin et octobre 1938, dans un moment de bouillonnement créatif extraordinaire. Tout au long de cette période, il a tenu des journaux qui retracent scrupuleusement cette expérience jour après jour, heure après heure. Avec eux, on entre dans la tête de Steinbeck pour y découvrir les tensions qui le traversent, les doutes qui le minent, sa paranoïa latente, les obstacles (souvent domestiques) qui se dressent devant lui, mais surtout la détermination obstinée qui le pousse à suivre le fil de son inspiration.
Des journaux d'écriture hors norme, au même titre que le roman dont ils décrivent la genèse.
Jody, petit garçon rêveur et solitaire, vit dans un ranch de Californie, avec ses parents et Billy Buck, le garçon d'écurie, son ami. Sa vie est paisible, entre l'école et les travaux de la ferme. Un matin, Jody découvre dans la grange un poney rouge, un cadeau de son père. Aidé par Billy Buck, Jody entreprend de dresser Galiban, le poney. Et peu à peu arrive le moment où, pour la première fois, Jody va pouvoir monter Galiban ! Mais le poney tombe malade...
«- Le soleil va bientôt se coucher. À la nuit, ceux de la ville vont peut-être laisser passer nos hommes, mais nous, ils nous arrêteront. Ils veulent notre peau. Alors, je veux que tu t'en ailles, dès que la nuit tombera, et que tu retournes en ville.
- Pourquoi ?
Marc le regarda de côté, puis fixa de nouveau son regard sur le sol.
- Quand je t'ai amené ici, dit-il, je croyais que j'étais très fort, et je suis persuadé maintenant que tu en vaux dix comme moi, Jim. S'il m'arrive quelque chose, on trouvera facilement vingt types qui pourront me remplacer. Mais toi, tu as du génie pour ce genre de travail. Le parti ne peut pas te sacrifier ainsi ; pour une petite grève de rien du tout. Ce ne serait pas raisonnable.»
En Californie, entre Salinas et Monterey, des familles de fermiers vivent prospères et paisibles. La terre est riche et facile à travailler, les fruits des jardins sont les plus beaux de Californie. John Steinbeck décrit ces familles avec tendresse et humour. Le même paysage rassemble des personnages très divers qui, sous le même ciel, construisent un rêve intimement mêlé à la terre, aux fleurs, aux animaux, au grand souffle cosmique des saisons.
En 1960, deux ans avant de recevoir le prix Nobel de littérature, John Steinbeck entreprend, au volant de son mobil home, un voyage de onze semaines à travers l'Amérique, avec pour seul compagnon son chien Charley.
De la Pennsylvanie aux forêts du Maine, du Montana à la côte pacifique, le regard qu'il porte sur son pays est désenchanté, et c'est son désarroi, face à la montée de l'indifférence et au racisme endémique, qui s'exprime dans ces pages. Un récit de voyage qui sonne comme une cérémonie des adieux.
Une panne oblige les voyageurs d'un autocar à passer la nuit dans une station-service, sur la grande autoroute de Californie. La panne réparée, un nouvel incident immobilise pendant des heures les voyageurs en pleine montagne. De chacun des naufragés de l'autocar, Steinbeck trace un portrait étonnant, dévoilant le drame ou la comédie de son existence entière. Chacun des voyageurs perd la tête, est assailli par des tentations sexuelles, nous livre un instant son âme secrète.
Diffusé sous le manteau pendant l'occupation, voici le plus étonnant des Steinbeck.
Alors que partout en Europe la guerre fait rage, au bout du monde, un petit village scandinave coule une existence paisible. Jusqu'au jour où une unité allemande apparaît au sommet de la côte. En un instant l'harmonie ancienne est rompue.
Rapidement l'envahisseur est condamné à la terreur. Face à lui, la population doit choisir entre la résistance ou la collaboration. Ce sera la résistance, mais passive, faite d'indifférence, de silence et de refus. Jusqu'à retourner la menace vers l'ennemi, le mener à la folie.
Orden le rebelle, Lanser le colonel nazi et Corell le collaborateur incarnent triplement l'unique destinée de l'homme face au totalitarisme.
Grâce à la finesse psychologique des personnages et à la force heurtée du récit, ce roman, alors prophétique, devient une parabole pour aujourd'hui.
John Steinbeck (1902-1968) est l'auteur de nombreux livres aussi marquants que Des souris et des hommes ou A l'est d'Eden et fut lauréat du prix Nobel de Littérature en 1962. Lune noire date de 1942.
" A New Baytown, petit port de la Nouvelle-Angleterre, Ethan Allen Hawley gère avec une parfaite honnêteté l'épicerie dont il aurait dû être le propriétaire. Il accepte avec philosophie d'être le descendant d'une famille jadis puissante, mais ruinée. Jusqu'au jour où la belle Margie promet à sa femme, Mary, en lui tirant les cartes, qu'Ethan " sera son avenir "...
Comment rester intègre quand tout le monde vous pousse vers la corruption ? Ethan acceptera-t-il de réussir au risque d'y perdre son âme ? Le romancier des Raisins de la colère nous donne, avec cet ultime roman, un merveilleux conte moral plein d'humour et de tendresse.
Steinbeck se fait l'avocat du diable avec un esprit féroce. Mais le réquisitoire est habile, baigné d'une belle lumière, soutenu par des personnages savoureux. La société américaine en prend une fois de plus pour son grade.
Valérie Hanotel, Madame Figaro. "
Quel secret cache la jolie Jelka derrière ses grands yeux noirs et son sourire toujours tendre et impassible ? Comment la frêle et maladive Emma s'y prend-elle pour obliger son mari à rester dans le droit chemin ? Qui est cette femme mystérieuse qui veut acheter un serpent à sonnette ? Et Mama Torres, une veuve à la poigne de fer, qui voit son fils devenir un homme ? Dans un monde d'hommes, rude et impitoyable, quatre portraits de femmes fortes par l'auteur des Raisins de la colère.
Vers le milieu du XVIIe siècle, un garçon de quinze ans, Henry Morgan, natif du pays de Galles, s'embarqua sur un vaisseau qui allait à la Jamaïque. Il rêvait d'être le plus grand corsaire d'Angleterre. Sa volonté de fer lui permit de devenir le boucanier le plus terrible et le plus glorieux qu'on vît jamais à l'île de la Tortue et à la Gonave. À trente ans, pour couronner ses exploits, il résolut de prendre d'assaut la Coupe d'Or, Panamá, la puissante ville espagnole.
Mais le désir de la gloire est comme le désir de la lune : pour l'éprouver, il faut garder une âme d'enfant. Après avoir conquis et incendié Panamá, l'âme enfantine d'Henry Morgan l'abandonna. Et quand plus tard il revint, vice-gouverneur de la Jamaïque, chargé d'honneurs et de fortune, il n'était plus qu'un homme qui s'ennuyait et craignait les scènes de ménage.
Ce roman d'aventures, passionnant, somptueux, profond, montre un aspect à peu près inconnu en France de John Steinbeck : celui d'un écrivain qui a un sens aigu de l'histoire et de la mer.
Dans une petite ville de Californie, un jeune militant s'apprête à vivre pour la première fois l'épreuve de la violence : comment va-t-il résister à la peur et à la souffrance ? En bavardant avec un rémouleur ambulant, une femme dans la force de l'âge, mariée à un fermier sans imagination, ressent un soudain désir de vivre, de voir du pays, de s'évader ; un instant, un même sentiment érotique de la terre la relie au voyageur ; mais l'évasion dont elle a rêvé se transformera en une sortie banale à Salinas, la ville voisine...Treize nouvelles, dont le célèbre «Poney rouge». Mais un seul livre, dont l'unité est l'amour de Steinbeck pour la grande vallée californienne de Salinas. La vallée où se passent les choses les plus ordinaires du monde - les plus grandes -, le pays où vivent les gens les plus simples, les plus mystérieux des hommes.
«Dans la ville, on raconte l'histoire d'une grosse perle - comment elle fut trouvée, puis perdue à nouveau. On raconte l'histoire de Kino, le pêcheur, de Juana, sa femme, et de leur bébé, Coyotito. Et comme l'histoire a été si souvent racontée, elle est enracinée dans la mémoire de tous. Et, comme pour tous les vieux contes qui demeurent dans le coeur des hommes, on n'y trouve plus que le bon et le mauvais, le noir et le blanc, la grâce et le maléfice, sans aucune nuance intermédiaire.Si cette histoire est une parabole, peut-être chacun en tirera-t-il sa propre morale et y lira-t-il le sens de sa propre vie. Quoi qu'il en soit, on raconte dans la ville que...»
Joseph Wayne et ses frères Thomas, Burbon et Benjamin vont exploiter une grande ferme en Californie.Bien que Joseph ne soit pas l'aîné des frères Wayne, c'est lui que tout le monde reconnaît comme le chef de famille. Il est fort, tranquille et juste. C'est à lui d'ailleurs que son père, le vieux John Wayne, a donné sa bénédiction solennelle, tout comme un patriarche de la Bible.John Steinbeck ne se borne pas à faire vivre des personnages d'une grandeur tragique, mais il décrit aussi avec une poésie puissante les paysages splendides de la Californie et retrace les difficultés des pionniers du début du siècle.
Jody, petit garçon rêveur et solitaire, vit dans un ranch de Californie, avec ses parents et Billy Buck, le garçon d'écurie, son ami. Sa vie est paisible, entre l'école et les travaux de la ferme. Un matin, Jody découvre dans la grange un poney rouge, un cadeau de son père. Aidé par Billy Buck, Jody entreprend de dresser Galiban, le poney. Et peu à peu arrive le moment où, pour la première fois, Jody va pouvoir monter Galiban ! Mais le poney tombe malade...
Joe, le pilote, vient de Caroline du Sud. Bill, le bombardier, d'Idaho, Allan, le navigateur est de l'Indiana, Al, le mitrailleur, du Middle West, Abner, le mécanicien, est californien. Au total, ils sont sept jeunes gars, la vingtaine, réunis en 1942 sur une base américaine pour apprendre, comme tant d'autres, à dompter un Boeing B-17 Flight Fortress, monstre volant avec lequel ils iront bientôt inonder de bombes l'Europe et le Pacifique.
Dans Bombes larguées, texte inédit en France, John Steinbeck reprend l'un de ses thèmes favoris en se concentrant sur la force du groupe, sur ce que les individus peuvent accomplir quand ils travaillent ensemble.
Dépêches du Vietnam rassemble la dernière série de reportages de guerre de John Steinbeck. Inédit en France, cet ouvrage reprend les chroniques écrites à partir de 1966 pour le magazine Newsday par celui qui reçut le Prix Pulitzer en 1940 pour les Raisins de la Colère et le prix Nobel de littérature en 1962.John Steinbeck, à 64 ans, est déjà un homme malade et fatigué il mourra deux ans plus tard quand il part pour couvrir le conflit qui mine l'Amérique. Mais il a beau bien connaître la guerre il a suivi les boys en Europe en 1943 pour le New York Herald Tribune et a été blessé en Afrique du Nord il est dérouté par ce qu'il découvre : une guerre qui ne comporte « ni front, ni arrières », écrit-il. Embarquant sur les vedettes qui sillonnent les deltas, volant à bord des hélicoptères Huey, il retrouve également son fils, futur écrivain lui-aussi, qui a choisi de s'engager. Est-ce l'une des raisons pour lesquelles Steinbeck, dans ses dépêches, soutient la guerre menée par l'Amérique ? S'il émettait des réserves en privé sur cette dangereuse aventure, il serre les rangs derrière la politique suivie par le président Lyndon Johnson, ce que lui reprocheront beaucoup d'intellectuels. Lui le défenseur des faibles et des opprimés, « l'écrivain social » qui en son temps fut soupçonné d'être communiste est devenu belliciste mais est surtout « désespéré que ces merveilleuses troupes n'apportent pas une victoire rapide. »Le traducteurTraducteur prolifique des grands noms de la littérature anglo-saxonne (Bret Easton Ellis, Ernest Hemingway, Jack Kerouac, Francis Scott Fitzgerald...), Pierre Guglielmina a récemment traduit aux Belles Lettres, de Francis Scott Fitzgerald, Une vie à soi (Goût des idées, 2011).
En mars 1940, tandis que la guerre dévaste l'Europe, John Steinbeck s'embarque à bord du Western Flyer et, avec une poignée de compagnons, entame une expédition à caractère scientifique dans les eaux du golfe de Californie, également appelé la mer de Cortez. Durant quelques semaines, il collectionnera des centaines d'échantillons du monde marin. Il écrira surtout ce journal de bord plein d'humour, de nostalgie et de sagesse, dans lequel il célèbre la nature et le voyage et donne libre cours à sa lucidité moqueuse dans l'observation de l'espèce humaine.