Quand une riche Anglaise, un scientifique grognon, un singe bonobo et un jeune homme épris de religion se réunissent dans un château en Provence, que font-ils ? Ils parlent. Et de quoi parlent-ils ? Des origines de l'homme, de l'apparition du langage, du secret de la mémoire ou encore de l'émergence du désir. Subtil, drôle, érudit, Jean-Didier Vincent nous offre, dans ce livre écrit à la manière du XVIIIe siècle et avec la complicité involontaire de Diderot, une défense et illustration de la raison matérielle.
"J'ai été conçu à l'époque du Front populaire.
Ce fut, d'après mon père, sur la moquette d'un appartement du Trianon-Palace, à Versailles. De ce mystère, je ne sais rien d'autre que l'aveu de mon géniteur, claironné à la fin d'un dîner trop alcoolisé. Il m'est impossible, encore aujourd'hui, de fouler le sol d'une chambre d'hôtel de luxe sans éprouver un curieux sentiment de profanation." Un biologiste raconte : la naissance, le corps qui se développe, les premiers émois, les élans et les drames d'une enfance qui, petit à petit, cesse d'en être une, la liberté qui se cherche.
L'air de rien, c'est toute l'évolution du vivant qui se trouve subtilement convoquée, depuis l'énigme des molécules primordiales jusqu'à la fulgurante apparition des premiers hommes, à travers souvenirs cocasses et rêveries tendres. "Voilà pourquoi, de même que le propre de l'homme est de faire "faire des histoires", la vie - toute la vie - est une fable."