Comme Roméo et Juliette, Paul et Virginie sont le symbole de la jeunesse et de l'amour parfait. Leurs mères, rejetées par la société, se sont réfugiées dans l'île de France, aujourd'hui l'île Maurice, et élèvent ensemble leurs enfants. Paul et Virginie se sont baignés dans la même eau, nourris des mêmes fruits. Ils s'aimaient en frère et soeur jusqu'à ce qu'ils grandissent, s'aiment autrement et soient séparés. L'effondrement de leur bonheur au bord de l'eau, à l'ombre des bananiers et des citronniers en fleur, a ému chaque génération depuis 1787. Après Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre redit la nostalgie du paradis perdu, le scandale du mal en réponse au bien, la perversion de l'homme naturel par la société. Paul était la générosité, Virginie la vertu. Pourquoi l'océan les a-t-il arrachés l'un à l'autre ?
Edition présentée et commentée par Jean-Michel Racault.
Bien plus qu'à la littérature, Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) a voué sa vie à l'étude de la nature. Elle fut pour lui une oeuvre de Dieu dédiée au bien-être de l'homme, où rien n'est dû au hasard. Il décrivit ainsi un univers où l'écume blanche contraste avec les rochers noirs pour prévenir les marins du danger...
L'attention qu'il porta aux liens entre les animaux, les végétaux et leur milieu lui permit de noter que les insectes détruisent les cultures parce que leurs prédateurs ont été eux-mêmes détruits, posant ainsi l'un des principes fondateurs d'une agriculture dite aujourd'hui « biologique »...
Promu par Louis XVI intendant du Jardin des Plantes de Paris à la veille de la Révolution française, il créa l'actuelle ménagerie pour faire entrer le vivant dans l'institution royale. C'est aussi lui qui évoqua la nature comme personne ne l'avait jamais fait et inspira, de Chateaubriand à Lamartine, les plus lyriques des Romantiques.
« Cette manière de décrire la nature par des images et des sensations communes [...] je la regarde comme la seule qui puisse faire des tableaux ressemblants, et comme le vrai caractère du génie ».
Études de la nature.
Le chien serait-il notre seul véritable ami ? Telle est la question que pose ce petit texte savoureux, dans cette parodie impertinente des éloges académiques. L'homme des Lumières s'y joue avec bonheur de nos préjugés. Si ce texte est unique dans l'oeuvre de son auteur par le sel de son ironie, il n'en esquisse pas moins sa préoccupation essentielle : remettre l'humain au coeur de la nature en retrouvant nos liens avec les animaux.
Car Bernardin de Saint-Pierre est aussi l'un des inventeurs de l'idée de science de la vie et le premier penseur visionnaire des l'écosystème, c'est-à-dire des « harmonies » et équilibres fondamentaux de la nature. C'est déjà, en creux, tout l'enjeu de cet « éloge » cocasse et attendrissant du « meilleur ami de l'homme ».
Souvent rééditées, les Études de la Nature ont eu sur la littérature et la philosophie française une influence aujourd'hui méconnue. Ce vaste système, fondé sur un finalisme généralisé et l'idée d'une nature bienfaisante, invente la description moderne de la nature.
Comme tous les volumes des oeuvres Complètes, ce tome consacré aux Voyages de Bernardin de Saint-Pierre en Méditerranée, dans l'Europe du Nord et dans les îles de l'océan Indien comportant de nombreux inédits et un appareil critique étendu se propose de renouveler la connaissance de l'auteur et de l'oeuvre.
Un jeune homme se trouvant en Île de France à Port-Louis. Celui-ci aime se rendre dans un lieu où l'on observe deux petites cabanes. Un jour, il rencontre un vieil homme et lui demande qui a habité dans ces cabanes. Il était l'ami de deux familles qui vivaient paisiblement dans ces cabanes. Malheureusement, ces dernières sont mortes mais elles étaient un modèle de vertu. Le jeune homme intéressé questionne le vieillard qui lui raconte l'histoire de Paul et Virginie.
Bernardin de Saint-Pierre a compté parmi les derniers amis de Jean-Jacques Rousseau, qu'il fréquenta régulièrement pendant les sept dernières années de sa vie. À la mort du philosophe, il résolut de consigner, dans un ouvrage demeuré inachevé, le souvenir de leurs longues flâneries dans les environs de Paris et de leurs conversations. Tel quel, l'essai de Bernardin, hommage de pieuse amitié, constitue un "supplément" aux Confessions pour les sept dernières années de la vie de Rousseau. Ni éloge ni hagiographie, il se veut un portrait sans retouches où, plutôt que l'écrivain de génie, se révèle l'homme dans son quotidien.
À l'occasion du bicentenaire de la mort de Bernardin de Saint-Pierre, la nouvelle édition de ses oeuvres Complètes inclut ses principaux textes inédits. Ce volume consacré aux romans et contes contient notamment Paul et Virginie, L'Arcadie, La Chaumière indienne, ainsi qu'un inédit: Histoire de l'Indien.