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TABLE RONDE|Table Ronde
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«Tu n'écriras pas là-dessus, m'a demandé ou ordonné mon père, l'index levé, le ton à mi-chemin entre la supplique et le commandement. J'ai songé à lui répondre qu'un écrivain ne sait jamais sur quoi il écrira, qu'il ne choisit pas ses histoires mais que ce sont les histoires qui le choisissent, qu'il n'est rien de plus qu'une feuille sèche dans le souffle de sa propre narration. Par chance, je n'ai rien dit. Tu n'écriras pas là-dessus, a répété mon père, d'un ton désormais plus ferme, presque autoritaire. J'ai senti le poids de ses mots. Bien sûr que non, ai-je dit, peut-être sincère, ou sachant déjà qu'aucune histoire n'est indispensable, qu'aucune histoire n'est nécessaire, sauf celles que quelqu'un nous interdit de raconter.» L'histoire interdite est ici celle de Salomón, le frère de son père, qui se serait noyé, enfant, dans le lac Amatitlan. Et l'enquête familiale dans laquelle Eduardo Halfon nous entraîne est vertigineuse.
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«Les histoires qui composent ce livre ont été écrites au cours des cinq dernières années, autrement dit les cinq premières années de la vie de mon fils. Comme toujours, elles ont surgi devant moi tels le chat ou le passant qui croisent ma route, mais le fait est que je marche et écris depuis cinq ans en tenant la main d'un petit garçon qui entre et sort de ces histoires, court se cacher dans l'une d'entre elles et va parfois jusqu'à me chuchoter les siennes. Un fils qui m'oblige désormais à écrire en tant que père.» Eduardo Halfon
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En 1984, deux jeunes frères exilés aux États-Unis retournent au Guatemala, au coeur de la forêt de l'Altiplano, participer à un camp de survie pour enfants juifs où les envoient leurs parents afin qu'ils n'oublient pas leurs racines. Mais un matin, les enfants, réveillés par des cris, découvrent que le camp s'est transformé en une chose bien plus sombre. Les raisons et les ramifications de cet épisode de l'enfance du narrateur ne commenceront à s'éclaircir que des années plus tard au fil de rencontres fortuites - à Paris avec une lectrice de Salinger devenue avocate, ou à Berlin avec un ancien instructeur en chef du camp, aux yeux d'un bleu changeant, qui se promenait avec un serpent dans la poche et une énorme tarentule sur le bras. Entrelaçant passé et présent, réalité et fiction, Eduardo Halfon tisse un récit foisonnant de symboles pour toucher du doigt les fondements de son identité : le cadre strict et rigoureux de la religion juive et le giron enveloppant et maternel du Guatemala.
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Épuisé par quinze heures de vol, en manque de sommeil et de nicotine, Eduardo attend ses bagages aux côtés de son frère, à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Les deux hommes sont venus du Guatemala assister au mariage de leur soeur cadette avec un Juif orthodoxe originaire de Brooklyn, et la perspective ne les réjouit ni l'un ni l'autre. Car si certains se rendent en Israël pour se rapprocher de la Terre promise, Eduardo n'a fait le voyage que par devoir familial.
La visite de Jérusalem, et en particulier du centre hassidique que fréquentent sa soeur et son futur époux, provoque en lui un malaise croissant. Les jours passent, sous une torpeur étouffante, jusqu'à ce matin où la sensuelle et impulsive Tamara, une Israélienne rencontrée dans un bar d'Antigua Guatemala des années plus tôt, le contraint, le temps d'une excursion au bord de la mer Morte, à affronter les fantômes de son histoire familiale, ces légendes que transportent avec eux les survivants.
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Faut-il traduire les coquilles, les erreurs, les incohérences d'un texte? Doit-on être fidèle aux mots de l'auteur ou à ses idées? Sait-on être père ou apprend-on à le devenir? Les allergies et les névroses sont-elles héréditaires? La fin de la littérature est-elle l'utilité ou bien la beauté?
Ces questions taraudent Eduardo Halfon alors qu'il traduit l'oeuvre du poète et romancier William Carlos Williams et que la naissance de son fils approche.
À l'image de Williams qui s'adressait à son père lorsqu'il rencontrait un problème littéraire, Halfon se confie à son fils. «Je me demande, Leo, s'il n'y aurait pas un point commun entre le processus par lequel on se transforme en père et celui par lequel on se fait traducteur ; entre le fait d'imaginer comment notre enfant devient peu à peu notre enfant, et celui d'imaginer comment les mots d'un autre deviennent progressivement les nôtres.» Nouvelle inédite en France, Halfon, Boy est le récit infiniment tendre et poétique d'un questionnement que l'écrivain, en parlant à son fils, s'adresse à lui-même.
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Par un matin glacial de janvier 1967, en pleine guerre civile du Guatemala, un commerçant juif et libanais est enlevé dans une ruelle de la capitale. Pourquoi ? Comment ? Par qui ? Un narrateur du nom d'Eduardo Halfon devra voyager au Japon, retourner à son enfance dans le Guatemala des années 1970 ainsi qu'au souvenir d'une mystérieuse rencontre dans un bar miteux - situé au coin d'un bâtiment circulaire - pour élucider les énigmes entourant la vie et l'enlèvement de cet homme, qui était aussi son grand-père.
Eduardo Halfon, dans ce nouveau livre, continue d'explorer les rouages de l'identité. En suivant à la trace son grand-père libanais, il entre avec lui dans l'histoire récente, brutale et complexe, de son pays natal, une histoire dans laquelle il s'avère toujours plus difficile de distinguer les victimes des bourreaux.
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Le narrateur, né au Guatemala, est obsédé par les cinq chiffres verts que son grand-père, né à Lodz, en Pologne, porte tatoués sur son avant-bras. Le gosse est curieux, comme tous les enfants. Je n'ai pas de mémoire, lui explique le vieillard, alors je me suis tatoué mon numéro de téléphone. Le temps passe et la question reste en suspens. Jusqu'au jour où le grand-père accepte que son petit-fils le filme.
On le retrouvera d'abord au camp de concentration de Sachsenhausen, puis à Auschwitz où, au fameux Bloc Onze qui est l'antichambre de la mort, il parle toute une nuit avec un autre juif de son quartier, un boxeur polonais. Celui-ci n'a la vie sauve que parce que les Allemands aiment le voir boxer. Et ce boxeur va aider son compagnon à éviter la mort en lui répétant ce qu'il doit dire et ne pas dire devant le tribunal qui le jugera le lendemain.
Il lui apprend à boxer avec des mots, et c'est ainsi que le grand-père sera sauvé. Quels étaient ces mots ? Le mystère revient dans "L'Allocution de Póvoa" : là, il est demandé au narrateur de plancher sur une proposition énigmatique : "La littérature dérange la réalité." La vision d'un film de Bergman, La Honte, vient donner la clé du récit : nous connaissons la réalité, nous avons les mots au bout de la langue, mais voilà, impossible de se les rappeler.
Comme un numéro de téléphone oublié. Nous n'avons que des images qui nous rapprochent de la vérité.
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Un écrivain guatémaltèque se rend en Italie, invité à évoquer la mémoire de son grand-père, rescapé d'Auschwitz. Là, il découvre que le camp de concentration mussolinien n'est pas le vrai camp mais une copie et se rend compte que tout est mascarade et dénaturation, à commencer par son nom, fallacieusement germanisé en Hoffman. L'univers romanesque bascule dans le vertige, que sous-tend l'humour sardonique du narrateur.
Puis le voilà sur le chemin d'une plage du Pacifique ; au milieu d'une mare de requins débités en morceaux, une cage en bambou où s'agite un garçon mongolien et épileptique : là aussi, l'enfermement, la souffrance, et la peine coupable du narrateur. Ou encore sur le haut-plateau guatémaltèque, lorsqu'une enquête l'amène à découvrir une plantation de caféiers qui a survécu à l'exploitation capitaliste et au leurre du commerce équitable : dans l'équilibre naturel retrouvé, les oiseaux sont revenus, et le monde est à nouveau rassurant et beau.
Seulement les frontières persistent à l'intérieur d'un même pays - le Guatemala des origines amputé du Belize aux sables blancs - et ses barrières policières. Chacune des nouvelles de ce recueil se déroule en somme entre deux pôles ou deux faces, de Senor Halfon à Signor Hoffman. Dans une tonalité mélancolique, douce-amère, et la sonorité d'un air de jazz entendu un soir, à Harlem, la musique des mots apparaît finalement comme la seule voix d'espérance, avec en écho la dérision d'un chant de déportés, "Oh ghetto mon amour", célébrant tout à la fois la grande misère des hommes et leur folle aptitude à survivre.
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À l'occasion d'un festival de musique dans la ville baroque d'Antigua, Eduardo et Lia, jeune couple de Guatémaltèques, font la connaissance de Milan Rakic, un pianiste serbe surdoué. Pour Eduardo, cette rencontre produit l'effet d'une déflagration. Pendant deux jours, Milan, l'éternel apatride, déchiré entre ses origines nomades, et Eduardo, le professeur d'université, tissent une amitié qui ne connaîtra pas de frontières. De retour à sa vie quotidienne, Eduardo reçoit de Milan des cartes postales énigmatiques, postées depuis les différents endroits où le mène sa tournée... Le jour où lui parvient ce qu'il perçoit comme une carte d'adieu, Eduardo décide de partir pour Belgrade, à la recherche de son ami et de sa dernière «pirouette». Eduardo Halfon, considéré comme une des plumes les plus prometteuses de la littérature hispano-américaine, livre un court roman, à la fois sensuel et âpre, qui se savoure comme une rhapsodie. La Pirouette nous entraîne dans la chaleur enivrante de l'Amérique latine puis dans les bas-fonds glacés de la périphérie de Belgrade, sur les traces de deux hommes que tout semble opposer mais que pourtant tout réunit.