Français, étrangers, juifs, musulmans, chrétiens ou sans religion, « ces gens-là » ont une chose en commun : vivre dans une « cité de transit » de la France des années 1960. Là, dans les immeubles sans âme d'un territoire imprécis et périphérique, cohabitent déclassés, pauvres, migrants et assistés. Colette Pétonnet les écoute, les observe et note. Rien ne lui échappe de l'organisation et des rapports d'un « groupe » qui n'existe que par le regard et le rejet des autres. Plus que l'oeuvre pionnière d'une talentueuse ethnologue, cette enquête constitue une pièce fondatrice de l'histoire des banlieues françaises.
Lors de sa parution en 1968, Ces gens-là eut un écho immense, électrique. Exposer scientifiquement, sans jugement ni misérabilisme, le quotidien des « sous-prolétaires » dérangeait aussi bien l'homme ordinaire que les intellectuels. Un effet qui reste intact aujourd'hui.
Préface de Roger Bastide.
Postface de Liliane Kuczynski, Thierry Paquot et Daniel Terrolle.
Durant toute sa vie d'ethnologue, Colette Pétonnet a enquêté sur la ville. Elle en a scruté toutes les variations avec la plus grande attention, laissant flotter son regard dans les coins et recoins de l'urbain, collectant les données avec rigueur et sensibilité, captant les atmosphères en banlieue parisienne comme dans un bidonville de Rabat ou un quartier noir de New York. Une méthode unique qui lui a permis de saisir un phénomène en perpétuel mouvement et ainsi de mieux dévoiler les hommes et les lieux.
Dans ce recueil de textes choisis, présentés chronologiquement, chacun puisera selon ses goûts et ses intérêts : des jardins silencieux aux bruits de la ville, des cimetières aux bidonvilles, de l'anonymat de la foule aux affirmations sociales (prolétaires, immigrés, ouvriers...). Le lecteur y découvrira aussi le cheminement intellectuel d'une chercheuse et auteure unique, dont le style, depuis sa première monographie, Ces Gens-là (1968, rééd. 2017), est marqué par une écriture économe, une clarté d'expression et de pensée. Ici, pas de grille de lecture plaquée sur un objet, pas de bavardages psychologisants : de l'intelligence généreuse et ouverte à l'autre.