« Vieillir est une chance. Vieillir est un avantage. Vieillir est un destin dépendant aussi de son attitude de vie devant l'existant.» Ainsi s'ouvre la préface que Laure Adler donne à l'Éloge de la vieillesse, un court texte philosophique de Cicéron, d'un ton résolument optimiste. De ce guide universel découle une leçon de vie d'une puissance sereine, pour affronter la peur de vieillir et enseigner « la joie de mourir », une « allégresse à tenir la mort en respect et à savoir l'apprivoiser ».
''Outre que l'amitié apporte tant et plus de bienfaits, elle les devance tous, rien qu'en baignant l'avenir d'espoir et en prévenant la déchéance ou l'épuisement des nos âmes. Qui contemple son ami contemple donc, pour ainsi dire, son propre reflet. Et grâce à l'amitié, les absents se font présents, les pauvres deviennent riches, les faibles forts et, plus difficile à admettre, les morts reviennent à la vie, tant leurs amis vivent nimbés de leur honneur, de leur souvenir et de leur regret.» Comment reconnaître un ami?? Dans ce dialogue fictif entre Laelius et ses deux gendres Fannius et Scaevola, Cicéron dévoile sa conception de l'amitié. Laelius y célèbre les qualités de son meilleur ami défunt?: Scipion Émilien, brillant intellectuel et éminent homme public.
Nul doute pour Cicéron que la pratique de l'amitié va nécessairement de pair avec celle de la vertu. Pour le grand philosophe, l'amitié ne saurait conduire quiconque au déshonneur. Une amitié authentique ne peut donc exister conjointement à de mauvais agissements. Méfions-nous également des amitiés matérielles, avertit Cicéron. Car l'argent n'est pas moins précaire et instable à l'époque de la Rome antique qu'à celle du cac 40. Or l'amitié requiert au contraire fermeté et solidité, vertus stoïciennes par excellence. L'ami est à l'écoute mais peut lever la voix, y compris pour asséner les vérités les moins agréables?; il cultive la probité et méprise les faux-semblants.
En se fondant sur des exemples tirés de l'histoire romaine, il met en valeur ce qu'il considère comme l'âge d'or de la République, lorsque celle-ci était menée par un groupe d'hommes lié par l'amitié telle qu'il la définit. Car De l'amitié est également un texte de combat, celui que Cicéron mène contre Marc Antoine, et l'amitié un programme politique en soi, afin que la société redevienne vertueuse.
Le traité sur l'amitié - de Amicitia - qu'on trouvera ici dans une traduction nouvelle, est un des derniers textes de Cicéron. Pour le célèbre avocat romain, l'amitié est le bien fondamental : « Je me demande, écrit-il, si, à part la sagesse, les dieux ont donné aux hommes quelque chose de meilleur ».
Comment choisir ses amis ? Comment les mériter ? Comment les garder ? Sur tous ces points, les réflexions de Cicéron n'ont pas pris une ride.
Quels sont, au fin fond de nous-mêmes, les inclinations funestes, les troubles de l'âme ou penchants détestables qui nous empêchent d'être heureux ? Comment et pourquoi sommes-nous consumés par nos passions ? C'est à la définition du souverain bien mais aussi des illusions qui nous éloignent que Cicéron s'attache ici.
Oeuvre et chef-d'oeuvre de pleine maturité, les Tusculanes parachèvent en quelque sorte l'enseignement du grand stoïcien romain.
Dans ce dialogue empli de sagesse, Caton est désigné comme l'avocat de la vieillesse contre quatre chefs d'accusation : elle empêcherait de briller dans la vie publique, affaiblirait le corps, interdirait les plaisirs et ferait sentir l'approche de la mort.
Pour Caton au contraire, la vieillesse est l'âge le plus propice aux oeuvres accomplies de l'esprit, le corps étant délivré de la servitude des sens. Elle prépare l'âme à la libération totale procurée par la mort. Caton suggère une attitude exemplaire et loue l'expérience.
Celui qui n'attend que de lui-même n'a rien à craindre des lois de la nature : «La faiblesse convient à l'enfance ; la fierté à la jeunesse ; la gravité à l'âge mûr ; la maturité à la vieillesse : ce sont autant de fruits naturels qu'il faut cueillir avec le temps.»
Seuls les sots, affirme Cicéron, se lamentent de vieillir. À chaque âge ses vertus et ses plaisirs. En vérité, c'est bien l'art de vieillir qu'il s'agit de réapprendre si l'on veut avancer dans la vie sans aigreur ni regrets.
Rédigé en 44 av. J.-C., le fameux traité sur la vieillesse - Cato Maior, de Senectute - connut un succès considérable qui ne s'est jamais démenti.
Conférence fictive, ce recueil traite autant de la mort, de la douleur, du chagrin, des affects ou du bonheur qui promet la vertu. En deuil de sa fille, Cicéron s'exhorte lui-même à surmonter la mort et la peine par la réflexion et la maîtrise de soi. Souffrance physique et souffrance morale étant étroitement liées, nous proposons ici une nouvelle traduction des livres II et III des fameuses «Tusculanes». En disciple des stoïciens, le célèbre orateur prône la fermeté et la force de caractère pour nous dire que la philosophie reste la meilleure médecine de l'âme.
Par le paradoxe, qui va à rebours de l'opinion admise, Cicéron expose comme des lieux communs des idées dont les Stoïciens peinent à convaincre de la véracité : la beauté morale est le seul bien, la vertu suffit au bonheur, les fautes sont toutes égales, sans la raison il n'y a que folie, tous les sages sont libres et tous les insensés esclaves, seul le sage est riche. Débutant chacun de ses commentaires par une affirmation catégorique, Cicéron s'attache à en rendre intelligible le sens et, ainsi, à emporter l'adhésion. Bien que ludiques, ces Paradoxes se veulent utiles à la cité, où transmettre les vertus stoïciennes. Rédigés alors que la république est menacée, ils hissent la philosophie en arme de combat. Cicéron se lance dans un plaidoyer en faveur de la puissance du langage.
Les livres II et III des Tusculanes sur la souffrance ont traversé les âges.
Cette réflexion est un baume de sagesse pour notre mal de vivre.
« Suivant le mot de Platon, «si les yeux pouvaient la voir, elle nous inspirerait un merveilleux amour de la sagesse». Toute honnêteté [...] consiste ou bien dans le discernement du vrai et dans la sagacité, ou dans le maintien de la société humaine, l'attribution à chacun de ce qui est à lui et la foi dans les contrats, ou bien dans la grandeur et la vigueur d'une âme élevée et invincible, ou enfin dans l'ordre et la mesure à tenir dans les actes et dans les paroles ; c'est en quoi consiste la tempérance ou modération. Bien que ces quatre parties soient liées entre elles et entrelacées, il naît de chacune d'elles des genres déterminés de devoirs. » Adressé à son fils Marcus, et dernier ouvrage que Cicéron ait écrit, le Traité des devoirs est un code raisonné d'action, il offre une morale à la fois cohérente et concrète, satisfaisante pour la raison, et conforme aux instincts profonds de ces sociétés encore paysannes, destinées à durer longtemps. Faisant appel avec les notions d' honestum, de temperantia et de gloire, à des intuitions d'ordre esthétique et et affective, cette morale relève plus de l'esprit de finesse que de la géométrie. Elle offre un modèle de vie qui ne rejette rien de la tradition la plus authentique mais en élargit les principes aux dimensions de l'univers.
Un éloge de la beauté morale assorti de préceptes pratiques pour mener à bien une vie honnête, porteuse de considération et de respect.
Dans ce traité éthique, Cicéron soumet les théories grecques en vigueur sur la fin de la conduite humaine à une critique systématique. Selon lui, l'éthique trouve son commencement dans la tendance première de l'homme, qui est selon lui un sujet moral.
Avec cynisme, Quintus Cicéron montre à son frère Marcus Tullius, candidat au consulat, les « ficelles » d'une campagne efficace. On a joint à ce traité une lettre de Marcus Tullius à son frère sur l'art de gouverner une province.
«Dans la vie, il faut, je crois, observer la loi qui est gardée dans les festins des Grecs : "Qu'il boive ou qu'il s'en aille!" C'est raisonnable : que l'on jouisse comme les autres et avec eux du plaisir de boire ; ou bien que l'homme sobre ne se heurte pas à la violence des ivrognes et qu'il s'en aille d'abord ; de même quitte, en prenant la fuite, les injustices du sort si tu ne peux les supporter.» Avec clarté et pragmatisme, Cicéron se propose de nous guider sur les chemins de la sagesse et du bonheur.
Ce traité de Cicéron est le manifeste le plus talentueux que l'Antiquité nous ait légué en faveur de l'Académie sceptique.
Il est en effet une source indispensable pour l'histoire de la philosophie grecque : sans lui, nous ne saurions presque rien de philosophes aussi importants qu'Arcésilas, Carnéade, Philon de Larissa et Antiochus d'Ascalon. Mais il est non moins intéressant par l'acribie, et parfois la passion, avec laquelle Cicéron défend le 'scepticisme" de la Nouvelle Académie face aux arguments des dogmatiques en faveur de la "perception" objective des phénomènes.
Loin de se contenter d'exposer le statut des diverses questions d'après des doxographics. Cicéron tente de cerner les véritables enjeux philosophiques et scientifiques des positions académiciennes face à celles des Stoïciens. La présente traduction française de cette édition bilingue est la première traduction complète depuis les années 1930.
En 63 avant notre ère, la République romaine vit des heures explosives. Les divisions politiques, l'accroissement de la misère, l'omniprésence de la violence touchent tous les degrés de la société. Il ne manque qu'un chef pour cueillir les fruits de la déliquescence de l'État, provoquer une révolution et précipiter Rome dans les affres d'une guerre civile. Ce meneur, dévoré de haine et d'ambition, est un patricien ruiné, charismatique et débauché, Lucius Sergius Catilina. Face à lui, un « homme nouveau », un consul qui manie l'art oratoire avec maestria, un avocat qui a su faire de ses phrases des armes redoutables, Cicéron. En quatre discours, ce maître des mots va chasser Catilina, retourner le peuple et du moins croit-il sauver la République.À travers ces Catilinaires, c'est l'histoire du plus formidable complot jamais ourdi contre l'État romain qui s'écrit, pour la plus grande gloire de leur auteur.
La correspondance de Marcus Tullius Cicéron est l'une des plus abondantes que l'Antiquité nous ait léguées : près d'un millier de lettres qui représentent un formidable témoignage à la fois historique, politique, social et personnel, celui d'un citoyen qui se trouvait au coeur des intrigues au dernier siècle de la République romaine. Elles nous entraînent dans les coulisses du pouvoir.
Elles nous brossent surtout le portrait d'un homme, avec ses forces et ses faiblesses, ses erreurs et ses doutes, ses incertitudes et ses contradictions. Elles permettent d'humaniser une figure tutélaire qui laisse percer, au fil des pages, ses soucis d'homme, ses défauts, ses humeurs, son manque de courage, son égoïsme, ses sentiments intimes. Était-il toujours sincère ? Certes, non. Le mensonge, la duplicité, la clabauderie, le goût très romain du trait qui assassine sa cible sont partout présents... Elles révèlent encore un homme de lettres qui goûte certains plaisirs plus que de raison et plus fort que sa fortune ne le lui permet, tout cela en contradiction avec les beaux principes énoncés dans ses traités de philosophie. Qui eût imaginé Cicéron gourmand jusqu'à s'en rendre malade, ou amateur du plaisir de la conversation avec « un petit coup dans le nez », comme il l'écrit lui-même. « Que de plaisanteries qui sont mises dans la correspondance paraîtraient déplacées si on les rendait publiques », reconnaît-il dans l'une de ses missives.
La correspondance n'offre pas à lire la Vérité, mais bien plutôt la vérité d'un homme qui fut l'une des plus grandes figures de cette République agonisante et à qui nous devons les fondements d'une pensée proprement romaine ainsi que l'élaboration d'une philosophie de l'histoire qui a nourri pour des siècles notre civilisation. Cicéron fut, en son temps, le plus grand défenseur de la liberté, cette libertas au nom de laquelle il luttait contre le pouvoir du tyran, qu'il se nommât César, Pompée, Antoine ou Octave. Le coeur de son engagement.
Cette édition, qui s'appuie sur la traduction de la Collection des Universités de France, est la première à présenter l'intégrale de la correspondance de Cicéron.
«Cicéron, selon moi, est un des plus grands esprits qui aient jamais été:l'âme toujours belle, lorsqu'elle n'était pas faible.»Montesquieu
Dans le traité Des devoirs, adressé à son fils à la fin de l'année 44 av.
J.-C., Cicéron adapte et poursuit l'oeuvre consacrée par le philosophe stoïcien Panétius (IIe siècle av. J.-C.) à la question du « devoir », c'est-à-dire de l'action appropriée (officium en latin). Il s'agit, en fait, de déterminer les formes que revêt l'action morale, qui, parfaite chez le sage, ne laisse cependant pas d'être conforme à la droite raison chez l'aspirant à la sagesse. Or c'est bien un tel aspirant que se propose de guider Cicéron, qui, sans rejeter, certes, l'idéal stoïcien, s'intéresse bien davantage à la réalité concrète du « progressant », qui est au sage ce qu'est déjà l'esquisse au tableau achevé.
Le premier livre explore le concept d'honestum (l'honnête, critère de l'action morale), qui se distingue du kalon grec qui lui a initialement servi de modèle en donnant à l'éthique la priorité sur l'esthétique.
L'honnête se décline suivant quatre vertus cardinales, dont la principale est la justice, et qui portent toutes la marque du convenable, c'est-à-dire de leur conformité avec la droite raison, capable de s'ajuster tant à la nature humaine en général qu'aux circonstances et aux spécificités de chaque individu en particulier.
Ensuite, au livre II, Cicéron examine le concept d'utile, qu'il confronte enfin, dans le livre III, avec l'honnête. Il y défend alors énergiquement la thèse selon laquelle on ne doit jamais tenir pour utile ce qui n'est pas honnête, car c'est en vérité l'honnête seul qui, tout bien considéré, est véritablement utile.
Pourquoi lire aujourd'hui ce traité latin écrit en 44 avant Jésus-Christ oeD'abord, parce qu'il nous renseigne sur les différents types de divination pratiqués à Rome et en Grèce ainsi que dans tout le monde méditerranéen : il en éclaire l'origine et le fonctionnement, mais surtout il analyse les croyances et les théories liées à ces pratiques.Ensuite, parce que de nombreux documents historiques, philosophiques et littéraires, notamment des fragments de poèmes latins, ne subsistent que grâce à lui.C'est enfin une oeuvre novatrice. Rebelle aux explications métaphysiques, Cicéron s'attache à déchiffrer les codes qui informent la divination antique : sémiologie des Stoïciens ou des augures romains, symbolique des rêves, etc. Et voilà un beau témoignage de liberté car Cicéron s'y oppose seul à la croyance universellement admise à son époque.
Les Tusculanes définissent l'attitude du sage devant les réalités qui mettent l'âme au défi : mort, souffrance, chagrin, passion, bonheur. Il s'agit ici du livre I, le plus ample et le plus profond.
Ouvrage philosophique de Cicéron, vraisemblablement écrit en mai 44, immédiatement après le meurtre de César, lors d'un séjour de l'auteur à sa villa de Pouzzoles, où il conversait régulièrement avec son ami le consul Hirtius, à qui il s'adresse d'ailleurs dans ce traité. Son originalité réside essentiellement dans sa composition. Si les autres traités - et notamment les deux autres ouvrages du triptyque - sont composés sur la base d'une discussion présentée sous la forme d'un dialogue où une thèse est d'abord assumée par un protagoniste pour ensuite être réfutée par Cicéron lui-même, ce n'est pas le cas du De Fato, qui se présente davantage comme un monologue. L'interlocuteur de Cicéron s'efface bien vite au profit du grand orateur, qui passe l'essentiel de son temps à faire d'elliptiques allusions à diverses thèses supposées connues du lecteur pour les confronter et les réfuter vigoureusement. À un dialogue entre Cicéron et Hirtius se substitue donc bien vite un dialogue entre les différents philosophes que Cicéron va parfois jusqu'à faire revivre et se disputer sous nos yeux.
Dans ce dialogue rédigé à la fin de sa vie, quand les institutions politiques et religieuses de la république romaine sont bouleversées, Cicéron soumet à la libre discussion critique les doctrines théologiques des deux philosophies dominantes, l'épicurisme et le stoïcisme. Conformément à la tradition de la Nouvelle Académie, le débat cherche à fixer une définition au moins probable de la nature des dieux et de leurs relations avec le monde des hommes.
En philosophe soucieux de prendre en compte les déterminations culturelles et historiques dans la formation des conceptions des dieux, Cicéron conteste la validité des « notions communes » sur lesquelles les épicuriens et les stoïciens fondent leurs doctrines en leur opposant la diversité des représentations des dieux et des pratiques religieuses. Par là, ce dialogue livre un témoignage d'une richesse exceptionnelle sur toutes les formes qu'a pu prendre dans l'Antiquité la pensée du divin
Protecteur de Sicile où il règne en despote, Verrès, collectionneur maniaque, dépouille le pays de ses plus belles oeuvres d'art : fourberies, cruautés, tout lui est bon. Mais son mandat expire, il est mis en accusation. Contre lui, se dresse Cicéron qui va faire son enquête sur place. Puis, implacable, il ouvre le dossier de la plus gigantesque affaire de concussion de l'Antiquité.
Début de l'introduction : « L'affaire Verrès est très complexe, en raison de ses incidences politiques, de la personnalité curieuse de l'accusé et des motifs de l'accusation : son retentissement jusqu'à nos jours, où elle soulève encore des polémiques, est évidemment dû au talent de Cicéron qui ne lui a pas consacré moins de sept discours, dont deux seulement ont été réellement prononcés, le : contre Caecilius et la Première Action contre Verrès. L'exil spontané du prévenu ayant interrompu les débats, Cicéron publia ensuite la Seconde Action contre Verrès qui comprend cinq discours ou livres. Dans le premier (sur la préture urbaine), il est question des honteux trafics de Verrès, préteur à Rome ; dans le second (sur la façon dont Verrès rendit la justice en Sicile), des iniquités qu'il a commises dans les affaires judiciaires, pendant sa propréture ; dans le troisième, de ses malversations dans la perception des impôts et les approvisionnements en blé. Le quatrième : les oeuvres d'Art, montre Verrès collectionnant les richesses artistiques aux dépens de ses administrés. Le cinquième : des Supplices, flétrit en Verrès le mauvais général usant de façon inique et cruelle de son droit de supplices. Ces deux derniers discours sont les plus justement célèbres de l'ensemble des Verrines. »