En 1936, la musique est partout, se mêle à la foule. De la salle de concert où elle se tenait autrefois, distante et respectée, elle descend dans la rue, les stades, les usines en grève, les cinémas, les fêtes populaires et toutes les manifestations. La musique revendique la place qui lui est due, au premier rang, dans le combat contre la nuit qui s'avance...
Dans le sillage de Jacques Prévert et du Groupe Octobre, Suzanne Cointe, professeur de piano, fille de général, partage les aventures, les expériences culturelles, les engagements des années d'entre-deux-guerres. La guerre venue, elle occupe un rôle-clé dans le dispositif parisien du réseau d'espionnage soviétique, l'Orchestre rouge. Prise par la Gestapo, elle est guillotinée à la prison de Berlin-Plötzensee. Puis l'oubli s'installe.
Ce livre dénoue les sources de cet engagement patriotique et culturel. Il restitue la richesse de la vie musicale des années du Front populaire et fait enfin sortir de l'ombre une femme d'exception.
« Ce que j'aime chez Christian Langeois, c'est son sens du temps historique, gage d'authenticité : il restitue gens et choses avec les caractéristiques de leur époque et de leur parcours personnel - dans leur jus, comme disent les antiquaires des objets et des meubles ».
Gilles Perrault
Secrétaire général de la CGT en mai 68, Georges Séguy a pris une part décisive à ces événements en étant au coeur de l'organisation de la manifestation géante du 13 mai qui déclencha la grève générale. Qui était l'un des hommes-clés des négociations de Grenelle entre patronat, syndicats et gouvernement ? Sa biographie révèle l'histoire d'un homme marqué dans sa chair par la déportation et le stalinisme et désireux de construire un syndicalisme à l'écoute des salariés dans la diversité de leurs sensibilités.
La vie de Georges Séguy, secrétaire général de la CGT de 1966 à 1982, décédé en août 2016, s'inscrit dans l'histoire du XX e siècle. Son père qui travaille dès 12 ans à la vigne dans le Languedoc avant de vivre la guerre 14-18 au front, de devenir cheminot et militant de la CGTU, le plonge très tôt dans les combats syndicaux. À douze ans, le petit Georges vit le congrès de réunification de la CGT à Toulouse. Durant l'Occupation, il rejoint un groupe de résistant. À 16 ans, en 1944, il est arrêté et déporté à Mathausen. Il survit grâce à la solidarité de ses compagnons. À son retour, il devient cheminot et accède à moins de 20 ans à des responsabilités au sein de la CGT.
Secrétaire général de la fédération CGT des cheminots en 1952, il devient membre du bureau politique du Parti communiste en 1956 en pleine révélation des crimes de Staline. Dix ans plus tard, il succède à Benoît Frachon à la tête de la CGT et joue un rôle clé durant les événements de mai 68 et tout au long des années 1970 où se forge l'union de la gauche et commence la désindustrialisation. Il exprimera alors le désir de donner à la CGT une plus large assise et une plus grande indépendance vis-à-vis du PCF sans toutefois parvenir totalement à ses fins.
En retraçant le parcours de ce militant syndical emblématique que fut Georges Séguy, Christian Langeois dessine le portrait d'un homme affable qui poursuit le sillon d'engagement tracé par son père et puise la source de ses combats dans l'expérience des camps. Le livre de Christian Langeois fait également découvrir pour la première fois, comment Georges Séguy fut plongé au coeur de sa famille dans le drame du stalinisme : peu après la Libération l'un de son beau-frère, soldat soviétique, résistant en France, rejoignit l'Union soviétique à la demande de Staline, fut déporté au goulag... et, de ce fait, ne revit jamais sa femme et sa fille.
Jean-Pierre Chabrol, c'est d'abord une voix et une présence. Dessinateur, reporter à l'Humanité dans les années cinquante, écrivain prolixe, auteur de pièces de théâtre, Cévenol et chantre de l'humanisme, il incarne le roman populaire par excellence. Il fut apprécié des Lettres françaises et particulièrement d'Aragon et Elsa Triolet, dont il était proche. Homme de paroles dans tous les sens du terme, il fut aussi conteur et battit les estrades.
Cette biographie rigoureuse de Christian Langeois décrypte l'homme et l'oeuvre, façonnés tous deux par les Cévennes et l'esprit de justice. En ce cent-cinquantenaire de la Commune de Paris, on se souvient du magnifique roman "Canon Fraternité".
Le biographe n'élude pas les relations complexes entre Chabrol et son parti, le Parti communiste et les chemins différents, mais toujours convergents qu'ils prirent. Langeois aborde aussi toutes les facettes de l'homme dans sa vie quotidienne et le long compagnonnage qu'il eût avec Georges Brassens.
Une biographie d'un homme chaleureux et vivant.
Syndicaliste de premier plan, Henri Krasucki (1924-2003) devient une figure populaire médiatique dans les années 1980. Vingt ans après son remplacement à la tête de la CGT, dix ans après son décès, le personnage prend sa véritable dimension historique.
Une certaine tendresse à son égard transparaît aujourd'hui, d'autant qu'avec l'effondrement des pays socialistes, la transformation du monde des salariés, pour beaucoup, l'image de l'ouvrier à casquette de Belleville, amateur de Mozart, est devenue objet d'histoire et de curiosité.
Robert Guédiguian dans son film L'Armée du crime, Didier Daeninckx dans son roman Missak en ont fait un héros de légende. Ils ont rappelé ainsi son rôle dirigeant dans la résistance armée des FTP-MOI. Sans conteste, la première partie de sa vie (1924-1945), de jeune émigré juif polonais de Belleville devenu résistant communiste parisien, arrêté, torturé puis déporté à Auschwitz, est essentielle pour comprendre l'intensité, les contradictions d'un homme pleinement engagé dans le XXe siècle.
L'accès aux archives de la préfecture de police, du Parti communiste français, de la CGT, de la police politique polonaise comme les entretiens inédits avec des acteurs dont « Krasu » lui-même, rendent possible aujourd'hui d'en dégager une réalité plus complexe, en particulier son rôle dans la prise de distance de la CGT avec le PCF dès 1985. Christian Langeois nous livre ici la biographie vibrante et émouvante d'une personnalité dont les vies construisirent un destin.
Extraits des camps d'internement français, Juifs allemands, autrichiens, tchèques, polonais, baltes, sont transférés à Auschwitz-Birkenau durant l'été 1942. Le camp est en chantier. Pour les nazis, il faut accélérer la construction des chambres à gaz, des crématoriums. En outre, l'effort de guerre allemand nécessite une accélération de la production des mines de charbon dont celle de Jawischowitz qu'exploite, à quelques kilomètres, le groupe Hermann-Göring Werke.
Sélectionnés pour leur vigueur relative, centaine après centaine, convoi après convoi, environ 6000 déportés venus de toute l'Europe vont ainsi travailler dans cette mine de charbon du 15 août 1942 au 18 janvier 1945. Parmi eux, 3800, les plus fragiles, meurent sur place d'épuisement ou, victimes des coups des kapos, de la dénutrition, du froid, de la maladie, d'accidents, sont gazés et brûlés. Certains ont déjà une expérience, acquise dans l'Allemagne hitlérienne des années 1930, dans les Brigades internationales en Espagne, dans les camps d'internement français, comme engagés dans la Légion Etrangère, la Résistance.
Leur présence va conduire, très tôt, à un embryon d'organisation de la vie collective et de la solidarité, à une forme de résistance qui ira jusqu'au percement d'un tunnel en perspective d'une évasion. La question primordiale, pour Henri Krasucki - l'un de ces jeunes Juifs résistants - devenu mineur, est de préserver la dignité, le respect de soi-même, pouvoir se regarder dans les yeux des autres, vouloir vivre, bien sûr, mais pas à n'importe quel prix.
Au retour en France, au sein des rescapés, des clivages apparaissent, exprimés lors du procès d'un kapo, pour "intelligence avec l'ennemi" et "coups et blessures volontaires". L'étude de Christian Langeois est fondée sur 47 témoignages de déportés. Ces témoignages, au-delà de la pitié et de l'indignation, de l'admiration, et toujours du respect qu'ils provoquent, sont examinés avec humanité et rigueur.
Avec les archives, pour la plupart inédites, ils permettent d'approcher la complexité du travail et de la vie de ces mineurs malgré eux.