«La poésie devrait être déclarée d'utilité publique. Les poètes dont Annie Perec Moser fait partie, ont ce pouvoir précieux, et si important dans le monde d'aujourd'hui, de créer un univers bien différent de notre quotidien. Avec des mots et de la musique, ils colorent les gris, les ternes, le médiocre. Ils ouvrent grand nos fenêtres, nos yeux, nos mains, ils nous offrent des paysages où nous trouvons enfin notre place, reléguant nos servitudes au second plan et même plus loin. N'oublions pas que le poète est un enchanteur, ici, une enchanteresse.» (Extrait de la préface de Jean Colin).
Tout est dans la présence, le ressenti et la fidélité dans la durée.
Le souci du détail renforce la perception du vécu. L'émotion prend corps, surprise entre ouverture, discrétion, mémoire et repères symboliques. Autour de la poète s'incarne un univers personnel de proximité, de rêve, avec parfois la conviction prémonitoire que «l'incertain de la nuit fait trembler les hublots».
Il y a, dit Jean Castelli dans sa préface à ce recueil, des femmes, des hommes qui persistent à défendre la poésie. Au pragmatisme omniprésent, ils opposent ce qui ne sert à rien, donc l'indispensable : la musique des mots, les rêves dans lesquels ils vivent et qu'ils veulent faire partager.
C'est un printemps qui souffle sur les mots les vers qu'on espère ainsi que les filigranes sonores d'anciennes arcanes, une fraîcheur où remonte la chaleur à des livres d'heures. Cela chante et d'aventure nous hante. Qu'en nous le sens trouve la résonnance des émerveillements. À travers les rythmes, la respiration même fait sens, voix native, gratuité d'un air.