À Brooklyn, Jim, un jeune immigré irlandais récemment licencié, se suicide au gaz après avoir envoyé Annie, son épouse enceinte, faire des courses. Après l'explosion de l'immeuble, Annie trouve du réconfort auprès de Soeur Saint-Sauveur. La nouvelle du suicide est déjà parue dans le journal, la superstition et la honte collectives empêchent la vieille nonne de faire enterrer Jim dans le cimetière catholique. Mais très vite, elle trouve à la jeune veuve une place de blanchisseuse au couvent, la pousse à sortir avec ses amies et lui permet de reprendre goût à la vie. C'est au couvent que grandira Sally, la fille d'Annie, sous le regard bienveillant de ces Petites Soeurs soignantes des Pauvres Malades. Chacune a son histoire et ses secrets. Ensemble, elles forment l'âme d'un quartier, ce Brooklyn catholique du début du XXe siècle, qui est le véritable protagoniste du roman. Alice McDermott restitue avec une empathie et une intelligence remarquables les vies des familles marquées par le drame. Résonnant au fil des décennies et des générations, le geste de Jim met en lumière les limites et les exigences de l'amour et du sacrifice, du pardon et de l'oubli.
Une vie ordinaire. Ses douleurs, ses joies, ses surprises. Celle de Marie commence dans le Brooklyn des années 30. Son monde, c'est sa famille d'immigrés irlandais : son père, qui boit trop mais qui l'aime, sa mère, maîtresse de maison austère, et son frère Gabe, empreint de spiritualité. C'est aussi une communauté, des copines, leurs jeux sur les trottoirs de New York, et les garçons. À l'insouciance succèdent la Grande Dépression, puis la guerre. Les coeurs se brisent, les vies s'achèvent, la foi est ébranlée. Marie entre dans la vie, devient épouse, puis mère. Avec Tommie, ancien GI, mari décent, elle formera une famille américaine comme les autres, rythmée par ses tragédies et ses fêtes quotidiennes. Une vie ordinaire, inoubliable.
« Cet été-là, j'eus à m'occuper de quatre chiens, de trois chats, des enfants Moran, de Daisy, ma cousine âgée de huit ans, et de Flora, la toute petite fille d'un artiste du coin. Sans oublier, pendant quelque temps, une portée de trois lapins sauvages, abandonnés sous notre escalier de service... Mouillés et aveugles, ils se pelotonnaient en une espèce de bouel grise. Ils étaient si petits qu'il était difficile de savoir si leur corps bougeait au rythme de leur coeur ou de leur respiration. Cela se passait à la fin du mois d'août ». Bien des années plus tard, Theresa évoque l'été de ses quinze ans, été durant lequel elle était devenue la baby-sitter attitrée de ce quartier cossu de Long Island. D'une rare beauté, « une jeune Elizabeth Taylor », elle vit cette période un peu floue entre l'enfance et l'adolescence, où les travers des adultes apparaissent au grand jour, et où l'on découvre l'amour et la mort. Un roman d'apprentissage qui décrit, par petites touches subtiles, pleines de tact, ce difficile passage de l'adolescence.