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Alain Finkielkraut
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Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu'elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers «pour en arracher le riche et l'étrange». Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j'accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J'ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m'ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence de la vie et du monde. Arendt, Kundera, Levinas, mais aussi Valéry, Canetti, Tocqueville, Nietzsche, Thomas Mann, Virginia Woolf ont été quelques-uns de mes guides. Dans leur sillage, j'ai essayé de penser à nouveaux frais l'expérience de l'amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l'Europe, la fragilité de l'humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas. A. F.
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La modernité à contre-courant
Alain Finkielkraut
- Bouquins
- La Collection
- 17 Octobre 2024
- 9782382926109
Les sept ouvrages réunis dans ce volume offre un parcours de lecture unique dans l'oeuvre d'Alain Finkielkraut.
" 'Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !' scandions-nous en mai 1968. Ainsi nous nous comportions, dans notre insoumission même, en bons petits soldats du progrès. " Un tel progressisme - Alain Finkielkraut l'a très vite compris - n'était rien d'autre qu'un nouveau conformisme. La révolution n'était qu'un mythe, une illusion débouchant sur le vide. Ce " vieux monde " devenu précaire, il fallait le préserver, sous peine de voir disparaître un héritage culturel au fondement de notre identité : une langue, une littérature, une architecture, un art de vivre, des paysages même. L'auteur, livre après livre, défend une école qui allie transmission et émancipation, une université qui préserve la liberté de la recherche contre l'idéologie, une société respectueuse de la liberté de conscience. Face à la montée des extrêmes en politique, à l'intolérance religieuse grandissante, au nouvel antisémitisme, aux fanatismes de tous bords, la parole d'Alain Finkielkraut, dans la tradition des Lumières, est plus que jamais nécessaire.
Ce volume contient sept titres jamais réunis : Nous autres modernes et L'Humanité perdue, suivis de cinq livres d'entretiens - Les Battements du monde (avec Peter Sloterdijk), Le Livre et les livres (avec Benny Lévy), En terrain miné (avec Élisabeth de Fontenay), L'Ingratitude (avec Antoine Robitaille), L'Explication (avec Alain Badiou). Une dernière partie rassemble un choix de ses articles ou entretiens de presse qui ponctuent, depuis une trentaine d'années, le parcours de ses nombreuses interventions dans le débat public. -
«Nous sommes entrés dans l'âge de l'après littérature. Le temps où la vision littéraire du monde avait une place dans le monde semble bel et bien révolu. Non que l'inspiration se soit subitement et définitivement tarie. De vrais livres continuent d'être écrits et imprimés, mais ils n'impriment pas. Ils n'ont plus de vertu formatrice. L'éducation des âmes n'est plus de leur ressort. Ils s'adressent à des lecteurs qui, avant même d'entrer dans la vie, refusent de s'en laisser conter et regardent l'Histoire et les histoires avec la souveraine intelligence que la victoire totale sur les préjugés leur confère. Non seulement le présent règne sans partage mais il s'imagine autre qu'il n'est. À force de se raconter des histoires, il se perd complètement de vue. Les scénarios fantasmatiques qu'il produit en cascade lui tiennent lieu de littérature. L'art est en train de perdre la bataille. C'est un crève-coeur.»
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Malaise dans la culture. Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l'esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s'abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l'histoire.
Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot « culture ». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu'ils entendent le mot « pensée », sortent leur culture.
Une question simple est à l'origine de ce livre : comment en est-on arrivé là ?
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«Réactionnaire, disent-ils. Le moment m'a donc semblé venu de faire le point et de retracer mon parcours sans faux-fuyants ni complaisance. Il ne s'agit en aucune façon pour moi de rabattre la connaissance sur la confession et de défendre une vérité purement subjective. Je ne choisis pas, à l'heure des comptes, de me retrancher dans la forteresse imprenable de l'autobiographie. Je joue cartes sur table, je dis d'où je parle, mais je ne dis pas pour autant : À chacun sa vision des choses. Le vrai que je cherche, encore et toujours, est le vrai du réel : son élucidation reste à mes yeux prioritaire. Cependant, comme l'a écrit Kierkegaard : Penser est une chose, exister dans ce qu'on pense est autre chose. C'est cet autre chose que j'ai voulu mettre au clair en écrivant, une fois n'est pas coutume, à la première personne.» Alain Finkielkraut
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«L'immigration qui contribue et contribuera toujours davantage au peuplement du Vieux Monde renvoie les nations européennes et l'Europe elle-même à la question de leur identité. Les individus cosmopolites que nous étions spontanément font, sous le choc de l'altérité, la découverte de leur être. Découverte précieuse, découverte périlleuse : il nous faut combattre la tentation ethnocentrique de persécuter les différences et de nous ériger en modèle idéal, sans pour autant succomber à la tentation pénitentielle de nous déprendre de nous-mêmes pour expier nos fautes. La bonne conscience nous est interdite mais il y a des limites à la mauvaise conscience. Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite d'être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu'aux nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l'art de lire par l'interconnexion permanente et qui proscrit l'élitisme culturel au nom de l'égalité, s'il est encore possible d'hériter et de transmettre.» Alain Finkielkraut.
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En terrain miné
Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut
- Folio
- Folio
- 5 Septembre 2019
- 9782072776595
En terrain miné est la rencontre exceptionnelle de deux esprits politiquement opposés, mais unis par une amitié philosophique.
Alain Finkielkraut et Elisabeth de Fontenay ont ainsi entretenu une correspondance épistolaire qui donne lieu à un débat passionnant. Ils y développent leur pensée en l'alimentant par les lectures de Foucault, Levinas, Adorno, Kundera... C'est l'occasion pour eux d'aborder, loin des caméras et du buzz, les questions qui fâchent : entre autres l'identité, la gauche et la droite, le féminisme, la théorie des genres, le conservatisme, le pape François, les droits de l'Homme, le judaïsme.
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« Le roi Salomon suppliait l'Éternel de lui accorder "un coeur intelligent".
Au sortir d'un siècle ravagé par les méfaits conjoints de l'efficacité technologique et de la ferveur idéologique, cette prière a gardé toute sa valeur.
Dieu cependant se tait. Il nous regarde peut-être, mais Il ne nous répond pas, Il ne sort pas de son quant-à-soi, Il n'intervient pas dans nos affaires. Il nous abandonne à nous-mêmes. Ce n'est ni à Lui ni à l'Histoire, délégitimée par un siècle d'horreurs commises en son nom, que nous pouvons adresser notre requête avec quelque chance de succès, c'est à la littérature. Sans elle, la grâce d'un coeur intelligent nous serait à jamais inaccessible. Et nous connaîtrions peut-être les lois de la vie, mais non sa jurisprudence. » Tel est le postulat d'Alain Finkielkraut. Pour s'interroger sur les rapports de l'homme avec ce qui l'entoure, il a choisi neuf livres : La Plaisanterie de Milan Kundera, Tout passe de Vassili Grossman, l' Histoire d'un Allemand de Sebastian Haffner, Le Premier Homme d'Albert Camus, La Tache de Philip Roth, Lord Jim de Joseph Conrad, les Carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski, Washington Square de Henry James, Le Festin de Babette de Karen Blixen.
Pour sa nouvelle grande oeuvre personnelle depuis L'Imparfait du présent (Gallimard, 2002), Alain Finkielkraut nous redit combien, par essence, la littérature est essentielle au déchiffrement des énigmes du monde. Combien elle demeure le meilleur rempart contre les idées reçues et les certitudes. Combien les écrivains et leurs oeuvres modifient nos existences, façonnent nos vies, réorganisent notre perception des êtres, des valeurs, du présent ou de l'avenir. -
«Que nous soyons réactionnaires ou progressistes, tournés nostalgiquement vers le passé ou résolument vers l'avenir, nous sommes tous modernes en ceci que nous revendiquons et que nous exerçons la liberté d'aimer qui nous voulons, comme nous voulons et le temps qu'il nous plaît. Nous sommes, autrement dit, les maîtres des engagements que nous contractons. Cette souveraineté nous comble mais elle nous confronte aussi, sans dérobade possible, aux questions qui tourmentaient la princesse de Clèves : suffit-il d'aimer pour savoir aimer ? L'amour est-il lui-même aimable, digne d'estime et de confiance ? On peut traiter ces questions par la statistique et les sciences sociales. Sans mésestimer l'utilité de telles approches, j'en ai choisi une autre : la littérature. Après Madame de La Fayette, Ingmar Bergman, Philip Roth et Milan Kundera ont été mes éclaireurs.» Alain Finkielkraut.
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Il existe, dans de nombreuses langues, un mot qui désigne à la fois l'acte de donner et celui de prendre, la charité et l'avidité, la bienfaisance et la convoitise - c'est le mot : amour. Mais qui croit encore au désintéressement ? Qui prend pour argent comptant l'existence de comportements bénévoles ? Depuis l'aube des Temps modernes, toutes les généalogies de la morale font dériver la gratuité de la cupidité, et les actions nobles du désir d'acquisition. Il n'est pas sûr cependant qu'en reléguant l'amour du prochain dans la sphère de l'illusion, nous soyons mieux à même de penser le réel. Il se peut au contraire que nous ayons besoin de ce concept démodé, et d'une autre intrigue que celle de la possession, pour comprendre la relation originelle à autrui et, à partir de là, aussi bien le rapport amoureux que la haine de l'autre homme. En s'inspirant de l'oeuvre d'Emmanuel Lévinas, Alain Finkielkraut interroge d'un seul tenant les grandes expériences collectives de notre modernité et le rapport à l'Autre dans la vie individuelle. Philosophie sans doute, mais philosophie dramatisée par des personnages concrets, et par la présence de la littérature qui, à travers Flaubert, James et surtout Proust, est traitée ici en moyen de connaissance de l'homme.
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« Les années trente, dit-on, sont de retour. L'ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d'un bouc émissaire et l'islamophobie prend le relais de l'antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante. Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l'Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu'il a d'irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l'enjeu est existentiel autant qu'intellectuel. Si, comme l'écrit François Mauriac, "l'épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions", il nous incombe d'être à l'heure au rendez-vous et de regarder en face le visage que nous n'attendions pas. Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l'exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée. »
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" Descartes non lu nous détermine que nous le voulions ou non ", écrit Hans Jonas. A quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable. Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l'homme moderne s'ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. Il est devenu difficile d'opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n'ont rien de raisonnable. Cette surprise philosophique réservée à la philosophie, cet ébranlement de la modernité par elle-même, inlassablement Alain Finkielkraut les explore et les interroge. Aux questions que l'intelligence pose de sa propre initiative, selon son projet ou ses plans, et auxquelles elle met le monde en demeure de répondre, il préfère les questions que le monde pose et impose à une intelligence qui n'en peut mais. Par là, il rejoint Michelet : " J'ai toujours eu l'attention de ne jamais enseigner que ce que je ne savais pas. J'avais trouvé ces choses comme elles étaient alors dans ma passion, nouvelles, animées, brûlantes, sous le premier attrait de l'amour. "
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«Pourquoi Péguy, maintenant ? Qu'avons-nous à faire des tourments d'un paysan normalien qui fut tout à la fois dreyfusard, catholique et socialiste, prophétique et désespéré ?Il fallait mettre Péguy à l'ordre du jour car c'est peu de dire de cette oeuvre qu'elle est actuelle : en vérité, elle nous attend. L'heure est venue d'entendre dans notre présent et pour l'avenir les âpres questions dont Péguy a harassé son époque.L'heure est venue, si nous voulons comprendre notre temps, de lever la quarantaine, de lire Péguy, de réintégrer dans la cité intellectuelle la grande pensée poétique et critique qui annonce une panmuflerie sans limites et voit poindre un monde non seulement qui fait des blagues, mais qui ne fait que des blagues, et qui fait toutes les blagues, qui fait blague de tout.»Alain Finkielkraut.
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Pour rendre la vie plus légère ; les livres, les femmes, les manières
Mona Ozouf, Alain Finkielkraut
- Stock
- 22 Janvier 2020
- 9782234088184
« Pourquoi la littérature ? Parce que la littérature nous pourvoit de dons que nous n'avons pas. Elle nous pourvoit immédiatement de l'ubiquité. Grâce à la littérature, nous vivons dans des pays, des villes où nous n'avons jamais posé le pied. Grâce à la littérature, nous pouvons reculer vers des époques révolues. Il y a une sorte d'immense liberté que donne la pratique des livres, et que nous n'avons pas. La démultiplication de l'existence dans la littérature est une chance précieuse. ».
Ce volume contient les principales émissions faites par Mona Ozouf à « Répliques », sous la direction d'Alain Finkielkraut : sur les femmes et la singularité de leur écriture ; sur les livres comme « patrie » ; sur la galanterie française ; sur la civilité ; sur le Panthéon ; sur la Révolution française ; sur Henry James ; sur George Eliot. Les partenaires avec lesquels elle dialogue ici sont Diane de Margerie, Claude Habib, Pierre Manent, Geneviève Brisac, Philippe Belaval, Philippe Raynaud, Patrice Gueniffey.
C'est tout un parcours intellectuel qui est ici dessiné, depuis ses travaux fondateurs sur la Révolution française jusqu'à ce qu'elle appelle ses « échappées belles » en littérature.
Mona Ozouf est une « figure aussi discrète que rayonnante de la scène intellectuelle française », comme l'écrit Jean Birnbaum dans Le Monde. À bonne distance de tous les enrôlements et de toutes les assignations identitaires, elle maintient inébranlable le souci d'une ligne originale.
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La discorde ; israël-palestine, les juifs, la france
Alain Finkielkraut, Rony Brauman, Elisabeth Lévy
- Flammarion
- Champs Essais
- 28 Février 2008
- 9782081213760
On ne se parle plus, on s'invective.
Depuis le début de la deuxième intifada, en septembre 2000, le conflit israélo-palestinien et la question antisémite sont l'enjeu d'une véritable guerre civile intellectuelle. sionistes contre pro-palestiniens, dénonciateurs de l'islamophobie contre contempteurs de la judéophobie : entre les deux camps, tous les ponts sont coupés. aucune vérité ne peut émerger de la foire d'empoigne. emblématiques des positions qui s'affrontent, rony brauman et alain finkielkraut croisent parfois le fer dans l'espace médiatique, ils ne se parlent plus.
Leur commune exigence de vérité les conduira pourtant à accepter un pari difficile, renouer le fil d'un dialogue authentique. au cours de leurs rencontres, organisées à l'initiative d'élisabeth lévy sur trois années, leur confrontation deviendra une conversation, tout en restant une discorde.
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« Aujourd'hui, notre pitié ne s'arrête plus à l'humanité. Elle continue sur sa lancée. Elle repousse les frontières. Elle élargit le cercle du semblable. Quand un coin du voile est levé sur l'invivable existence des poules, des vaches ou des cochons dans les espaces concentrationnaires qui ont succédé aux fermes d'autrefois, l'imagination se met aussitôt à la place de ces bêtes et souffre avec elles.
L'homme moderne est tiraillé entre une ambition immense et une compassion sans limite. Il veut être le Seigneur de la Création et il découvre progressivement en lui la faculté de s'identifier à toutes les créatures. Ainsi s'explique l'irruption récente de la cause animale sur la scène politique.
La nouvelle sensibilité aux animaux aura-t-elle le pouvoir de changer la donne ou l'impératif de rentabilité continuera- t-il à faire la loi, en dépit de tous les cris du coeur ? » A. F.
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« Le Juif errant, c'est moi ; le détenu famélique au pyjama rayé, c'est moi ; moi, le torturé de l'Inquisition, moi Dreyfus à l'île du Diable. » Voilà le roman dans lequel j'ai passé mon adolescence. Le Différent, l'Écorché vif, le Rescapé : je n'en finissais pas de brandir et de savourer cette image. Du judaïsme, je ne retenais que l'adjectif auquel il me donnait droit et l'usage narcissique que je pouvais en faire. J'allais chercher dans mes origines, les fastes que me refusait la trame sans accroc d'une existence studieuse et sage. J'étais, d'un seul tenant, un Juif authentique et un Juif imaginaire. Ce livre ne raconte pas, après mille autres, l'histoire édifiante et pathétique de l'enfant né au judaïsme sous les espèces de l'injure et de la malédiction. Il relate un autre cheminement : le passage, jamais tout à fait accompli, de l'ostentation à la fidélité.
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L'humanité perdue ; essai sur le XXe siècle
Alain Finkielkraut
- Points
- Points Essais
- 5 Février 2007
- 9782020914260
Ce livre est, d'un bout à l'autre, hanté par les événements qui font du XXe siècle la plus terrible période de l'histoire des hommes. Il ne se veut ni panorama ni bilan, mais méditation obstinée et narration inédite de ce qui, depuis 1914, est advenu à l'humanité et plus précisément à cette idée d'humanité si difficilement conquise par les Temps modernes. Il cherche à comprendre pourquoi l'affirmation la plus radicale de l'unité du genre humain a pu, comme son désaveu le plus fanatique, produire un univers concentrationnaire.
À la fois mortelle et meurtrière, l'idée d'humanité ne peut plus être maniée ni pensée innocemment. Il nous faut la défendre et la concevoir autrement, veiller à ce qu'elle vive et faire en sorte qu'elle ne recommence pas à tuer.
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L'explication
Alain Badiou, Alain Finkielkraut, Aude Lancelin
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 22 Mai 2010
- 9782355260520
Les deux « adversaires » ici en présence témoignent, dans le débat d'idées, de deux visions irréconciliables. Tout, dans leurs prises de positions respectives, les sépare : Alain Badiou comme penseur d'un communisme renouvelé ; Alain Finkielkraut comme observateur désolé de la perte des valeurs. La conversation passionnée qui a résulté de leur face-à-face - organisé à l'initiative de Aude Lancelin - prend souvent la tournure très vive d'une « explication », aussi bien à propos du débat sur l'identité nationale, du judaïsme et d'Israël, de Mai 68, que du retour en grâce de l'idée du communisme. Mais le présent volume ne se réduit pas à la somme de leurs désaccords. Car ni l'un ni l'autre ne se satisfont, en définitive, de l'état de notre société ni de la direction que ses représentants politiques s'obstinent à lui faire prendre. Si leurs voix fortes et distinctes adoptent, un moment, une tonalité presque semblable, c'est sur ce seul point.
Ce face à face exceptionnel rend saillantes les principales lignes de fracture de la politique et de la pensée française, que le jeu politico-médiatique n'expose le plus souvent que pour les brouiller un peu plus. C'est ici le double sens du titre « L'Explication » : une vive conversation où s'opposent des points de vue éloignés ou irréconciliables, en même temps qu'un effort commun de clarification.
Alain Badiou et Alain Finkiekraut incarnent deux visions politiques et théoriques diamétralement opposées. Leurs rencontres, intervenues à l'invitation d'Aude Lancelin pour le Nouvel Observateur puis pour préparer le présent volume, portèrent en premier lieu sur la décision du gouvernement de faire une nouvelle fois de « l'identité nationale » un thème de campagne (décision portée par Éric Besson qui donna lieu, comme on le sait, à des rencontres organisées dans les préfectures à la fin de l'année 2009 et au début de l'année 2010). Au sujet de l'identité, Alain Finkielkraut appartient au camp de ceux qui considèrent que la France ferait face à une crise profonde, qui prendrait la forme, selon lui, d'une « exécration [...] de la France dans une fraction non négligeable des nouvelles populations françaises », ajoutant préventivement : « Il faut vivre à l'abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est une réponse au racisme d'État ou à la stigmatisation de l'étranger. » Pour Alain Badiou c'est bien au contraire la captation par le gouvernement, d'un débat sur « l'identité nationale » qui inquiète. Il y voit l'application d'une politique injustifiable, nauséabonde, qui validerait la dénomination de « pétainisme transcendantal » utilisée par lui dans dès 2007 dans son ouvrage De Quoi Sarkozy est-il le nom ? pour qualifier la politique de Nicolas Sarkozy. Car, affirme-t-il aujourd'hui, « une discussion organisée par le gouvernement sur 'l'identité française' ne peut qu'être la recherche de critère administratifs sur 'qui est un bon Français qui ne l'est pas' ».
La suite de leur conversation met en évidence le fait que le référent identitaire, même lorsqu'il est éloigné de la question circonstancielle de ce fameux « débat national » (qui a depuis fait long feu) continue d'opposer vivement les deux adversaires. Cela, sur chacune des autres thématiques politiques abordées dans le volume : Mai 68 ; le judaïsme et Israël ; l'idée du communisme. La réflexion d'Alain Finkielkraut s'organise en effet autour de sa fidélité affichée à une appartenance singulière transmise par l'héritage culturel ou par l'École républicaine (une identité unifiée, fondée sur la perpétuation de référents traditionnels et le respect d'un certain nombre de symboles qui seraient aujourd'hui bafoués : le drapeau, l'hymne national, l'autorité professale, etc.). À cette conception qu'il juge « étriquée », Alain Badiou oppose la conception suivante : l'identité (en supposant que l'on en accepte la catégorie) doit, selon lui, être immédiatement transmissible de façon universelle, résultant d'un choix personnel et surtout : maintenue à l'écart de l'État. En substance, la politique doit pouvoir se satisfaire d'identités multiples, et s'organiser indépendamment des frontières nationales. Quand Alain Finkielkraut s'emploie à déplorer « la perte des choses » (et donc à souhaiter le retour à un ordre ancien), mais aussi à s'affliger de « la dévastation de la terre, [du] progrès de la laideur, [de] la destruction de la faculté d'attention, [de] la disparition du silence, [et de] l'entrée dans l'âge technique de la liquéfaction de tout », Alain Badiou avance quant à lui la conception d'un monde ouvert où le phénomène nouveau serait que le « la prolétarisation générale du monde s'est étendue au-delà de notre continent [.] alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes. » Dans ce monde-là, affirme-t-il, « considérer que, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, paraît proprement extravagant. »
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L'ingratitude : conversation sur notre temps avec Antoine Robitaille
Alain Finkielkraut
- Folio
- Folio
- 29 Novembre 2000
- 9782070415526
«L'homme contemporain ne se pense plus comme un héritier. Il se veut délivré du donné ; il n'exerce sa vigilance qu'à l'encontre des vieux démons, et, quand il cède aux injonctions du devoir de mémoire, c'est pour constater la supériorité de la conscience actuelle sur un passé ténébreux tissé de préjugés, d'exclusions et de crimes. À délier ainsi l'être de l'héritage, est-on, comme le croit notre temps, plus lucide, plus ouvert et plus libre ? Voilà la question à laquelle s'efforce de répondre cette conversation silencieuse. La conversation a été menée, avec une ténacité inlassable, par mon ami québécois Antoine Robitaille. Le silence et la patience de l'écriture m'ont été nécessaires pour passer de la parole vive à la pensée vivante. Mais plus le silence est pur, et plus il est habité. Plus on rumine et plus on dialogue. Ce livre doit à toutes les conversations de l'amitié ses lieux - l'Europe centrale, Israël, le Québec, les États-Unis, la France -, ses thèmes - les petites nations, le destin des langues, la transmission, l'amour du monde, le multiculturalisme, la mort de l'admiration - et son sujet : l'art d'hériter ou ce qu'il en reste à l'âge ingrat de la démocratie radicale.» Alain Finkielkraut.
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La cause animale : Débats pour y voir plus clair
Alain Finkielkraut, Collectif
- J'ai Lu
- Librio
- 6 Janvier 2021
- 9782290253618
"Ouvrières et machines, rien d'autre. Est-ce ainsi que les vaches doivent vivre ?" A.F.
Dans quelles conditions élevons-nous et abattons-nous les bêtes que nous mangeons ? Que penser de la corrida ? Quelles sont les responsabilités des hommes vis-à-vis des animaux ? De nos assiettes à la scène politique, la cause animale est désormais au coeur des débats. Cet ouvrage rassemble les échanges de personnalités venues d'horizons divers, dont les vues s'opposent et se complètent. Leurs désaccords nous permettent d'interroger notre rapport aux animaux, de réfléchir et d'affirmer nos choix, pour demain. Ont contribué à cet ouvrage : Hubert Charuel, Vincent Delargillière, Jean-Pierre Digard, Benoît Duteur tre, Elisabeth de Fontenay, François Morel, Corine Pelluchon, Jocelyne Porcher et Francis Wolff. -
Le passé parle au présent. Il s'adresse à nous. Il nous interpelle. Il réclame. Mais comment le présent doit-il répondre ? Comment être au rendez-vous ? Comment distinguer, dans l'obsession des années noires, la fidélité du simulacre et la vigilance de l'instrumentalisation ? Que faire, maintenant que la mémoire d'Auschwitz n'a plus d'ennemis déclarés, pour en soustraire l'exercice à ses amis désinvoltes ou inquiétants ? Que faire pour éviter à la fois la crispation et la manipulation ? Ceci, au moins : tendre l'oreille ; accueillir les voix venues de l'autre rive.
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«Ne pas écrire un journal, ne pas tomber dans la chronique, ne pas tenir le registre de mes premiers mouvements, ne pas fixer chacune de mes impressions, ne pas thésauriser mes humeurs, mais déchiffrer comme l'énigme du Sphinx chaque interpellation par les circonstances. Remplacer l'éternelle question Qu'est-ce que... ? par l'inlassable question Qu'est-ce qui se passe ?. Extraire le mémorable du flot de l'actualité. Tenir les détails en haute estime. Chercher la vérité dans ce qui apparaît et non derrière les apparences. Confronter sans relâche la fatalité des processus à l'imprévisibilité de la conjoncture. Renoncer, pour interroger les événements, au désir de surplomber une fois pour toutes, l'histoire... Voilà les principes que j'ai essayé de mettre en oeuvre tout au long de la première année de ce qu'il est convenu d'appeler le troisième millénaire.»Alain Finkielkraut.
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Discours de réception d'Alain Finkielkraut à l'Académie française et réponse de Pierre Nora
Alain Finkielkraut, Pierre Nora
- GALLIMARD
- Blanche
- 26 Mai 2016
- 9782070196784
Suivis des allocutions prononcées à l'occasion de la remise de l'épée par Élisabeth de Fontenay et Amin Maalouf