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Mercure de France
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Mères de famille comparant les mérites de leurs nounous respectives ; parents ouverts à la mixité sociale mais ayant fait le choix de l'enseignement catholique pour leur progéniture ; jeune épouse ne sachant pas comment parler à sa femme de ménage ; trentenaire dévouée à la carrière de son mari redoutant le désoeuvrement...
Les personnages de femmes peuplant le recueil d'Astrid Eliard ont en commun d'appartenir à une même classe sociale, la bourgeoisie. Néo-bobos d'aujourd'hui, de vieille tradition française, ou parvenues récentes, tour à tour ridicules ou attachantes.
Renouant avec le ton doux-amer de son premier recueil de nouvelles, Nuits de noces, Astrid Éliard croque ses personnages avec une tendre ironie, souligne leurs tics sans jamais les juger et propose une galerie de portraits hauts en couleurs. -
La fille ne regardait pas l'objectif, d'ailleurs elle ne regardait rien, à part peut-être une pensée, un regret, un projet? à l'intérieur d'elle-même. Elle ne souriait pas. Elle était tout simplement absente. En quelques jours, une foule innombrable de gens croisa ce visage. Et tous se dirent qu'elle avait l'air de poser pour son propre avis de recherche.
Lorsqu'elle constate la disparition de sa fille Adèle, seize ans, Marion panique. Fugue? accident? Elle prévient son ex-mari, la police... Au fil des heures, l'angoisse croît. Adèle reste introuvable. Quelques jours plus tard, un attentat perpétré par Daech au Forum des Halles tue vingt-cinq personnes. Et si Adèle faisait partie des victimes ? Sans relâche Marion appelle les numéros verts, les ministères, scrute la presse, les réseaux sociaux, traque les moindres indices... Jusqu'au jour où, sur une image saisie par une caméra de surveillance, elle reconnaît Adèle, dissimulée sous un hidjab... Sidération, incompréhension, culpabilité. L'inexorable quête d'une mère pour retrouver sa fille commence. -
Sur la place de la mairie, on se bouscule, les mains brandissent des appareils photo pour intercepter nos sourires, à Jean-Paul et moi. Je tâche de cacher mes dents derrière mes lèvres qui restent scellées, et lève le menton bien haut, pour affiner la ligne de mon cou. Je voudrais avoir l'air d'une grande amoureuse, et m'agrippe au bras de Jean-Paul, comme si on était sur un radeau et qu'il y avait du roulis, genre «vous voyez, son amour me donne le vertige». Souriez-moi, car je n'en aurai jamais assez. Pour la mariée, le jour du mariage est souvent l'aboutissement d'un rêve de petite fille : un instant elle peut se prendre pour une princesse de conte de fées ou pour une actrice de cinéma. C'est le temps de la fête, des rires et des chansons, qui précède la nuit de noces. Dans la chambre nuptiale, loin des flashes des photographes, les couples sont confrontés à leur vérité. Les uns s'aiment sincèrement, les autres font semblant. Seule certitude : ils ont franchi le pas, reculer leur est désormais impossible... Astrid Éliard met en scène six couples, six mariages et six nuits de noces. Et six façons bien différentes de vivre cette étape décisive : des nouvelles tour à tour tendres, mélancoliques ou gentiment ironiques, comme autant de paraboles douces-amères.
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Certains matins, juste avant le réveil de son fils, Marie s'accroupissait au bord du lit, et passait la main dans ses cheveux, si doux, si noirs, indiens, c'était une sorte de pèlerinage sur les lieux de son tout premier baiser de mère. Elle sentait alors son corps se figer dans l'empreinte de l'amour perdu, ce creux un peu froid qu'avait laissé en l'abandonnant l'instinct animal, la tendresse évidente, absolue, de la louve pour son petit. Durant ces quelques secondes, Marie imaginait que son enfant était né autre, pas ce Victor qui se lèverait bientôt d'un bond, en disant un 'bonjour' sec, sans baiser ni câlin, mais un qui l'aurait aimée, avec qui elle aurait fait des puzzles, des gâteaux, des courses dans le jardin... Maris a tout pour être heureuse : un mari médecin, une jolie maison, des amies, deux enfants... Le tableau est idyllique, mais les apparences sont parfois trompeuses. Son mari la croit stupide, l'exploite et la méprise. Marie a toujours pensé que les enfants seraient le point d'orgue de son épanouissement personnel : elle constate que la réalité est bien loin de ses rêves. Déçue par le couple et par la maternité, Marie doit réagir. Dans une prise de conscience radicale, celle que tout le monde considère comme une idiote va forcer son destin, s'émanciper et prendre sa revanche...
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Éva se demandait souvent ce qu'elle avait fait de sa vie jusqu'à ses quarante ans. Selon elle, ils lui étaient tombés dessus avant qu'elle atteigne réellement cet âge. Qu'avait-elle fait tout au long de ces quarante années ? Que n'avait-elle pas fait ? À vingt ans, elle était, disons, pulpeuse. À l'époque, ses cheveux lui descendaient jusque dans le dos, c'étaient des cascades rousses, entortillées, des cheveux d'Ève au jardin d'Éden, des cheveux de Vénus sortant du bain, aussi exubérants que ses formes... Invités à la campagne par un acteur riche et célèbre, Éva et Michel s'apprêtent à passer un week-end de rêve. Mais rien ne se déroule comme prévu : il tombe des trombes d'eau, la maison au fond des bois est vétuste, et le tête-à-tête avec leur hôte oppressant. Toutes ces contrariétés et l'atmosphère étrange des lieux réveillent chez Éva une malaise diffus et font ressurgir de douloureux souvenirs. À quarante ans, devenue l'épouse modèle d'un chirurgien esthétique, elle se pose des questions sur son couple et sur sa vie...