Loin des interprétations simplistes sur les soulèvements qui ont ébranlé le monde arabe depuis décembre 2010 (interprétations politistes, générationnelles, confessionnelles ou vulgairement policières), Gilbert Achcar insiste ici sur les modalités particulières du développement du capitalisme dans cette région du monde. Modalités dont les conséquences sociales dramatiques (pauvreté, inégalité, précarité) se sont aggravées davantage durant les trois ou quatre dernières décennies sous l'effet du despotisme politique ambiant, à la fois corrompu et corrupteur.
Caractérisant ces soulèvements comme le point de départ d'un processus révolutionnaire, et non comme un aboutissement (un "printemps arabe", selon l'appellation séduisante mais trompeuse), l'auteur livre une analyse concrète des forces sociales en présence et dresse un bilan d'étape de leurs luttes, pays par pays, de la Tunisie à la Syrie en passant par l'Égypte, le Yémen, le Bahreïn et la Libye. Il éclaire ce faisant le rôle ambigu des mouvements se réclamant de l'islam, notamment les Frères musulmans, et de leurs soutiens à l'échelle régionale (l'Arabie saoudite et le Qatar, fidèles alliés des États-Unis).
Citoyen syrien d'origine arménienne, Aram Karabet militait dans les rangs d'une organisation communiste clandestine quand il fut arrêté, en 1987, par les services de renseignement. Il avait à l'époque vingt-neuf ans et travaillait comme aide-ingénieur dans la ville de Hassaké, dans la Djézireh, au nord-est du pays. Après sept longues années passées dans la prison de 'Adra, à proximité de Damas, il fut enfin jugé par la Cour de sûreté de l'État et condamné à treize ans de détention, suivis de treize autres de déchéance de ses droits civils. Son attitude digne devant le tribunal et son refus de renier ses convictions politiques, malgré d'affreuses tortures physiques et morales, lui vaudront d'être transféré, un an plus tard, vers la terrible prison militaire de Palmyre, véritable camp de concentration où périrent au cours des années 1980 et 1990 des milliers de détenus politiques. La description qu'il en donne, à la limite de l'insoutenable, va bien plus loin que la dénonciation de la cruauté sans bornes des geôliers. Ce qui glace d'horreur, c'est l'acharnement quotidien des tortionnaires à déshumaniser leurs victimes, à vouloir les convaincre qu'elles ne sont, ainsi que tous les sujets de "l'Éternel Président", que des hasharât, des insectes.
Écrit il y a quelques années et publié en 2009, le récit d'Aram Karabet nous informe bien plus sur la nature du régime instauré par Hafez al-Assad et dévolu à son fils que ne pourrait le faire une étude savante en sciences politiques.
Réunissant des compétences en science politique, en géographie et en agronomie, ce livre analyse la politique israélienne d'appropriation foncière en Cisjordanie qui dépossède les Palestiniens de leur territoire, les empêchant d'avoir un jour un Etat souverain doté d'une véritable continuité territoriale. Cette politique qui n'est rendue possible que par la force des armes et l'arbitraire de la domination constitue un grave obstacle sur le chemin d'une paix juste et durable qui ne pourra être fondée que sur la création d'un Etat palestinien viable à côté de l'Etat d'Israël.
Il s'agit dans cet atlas de raconter l'histoire d'un peuple qui, depuis le démantèlement de l'Empire ottoman et le mandat britannique en 1922, a cherché à être maître de son destin en exigeant d'avoir un État sur son territoire : la Palestine. Des décennies plus tard, cet objectif n'est pas atteint et semble même plus inaccessible que jamais. Depuis 1948, plus de la moitié des Palestiniens vivent hors de leur pays, beaucoup dans les conditions précaires des camps de réfugiés, tandis que l'autre moitié est soumise à l'occupation, la colonisation et, depuis 2006 à Gaza, à un blocus.
Aujourd'hui, toute perspective de paix paraît lointaine, les rapports de force continuant d'être défavorables aux Palestiniens malgré les soutiens internationaux dont ils bénéficient. Par un processus de colonisation systématique et la construction d'un mur qui s'étend jusqu'au coeur de la Cisjordanie, la stratégie israélienne vise à fragmenter et déstructurer un espace sur lequel il sera de plus en plus difficile d'établir un État palestinien viable disposant d'une véritable continuité territoriale. Cette situation aggrave l'exclusion de tout un peuple qui, malgré le droit international reconnaissant la légitimité de son aspiration à un État à côté d'Israël, est ainsi contraint de vivre dans des conditions dramatiques.
En 2005, le tribunal Russel pour la Palestine décide de mettre en dialogue les regards de Noam Chomsky et Ilan Pappé, deux fi gures à contre-courant des discours portés sur la situation au Proche-Orient. Le projet est à l'origine de ce livre, aujourd'hui mis à jour pour l'édition française.
Pourquoi le confl it israélo-palestinien dure-t-il depuis tant d'années ? Qui pourrait y mettre un terme?
Et, surtout, comment ? L'ignorance, les peuples eux-mêmes, la résistance des acteurs locaux et le refus de rester silencieux sont quelques-unes des réponses possibles à chacune de ces questions.
Elles sous-tendent les articles et entretiens qui composent ce livre.
En fi n de volume, une conversation entre Stéphane Hessel et Élias Sanbar
Le massacre de Sabra et Chatila, commis contre des réfugiés palestiniens dans deux camps de Beyrouth, est une monstruosité de l'Histoire. Une barbarie jamais étudiée, analysée comme la gravité l'exige
Les mots « terre d'Israël » renferment une part de mystère.
Par quelle alchimie la Terre sainte de la Bible a-t-elle pu devenir le territoire d'une patrie moderne, dotée d'institutions politiques, de citoyens, de frontières et d'une armée pour les défendre ?
Historien engagé et volontiers polémiste, Shlomo Sand a dénoncé à grand bruit le mythe de l'existence éternelle du peuple juif. Poursuivant ici son oeuvre de déconstruction des légendes qui étouffent l'État d'Israël, il s'intéresse au territoire mystérieux et sacré que celui-ci prétend occuper : la « terre promise » sur laquelle le « peuple élu » aurait un droit de propriété inaliénable.
Quel lien existe-t-il, depuis les origines du judaïsme, entre les juifs et la « terre d'Israël » ? Le concept de patrie se trouve-t-il déjà dans la Bible et le Talmud ? Les adeptes de la religion de Moïse ont-ils de tout temps aspiré à émigrer au Moyen-Orient ? Comment expliquer que leurs descendants, en majorité, ne souhaitent pas y vivre aujourd'hui ? Et qu'en est-il des habitants non juifs de cette terre : ont-ils ? ou non ? le droit d'y vivre ?
Après six ans de séjour en France, où il a obtenu un diplôme d'études cinématographiques, le narrateur décide de rentrer au pays. Dès son arrivée à l'aéroport de Damas, il est arrêté par la police politique et conduit dans un bâtiment sinistre du centre-ville, appartenant aux Services de renseignements. Là, il est violemment frappé avant d'être accusé contre toute vraisemblance, lui, le chrétien grec-catholique, d'être membre du mouvement des Frères musulmans. Quelques jours plus tard, il se retrouve dans la gigantesque et terrible prison du désert, en compagnie de milliers de détenus. Commence alors son calvaire qui va durer treize ans.
Ce récit, qui se présente comme un journal, restitue sous une forme légèrement romancée les choses vues et entendues par Moustafa Khalifé durant son long enfermement dans les prisons syriennes. Les scènes se succèdent, d'autant plus insoutenables qu'elles sont écrites sobrement, sans vaine rhétorique ni pathos. Elles donnent à voir non seulement la barbarie des geôliers, mais aussi le processus de déshumanisation des détenus et, au-delà, de toute la société.
« Ceci est un document, pas un écrit. Il s'agit de la transcription, la plus fidèle possible, de deux carnets de notes que j'ai tenus lors d'un voyage clandestin en Syrie, en janvier de cette année. Ces carnets devaient au départ servir de base pour les articles que j'ai rédigés en rentrant. Mais peu à peu, entre les longues périodes d'attente ou de désoeuvrement, les plages de temps ménagées, lors des conversations, par la traduction, et une certaine fébrilité qui tend à vouloir transformer dans l'instant le vécu en texte, ils ont pris de l'ampleur. C'est ce qui rend possible leur publication. Ce qui la justifie est tout autre : le fait qu'ils rendent compte d'un moment bref et déjà disparu, quasiment sans témoins extérieurs, les derniers jours du soulèvement d'une partie de la ville de Homs contre le régime de Bachar al-Assad, juste avant qu'il ne soit écrasé dans un bain de sang qui, au moment où j'écris ces lignes, dure encore. » Jonathan Littell a passé deux semaines et demie à Homs, au coeur des quartiers opposés au régime syrien. C'est, on le sent page après page, un texte écrit dans des conditions extrêmes, où les protagonistes, à chaque instant, jouent leur vie. Constituant un documents tout à fait unique, véritable enquête sur le terrain, ces carnets témoignent de la vie quotidienne du peuple en révolte de la ville de Homs, de la résistance des déserteurs de l'Armée syrienne libre, et des atrocités commises par les forces gouvernementales.
Dans ce livre à la fois historique et politique, Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, prolonge une réflexion de longue date sur les relations israélo-palestiniennes, dans lesquelles chaque nouvel épisode a des retombées internationales. Un livre brillant qui parle de blessures, de mémoires qui s'entrechoquent, de carrefour de civilisations, et qui pourrait modifier radicalement notre façon d'envisager ce conflit.
Pourquoi la Palestine suscite-t-elle de si furieuses polémiques ? Pourquoi ce conflit, autour d'un territoire qui a perdu son importance stratégique et qui ne contient pas une goutte de pétrole, soulève-t-il de si dévastatrices passions ? La Palestine est-elle le nom d'un nouvel antisémitisme qui n'ose dire son nom ?
En réalité, si la Palestine est devenue une cause universelle, c'est d'abord parce qu'elle se situe sur la ligne de faille entre le Nord et le Sud, entre l'Orient et l'Occident, à un moment où l'on assiste à un basculement du monde : l'affirmation de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Afrique du Sud marque la fin de deux siècles de domination occidentale et tourne la page de l'entreprise coloniale. Ce bouleversement n'est pas seulement économique, politique ou militaire, il touche aussi à l'histoire et à son interprétation : l'Occident a perdu le monopole du récit et les vaincus d'hier ont pris la plume.
Longtemps, l'histoire de la Palestine s'est limitée à celle, tourmentée, du peuple juif aspirant, après deux mille ans d'exil, à retrouver une patrie. Pour les autochtones, en revanche, elle se résume à une spoliation, spoliation qui perdure et qui rappelle, de l'Asie à l'Amérique latine en passant par l'Afrique, une oppression pas si ancienne.
Ce livre veut remettre la Palestine dans le contexte de cette mutation de la scène internationale. Tout en rappelant le lien entre ce territoire et "la question juive", il cherche à modifier radicalement notre perspective sur le conflit, changement indispensable si l'on veut, demain, aboutir à une solution.
Le premier plan de séparation de la Palestine historique en deux États, l'un pour les Juifs et l'autre pour les Arabes, date de. 1937.
Trois quarts de siècle plus tard, on n'est pas plus avancé : malgré les résolutions de l'ONU, les innombrables cycles de négociations, les mille et une missions de diplomates américains, sans compter toutes les souffrances et le sang versé, aucune « solution » n'est en vue du côté des deux États.
Ce n'est pas par hasard, montrent Hazan et Sivan dans ce livre : c'est que la partition n'est tout simplement pas possible : un vrai État palestinien n'est pas possible, et un État hébreu viable à long terme non plus.
La partition est un simulacre pour maintenir le statu quo, ce n'est pas une solution, c'est un discours. Remplaçons, disent Hazan et Sivan, la partition par le partage, la mise en commun de l'espace entre le Jourdain et la mer. Ils montrent que cette idée ne sort pas d'un chapeau : elle date des années 20, où les meilleurs parmi les intellectuels juifs, de Arendt à Sholem et Buber, luttaient dans Brit Shalom pour un État commun où tous les habitants de cet espace seraient égaux et jouiraient des mêmes droits.
Ils démontent un par un les arguments des adversaires de l'État commun, dont certains sont de mauvaise foi, et d'autres, qui méritent une discussion approfondie, peuvent être réfutés. Ils expliquent pour la première fois au public français que partout dans le monde, de Sydney à Londres en passant par Haïfa et Tel Aviv, des colloques, des groupes de réflexion, des universitaires se réunissent pour discuter de l'État commun (One State, chez les Anglo-Saxons).
Il est largement temps que la France rattrape son retard sur ce sujet, n'en déplaise à ceux qui voient dans les mots d'« État commun » un simple slogan antisémite.
Avec ce livre est offert un DVD d'Eyal Sivan, réalisé pour la circonstance : Sivan a interviewé plus de 40 personnes, qui vont d'un rabbin dans une colonie extrémiste à l'ancien maire adjoint de Jérusalem en passant par des enseignants à l'université de Bir Zeit et des réfugiés des camps palestiniens.
Émouvant et édifiant, sur la prétendue « haine » entre les peuples et l'impossibilité de vivre ensemble.
Comment les citoyens israéliens vivent-ils la politique menée par leur gouvernement ? Cet ouvrage nous faire découvrir en vingt-deux portraits-interviews une partie de la société israélienne, pas forcément propalestinienne, qui proteste contre la politique néolibérale de Benyamin Netanyahou et souhaite la fin de la guerre. Ces citoyens, qui pourraient être la force politique alternative de demain, permettent de penser un avenir pour cette région du globe.
Six mois après le déclenchement des mouvements révolutionnaires arabes, en juillet 2011, les Israéliens descendent à leur tour dans les rues. En août, ils seront jusqu'à 400 000 - l'équivalent de 4 millions chez nous !
De 70 % à 80 % de leurs concitoyens, selon les sondages, appuient leurs revendications. Mais le mouvement n'a pas encore trouvé son débouché politique. Dominique Vidal et Michel Warschawski proposent de découvrir cette alternative qui se cherche en 22 portraits interviews.
Parmi les vingt-deux portraits-interviews figurent : Reuven Abargil, militant oriental ; Raanan Alexandrowicz, cinéaste ; Gadi Algazi, historien et animateur du mouvement Tarabut-Hithabrut ; David, lycéen, 15 ans ; Sara Beninja, porte-parole du Mouvement Solidarité Sheikh Jarrah ; Hillel Ben Sasson, dirigeant du Mouvement Solidarité Sheikh Jarrah ; Daniel Boyarin, professeur de culture talmudique à Berkeley ; Avraham Burg, ancien président de la Knesset ; Henriette Dayan et Yvonne Deutsch, militantes féministes ; Ilan Greilsammer, politologue, militant de La Paix maintenant ; Dov Hanin, député du Parti communiste israélien ; Hassan Jabareen, directeur général du Centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël ; Yoram Kaniouk, écrivain ; Daphnee Leef, porte-parole du « Mouvement des tentes ».
Que peut-on dire de nouveau sur un conflit de plus de cinquante ans, dont les paramètres de solution sont aujourd'hui connus par la communauté internationale ? MM. Hessel et Sanbar se sont accordés sur une démarche originale : retracer et analyser le cours des événements qui ont conduit à l'actuelle impasse et s'interroger sur le rapport entre légalité internationale et justice historique. Tous deux reviennent, au cours de leur échange, et dans le même souci de combiner témoignages et réflexions, sur les grandes dates du conflit.
Elias Sanbar, né à Haïfa en 1947, s'est aussitôt retrouvé sur les routes de l'exil. Il parle du sentiment d'incompréhension et d'injustice qu'il partage avec son peuple. Stéphane Hessel, ancien résistant et déporté à Buchenwald, était diplomate à l'ONU lors de la création d'Israël, à laquelle il était favorable. Il avoue avoir des réserves depuis la guerre des Six Jours, où Israël ne peut plus justifier ses attaques par la légitime défense. Il pointe du doigt l'impunité du pays qui, en continuant la colonisation malgré les traités de paix, se place dans l'illégalité par rapport au droit international. Plus tard, ce sont ses liens avec des oligarchies financières du monde entier qui l'indignent.
En analysant les causes du conflit et les éléments qui ont empêché les négociations d'aboutir, MM. Hessel et Sanbar parviennent encore à trouver des raisons d'espérer. Sur la possibilité même d'un État palestinien, ils posent comme préalable le retrait des colonies en Cisjordanie. Ils préconisent de former une région forte, où Israël et la future Palestine pourraient vivre ensemble sereinement. Stéphane Hessel, lui, en appelle au réveil du peuple israélien, dans la lignée du printemps arabe. Les auteurs finissent par sortir le conflit de son caractère exceptionnel de bataille pour une terre sainte, trop lourd à porter, et prônent un retour à la banalité, condition sine qua non de la fin de l'impunité israélienne.
Depuis le blocage du processus d'Oslo, l'idée de réunir Palestiniens et Israéliens dans un seul et même Etat a été relancée. Selon ses partisans, l'option uni-étatique serait la seule à même de régler tous les aspects de la question palestinienne, y compris le problème des réfugiés. Cet ouvrage collectif se propose de clarifier le débat en prenant en considération les dimensions actuelles, juridique, démographique, économique, politique et diplomatique du conflit israélo-palestinien.
Les posters à la gloire des martyrs de l'Intifada ont disparu des rues de Ramallah. Ils ont été remplacés par d'immenses panneaux de publicité pour le crédit immobilier. La bourgade de Cisjordanie, théâtre du dernier baroud de Yasser Arafat, acculé en 2002 par les tanks israéliens dans son QG en ruines, s'est transformée en une mini-métropole cosmopolite, jalonnée de bars branchés et de résidences haut de gamme. Ramallah est ainsi devenue la vitrine du plan de Salam Fayyad, l'énergique Premier ministre palestinien, déterminéà créer un État de fait, à la barbe de l'occupant israélien. Son entreprise est appuyée par les pays donateurs qui déversent chaque année des piscines de billets verts sur les territoires occupés.
De quoi Ramallah est-elle le signe ? De la montée en puissance de l'Autorité palestinienne et de l'indépendance inéluctable des territoires occupés ? Ou bien de la banalisation de l'occupation et de l'affadissement du mouvement de libération palestinien ? Au croisement de l'enquête et du reportage, Ramallah Dream est le roman vrai d'un bantoustan doré. Plutôt qu'au théâtre d'ombres du processus de paix, Benjamin Barthe s'intéresse aux bouleversements qui travaillent la société palestinienne, dépolitisée de l'intérieur par l'industrie de l'aide. Les personnages qui se croisent dans ce récit - négociateurs, diplomates, hommes d'affaires ou activistes - dressent le portrait d'un État impossible, dont le territoire se dérobe en permanence sous les pas de ses dirigeants et dont l'économie est confisquée par une caste de privilégiés. Un livre à lire comme un avis de tempête.
Samir Amin, économiste marxiste franco-égyptien, est depuis de longues années étroitement lié aux mouvements de lutte dans le Tiers-monde. Figure intellectuelle marquante du monde arabe, il a assisté aux mouvements des peuples qui se sont multipliés au début de l année dans cette partie du monde, en particulier en Egypte, son pays d origine et le plus grand des pays arabes, point stratégique de référence dans la région. Dans ce livre, il analyse le mouvement, ses potentialités, mais aussi les dangers de dévoiement et de récupération qu il court (comme par exemple celui de l instrumentalisation de l islam politique par les puissances occidentales). Au-delà de ces événements qui changent la face du monde, il montre comment, pour mieux comprendre le monde arabe, il faut l envisager sur la longue durée. Cet essai est une esquisse fondamentale de l histoire du monde arabe et de ses rapports avec les puissances impérialistes.
En décembre 1991 et janvier 1992, pour connaître un autre point de vue que celui donné par les médias américains, Joe Sacco part en Palestine dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. De ses rencontres dans les camps de réfugiés et les territoires occupés, il tirera un livre majeur qui marquera lacte de naissance du journalisme en bande dessinée. Palestine offre un bouleversant témoignage humain et un document de première importance. Quinze ans après sa première parution, loeuvre de Sacco na pas perdu une once de sa pertinence et de sa force. Cette édition intégrale présentera la préface originale dEdward Said, un texte de Sacco sur ses méthodes de travail et lévolution actuelle du conflit ainsi que de nombreux documents inédits sur la genèse du projet (carnets, esquisses, photos...).
Plus de quinze ans après la publication de son premier livre, Palestine une nation occupée, Joe Sacco poursuit son engagement en livrant dans Gaza 1956, le récit d'une tragédie que l'Histoire aurait bien voulu oublier.
Cette note parlait du massacre perpétué par l'armée israélienne à Gaza en cette même année 1956.
Plus de 270 palestiniens auraient perdu la vie dans cette tragédie. Difficile à croire.
En 2003, Sacco se rend alors, une fois encore, en Palestine afin d'établir la réalité de ce fait et décide de recueillir le témoignage des survivants et témoins.
Petit à petit, il remonte le fil de l'Histoire pour nous rapporter ce livre où la bande dessinée, comme pour d'autres grands créateurs, se fait grave, précise et vraie parole.
Comme à son habitude, Joe Sacco se met en scène dans le récit, ce qui lui permet de donner chair aux témoins rencontrés, de dévoiler la dureté de la vie quotidienne des palestiniens depuis plus de 50 ans.
Un témoignage exceptionnel.
Un livre qui ne peut laisser indifférent.
Le livre choc de Shlomo Sand : l'historien israëlien y montre que le peuple juif, tel qu'on l'entend aujourd'hui, est essentiellement une création du XIXe siècle. En s'appuyant constamment sur des matériaux historiques, il s'attaque à l'idée, très ancrée dans la conscience occidentale, que les Juifs sont un groupe humain ayant une origine commune et ayant été arraché de sa terre.
Plus que l'histoire des juifs, il étudie l'historiographie qui a bâti un peuple juif : ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que des historiens juifs ont commencé à écrire l'histoire du peuple juif comme celle d'une nation née avec Moïse et la réception de la Torah. Mais à la différence des nationalismes français ou allemands, étudiés depuis longtemps, le sionisme n'avait pas encore fait l'objet d'une réflexion critique globale qui en déconstruise les mythes.
Sans remettre en cause l'existence de l'État d'Israël, dont il ne conteste pas la légitimité, Sand en refuse l'assimilation à un État juif, qui appartiendrait aux juifs du monde entier.
Ce livre iconoclaste, plein d'audace et d'une grande originalité, a suscité à sa parution en 2008 une immense polémique en Israël et en Europe, largement relayée par la presse française : « Un débat événement » (Marianne), « Le livre qui enflamme Israël » (Le Point), controverse avec Éric Marty dans Le Monde...Très rapidement devenu un best-seller, il est aujourd'hui incontournable pour comprendre les termes du débat autour de l'État d'Israël.
Peut-on encore être arabe en ce début du XXIe siècle ? Que signifient exactement les mots "arabité", "arabisme", "nationalisme arabe" ? Comment les Arabes ont-ils réagi, tout au long du XIXe et du XXe siècle, aux défis de la modernité occidentale ? Pourquoi la question palestinienne a-t-elle joué un rôle aussi déterminant dans leur histoire contemporaine ? A quand remonte le divorce qu'on constate partout entre gouvernants et gouvernés ? Quelles sont les chances réelles de la démocratie dans des pays où le despotisme et son ennemi complémentaire, l'islamisme radical, dominent la vie politique ? Qu'en est-il, en France, de la montée du communautarisme, de l'antisémitisme et de l'islamophobie ? Deux intellectuels arabes, l'un syrien, l'autre palestinien, répondent sans ambages à ces questions, bousculant au passage nombre d'idées reçues colportées aussi bien par les Occidentaux que par les Arabes eux-mêmes. La série d'entretiens publiée en 2005 par Sindbad / Actes Sud est ici augmentée d'un chapitre inédit.
Notre société médiatique cultive la « commémorationnite ». Comme si la mise en scène spectaculaire, parfois jusqu'à l'obscénité, du « devoir de mémoire » pouvait remplacer le « travail de mémoire ». Pour tirer des grandes tragédies qui ont jalonné l'histoire de l'humanité les leçons permettant de lui en éviter de nouvelles, les cérémonies pèseront pourtant moins que le travail obstiné des historiens, des enseignants et des journalistes.
Encore faut-il que ces leçons soient universelles. On oppose souvent unicité et universalité du génocide nazi. Pourquoi ? La Shoah n'a pas de précédent, moins d'ailleurs du point de vue quantitatif que qualitatif : il s'agit de la première extermination annoncée à l'avance et perpétrée avec tous les moyens d'un Parti et d'un État totalitaires. De surcroît, les Juifs constituaient, parmi ses victimes, le seul groupe que les hitlériens voulaient tuer jusqu'au dernier. Pour autant, ce paradigme de tous les grands massacres s'inscrit dans une longue chaîne, des Indiens d'Amérique aux Tutsis, en passant par les Arméniens. Quand bien même on entendrait affirmer le caractère incomparable de la Shoah, il faudrait l'avoir. comparée aux autres génocides.
Fils d'un père déporté à Auschwitz et d'une mère cachée au Chambon-sur-Lignon, Dominique Vidal, germanophone, a suivi avec passion les travaux des « nouveaux historiens » allemands, qui ont profondément renouvelé l'analyse du génocide nazi, grâce aux archives auxquelles ils ont eu accès après la chute du Mur. A l'occasion de la préparation et de la diffusion de son livre Les historiens allemands relisent la Shoah (Complexe, 2002), il s'est engagé, à travers articles et conférences, dans l'un des grands débats contemporains : concurrence ou convergence des mémoires ? L'enjeu concerne l'avenir de la société française.
Alain Gresh et Dominique Vidal sont journalistes au Monde diplomatique, spécialistes du Proche-Orient. Alain Gresh a notamment publié dans la collection "Pluriel" Israël Palestine. Vérités sur un conflit et L'islam, la République et le monde.Dominique Vidal a co-dirigé avec Bertrand Badie La Fin du monde unique, L'état du monde 2011 (La Découverte).Journaliste, Emmanuelle Pauly collabore depuis près de dix ans aux 100 clés du Proche-Orient.Le processus de paix entre Israël et les Palestiniens sortira-t-il enfin de l'impasse ? L'Iran représente-t-il une menace pour le monde ? Le conflit au Liban peut-il renaître ? La Turquie va-t-elle s'imposer comme le principal médiateur des conflits proche-orientaux ? Les États-Unis se retireront-ils d'Irak et d'Afghanistan ? L'Égypte et les monarchies du Golfe vont-elles connaître une transition démocratique ? L'islamisme a-t-il un avenir politique ? Al-Qaida peut-elle prendre un nouvel essor ? Autant de questions que ne cesse de poser l'actualité brûlante du Proche-Orient et que ce livre permet de comprendre, en inscrivant les réponses possibles dans la longue histoire économique, politique, sociale, culturelle, militaire, religieuse et idéologique de cette région capitale. Sous forme de dictionnaire comprenant un cahier hors-texte de cartes en couleurs, cet ouvrage passe en revue les acteurs, les lieux et les événements.
L'auteur apporte un éclairage sur les conditions de la création de l'Etat d'Israël. Des chercheurs israéliens ont révélé que 800.000 Palestiniens avaient été chassés de leur territoire par Tsahal en 1947 et 1948. Il relate également les débats qu'ont suscités ces travaux, une partie de l'opinion israélienne justifiant massacres et expulsions au nom de la raison d'Etat.
Un des paradoxes du proche-orient contemporain est que la complexité apparente des facteurs de tensions qui nourrissent les confrontations qui s'y déroulent peut se ramener à quelques idées simples.
Pour comprendre celles-ci, on pourrait presque les résumer en une seule idée : une quête inachevée. des nations en quête d'elles-mêmes et d'un état, des états en quête de nation, des peuples en quête de démocratie, des jeunes en quête d'avenir... et sans doute à l'origine de toutes ces frustrations, le fait qu'au lendemain de l'effondrement de l'empire ottoman, la france et la grande-bretagne ont imposé les frontières des nouveaux états dans lesquels les peuples de la région ont été sommés de vivre.
L'auteur éclaire ici les dynamiques géopolitiques du proche-orient et les inscrit dans le temps long de l'histoire.